Article original: Balance between clinical and environmental responses to infectious diseases

Auteurs : Justin V Remais, Joseph N S Eisenberg

Source : The Lancet

http://www.thelancet.com/journals/

Commentaire rédigé par Jeanne Tamarelle

Traditionnellement, le traitement des maladies infectieuses consiste en l’administration de soins médicaux et de médicaments. Pour des cas de contamination très isolés, ce traitement peut être suffisant, mais la plupart des maladies infectieuses sont véhiculées par l’environnement habituel du patient, notamment dans les zones du globe où les conditions de vie augmentent l’exposition aux agents infectieux. Il est donc important lors de la prise en charge d’un malade, de le traiter cliniquement mais il est nécessaire, afin que ces efforts ne soient pas vains, de traiter le problème à la source c’est-à-dire de « traiter » l’environnement du patient.

Cette approche est très répandue dans le cas de certaines maladies, comme le saturnisme, lié à la présence de plomb dans l’organisme. Historiquement, des médecins dans les années 50 et 60 ont averti la communauté de la nécessité de traiter l’environnement des patients atteints de saturnisme, en trouvant la source et en limitant le risque de contraction de la maladie. La pression de ces médecins a permis de mettre en place un système préventif du risque de réexposition.

Contrairement aux risques liés aux contaminations par agents chimiques, la présence d’agents pathogènes dans l’environnement et véhiculés par celui-ci est très peu prise en compte dans l’éradication d’une maladie, qui repose surtout sur un traitement clinique de celle-ci. De nombreux agents infectieux sont présents dans l’eau, la nourriture, les sols, l’air ou véhiculés par des organismes non-humains susceptibles de transmettre une maladie à l’homme. Ils survivent dans l’environnement, s’y multiplient et s’y répandent. Il est donc très facile par simple contact, ingestion d’aliments souillés ou inhalation de contracter des maladies, parmi lesquelles certaines sont très répandues (les diarrhées et infections alimentaires, la dengue, la malaria, les infections à Staphylococcus aureus, ou la grippe).

Dans le cas des infections par des vers, il est très rare de coupler un traitement clinique avec un traitement de l’environnement du patient, et pourtant beaucoup sont transmis par le sol. Le patient a donc de fortes chances de rentrer dans un cycle de guérison/réinfection mais avec des symptômes de plus en plus graves.

Une approche plus intéressante et plus efficace repose sur le principe : prévenir plutôt que guérir. Il est nécessaire de mettre en place des stratégies environnementales lors d’un traitement et d’insister sur l’importance de l’hygiène de vie, de l’accès à l’eau potable, de la mise en place de système d’évacuation des déchets.

L’éradication de certaines maladies infectieuses telles que le choléra en Grande-Bretagne n’a pas eu lieu par simple traitement clinique des malades, mais par une action combinée avec le traitement de l’environnement qui a pris la forme d’une grande campagne de renforcement de l’hygiène de vie. De même les infections nosocomiales ont été franchement limitées par l’introduction de pratiques élémentaires à l’hôpital dans le traitement des locaux et des instruments Les efforts actuels pour éradiquer la poliomyélite ou réduire le nombre d’infections à souches bactériennes résistantes aux antibiotiques ne peuvent fonctionner que si l’on combine des actions cliniques avec des actions de prévention environnementale.

Se reposer uniquement sur le traitement médicinal d’agents pathogènes véhiculés par l’environnement n’est ni soutenable ni efficace économiquement. Il y a nécessité d’étudier spécifiquement chaque pathogène et ses voies de transmission, et ce, dans un lieu et un contexte précis, afin de fonder les traitements environnementaux sur les trois objectifs suivants :

– Contrôler les sources d’émission

– Réduire les réservoirs environnementaux d’agents pathogènes

– Limiter l’exposition aux risques

Cette étude est difficile pour beaucoup d’agents pathogènes, d’autant plus que ce sont des recherches qui nécessitent de multiples compétences, et que jusqu’à présent peu d’organisations soutiennent la recherche orientée vers le rôle de l’environnement dans le traitement des maladies infectieuses, et peu de fonds permettent d’obtenir les données clés liées aux agents pathogènes. Dans la promotion de cette nouvelle approche, il est certain que les médecins ont un rôle à jouer pour faire pression sur la communauté.

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