Cette semaine, Basile Keugoung revient sur le Colloque Ebodakar 2015 et tire les leçons pour la réponse aux défis de santé en Afrique sub-saharienne. Il met en exergue la prépondérance du modèle biomédical dans la planification et la mise en œuvre des stratégies et des interventions de lutte contre les épidémies.

Par la suite, vous lirez les articles sur les 100 indicateurs clés de santé publiés par l’OMS, sur la situation actuelle de l’épidémie de Maladie à Virus Ebola en Afrique de l’Ouest, et sur la vaccination.

Bonne Lecture et Bonne semaine

Basile Keugoung

 

Edito – Epidémies d’Ebola, choléra, méningite… : ou la prépondérance du modèle biomédical dans les systèmes de santé en Afrique sub-saharienne

Par Basile Keugoung, MD, MPH, PhD
Facilitateur CoP Prestation des Services de Santé
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Politiques et Financement de la santé

1. WHO – Liste 2015 de 100 indicateurs clés  pour la santé

Titre original: Global Reference List of 100 Core Health Indicators, 2015
http://www.who.int/healthinfo/indicators/2015/en/
L’OMS a publié une liste de 100 indicateurs les plus importants pour les systèmes de santé. ces indicateurs sont subdivisés en 4 catégories : état de santé, facteurs de risque, couverture en service, et système de santé.

  • Etat de santé

Ici,  il y a 4 groupes d’indicateurs :

  • Mortalité par sexe et par âge: espérance de vie à la naissance, taux de mortalité entre 15 et 60 ans, des moins de 5 ans, infantile, néonatale, et de mort-nés
  • Mortalité par cause : maternelle, tuberculose (TB), SIDA, paludisme, cardiovasculaire, accidents de circulation
  • Fertilité : taux de fertilité général et des adolescents
  • Morbidité : cas de maladies évitables par la vaccination, incidence et prévalence du VIH et des autres maladies sexuellement transmissibles, Incidence, t aux de notification et prévalence de la TB, incidence et prévalence du paludisme
  • Facteurs de risque

Cette catégorie a cinq groupes :

  • Nutrition : allaitement exclusif entre 0-5 mois, initiation précoce de l’allaitement, incidence des petits poids de naissance, prévalence de l’anémie chez les enfants et les femmes en âge de procréer
  • Infections : utilisation du condom lors des rapports sexuels à risque
  • Facteurs environnementaux : Taux d’utilisation de l’eau potable, Taux d’utilisation des latrines, taux d’électrification des ménages, taux de pollution
  • Maladies non transmissibles : Consommation d’alcool par habitant (15 ans et+), consommation de tabac chez les 18 ans et +, surpoids, Hypertension artérielle, diabète, activité physique insuffisante
  • Traumatismes : prévalence de la violence par le partenaire
  • Couverture en services

Ici, 9 groupes d’indicateurs ont été décrits.

  • Services de reproduction, maternels, du nouveau-né, de l’enfant et de l’adolescent : demande satisfaite en méthodes modernes de planning familial, prévalence de la contraception, couverture anténatale, accouchements assistés, soins post-partum, accès à la solution de réhydratation orale
  • Vaccination : couverture vaccinale par antigène
  • VIH : personnes vivant avec le VIH dépistées, PTME, couverture ARV
  • 3 groupes TB/VIH et paludisme : prévention de la TB chez les sujets VIH+, test VIH chez les cas de TB, traitement ARV chez les TB VIH+ ; taux de détection de la TB, utilisation des moustiquaires imprégnées d’insecticide, traitement des cas de palu confirmés, couverture en pulvérisation intra-domiciliaire
  • Maladies tropicales négligées : couverture en traitement préventif
  • Dépistage et soins préventifs : dépistage du cancer
  • Santé mentale : couverture en services pour les désordres mentaux sévères
  • Systèmes de santé

Par rapport aux systèmes de santé, 6 groupes d’indicateurs ont été identifiés :

  • Qualité et sécurité des soins : mortalité peri-opératoire, mortalité maternelle institutionnelle, revue des décès maternels, taux de rétention ARV, taux de guérison TB, disponibilité des services spécifiques
  • Accès : taux d’utilisation, accès aux services, densité des lits, disponibilité des médicaments
  • Ressources humaines : densité et distribution du personnel, production de personnel
  • Système d’information sanitaire : taux d’enregistrement de l’état civil (naissances, décès), taux de complétude des rapports des formations sanitaires
  • Financement de la santé : dépenses totales en santé, Proportions des paiements directs, du gouvernement et des bailleurs, et des dépenses catastrophiques
  • Sécurité sanitaire : capacité de régulation

Ebola

2. OMS – Rapport de situation de l’épidémie d’Ebola

http://apps.who.int/ebola/fr/node/1826

La situation se calme sur le terrain. Dans la semaine épidémiologique 40 (1-7 juin 2015), 31 cas d’Ebola (16 cas en Guinée et 15 cas en Sierra Leone) ont été confirmés. En Guinée, les cas sont issus de 5 préfectures à l’Ouest du pays dont 8 cas à Forecariah, limitrophe avec la Sierra Leone, un cas à Boke, 2 cas à Conakry, 2 cas à Dubreka et  3 cas à Kindia. La source de l’infection n’a pas été identifiée alors que pour d’autres, il s’agit d’une contamination suite à la manipulation de corps. Au 7 juin, 1693 contacts étaient suivis dans 8 préfectures. En Sierra Leone, 392 contacts étaient suivis dans 3 districts.

