Bonjour à tous,

Les Communautés de pratiques (CoPs) progressent en Afrique sub-saharienne. Le Bénin vient de lancer son hub pour les CoP affiliées à Harmonization for Health in Africa. L’équipe de facilitation du Hub Bénin présente dans l’éditorial de cette semaine leurs perspectives. Vivement que l’expérience du Bénin fasse tache d’huile. Les CoPs sont prêtes à soutenir cette initiative dans d’autres pays. A qui le prochain Hub ? Wait and see !

Nous vous proposons pour cette semaine des articles sur les défis pour éliminer le VIH/SIDA, la tuberculose et le paludisme en Afrique, sur la nouvelle stratégie mondiale de lutte contre le paludisme, l’épidémie de méningite qui sévit au Niger et enfin sur la mortalité maternelle.

Nous vous souhaitons une bonne lecture

Basile Keugoung

Edito – Gestion des savoirs et système de santé national : lancement d’un hub ‘CoPs’ au Bénin

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Politiques Internationales de Santé

1. G7 G20 – Combler des déficits pour éliminer le SIDA, La tuberculose et le paludisme

Titre original:  Closing the gaps to end AIDS, tuberculosis and malaria

M Sidibé; http://www.g7g20.com/articles/michel-sidibe-closing-the-gaps-to-end-aids-tuberculosis-and-malaria

En 2015, les efforts consentis pour la lutte contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme donnent de l’espoir. La mortalité liée au paludisme a réduit de 47%, 37 millions de vies de personnes vivant avec la tuberculose ont été sauvées et les nouvelles infections VIH ont baissé de 40%. Au total, 15 millions de personnes ont accès au traitement antirétroviral. Beaucoup de ces progrès peuvent être attribués au leadership du G7, à la mise en place du fonds Mondial et à l’engagement pour l’accès universel au traitement pour les personnes infectées par le VIH. Mais le chemin  est encore long pour éliminer l’épidémie du SIDA, de la tuberculose et du paludisme en 2030. Plusieurs défis doivent être relevés.

Les chiffres globaux cachent des iniquités. Les efforts doivent être déployés vers des communautés à risque pour une question de justice sociale et un impératif des droits de l’homme.  Il s’agit des travailleurs du sexe, des sans-abris, des prisonniers, des réfugiés et des personnes vivant dans les bidonvilles. Sans ces efforts, les inégalités vont persister voire s’exacerber et aboutir à des sociétés fragiles et divisées.

Le changement va nécessiter l’enregistrement de toutes les naissances –un tiers des naissances ne sont pas enregistrées dans le monde. Dans la réponse contre le VIH, l’approche genre doit être respectée pour garantir un accès équitable aux soins. Les femmes transsexuelles ont un risque 49 fois plus élevé d’infection au VIH que les adultes en âge de procréer.  La priorité doit également être accordée aux femmes et aux adolescents. Le SIDA est la première cause de mortalité chez les adolescents en Afrique.

Le G7 peut assurer que les Objectifs de Développement Durable garantissent un développement inclusif centré sur les personnes. En s’assurant que chaque personne compte est un prérequis.

Plusieurs déficits doivent être comblés : sanitaire, d’investissement et de gouvernance

Jusqu’ici, l’offre de soins s’est organisée autour des maladies et des approches biomédicales. La couverture sanitaire universelle est importante étape pour développer une approche basée sur les droits de l’homme qui tienne compte de déterminants de la santé. A travers les 3 maladies, nous devons nous préparer à corriger les iniquités, les pratiques discriminatoires et les abus de pouvoir qui sont au cœur du mauvais état de santé. Les capacités des individus à prendre le contrôle de leurs vies doivent être renforcées. Les membres du G7 en tant que leaders devront tenir les gouvernements redevables pour lutter contre les discriminations et faire de la santé un droit de l’homme fondamental.

