Cette semaine, Bruno Meessen revient sur la Déclaration d’Hararé. Elle est peu connue mais l’organisation des systèmes de santé en Afrique sub-saharienne est issue des travaux de cette Conférence. A l’issue de cette conférence, le modèle d’organisation des systèmes de santé a été adopté par tous les pays.
Editorial- Déclaration d’Hararé, 25 ans après, où en sommes-nous?
Par Bruno Meessen – Lire ici
Systèmes de santé et programmes
1. Int J Health Plann Mgmt- Pourquoi différencier entre support renforcement du système de santé
Titre original: Why differentiating between health system support and health system strengthening is needed; http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/hpm.2122/pdf
Chee et al.
Chee et al. analysent les interventions effectuées par les programmes et les Initiatives Globales de Santé. Il y a une reconnaissance que les objectifs globaux de santé ne peuvent être atteints sans des systèmes de santé forts.
L’article note qu’il y a une confusion dans la définition du renforcement des systèmes de santé. Certains acteurs considèrent des interventions limitées aux inputs aux formations sanitaires comme le renforcement des systèmes de santé alors que qu’aucune action n’a été entreprise pour agir sur les déterminants de la performance.
Les auteurs distinguent donc l’appui (ou support) au renforcement ou (strengthening). L’appui permet aux formations sanitaires de produire des outputs tels que distribuer des moustquaires, vacciner plus d’enfants en utilisant les ressources additionnelles.
Par contre, le renforcement du système de santé nécessitent des interventions pour induire des des changements sur les déterminants de la performance. Il s’agit de la mise en œuvre des politiques et régulations, des changements organisationnels, et d’établissements des relations (contractuelles par exemples), qui motivent et engendrent des changements pour une meilleure utilisation des ressources pour améliorer l’offre de soins de façon globale.
Commentaires
On peut aussi comprendre pourquoi les systèmes de santé dans les pays à faible revenu sont restés et restent encore faible. En effet, l’achat et la dotation des formations sanitaires des microscopes, des vaccins, des réfrigérateurs, des tables d’accouchement, ou l’organisation des séminaires de formation, etc… étaient considérés comme le renforcement des systèmes de santé. Evidemment, tout cela est indispensable pour offrir des soins de qualité, mais insuffisant pour produire un système de santé performant. Pas surprenant que les systèmes de santé en Afrique sub-saharienne soient donc faibles.
Qui ou quelle organisation renforce alors les systèmes de santé en Afrique sub-saharienne?
Basile Keugoung
Planning familial
1. Guardian – Les pays riches s’engagent à investir 2,6 milliard US$ dans le planning familial
Titre original: Rich countries pledge $2.6bn for family planning in global south
Mark Tran;
Les pays développés se sont engagés à investir 2,6 milliard US$ dans les 8 prochaines années dans le planning familial afin d’offrir l’accès à plus de 120 million de femmes à une méthode de planification familiale. En plus, plus de 20 pays à faible revenu se sont engagés à accroître le financement lié au planning familial et à renforcer les droits des femmes pour l’accès à la contraception. Ceci permettrait de réduire de110 million le nombre de grossesses indésirables, éviter 50 millions d’avortement, 3 million de décès infantiles et 200000 décès maternels. Environ 220 million de femmes n’ont pas accès à la planification familiale dans les pays à faible revenu.
Les Etats-Unis dépenseront près de 640 million US$ pour appuyer des programmes de planning familial et la Grande Bretagne s’est engagée à y investir 801 million US$ dans les 8 prochaines années.
VIH/SIDA
2. Health Affairs – Supplément PEPFAR: Evaluation du Programme PEPFAR
Titre orginal: Assessing the President’s Emergency Plan for AIDS relief
http://content.healthaffairs.org/
Ce Numéro du Mois de Juillet de Health Affairs évalue l’impact de PEPFAR. Vous y trouverez les articles sur les effets du Programme PEPFAR sur la prise en charge antirétrovirale, la prévention de la transmission mère-enfant du VIH, la santé maternelle, les ressources humaines, le suivi et l’évaluation des activités et sur le renforcement des systèmes de santé, et bien d’autres points de vue.
