Titre original: Depression and the global economic crisis: is there hope?
L’Espagne est le pays Européen endetté qui a récemment annoncé un budget d’austérité drastique. Deux chercheurs résument ce que signifie austérité pour la science en Espagne : «Il n’y a pas espoir ».
Le chômage, la pauvreté, les dettes et la baisse des services publics ont aussi des répercussions sur la santé humaine. La dépression, le suicide et l’abus d’alcool sont les conséquences dans le monde entier. Ce qui tombe à point nommé, que cette année le 10 octobre la journée mondiale de la santé mentale se focalisera sur la dépression comme la crise globale. Dans un commentaire, Dilip Jeste demande «Comment une personne peut croire que les maladies mentales qui sont les désordres du cerveau, sont les moins desservies de traitements que pour les affections des poumons et du foie ? » Certains législateurs comme aux Etats-Unis et en Grande Bretagne qui reconnaissent la place prépondérante des maladies mentales sont les bons exemples.
La nature dévastatrice de la dépression est évidente quand on considère que la majorité des personnes avec cette maladie préfèrent la mort que de vivre avec les symptômes. Plus de 50% de personnes qui meurent de suicide ont souvent eu un épisode de dépression avant la mort.
L’ampleur de la dépression dans le monde est énorme. Les estimations récentes de l’OMS placent les désordres dépressifs unipolaires au troisième rang dans le classement de l’ampleur globale des maladies. Ils dépasseront probablement les infections respiratoires basses et les maladies diarrhéiques en 2030. Pourtant, contrairement à beaucoup d’autres problèmes globaux de santé de grande échelle, la dépression est curable et peut être prévenue.
Le diagnostic requiert l’anamnèse et l’examen pour identifier les désordres co-morbides comme l’anxiété, l’abus d’alcool et les maladies chroniques comme le cancer et le diabète. Le traitement se fait par un soutien psychosocial combiné avec des médicaments antidépressifs et/ou des psychothérapies à court terme. Malheureusement, environs 50% des malades dans le monde n’ont pas l’accès à ce traitement. La prévention de la dépression est un domaine avec moins de recherche et mérite donc plus d’attention.
La prévention, pendant toutes les étapes de la vie, fait partie du draft de Plan d’Action 2013-20 de la maladie mentale de l’OMS qui a été développé en réponse à une résolution de l’Assemble Mondiale de la Santé en mai de cette année. Les autres objectifs du plan sont de renforcer le leadership et la gouvernance, fournir les services de santé mentale intégrée dans les communautés, et le renforcement des systèmes d’information, l’évidence et la recherche. L’engagement des pays à ce plan sera « la meilleure chose pour la santé mentale globale dans la dernière décennie » selon le Directeur du département de la santé mentale et l’abus des stupéfiants (substance abus) de l’OMS. Les gouvernements ne doivent pas ignorer l’ampleur des désordres mentaux car selon l’estimation du Forum Economique Mondial, le coût global des maladies mentales en termes de rendement (output) économique perdu était de 2500 milliard US$ en 2010, et pourrait atteindre 6000 milliard US$ en 2030. Ces pertes économiques amèneront la crise économique globale, et les dangereuses conséquences d’austérité. La perte d’emploi et la hausse d’impôts seront inévitables, mais les gouvernements ne doivent pas réduire les systèmes de protection sociale et encore moins les services de santé mentale qui peuvent aider à la relance économique.
Tabah Emmanuel