Par Renée Bissouma, Pharmacienne de Santé Publique, et Basile Keugoung
Le 8 mars prochain, sera célébrée la Journée Internationale de la Femme. Le thème cette année est “Autonomisation des femmes – Autonomisation de l’humanité : Imaginez“.
Définie comme la capacité des femmes à se prendre en charge elles-mêmes, à opérer leur propre choix et assumer leurs responsabilités, la question de l’autonomisation des femmes est avant tout une question de population et de développement.
En effet, l’accès limité des femmes aux services sociaux de base (santé et éduction, eau et assainissement) et aux ressources productives entrave leur capacité à contribuer au développement économique. Elles doivent de ce fait très souvent passer une grande partie de leur temps à des travaux non rémunérés, ce qui limite leur capacité à s’investir dans des activités génératrices de revenus. Ces lacunes et ces préjugés impactent la capacité des femmes à générer des revenus et à contribuer à la croissance économique en tant qu’agents de développement. Cette situation a également une conséquence ou des effets négatifs sur le bien-être de leurs enfants, ainsi que sur les objectifs de réduction de la pauvreté et de croissance économique.
Cela va s’en dire que si les politiques publiques n’intègrent pas les questions liées au genre, la participation des femmes dans les processus de développement restera limitée.
Toutefois, dans le domaine de la santé, des efforts ont été réalisés pour améliorer l’accès des femmes, des filles et des enfants aux soins et services de santé essentiels. Ce qui a contribué à plus d’autonomisation des femmes dans le domaine. En Afrique sub-saharienne, l’on peut noter une amélioration dans le temps, de l’accès aux services de santé maternelle, néonataux et infantiles par la mise en œuvre de mesures de gratuité de nombreux actes (planning familial, vaccination, consultations prénatales, accouchements, kits obstétricaux d’urgence et césarienne, ARV, ACT) et de lutte contre l’excision et autres violences basées sur le genre.
Cependant, dans grands nombres des pays de cette région, l’accès à ces services est encore difficile et la mise en œuvre de ces mesures pose problème. De sorte que l’on constate des ruptures fréquentes en stock d’intrants, la faible adhésion et/ou la faible implication du secteur privé de soins en particulier à but lucratif à ces programmes nationaux.
A cela il faudrait ajouter, certaines pratiques culturelles et sociales qui freinent cette autonomisation des femmes. La plus fréquente est l’autorisation du mari qui est souvent nécessaire pour qu’elles accèdent à des services de santé dont elles ont besoin, surtout en l’absence d’éducation de celles-ci.
Les conséquences sanitaires de cette faible autonomisation sur la santé des femmes sont visibles. Des facteurs médicaux et ceux liés aux trois retards (retard de décision de recours aux soins, retard d’accès à un établissement de soins, retard pour recevoir les soins adéquats) influencent la santé des femmes. Nous pouvons citer le faible niveau de scolarisation et d’alphabétisation, le statut économique de la femme, la forte méconnaissance des risques liés aux pratiques néfastes à la santé de la mère, l’absence de moyens de transport et de communication, l’inaccessibilité géographique aux services de santé et la faible capacité opérationnelle globale du système de santé pour lutter contre la mortalité maternelle et infantile…
Cette situation se traduit par une plus forte mortalité maternelle et infantile s’observant encore en Afrique sub-saharienne. Malheureusement, la majorité des pays n’arriveront pas à atteindre l’Objectif du Millénaire pour le Développement 5 de réduire de ¾ le ratio de mortalité maternelle entre 1990 et 2015. En 2013, 289000 décès maternels ont été enregistrés dans le monde et 99% de ces décès dans les pays à faible revenu dont plus de la moitié en Afrique sub-saharienne. Le faible accès des femmes aux soins se répercute aussi sur les nouveau-nés et les enfants. Près de 3 millions de nouveau-nés meurent chaque année. La majeure partie de ces décès maternels et néonataux sont pourtant évitables. Seules 46% des femmes des pays à faible revenu bénéficient de l’assistance d’un personnel qualifié lors de l’accouchement.
Partant de ce constat, il est de plus en plus avéré que renforcer l’autonomisation économique des femmes est une condition indispensable à l’instauration d’un développement durable et d’une croissance économique et à la réalisation de tous les OMD. Ceci exige la mise en place de politiques publiques cohérentes, l’adoption d’une approche globale et un engagement important sur le long terme de la part de tous les acteurs du développement. Ainsi, en assurant aux femmes un accès plus équitable aux ressources et aux services sociaux de base, cela permettra de renforcer leurs droits, d’accroître la productivité, de faire reculer la faim et d’améliorer la croissance économique.
Cet enjeu majeur se traduit à travers le « Projet d’autonomisation des femmes et de dividende démographique du Sahel » financé par la Banque Mondiale à hauteur de 200 milliards US$ et mis en œuvre par l’UNFPA et l’OMS au niveau de six pays du Sahel dont le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad qui sont notamment confrontés à une forte mortalité maternelle et infantile, des taux de fécondité élevés et une malnutrition chronique.
Il est articulé autour de trois composantes à savoir (i) l’amélioration de la demande pour la planification familiale et les services de santé maternelle et infantile, (ii) la mise en place d’une capacité régionale pour la sécurisation des produits contraceptifs et de santé maternelle et infantile essentiels et pour la formation des agents de santé qualifiés tels que les sages-femmes et (iii) le renforcement de l’engagement politique et la capacité à élaborer des politiques.
Consacrer le thème d’autonomisation des femmes à cette journée, devra ainsi, au-delà des festivités, être une opportunité pour revoir et réévaluer les politiques, les stratégies et les interventions sanitaires y relatives. L’approche genre devrait être intégrée dans toutes les politiques sanitaires. Ceci est d’autant plus important que la femme a été par le passé marginalisée et qu’elle a accusé un retard dans son épanouissement notamment en Afrique. Sans cette approche, le gap va se creuser davantage. Et il ne peut y avoir un développement intégral de l’Afrique si les femmes ne sont pas prises en compte dans les politiques.
Le document de réflexion de l’OCDE sur l’Autonomisation économique des femmes stipule que «Nous avons conscience que l’égalité des sexes, l’autonomisation des femmes, la possibilité pour elles d’exercer pleinement tous leurs droits fondamentaux et l’élimination de la pauvreté sont des facteurs déterminants du développement économique et social, y compris la réalisation de tous les objectifs du Millénaire ».
Nous avons donc une pensée pour toutes les femmes victimes de violence en Centrafrique, à l’Est de la République Démocratique du Congo et ailleurs dans le monde. Les hommes sont aussi interpellés pour rendre à la femme sa dignité. Elle est un être humain. La différence de sexe ne devrait plus être une différence d’accès aux soins et services de santé.
Bonne Fêtes aux Femmes ! Et aux Hommes !
Bravo pour ce bel article qui vient nous conforter dans Notre engagement d’autonomisation des femmes au travail, dans l’environnement des affaires et dans la communauté. Nous encourageons des politiques de santé fortes afin que la femme Africaine particulièrement, puisse accomplir ses devoirs valeureux pour une société africaine meilleure.
Bravo pour ce bel article qui vient nous comforter dans Notre engagement d’autonomisation des femmes au travail, dans l’environnement des affaires et dans la communauté. Nous encourageons des politiques de santé fortes agin que la femme Africaine particulièrement, puisse accomplir ses devoirs valeureux pour une société africaine meilleure.