Ce numéro mérite d’être visité car vous y trouverez quelque chose relatif à votre domaine.
3. NEJM (Editorial) – ARV prophylactique chez les personnes à risque de VIH, où en sommes nous?
Titre original: Preexposure Prophylaxis for HIV — Where Do We Go from Here?
Myron S. Cohen et al. ;
De nouvelles contaminations VIH continuent à un rythme élevé dans de nombreux contextes, soit 3 à 5 personnes-années. Par conséquent, de nouvelles stratégies de prévention sont donc urgemment requises ainsi qu’un renforcement des stratégies pré-existantes.
L’utilisation des ARV avant une exposition à un rapport sexuel est une piste actuellement explorée. Trois essais ont testés l’utilisation du tenofovir et de la combinaison tenofovir-emtricitabine pour la prévention de la transmission du VIH chez les populations à haut risque, y compris les couples discordants. Aux Etats-Unis, la FDA a recommandé l’utilisation de la combinaison tenofovir-emtricitabine dans la prophylaxie de la transmission du VIH. Et l’efficacité dans la prévention de la transmission du VIH était comprise entre 62% et 75%.
Toutefois, d’autres études sur la prophylaxie antirétrovirale ont été stoppées pour des risques de transmission du VIH aux partenaires. D’autres études sont nécessaires pour prouver l’efficacité de cette méthode, identifier les facteurs qui influencent l’efficacité ainsi que les effets indésirables.
En même temps des questions persistent. Quels sont les protocoles de traitement ? Comment suivre les personnes qui prennent un traitement prophylactique ? Quand arrêter le traitement ? En effet, donner un médicament à quelqu’un qui est séronégatif exige une grande sécurité. En plus il y a un risque de développement des résistances si les personnes mises sous prophylaxie s’infectent ultérieurement.
La prévention de la transmission du VIH est une priorité de santé publique et la prophylaxie antirétrovirale est une piste émergente. Le professionnel de santé qui la prescrit devrait avoir un plan de suivi du patient qui intègre les effets de la stratégie sur le comportement sexuel, la sécurité, le bien-être du patient et les implications de santé publique.
Basile
4. AllAfrica – Uganda to Start Exporting ARVs Within Region
http://allafrica.com/stories/201207161884.html
La lutte contre le VIH/SIDA en Afrique vient d’enregistrer une avancée notable. En effet, depuis le mois de Juillet, l’Ouganda a annoncé l’exportation des antirétroviraux (ARV) vers le Kenya suite au Certificat décerné par ‘Kenya Pharmacy and Poisons Board (KPPB)’ à l’usine de fabricant de ARV basé en Ouganda certifiant la qualité des produits chimiques et des bonnes pratiques de fabrication.
Il faut mentionner que cette autorisation fait suite également à celle décernée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) à cette même usine pour vendre ses médicaments ARV dans n’importe quelle partie du monde. Selon Mr Baguma, responsable commercial de cette usine, la ‘Food and Drugs Administration (TFDA)’ a également inspecté l’usine et n’est pas encore à délivrer la certification. D’autres pays comme le Rwanda et le Burundi procéderont très prochaine à l’inspection de cette usine dans la perspective d’autoriser l’exportation de ARV vers ces pays.
Outre la production de ARV, d’autres innovations incluent la production de « bi-layer ARV » qui permet de réduire la prise de deux à trois comprimés par jour actuel en un seul comprimé comme aux Etats et en Allemagne où un seul ARV comprimé est suffisant pour une journée.
Cela constitue une bonne nouvelle au regard des millions de personnes vivant avec le VIH dans cette région de l’Afrique de l’Est et qui ont besoin d’ARV pour leur traitement. Il faut souligner que cette initiative de l’Ouganda a reçu les félicitations de l’Archevêque catholique de Kampala, John Baptist Odama en affirmant que cela permettra d’améliorer l’adhésion des gens à la prise des ARV.
Morris Kouame