En écoutant les journaux ces derniers temps, on est émerveillé par le nombre toujours croissant de victimes civiles autour des combats entre les rebelles ou ceux considérés comme terroristes et l’armée dite régulière. Les zones de conflits sont nombreux : la Lybie, le Soudan, la Syrie, l’Irak, l’Afghanistan…
En tant qu’acteurs du système de santé, nous sommes censés contribuer au bien-être des populations. Or les guerres constituent une menace directe et indirecte à ce bien-être. De façon indirecte, elles entraînent la destruction des infrastructures sanitaires et sociales, le déplacement des populations et perturbent les activités sociales et économiques. Directement, nous causent les traumatismes physiques et psychologiques pouvant aboutir aux décès.
Mais, je me suis posé une question essentielle dont je n’ai pas eu de réponse : Comment les rebelles ou les terroristes peuvent-ils avoir un arsenal militaire aussi puissant ?
La première hypothèse serait qu’il s’agisse du matériel dérobé dans les unités de l’armée régulière. Nous l’avons vu après la débâcle du régime de Kadhafi que de nombreux groupes djihadistes se sont emparés du matériel militaire et se sont dispersés dans plusieurs pays africains comme au Mali. Dans ce cas, il y aura une tendance à la baisse des stocks du fait de l’arrêt des approvisionnements.
La deuxième hypothèse serait que les pays producteurs d’armes vendent à tous les clients qu’ils soient de l’armée régulière, des rebelles ou des terroristes. Si nous faisons une analyse économique de cette hypothèse. Cela parait normal. Une entreprise a pour objectif de vendre ses biens et services pour payer ses employés, pour réaliser des bénéfices et par conséquent contribuer à l’épanouissement de ses employés et leurs familles.
En 2014, par exemple, les 100 plus grosses entreprises d’armement du monde ont vendu des armes et des services militaires d’une valeur de 401 milliards US$. Les gros producteurs d’armes sont les Etats-Unis (54,4%), la Grande Bretagne (10,4%), la Russie (10,2%), la France (5,6%), l’Italie (3%), le Japon (2,3%), puis l’inde, Allemagne, Corée du Sud, Israël (entre 1,2 et 1,9%), les multinationales (3,8%) et les autres pays tels que l’Australie, le Brésil, la Finlande, la Norvège, la Pologne, Singapour, la Suède, la Turquie et l’Ukraine (4%). Il convient de noter que les plus gros acheteurs sont étatiques.
Mais y a-t-il un code de conduite dans la vente d’armes ?
Il y a un code de conduite signé en 1992 par les Etats de l’Union Européenne. Celui-ci identifie 8 critères pour lesquelles l’exportation des armes devrait être proscrite. Il y a par exemple : i) le respect des droits de l’homme dans le pays de destination (critère 2) et le refus doit être observé si les armes sont utilisées pour réprimer les populations ; ii) la situation interne comme source de tension et de conflits (critère 3) ; iii) le comportement de l’acheteur notamment l’attitude de terrorisme et de respect des règles internationales (critère 6).
A côté de ce code de conduite, il y a les embargos adoptés à travers les Résolutions des Nations-Unies et qui visent les mêmes objectifs.
Si tous les instruments de régulation par ailleurs très contraignants étaient respectés, aussi bien de nombreux Etats et bien sûr les rebelles et les terroristes ne pourraient pas s’approvisionner en armes.
Vers plus de régulation en matière de vente d’armes
Au-delà d’un jugement de valeurs, il est important de préserver la vie. La deuxième chose est que chaque Etat devrait promouvoir le plus grand épanouissement de ses populations dans le respect des règles librement acceptées par tous et de la promotion de la dignité humaine. Le respect de ces principes permettrait aux Etats de réduire voire abolir les sources de tensions et de frustrations pouvant dégénérer en conflits armés. En effet, la prévention devrait être la première arme de lutte contre les conflits armés.
Il revient à la Communauté internationale –souvent partisane- de mieux appliquer et de façon équitable les différentes résolutions et codes que les pays adoptent. Les sociétés productrices d’armes devraient être mieux contrôlées à travers un meilleur suivi des stocks. Des sanctions doivent aussi être envisagées pour garantir plus de paix.
Bonjour,
Vous avez raison. C’est paradoxal en effet. Concernant la reconstruction, elle est d’ailleurs très timide. Tous les pays que vous avez cités peinent à non seulement à retrouver la paix et à se développer.
Basile
C’est très curieux de constater que les plus grands vendeurs d’armes dans le monde sont également les plus grands pourvoyeurs des fonds humanitaires. Lorsque l’on sait que la plupart des crises humanitaires en cours dans le monde sont liés aux conflits armés (RCA, Yémen, Irak, Afghanistan, Libye, Soudan du sud, Cameroun avec Boko Haram, Syrie, etc. ) l’on peut comprendre qu’il y a des États qui à dessein se comporte à la fois comme pyromanes et sapeurs pompiers. L’on met le feu ou on l’attise puis l’on vient l’éteindre dans l’optique de participer à la reconstruction et de tirer les retombées financières, même si parallèlement on fait montre de sa grande compassion ou de son humanisme. Les enjeux économiques sont très souvent mis en avant et le bien-être des communautés passe au second plan. Je pense qu’il faudra cesser de classer ou respecter les pays seulement à cause de leur puissance économique et militaire, mais aussi en fonction de leur contribution (non financière) au développement et au bien-être des peuples à travers les actions de prévention des conflits et des catastrophes. Lorsque je regarde la liste des vendeurs d’armes, je me demande si la régulation sur la vente des armes pourra un jour être applicable de manière équitable. Gardons l’espoir en attendant qu’un jour le monde change, car l’espoir fait vire.