Concernant l’investissement, les politiques macroéconomiques constituent la clé pour lutter contre les iniquités. Pas seulement une question de plus d’argent mais les investissements doivent être diversifiés pour rendre le financement pérenne et se préparer à l’après-aide. Il faudrait des sources de financements innovants. Les partenaires au développement doivent continuer à offrir les outils, les connaissances et le plaidoyer qui permettent aux pays de sortir de la dépendance. De plus, ils ne devraient pas abandonner les pays qui nécessitent plus de temps pour arriver à l’autosuffisance.

Enfin, le déficit en gouvernance devrait être comblé. L’épidémie de VIH a montré que les iniquités sont liées aux systèmes de santé inadéquats, les mauvaises lois, la discrimination et d’autres mécanismes d’exclusion. Ces facteurs contribuent à la dissémination des maladies évitables du fait des pratiques qui les excluent de l’accès aux soins

En 2015, le G7 peut promouvoir un nouveau paradigme qui valorise les institutions efficaces, redevables et transparentes soutenues par des prises de décisions inclusives à travers la participation des communautés affectées. Les populations comprennent de plus en plus qu’elles ont des droits et pas des objets de charité. Elles demandent l’accès aux systèmes de santé de qualité et ont des attentes de leur gouvernement d’avoir le leadership et d’assurer un système de gouvernance inclusif qui lutte contre les iniquités.

Pour combler les déficits des systèmes de santé et entre les populations, l’ONUSIDA souhaite un engagement, une collaboration et un soutien du G7.

2. OMS- L’Assemblée mondiale de la Santé adopte une nouvelle stratégie mondiale de lutte contre le paludisme et son budget

Les États Membres de l’OMS ont adopté le 20 mai 2015 une nouvelle stratégie mondiale de lutte contre le paludisme pour la période 2016-2030 et ont approuvé le projet de budget programme de l’Organisation pour 2016-2017.

  • Stratégie de lutte contre le paludisme

La stratégie vise à réduire la charge mondiale du paludisme de 40% d’ici 2020, et d’au moins 90% d’ici 2030. Elle vise aussi à éliminer la maladie dans 35 nouveaux pays au moins d’ici 2030.

Entre 2000 et 2013, le taux de mortalité par le paludisme dans le monde a chuté de 47% grace à la mise en œuvre à grande échelle de la lutte antivectorielle, la chimioprévention, les tests de diagnostic et le traitement. Néanmoins, des millions de personnes ne peuvent toujours pas avoir accès à la prévention et au traitement de la maladie, et la plupart des cas et des décès restent ignorés et non répertoriés. En 2013, selon les estimations, le paludisme a tué 584 000 personnes.

La nouvelle stratégie comporte trois éléments clés: garantir l’accès universel à la prévention, au diagnostic et au traitement du paludisme; accélérer les efforts vers l’élimination et vers l’obtention du statut de pays/zone exempt/e de paludisme; et renforcer la surveillance de la maladie. Elle souligne l’importance de l’innovation et de la recherche, et le besoin essentiel d’engagement politique, de financement durable, de systèmes de santé solides, et d’une collaboration multisectorielle.

  • Budget OMS 2016-17

Les États Membres ont aussi approuvé le projet de budget programme de l’OMS pour 2016-2017. Ce budget, d’un montant de 4 384,9 millions US$, prévoit une augmentation de 236 millions US $ par rapport au budget programme 2014-2015. Ce budget permettra de

  • satisfaire aux besoins des pays;
  • exploiter l’expérience acquise lors de la flambée d’Ebola;
  • traiter les priorités émergentes telles que la résistance aux antimicrobiens, la santé et l’environnement, le paludisme et l’hépatite virale;
  • et mettre en œuvre les résolutions adoptées par l’Assemblée et les Comités régionaux de l’OMS.