Les efforts sont déployés pour renforcer la capacité de suivi des contacts et d’investigation des cas et pour engager effectivement les communautés. Au total, 19 inhumations non sécurisés ont été reportés à la semaine 40  en Guinée. La communication avec les communautés est essentielle pour comprendre et lever les problèmes qui limitent la notification des cas et des décès et la détection de la chaine de transmission.

Le dernier personnel de santé infecté par Ebola a été notifié le 6 et le 14 mai en Guinée et en Sierra Leone respectivement ; 869 cas dont 507 décès ont été enregistrés chez le personnel de santé. Au 7 juin, on dénombrait 27237 cas et 11158 décès dus à Ebola dans les 3 pays les plus affectés (Libéria, Guinée, et Sierra Leone).

Vaccination

3. Revue Santé Publique : Intérêt d’un jeu éducatif sur la vaccination en salle d’attente de médecine générale. Étude comparative

Sources :  http://www.cairn.info/revue-sante-publique-2015-2-page-159.htm

Auteurs : Marie-Aude Rolland, Maxime Gignon

Par Bangaly Doumbouya

Le cabinet du médecin généraliste est un lieu privilégié pour la réalisation d’actions d’éducation pour la santé. L’utilisation d’outils en salle d’attente semble intéressante mais ceux disponibles sont peu efficaces. L’objectif de cette étude est d’évaluer l’efficacité du jeu en comparaison aux brochures d’éducation pour la santé.

C’était une étude comparative sur le thème de la vaccination conduite dans deux cabinets de médecine générale. Deux cent douze patients ont été répartis en trois groupes. Lors du temps d’attente, le premier groupe a utilisé un jeu, le deuxième a lu une brochure, le troisième groupe témoin n’a bénéficié ni du jeu, ni de la brochure. Le médecin est ensuite intervenu sur le thème lors de la consultation pour tous les groupes. La capacité de chaque stratégie à engendrer un questionnement sur le thème, a été évalué par le médecin en fin de consultation au moyen d’un questionnaire. L’analyse a été menée « en intention de traiter ».

Les résultats ont montré que l’’utilisation d’un outil en salle d’attente associé à une discussion lors de la consultation a induit plus de discussions que la consultation médicale seule (34 % vs 12 %, p<0,01). Le jeu a induit des discussions plus longues qu’avec la brochure (1 minute 32 secondes vs 1 minute 14 secondes, p < 0,05). La comparaison entre l’acceptabilité du jeu et celle de la brochure n’a pas montré de différence significative.

Les auteurs ont conclu qu’utiliser une stratégie d’éducation en plusieurs temps facilite l’échange patient-médecin et accroît son efficacité. Ils affirment qu’une démarche active du médecin est nécessaire pour amorcer la discussion.

4. Revue Santé Publique : Qualité des données de vaccination chez les enfants de 0 à 11 mois en Côte d’Ivoire

Sources : http://www.sfsp.fr/santepublique/pagint/affich_art.php?cid=834

Auteurs : Joseph Vroh Bénié Bi et al.

Par Bangaly Doumbouya

En vue d’orienter les décisions des gestionnaires du programme, un audit interne de la qualité des données de vaccination a été conduit en Côte d’Ivoire en 2012 et avait pour objectif d’évaluer l’exactitude des données de vaccination et la qualité du système de suivi des vaccinations selon le protocole d’évaluation « immunization Data Quality Self Assessment » (iDQS).

C’était une étude transversale descriptive qui a été menée dans 88 centres de santé (soit 5 % des 1 675 centres de santé), tirés au hasard dans 30 districts sanitaires (soit 37 % des 82 districts sanitaires du pays). Deux critères ont été évalués au cours de cette étude :

  1. L’exactitude des données de vaccination mesurée par le facteur de vérification (FV), avec comme critère le nombre d’enfants de 0 à 11 mois ayant reçu les trois doses de vaccin DTC-HepB-Hib entre le 1er janvier et le 31 décembre 2012.
  2. La qualité du système de suivi des vaccinations, appréciée par l’indice de qualité (IQ) des composantes du système de suivi des vaccinations.

Ce travail a montré que l’exactitude des données de vaccination était satisfaisante au niveau district (FV = 95 %), contrairement au centre de santé (FV = 81 %). Par ailleurs, 73 % des districts et 39 % des centres de santé enquêtés avaient obtenu un facteur de vérification satisfaisant (≥ 95 %). Le nombre d’enfants ayant reçu trois doses de vaccin DTC-HepB-Hib différait d’un niveau à l’autre de la pyramide sanitaire et d’une source à l’autre. L’indice de qualité moyen n’était satisfaisant à aucun des deux niveaux de la pyramide sanitaire. Seulement un district sanitaire et un centre de santé ont atteint un indice de qualité global supérieur à 80 %. En revanche, respectivement 93 % des districts sanitaires et 50 % des centres avaient un indice de qualité compris entre 50 et 80 %. Les composantes les plus faibles aux deux niveaux étaient « la supervision et le monitorage » et « l’analyse et l’utilisation des données ».

Les auteurs ont conclu que les insuffisances au niveau du rapportage des données et de la qualité du système de suivi de la vaccination nécessitent leur renforcement à travers la supervision formative.

 

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