Par Basile Keugoung

Les politiques sanitaires mondiales ont très vite évoluées ces deux dernières décennies. De nombreuses terminologies sont apparues et la révolution informatique a accéléré la diffusion et le partage des données sanitaires. Les informations sanitaires sur tous les pays sont plus ou moins accessibles à tous sur internet à travers les bases de données et sites web du pays, des institutions nationales et des Organisations internationales.

Au niveau mondial, les Initiatives Globales de Santé ont reconfiguré l’architecture mondiale des acteurs de santé. Ceci a eu pour conséquence la perte du monopole des Organisations des Nations-Unies et surtout de l’OMS qui est constitué de tous les Etats. Avant, l’OMS à travers les Ministres de la santé comme en 1978 à Alma Ata, ou en 1987 à Hararé définissait les politiques globales de santé directement applicables par les pays. Aujourd’hui, l’OMS qui est entrain de mener de réformes internes voudrait regagner cette place qu’elle n’aurait jamais dû perdre.

Mais la tâche ne sera plus facile. Les grandes Initiatives Globales de Santé et les Fondations ont pris la place qu’ils n’entendent plus laisser à quiconque que ce soit. Ces organisations ont les experts en santé publique et des éminents chercheurs dont leurs publications mais également leurs points de vue orientent le discours et la pensée de ce que doit être la politique sur un domaine particulier. Mais aussi et surtout, ces Organisations et Fondations ont ou reçoivent beaucoup de fonds, le ‘nerf de la guerre’ qui leur permet de financer les interventions dont ils jugent entrer dans le cadre de leur mission.

L’OMS est donc beaucoup plus observatrice de ce jeu sur la scène des politiques de santé internationale. Comparées aux résolutions d’un sommet du G8 sur la santé (maternelle par exemple) ou d’un conseil d’administration de la Fondation Bill Gates, les Assemblées générales de l’OMS de Genève n’ont pas le même écho dans les éditoriaux des Journaux scientifiques.

Or à l’OMS, les pays à faible revenu avaient leurs voix et pouvaient se faire entendre. Aujourd’hui, ceux qui influencent le plus les politiques internationales de santé sont au Nord ou dans les pays riches et définissent des politiques qui ne s’alignent pas toujours aux priorités des pays.

Les pays à faible revenu ont également une lourde responsabilité. Celle de ne pas mettre l’intérêt des populations au centre de toutes les préoccupations, celle d’avoir des régimes non redevables devant les concitoyens et enfin celle de mettre en avant l’importance des individus forts et non l’importance d’institutions fortes.

Il est donc crucial si l’on veut améliorer la santé dans les pays à faible revenu que les politiques soient définies localement pour répondre aux besoins des populations et non pour satisfaire un bailleur de fonds ou un bienfaiteur. Car cette fragmentation même si elle résout les problèmes réels oublie certainement d’autres problèmes et parfois les plus importants.


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