Cette semaine, Phyllis Awor nous partage dans un éditorial une expérience pour faciliter l’accès aux médicaments pour les enfants de moins de 5 ans en utilisant des agents communautaires. Nous vous conseillons de lire vivement cet éditorial et partager votre point de vue avec la CoP. Cette expérience a été présentée par Phyllis lors de la Conférence de Dakar sur les 25 ans de la Déclaration de Harare.
Après cet éditorial, vous trouverez un article sur le VIH/SIDA qui traite de la question de l’appropriation de la lutte par les pays. Le deuxième article porte sur l’évaluation des soins néonataux au Bangladesh, avec comme dans le cas de Phyllis des soins communautaires. Nous vous recommandons également de lire l’article de Dominique Kerouedan qui jette un regard sur l’action humanitaire qui ne correspond pas toujours aux réalités des pays à faible revenu.
Bonne Lecture
Pour l’Equipe éditoriale
Basile Keugoung
Editorial- Biens publics à travers les vendeurs privés de médicaments: améliorer l’accès aux médicaments en Ouganda
Par Phyllis Awor, Phd Candidate – Université de Bergen, Norvège, Assistant de recherche;- Université de Makerere Ecole de Santé Publique, Ouganda
VIH/SIDA
1. Lancet Global health – Appropriation par les pays de la prise en charge du VIH/SIDA : un tournant décisif
Titre original: Country ownership and the turning point for HIV/AIDS
Chris Collins et al.;
http://www.thelancet.com/journals/langlo/article/PIIS2214-109X(13)70092-5/fulltext
Par Gaston Wamba
Dans la mouvance vers la fin de l’épidémie du VIH/SIDA, il n’y a aucun substitut à la connaissance locale, au leadership et à l’appropriation (ownership) nationale. Accroitre l’engagement du pays dans la programmation de la lutte contre le VIH et dans la santé en général est important si l’on veut offrir des services adéquats, améliorer l’acceptabilité des interventions, accroitre les investissements locaux en santé, et une intégration franche du programme VIH dans les objectifs et systèmes nationaux de santé. Ce concept de leadership/ownership national a été établi en 2005 comme la pierre angulaire de l’assistance internationale et réaffirmé en 2008 au Ghana. De nos jours, les donateurs, comme le gouvernement des USA, identifient le leadership national en matière de lutte contre le VIH/SIDA comme l’objectif principal de leur programmation. La définition de leadership/ownership national varie, mais ce terme se réfère au fait que les pays affectés par l’épidémie de VIH jouent un rôle plus important dans la planification, la mise en œuvre et le financement des programmes de santé.
L’ownership/leadership national est fondamental, mais une transition trop brusque risque de réduire l’accès et même nuire au programme de lutte contre le VIH/SIDA. Pour cette transition, l’on devrait suivre de manière attentive quatre domaines suivants qui ont des préoccupations particulières :
1- La transition trop rapide peut décélérer le passage à l’échelle des services de lutte contre le VIH, comme le traitement par antirétroviraux, la PTME et la circoncision masculine médicale volontaire ;
2- Dans plusieurs endroits, l’ownership national peut saper la lutte contre le VIH pour les populations vulnérables comme les homosexuels, les personnes qui se droguent par injection et les travailleurs du sexe. Ces groupes peuvent être criminalisés et sujets à une stigmatisation sociale très sévère et un harassement policier. La prise en charge du VIH dans ces groupes requière le plus souvent un financement externe ;
3- Accroitre le leadership national requiert la participation d’autres parties prenantes dans la prise de décision en santé, le gouvernement tout seul ne pouvant suffir. La voix des communautés les plus affectées devra être entendue, et la société civile devra être engagée ;
4- Enfin, un financement adéquat reste un défi majeur pour ces pays qui doivent jouer un rôle plus important dans la lutte contre le SIDA. La transition vers un ownership rapide pour ces pays à faible revenu et très affectés par le VIH pourrait saper sa durabilité.
Chaque pays est unique. La transition vers un ownership national devra donc tenir compte du contexte de chacun des pays.
Soins néonataux
2. OMS – Evaluation économique des programmes de soins néonataux dans un essai contrôlé randomisé par grappes à Sylhet, Bangladesh
Titre original: Economic evaluation of neonatal care packages in a cluster-randomized controlled trial in Sylhet, Bangladesh
Auteurs : Amnesty E LeFevre et Al.
