Par Basile Keugoung

La maladie à virus Ebola ne cesse de progresser avec près de 3500 cas et 1900 décès au 03 septembre 2014. Cette situation interpelle. Cette épidémie a duré déjà près de 8 mois et les chiffres actuels sont alarmants. L’OMS a considéré cette épidémie comme une urgence sanitaire mondiale. Ce type d’appel fait il y a quelques années dans le cadre de la lutte contre la polio a suscité une mobilisation internationale et des campagnes de vaccination ont été organisées dans tous les pays infectés ou menacés.

Aujourd’hui, on peut se poser la question pourquoi la FHE ne préoccupe pas les acteurs mondiaux de santé publique, le G8, le G20, le FMI, la Banque Mondiale, les firmes pharmaceutiques… Pourtant, les conséquences sanitaires, économiques et sociales ne sont plus à démontrer.

Cette semaine, nous avons publié cinq documents que nous avons jugés comme très pertinents pour préparer ou organiser une meilleure riposte contre la maladie à virus Ebola. D’autres documents pourraient certainement être tout aussi importants, mais pas nécessairement disponibles en ligne. De plus, notre recherche n’a pas été exhaustive. La liste de ces documents pourrait donc s’allonger si vous nous envoyez d’autres documents pertinents.

1 – DLM RDC (2012) Guide de prise en charge des épidémies dans une zone de santé: fièvre hémorragique Ebola

http://www.santetropicale.com/club/webmed/pdf/it1026.pdf

Ce document a été rédigé par la Direction de la Lutte contre la Maladie (DLM) de la RDC qui a une longue expérience dans la lutte contre la maladie à virus Ebola. Il est très intéressant pour les gestionnaires des systèmes de santé pour concevoir les guides et les messages pour le niveau opérationnel, préparer les outils de gestion (collecte des données, reportage, gestion de l’épidémie). Il fournit des mesures opérationnelles. Nous le recommandons fortement. Il rassemble des informations tant cliniques que gestionnaires.

La première partie porte sur les généralités (définition, épidémiologie, historique, réservoir, transmission, manifestations, diagnostic… de la maladie à virus Ebola).

Pour le personnel de soins, les définitions de cas suivantes sont proposées :

Cas présumé (suspect) : « Toute personne souffrant d’une forte fièvre qui ne répond à aucun traitement des causes habituelles de fièvre dans la région, et qui présente au moins l’un des signes suivants : diarrhée sanglante, hémorragie gingivale, hémorragies cutanées (purpura), injection des conjonctives et présence de sang dans les urines ».

Cas confirmé : « Cas présumé confirmé par le laboratoire (sérologie positive des IgM, PCR positive ou isolement du virus), ou ayant un lien épidémiologique avec des cas confirmés ou une flambée épidémique ».

La deuxième partie concerne la surveillance épidémiologique (identification et notification des cas, analyse et interprétation des données).

Dans la troisième partie, les activités préparatoires nécessaires à la gestion de l’épidémie sont décrites telles que la gestion des rumeurs, le pré-positionnement du matériel et le renforcement des compétences du personnel

La quatrième partie décrit la gestion même de l’épidémie, notamment le plan de riposte, l’investigation de l’épidémie, la prise en charge des cas, les mesures préventives et l’évaluation de la riposte.

Des annexes contiennent les outils de gestion qui peuvent être adaptées à chaque contexte.

2 – WHO: Ebola response roadmap: http://www.who.int/csr/resources/publications/ebola/response-roadmap/en/#

Ce document a été publié par l’OMS en fin août et assume que le nombre réel de cas serait 2 à 4 fois plus élevé que le nombre de cas reportés et que l’épidémie pourrait dépasser plus de 20000 cas dans 6 à 9 mois. L’objectif de cette feuille de route de l’OMS est de renforcer les capacités de laboratoire, les ressources humaines et la capacité de réponse. Elle comporte 3 objectifs :

– Mettre en œuvre des activités de lutte contre la FHE sur toute l’étendue du territoire dans les pays affectés avec une transmission intense du virus

– Organiser une réponse immédiate, urgente et globale dans les pays nouvellement touchés ou ayant une épidémie localisée

– Renforcer la capacité de réponse dans tous les pays pour une détection et une réponse rapides à la FHE, en particulier les pays limitrophes à ceux ayant une transmission active du virus

Pour chacun de ces objectifs, l’OMS a défini les résultats attendus, les stratégies et les activités à mettre en œuvre.