Méningite

3. WHO – U Une épidémie de maladie à méningocoque progresse rapidement au Niger

Titre original : Rapidly growing outbreak of meningococcal disease in Niger

http://www.who.int/mediacentre/news/situation-assessments/meningitis-niger/en/

Du 1er janvier au 10 mai 2015, le ministère de la Santé publique du Niger a notifié à l’OMS 5855 cas suspects de méningite à méningocoque, parmi lesquels 406 décès (soit un taux de létalité de 6,93%). Le nombre de cas suspects augmente très rapidement et a été multiplié par trois sur les deux dernières semaines. C’est la première épidémie à grande échelle de méningite due à Neisseria meningitides, sérogroupe C à frapper un pays de la ceinture africaine de la méningite. Le sérogroupe W a été aussi été identifié dans plusieurs échantillons. Dix districts de la région de Niamey, y compris la capitale où 3919 cas suspects, dont 217 décès, ont été signalés et ceux de Dosso et de Tillaberi, ont franchi le seuil épidémique.

Au cours des 40 dernières années, le sérogroupe C n’a provoqué que des cas sporadiques et quelques épidémies localisées en Afrique, avec généralement une origine mixte : sérogroupe A/sérogroupe C. Ces épidémies se sont déclarées au Nigéria en 1975, au Niger en 1991 et au Nigéria sur la période 2013-2014. L’épidémie qui se développe au Niger constitue un événement alarmant. Cette épidémie de méningite étant la première de grande ampleur en Afrique causée par le sérogroupe C, les vaccins contre cette forme de méningite sont proches de la rupture de stock.

  • Réponse sanitaire: le taux de létalité recule malgré la pénurie de vaccins

Un comité épidémique national a été activé pour gérer l’épidémie. Une équipe internationale, composée de personnels de l’OMS et des Centers for Disease Control and Prevention (CDC) des USA, a été déployée pour appuyer le Ministère de la santé publique dans l’investigation de l’épidémie et renforcer ses capacités de surveillance. L’International Coordinating Group on Vaccine Provision for Epidemic Meningitis Control (ICG) participe activement à cet effort.

L’ICG est un partenariat réunissant l’OMS, l’UNICEF, la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et Médecins sans frontières (MSF). Il collabore étroitement avec les fabricants de vaccins et a été mis en place en 1997, suite aux épidémies de méningite exceptionnellement étendues et meurtrières qui avaient alors sévi en Afrique.

À ce jour, l’ICG a approuvé quatre demandes de vaccins. Les vaccins libérés comprennent 460 000 doses de vaccin polyosidique plus ancien, qui protège contre les sérogroupes A, C et W, et 200 000 doses du vaccin conjugué plus récent, qui fournit une protection contre les sérogroupes A, C, W et Y.

La disponibilité du vaccin conjugué, produit en petites quantités à destination des marchés américain et européen à des prix inabordables pour l’Afrique, a été obtenue grâce à l’intervention de l’ICG et au soutien financier de l’Alliance GAVI. En outre, le gouvernement du Niger a reçu de celui du Mali 200 000 doses de vaccin polyosidique contre les sérogroupes A, C, W etY.

Des campagnes de vaccination visant les enfants de 2 à 15 ans sont en cours dans 7 des 10 districts épidémiques, y compris celui de Niamey. MSF apporte un soutien au ministère de la santé publique avec des équipes médicales et des unités de prise en charge des cas. Egalement, 18 500 flacons de ceftriaxone, un antibiotique hautement efficace, ont été mis à disposition. Grâce à ces interventions, le taux de létalité due à la méningite a régressé au cours des dernières semaines de 11 à 7%.

  • Problèmes d’approvisionnement en vaccins

Les épidémies de méningite représentent un fardeau énorme pour les populations des pays africains. La zone appelée ceinture africaine de la méningite, qui s’étend sur le continent africain, du Sénégal à l’Éthiopie, en traversant 21 pays, est hyperendémique pour cette maladie. Les cas y sont fréquents, avec des épidémies périodiques pendant la saison sèche qui dure de décembre à juin.

Les épidémies de grande ampleur survenues pendant la période 1996-1997 ont généré plus de 200 000 cas, y compris 20 000 décès. L’épidémie de grande ampleur la plus récente s’est produite en 2009, causant plus de 80 000 cas, principalement au Nigéria et au Niger. La grande majorité de ces épidémies étaient dues au sérogroupe A.

