Bonjour Chers Lecteurs,

Vous être nombreux à lire la Newsletter Politiques Internationales de Santé en 2015 et nous vous remercions sincèrement de la confiance que vous nous accordez. Nous souhaiterions recevoir vos suggestions pour améliorer la forme et le contenu de la Newsletter en 2016. Votre point de vue compte. Envoyez vos remarques à : cop-hsd-pss@hhacops.org.

Cette semaine, nous vous proposons un article sur l’évaluation du niveau de renforcement du système de santé par  Programme national de lutte contre le VIH/sida au Cameroun. Le 2e article porte sur la mise à jour de l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest où 3 cas ont été détectés au Libéria dans la semaine du 16 au 22 novembre 2015. Ensuite, le 3e article résume les conclusions de la réunion du Comité exécutif du Fonds Mondial tenue à Genève les 16 et 17 novembre 2015. Le 4e article décrit l’utilisation du vaccin oral contre le choléra au Soudan du Sud. Enfin, le 5e article analyse l’impact de la double pratique publique et privée sur la couverture sanitaire universelle.

Bonne Lecture et Bonne fin de semaine

Basile Keugoung, MD, MPH, PhD

Edito – Initiative de Mobilisation 2.0 des Equipes cadres de district : notre CoP lance son premier projet de recherche-action

Par Basile Keugoung

Lire ici

VIH/SIDA et Systèmes de santé

1. Revue Santé Publique : Le Programme national de lutte contre le VIH/SIDA renforce-t-il les hôpitaux de district au Cameroun ?

Does the National HIV/AIDS control program strengthen district hospitals in Cameroon?

Basile keugoung et al.

http://www.sfsp.fr/santepublique/pagint/affich_art.php?cid=865

L’objectif de cette étude est d’investiguer les effets du Programme national de lutte contre le VIH/SIDA (PNLS) sur des hôpitaux de district au Cameroun. Une étude de cas multiples a été menée dans deux hôpitaux de district au Cameroun, l’un public, l’autre confessionnel. Les données ont été collectées à partir de documents et rapports d’activités du programme, d’interviews semi-structurées avec les responsables du programme des districts et des hôpitaux, et d’observations de processus gestionnaires et d’offre de soins.

Les interventions du programme mènent à une série d’effets positifs et négatifs sur le fonctionnement des hôpitaux de district et des systèmes locaux de santé. Des apports importants d’intrants et de renforcement des compétences du personnel ont été notés pour la prise en charge antirétrovirale et pour les soins de maladies opportunistes. En revanche, l’impact du programme sur la fonction de stewardship du district semble poser problème. En effet, la non-implication des équipes cadres de district dans la mise en œuvre des activités du programme affaiblit leur capacité structurelle à gérer les systèmes locaux de santé. Des opportunités non saisies par les gestionnaires pour arriver à des synergies entre programmes et systèmes locaux de santé ont été identifiées.

Le PNLS affecte négativement la capacité systémique, structurelle et de rôle des systèmes locaux de santé. Les gestionnaires des services de santé généraux (SSG) et des programmes devraient analyser leurs interventions afin de les adapter dans la perspective du renforcement des systèmes de santé. Il est crucial de comprendre pourquoi les détenteurs d’enjeux ne saisissent pas des opportunités pour développer des synergies positives entre programmes et SSG et pour renforcer les systèmes de santé.

Ebola

2. OMS- Mise à jour Ebola

http://apps.who.int/iris/bitstream/10665/197915/1/ebolasitrep_25Nov2015_eng.pdf?ua=1&ua=1

Trois cas de maladie à virus Ebola (MVE) ont été reportés au Liberia dans la semaine du 16 au 22 novembre 2015. Ils étaient tous membres d’une même famille. Au total, 149 contacts ont été identifiés y compris 10 personnels de santé. La fin de l’épidémie avait été déclarée au Liberia le 3 septembre 2015.

En Sierra Leone, l’OMS a déclaré la fin de l’épidémie le 7 novembre 2015. En Guinée, le dernier cas remonte au 29 octobre 2015.

Les derniers cas identifiés au Liberia relèvent l’importance d’avoir un système de surveillance efficace pour assurer la détection rapide de cas aussi bien dans les zones précédemment affectées ou non. Des cas ou des décès suspects doivent être reportés à travers le système de surveillance. Dans la semaine du 16 au 22 novembre, 29176 alertes de cas suspects ont été notifiés aux autorités sanitaires. En Sierra Leone, 1420 alertes étaient reportées dans la semaine du 9 au 15 novembre.