Ensuite, les défis majeurs à surmonter ont été passés en revue. Ces défis sont : i) les ressources humaines, ii)  la sécurité,  iii) l’accès rapide des échantillons à un laboratoire agréé par l’OMS, iv) l’approvisionnement en matériels de protection, de désinfection et aux médicaments, v) la mobilisation sociale et l’engagement communautaire, vi) les infrastructures et le transport, vii) la gestion de l’information  et l’analyse des données, viii) la recherche,  ix) la guidance technique et les normes, et enfin x) le financement.

Le budget est estimé à 490 millions US$.

Note de la rédaction : L’un des points faibles du document est que les sources potentielles de financement sont citées : gouvernements, OMS, Agences onusiennes, et autres partenaires (ONG, organisations humanitaires), cependant les stratégies de collecte des fonds et leur répartition par acteur n’ont pas été précisées.

3 – MSF: Urgence Ebola:  http://msf.fr/actualite/dossiers/urgence-ebola

Ce site officiel de Médecins Sans Frontières (MSF) donne des informations mises à jour de la situation de l’épidémie sur le terrain. Vous y trouverez également l’organisation d’un Centre de traitement de la FHE, des images de terrain et des témoignages du personnel de santé.

4 – Maladie à virus Ebola :  Aide-mémoire N°103 :  http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs103/fr/

Cet aide-mémoire publié par l’OMS en avril 2014 décrit la maladie à virus Ebola dans ses moindres détails. On note qu’il y a 5 espèces de virus Ebola. Le virus Ebola s’introduit dans la population humaine après un contact étroit avec du sang, des sécrétions, des organes ou des liquides biologiques d’animaux infectés. En Afrique, l’infection a été constatée après la manipulation de chimpanzés, de gorilles, de chauves-souris frugivores, de singes, d’antilopes des bois et de porcs-épics retrouvés malades ou morts dans la forêt tropicale.

Il se propage ensuite dans les communautés par transmission interhumaine, à la suite de contacts directs (peau lésée ou muqueuses) avec du sang, des sécrétions, des organes ou des liquides biologiques de personnes infectées, ou de contacts indirects par l’intermédiaire d’environnements contaminés par ce type de liquides. Les rites funéraires au cours desquels les parents et amis du défunt sont en contact direct avec la dépouille peuvent également jouer un rôle dans la transmission du virus Ebola. Le sperme peut continuer de transmettre le virus jusqu’à sept semaines après la guérison clinique.

La durée d’incubation, c’est-à-dire le temps écoulé entre l’infection par le virus et l’apparition des premiers symptômes, varie de 2 à 21 jours.

Les manifestations sont : une apparition brutale de la fièvre, une faiblesse intense, des myalgies, des céphalées et une irritation de la gorge. Ces symptômes sont suivis de vomissements, de diarrhée, d’une éruption cutanée, d’une insuffisance rénale et hépatique et, dans certains cas, d’hémorragies internes et externes.

Plusieurs types de tests permettent de poser le diagnostic définitif des infections à virus Ebola au laboratoire:

  • titrage immunoenzymatique (ELISA);
  • détection de l’antigène;
  • test de séroneutralisation;
  • amplification génique précédée d’une transcription inverse (RT-PCR);
  • microscopie électronique;
  • isolement du virus sur culture cellulaire

L’aide-mémoire présente la situation des précédents cas par pays de 1976 à 2012.

5 – Cheng et al (2014) Ebola virus disease: general characteristics, thoughts and perspectives

http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1631428/pdf/brmedj00478-0011.pdf

Cet article écrit par Cheng et  collègues reprend bon nombre de points des autres ressources clés. Il décrit les caractéristiques du virus Ebola, son épidémiologie, les mécanismes de sa pathogénicité, les traitements actuels. Le virus Ebola est un tueur naturel. Les auteurs notent la relation entre cette maladie et les us et coutumes, l’atteinte du personnel de santé et la nécessité de développer des infrastructures sanitaires de qualité et des procédures d’offre de soins qui permettent de limiter la propagation des infections dans les formations sanitaires.

 

 

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