Depuis 2010, un nouveau vaccin conjugué, le MenAfriVac, qui protège contre le sérogroupe A et coûte moins de 1 dollar la dose, a été progressivement introduit dans le cadre des campagnes préventives de masse dans les pays de la ceinture africaine. Ce nouveau vaccin a été mis au point par le Projet Vaccins Méningite, coordonné par l’OMS et l’ONG PATH. Le MenAfriVac confère une immunité de longue durée. Tous les autres vaccins utilisés en Afrique contre d’autres sérogroupes sont des vaccins polyosidiques, procurant une immunité qui ne persiste que 3 à 5 ans.

Pour se préparer à la saison épidémique 2015, l’OMS et ses partenaires à l’ICG ont adressé une demande d’avance aux fabricants de vaccins portant sur 1,5 million de doses de vaccin polyosidique multivalent et 1,5 million de doses du nouveau vaccin conjugué contre la méningite A. En raison des problèmes de production rencontrés par l’un des fabricants, cette demande n’a pu être satisfaite totalement. Pour remédier à l’insuffisance des approvisionnements, l’OMS a demandé à deux fabricants du secteur public, l’Instituto Finlay à Cuba et Bio-Manguinhos au Brésil, de fournir 600 000 doses de vaccin polyosidique.

La pénurie de vaccins met en lumière l’importance d’accélérer le développement d’un vaccin conjugué multivalent abordable pour les peuples et les gouvernements africains. Pour le moment, l’OMS collabore avec l’ICG et d’autres partenaires en vue de garantir le maintien du stock de vaccin polyosidique à un niveau suffisant pour gérer les futures épidémies dans la ceinture africaine de la méningite.

Santé maternelle

4. Lancet Global Health (Comment) – Mortalité maternelle en Afrique: investiguer plus, agir plus

Titre original- Maternal mortality in Africa: investigating more, acting more

M Garenne et al; http://www.thelancet.com/journals/langlo/article/PIIS2214-109X(15)00027-3/fulltext

La mortalité maternelle reste un problème majeur de santé publique en Afrique. L’Afrique a de nombreuses barrières physiques, sociales et psychologiques surtout en zones rurales. On note par exemple la vétusté des infrastructures sanitaires, le déficit en logement, la pénurie en personnel de santé qualifié, l’insuffisance des moyens de transport, la pauvreté et le faible niveau d’éducation. Lever toutes ces barrières est requis pour réduire la mortalité maternelle.

En Tanzanie, la distance à la formation sanitaire était un facteur de risque majeur de mortalité maternelle (Odds ratio ajusté de 3,68 entre 35 km et 5 km). Entre 2004 et 2007, le ratio de mortalité maternelle était de 664 décès maternels pour 100000 naissances vivantes alors que 72% des femmes avaient accouché à l’hôpital et que 8% avaient bénéficié d’une césarienne. Ces résultats dénotent de la mauvaise qualité des soins. Le recensement général est la meilleure méthode permettant d’estimer la mortalité maternelle dans des pays où les registres d’état civil sont mal tenus.

Il est important de rechercher les causes de mortalité maternelle et ceci peut être fait à travers l’autopsie verbale dans des contextes où les données hospitalières sont indisponibles. on a les causes obstétricales directes et les autres causes. La mortalité maternelle liée à la grossesse est fortement influencée par d’autres facteurs tels que le VIH/SIDA, la tuberculose, le choléra, le diabète, les accidents de la voie publique…, et dans certains pays comme en Afrique du Sud, les causes obstétricales ne représentent qu’une faible proportion.

Le cas du Maroc montre que même dans des conditions d’accès géographiques difficiles, la mortalité maternelle peut être significativement réduite si l’on met en place des politiques et des programmes appropriés. D’autres facteurs de mortalité maternels méritent d’être étudiés dans les pays à faible revenus tels que l’impact des programmes, des interventions spécifiques ou des facteurs sociaux (éducation, soutien familial) sur la réduction de la mortalité maternelle.

Même avec des ressources limitées, beaucoup de cas de décès maternels peuvent être facilement évités à travers une bonne éducation, un soutien adéquat, une meilleure évaluation des facteurs de risque, la référence précoce des cas et les soins obstétricaux de qualité.

 

 

 

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