Les échantillons de sang ou de liquide physiologique doivent être collectés chez tout cas suspect. Dans la semaine du 16 au 22 novembre, 670 échantillons (85% étaient des liquides physiologiques collectées sur des sujets décédés) ont été examinés. Egalement, 92% des 1420 échantillons examinés en Sierra Leone étaient effectués sur des sujets décédés. Par contre, 930 échantillons ont été examinés au Liberia et 82% étaient des prélèvements de sang effectués sur des patients vivants.

Fonds Mondial

3. Aidspan- Principales décisions prises lors de la réunion du Conseil du Fonds Mondial

http://www.aidspan.org/fr/gfo_article/les-principales-d%C3%A9cisions-prises-lors-de-la-r%C3%A9union-du-conseil

David Garmaise

Les 16 et 17 novembre 2015, le Conseil du Fonds Mondial a tenu sa 34e réunion à Genève en Suisse. Les principales décisions prises sont les suivantes : (pour plus de précisions, cliquez ici. Des documents de référence seront disponibles en temps et en heure sur la même page).

La revue Stratégique 2015

Le Conseil « a pris connaissance des résultats et des recommandations » de la Revue Stratégique 2015 ordonné par le Groupe technique de référence en évaluation (TERG) ; a demandé au Secrétariat de fournir au Comité de la stratégie, des investissements et de l’impact une réponse à ces recommandations ; et a demandé au Secrétariat de prendre en compte ces recommandations dans la préparation de la stratégie 2017-2022.

Plan Stratégique

Le Conseil a approuvé un plan pour la Stratégie 2017-2022. Le Conseil approuvera la Stratégie lors de sa première réunion en 2016.

Les dépenses opérationnelles 2016 et le plan de travail de l’organisation

Le Conseil a approuvé un budget de dépenses opérationnelles de 305 millions US$ pour le Secrétariat et le Bureau de l’Inspecteur général. Le Conseil a également approuvé le plan de travail de l’organisation et le texte explicatif du budget pour le Secrétariat.

Reconstitution des ressources

Pour montrer sa forte implication dans la reconstitution des ressources 2017-2019, le Conseil a décidé d’explorer diverses options pour atteindre un bon résultat, y compris en élargissant la base des donateurs. De plus, le Conseil a décidé qu’il chercherait un soutien de la part d’un ou plusieurs individus de haut niveau pour lancer un plaidoyer en faveur de cette reconstitution.

Une structure de gouvernance renforcée

Le Conseil a approuvé en principe les changements de structure pour le comité. Si ces changements sont confirmés, ils prendront effet à la fin de la première réunion du Conseil en 2016.

Stratégie pour répondre aux exigences du marché

Le Conseil a approuvé une nouvelle stratégie pour répondre à l’évolution du marché pour remplacer celle qui avait été adoptée en 2011. La stratégie inclut une section sur la préparation de la transition pour les pays qui n’ont plus droit au soutien du Fonds mondial. Elle affirme que le Fonds mondial supporte les efforts pour éliminer les obstacles à l’accès de médicaments abordables. Six nouveaux postes à temps plein seront inclus dans le budget opérationnel pour gérer la stratégie.

Choléra

4. Plos – Première utilisation du stock mondial du vaccin oral contre le choléra : leçons du Soudan du Sud

Titre origina- The First Use of the Global Oral Cholera Vaccine Emergency Stockpile: Lessons from South Sudan

http://journals.plos.org/plosmedicine/article?id=10.1371/journal.pmed.1001901

Andrew Azman  et al.

Le stock de vaccin oral contre le choléra avait été constitué en 2013 pour améliorer l’accès rapide aux vaccins en cas d’épidémie. Le premier déploiement a eu lieu au Soudan du Sud en 2014. Au total, 256700 doses de vaccin étaient administrées. L’épidémie a débuté pendant la période de vaccination et il a été noté l’absence de transmission de la maladie dans les zones vaccinées même si des analyses approfondies sont encore nécessaires. Ce déploiement est possible et nécessite une forte coordination des intervenants. Il est important de revoir les stratégies plus efficientes d’utilisation de ce vaccin telles que le ciblage des populations les plus à risque et les doses à administrer.

Le stock mondial du vaccin oral contre le choléra est un atout pour la santé publique qui peut être utilisé comme stratégie de prévention et de contrôle du choléra. Egalement, de meilleurs vaccins doivent être développés pour maximiser les bénéfices et réduire les coûts.