Source: http://www.who.int/bulletin/volumes/91/10/12-117127.pdf
Par Bangaly Doumbouya
L’objectif était d’évaluer et comparer le rapport coût-efficacité de deux stratégies pour les soins néonataux à Sylhet, Bangladesh.
Dans un essai contrôlé randomisé par grappes, les auteurs ont comparé deux stratégies pour les soins néonataux – connues sous le nom de soins à domicile et de soins communautaires –aux services existants. Pour chaque branche de l’étude, les coûts économiques ont été estimés d’un point de vue sociétal, et comprennent les coûts du programme, les coûts des fournisseurs et les paiements directs des ménages pour les soins. La mortalité néonatale dans chaque branche de l’étude a été déterminée au moyen d’enquêtes sur les ménages. Le rapport coût efficacité de chaque stratégie – par rapport au niveau des services de soins de santé maternelle et néonatale pré-existants – a ensuite été estimé. Les niveaux d’incertitude dans les estimations ont été quantifiés par analyse de sensibilité probabiliste.
Les résultats ont montré que les coûts marginaux de programme de mise en place de l’ensemble des soins à domicile s’élevaient à 2939 dollars US (intervalle de confiance à 95%, IC: 1833–7616) par décès néonatal évité et à 103,49 $ (IC à 95%: 64,72–265,93) par année de vie ajustée en fonction de l’incapacité. Le total des coûts sociétaux correspondants étaient de 2971 $ (IC à 95%: 1844–7628) et de 104,62 $ (IC à 95%: 65,15–266,60), respectivement. Le forfait de soins à domicile est rentable – à 95% – si les années de vie en bonne santé sont évaluées à plus de 214 $ par année de vie ajustée en fonction de l’incapacité. En revanche, la mise en œuvre de la stratégie communautaire de santé n’a conduit à aucune réduction de la mortalité néonatale et ne semble pas être rentable.
Au total, le forfait de soins à domicile est une stratégie d’intervention extrêmement rentable dont la mise en place doit être envisagée à l’échelle du Bangladesh et partout ailleurs dans des contextes similaires.
Politiques Internationales de Santé
3. Revues Tiers Monde- Globaliser n’est pas sans risques pour les populations les plus pauvres du monde : émergence de la «global health» en Afrique sub-saharienne
Source : http://www.armand-colin.com/revues_article_info.php?idr=30&idnum=481129&idart=10749
La notion de « Global health » est la résultante de trois mouvements : (i) historique, à partir de la publication aux États-Unis en 1997 du rapport de l’Institute of Medicine sur « America’s Vital Interest in Global Health » ; (ii) institutionnelle, avec l’émergence dans les années 2000 des initiatives mondiales (partenariats publics mondiaux) comme nouvelle modalité de financement de l’aide au développement ; et enfin (iii) académique, dans le prolongement de la santé publique, puis de la santé internationale. En étant choisie par l’OCDE comme secteur marqueur de la réalisation des principes de la Déclaration de Paris, la santé devient un terrain d’expérimentation de nouvelles formes de financement de réduction de la pauvreté. Comme toute notion globalisante, le risque est de ne pas tenir compte des priorités spécifiques des populations pauvres et des situations de pays en conflits armés.
4. Le Monde Diplomatique- La vocation altruiste dans un monde globalisé pour une approche humaniste du développement
Source : http://www.diploweb.com/La-vocation-altruiste-dans-un.html
Cette publication de Dominique Kerouedan sur l’action humanitaire est intéressante. Vous pouvez l’accéder en cliquant sur le lien ci-dessus. Elle jette un regard critique sur des décennies de l’action humanitaire qui ne s’adaptent pas aux différentes transitions tant épidémiologique que démographique. Les politiques sociales, l’action humanitaire et les politiques de développement ne se sont pas adaptées à ces évolutions.
Il est encore temps de mettre un terme à la progression d’une approche totalisante du monde, peu soucieuse de la diversité, de la différence, de la spécificité des situations humaines, de freiner l’utilisation d’une nouvelle arme idéologique génératrice d’injustice, d’instabilités et de violences politiques.
Il faut recentrer l’action humanitaire, sociale et de développement humain en direction des populations les plus pauvres du monde, des filles, des jeunes, des populations en situation de conflits ou vivant dans les Etats fragiles, dont la plupart sont, et seront demain, sur le continent africain.
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