Titre original: Priorities for developing countries in the global response to non-communicable diseases
Auteur: Maher D et al;
Source: http://www.globalizationandhealth.com/
Adeline Wandji, Pneumologue, et Basile Keugoung
Le fardeau de l’accroissement mondial des maladies non transmissibles tue en ce moment 36 millions de personnes chaque année et nécessite des actions urgentes et globales.
Cet article donne un aperçu des problèmes importants qui doivent être résolus afin que les récentes recommandations politiques soient traduites en actions concrètes.
Ceci inclut :
– Classifier les maladies non transmissibles en fonction des priorités afin d’en informer les bailleurs de fonds pour des actions adéquates,
– Trouver un équilibre entre l’importance relative du traitement et la prévention pour être sûr que la réponse couvre les personnes à risque et celles qui sont déjà malades,
– Définir un système de santé approprié répondant aux besoins des patients de longue durée et ceux progressant lentement,
– Identifier les besoins en recherche, en particulier la recherche translationnelle dans l’offre des soins,
– Enfin, allouer des fonds réguliers pour soutenir la lutte contre les maladies non transmissibles.
Commentaire : Quelles valeurs pour les systèmes de santé des pays à faible revenu ?
L’éditorial de Damien Porcher sur les Maladies non transmissibles montre que les pays à faible revenu sont confrontés et le seront davantage dans les prochaines décennies au double fardeau des maladies infectieuses et non transmissibles. Aujourd’hui les systèmes de santé peinent à faible face à ces maladies infectieuses. Et la Trilogie VIH/SIDA-Paludisme-Tuberculose semble plus que jamais se gangrener voire se cancériser. Les trois se renforcent mutuellement et atteignent de plus en plus les professionnels de santé sensés les combattre.
Les stratégies utilisées par les programmes se focalisent parfois sur quelques formations sanitaires débordées et incapables d’assurer un suivi correct des patients. Ceci occasionne des retards diagnostiques, l’aggravation de la maladie et très souvent des décès et de nouvelles contaminations qui auraient pu être évités.
Par contre, les évaluations internes et les rapports annuels des programmes se félicitent plutôt des résultats accomplis – parfois en termes d’amélioration de la couverture de 40 à 45%, de la guérison de 60 à 65%… Et les 55% qui n’ont pas eu accès ? Acceptables ? Non condamnables ? Et les 35% qui sont décédés ou perdus de vue ? Comment les qualifier ? Moins de la moitié ? Ne prennent pas leur santé au sérieux ou sont irresponsables ?
Mais, les systèmes de santé sont-ils devenus insensibles ?
Qu’est-ce qui est acceptable ou ne l’est pas?
Qu’est-ce qui est préférable ? Entre l’offre de la trithérapie à toutes les personnes infectées par le VIH éligibles à la trithérapie par des personnes très peu formées ou bien l’offre de cette trithérapie juste à la moitié des personnes éligibles par des médecins bien formés ? Sachant bien sûr les 50% qui n’auront pas la trithérapie auront une mort prématurée et que certaines personnes qui recevront la trithérapie des personnes peu formées seront mal traitées.
Ce sont là des questions que les acteurs des systèmes de santé et les populations des pays à faible revenu devraient répondre. Ces questions vont au-delà de l’éthique et touchent aux valeurs du système de santé. Leurs clarifications permettraient de mieux fixer les objectifs à atteindre.