Ressources humaines

5. WHO Bulletin (early online) –Impact de la double pratique (publique et privée) par les prestataires de soins sur la couverture sanitaire universelle

Titre original: Implications of dual practice for universal health coverage

B McPake et al; http://www.who.int/bulletin/online_first/BLT.14.151894.pdf?ua=1

Résumé par Alma Benzaïd

La mise en place d’une couverture universelle de santé est prévue au point n° 3 des objectifs de développement durable (Faire en sorte que chacun bénéficie d’une assurance-santé, comprenant une protection contre les risques financiers et donnant accès à des services de santé essentiels de qualité et à des médicaments et vaccins essentiels sûrs, efficaces, de qualité et d’un coût abordable). Toutefois, l’absence de réglementation de la tendance actuelle du secteur privé à occuper une place prépondérante dans les services de santé par rapport au secteur public semble mettre à mal la réalisation de cet objectif.

La double pratique de la médecine s’observe partout dans le monde. Plus de 80 % des médecins des hôpitaux publics égyptiens, indonésiens, kenyans et mexicains exercent en parallèle une pratique privée de la médecine. La proportion est de 60 % au Royaume-Uni et en Irlande du Nord et de 20% en Espagne. Au Portugal, les médecins et les infirmiers du secteur public peuvent choisir entre être employés exclusivement dans le public avec un meilleur salaire, et percevoir un salaire réduit permettant également d’exercer dans le secteur privé. Au Bangladesh, les médecins spécialistes tirent l’essentiel de leur revenu de leurs pratiques privées.

En outre, cette double pratique revêt différentes formes : les professionnels de santé du secteur public peuvent fournir des services de santé dans un environnement privé complètement séparé, ou au sein d’une clinique privée physiquement associé à un établissement public, ou au sein d’un établissement public mais en dehors des heures de service, ou en facturant des services supplémentaires à la prestation de base.

Selon la théorie du marché du travail, l’augmentation des salaires devrait accroître les heures que la main-d’œuvre serait prête à travailler. En réalité, en tant que fournisseurs de services détenant un certain degré de monopole, les professionnels de santé peuvent choisir entre fournir davantage de services à un prix inférieur et offrir moins de services à un prix supérieur. Une récente étude a d’ailleurs démontré que la double pratique de la médecine était liée aux salaires plus élevés dans le secteur privé ainsi qu’aux caractéristiques personnelles spécifiques de certains médecins. Ainsi, il ne suffirait pas d’augmenter les salaires dans le secteur public pour réduire la double pratique, encore faudrait-il adapter les modes d’exercice de la médecine selon les attentes des professionnels.

En ce que les professionnels de santé n’interviennent pas à temps plein dans le secteur public, la double pratique inquiète quant à l’accessibilité et la qualité des soins offerts aux usagers du service public.

Schématiquement, les stratégies réglementaires alterneraient entre interdiction et encadrement de la double pratique. Toutefois, associer la société civile dans la régulation pourrait être plus prometteur. En tout état de cause, la réponse à ce phénomène devrait être adaptée au contexte économique, sociale et culturel du pays concerné.

Dans les pays à faible capacités de rémunération des agents publics (par exemple le Cap Vert, la Chine, l’Afrique du Sud et la Thaïlande), où l’on observe une propagation des activités privées non réglementées réduisant la fourniture de services gratuits, les mesures les plus efficaces pour la protection des OMD semblent : l’encadrement des services de santé privés strictement tenus à l’écart du secteur public, le suivi rigoureux de la mise en œuvre des services de santé privés, le soutien aux organismes professionnels dans la régulation de la pratique de leurs membres. Dans les pays à revenu élevé, disposant d’une forte capacité de réglementation, les choix offerts consisteraient à réglementer les partenariats public-privé, ou renforcer les incitations à sous-traiter les services publics au secteur privé, ou accorder aux professionnels un rôle primordial dans la définition des limites de la double pratique.

La prévalence de la double pratique nécessite donc une meilleure compréhension des facteurs qui influencent les choix des professionnels de santé, afin que les pays réglementent cette pratique de la manière la plus adéquate possible et atteindre ainsi l’objectif 3 de développement durable. Améliorer la collecte et l’analyse des données apparaît comme un préalable indispensable à la conception et au suivi d’une réglementation appropriée de la double pratique. Néanmoins, l’absence d’étude relative à l’impact d’une réglementation de la double pratique révèle la négligence envers les systèmes de santé que doivent surmonter les chercheurs, les organismes de financement et les conseils nationaux de recherche.

 

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