1. Lancet (World Report) – Grey matter: ageing in developing countries

Priya Shetty;

http://www.lancet.com/

Un bouleversement démographique du vieillissement dans le monde en développement est imminent : 80% des 2 milliards de personnes âgées vivront dans le monde en développement d’ici 2050. Les 5 prochaines années, pour la première fois, les personnes âgées de 65 ans et plus seront plus nombreuses que les enfants de moins de 5 ans. En Afrique sub-saharienne, où la fécondité et la mortalité sont encore élevées, le nombre de personnes âgées de plus de 60 ans devrait tripler de 53 millions en 2009 à 150 millions en 2050. Pourtant, un vieillissement croissant de la population apporte un lot de problèmes parmi lesquels une nouvelle vague de maladies associées à la vieillesse, tels que la démence et la maladie d’Alzheimer. Seulement, les systèmes de santé d’un grand nombre de pays en développement ont été engagés au cours des deux dernières décennies dans un acte de jonglerie précaire, en essayant d’équilibrer la lutte contre l’existant fardeau des maladies infectieuses avec l’épidémie croissante des maladies chroniques comme les maladies cardiaques et le diabète. C’est ainsi qu’ils ne sont tout simplement pas préparés à faire face à un grand nombre de personnes dont les besoins de santé ne seront pas satisfaits.

Cette menace imminente a motivé l’OMS à consacrer cette année la Journée mondiale de la Santé (7 avril) au vieillissement, en particulier dans les pays à faibles ressources. L’ONU a invité les pays à œuvrer pour le «vieillissement actif et digne, qui est planifié et soutenu comme n’importe quel autre stade du parcours de vie de l’individu». Le FNUAP n’a pas manqué de faire remarquer l’énorme décalage entre les OMD et le vieillissement.

Il y a 30 ans, la Chine avait été mise en garde contre la crise du vieillissement qu’elle devrait affronter. Mais le pays croyait fermement qu’avec le temps, il deviendrait assez riche pour prendre soin de ses citoyens âgés. Maintenant, fort est de constater que la Chine n’a aucune idée de comment payer pour ses personnes âgées. Quand il arrive à certains pays de mettre en place des stratégies politiques, elles sont largement insuffisantes puisque les gens qui méritent l’assistance sont laissés de côté.

L’une des causes de la nonchalance apparente avec laquelle les gouvernements des pays en développement font face à la crise du vieillissement semble être l’hypothèse que dans les pays en Afrique, en Asie et en Amérique latine, où les unités familiales sont encore assez cohérentes par rapport à ceux des Etats-Unis ou de l’Europe, les gouvernements peuvent -et doivent plutôt- porter le fardeau des soins pour les personnes âgées ; puisqu’il est bien connu que de nombreux pays en développement sont caractérisés par la piété filiale et un fort sentiment d’obligation envers les parents. Ceci pourrait être un argument pour eux, étant donné la grave pénurie d’appui institutionnel en matière de sécurité sociale et des régimes de retraite.

La littérature démographique et sociologique du monde en développement a démontré que les personnes âgées s’en sortent mieux en termes de santé quand ils vivent avec leurs enfants dans les familles multi générationnelles que quand ils vivent sous leur propre toit. Toutefois, il y a un problème avec ce modèle, car il ne tient pas compte de la capacité des aidants familiaux à subvenir aux besoins et il ne prend pas en compte le rôle des femmes dans la société contemporaine.

En plus, le même progrès économique qui conduit à une meilleure espérance de vie a également conduit à une migration et une urbanisation croissante. Ces deux phénomènes obligeront la jeune génération à ne partager ni le même toit, ni le même pays que leurs parents ; et les empêcheront ainsi à leurs offrir des soins adéquats.

Un environnement de l’emploi incertain signifie que les gens sont plus susceptibles de migrer pour le travail, ou de travailler beaucoup plus d’heures, ce qui les oblige à laisser leurs enfants à la garde des grands-parents. C’est ainsi que, plutôt que de profiter de leur retraite, ou d’être pris en charge, les personnes âgées, les femmes en particulier deviennent de plus en plus des fournisseurs de soins.

Les femmes vivent plus longtemps que les hommes dans le monde entier, et ce parti pris sexiste n’est pas spécifique aux pays à haut revenu, mais dans les pays en développement, ils peuvent avoir moins d’autonomie et d’indépendance financière que dans les pays les plus développés.

L’idée que les pays riches ne tiennent pas compte du soutien de la famille, et les pays en développement le font, est tout à fait trompeuse. La différence étant que dans les pays développés, beaucoup de gens ont des régimes de retraite qui leur permettent de financer leurs vieux jours, et ne pas avoir à compter uniquement sur leurs familles ou sur l’état.

La complaisance à l’égard du vieillissement dans les pays en développement se reflète dans la façon dont les systèmes de santé répondent aux personnes âgées. Les pays en développement auront un besoin urgent de concevoir des politiques de santé pour les soins de longue durée.

“Nous avons besoin de créer des sociétés avec un système de protection sociale qui permet aux gens de contribuer au cours de leur vie professionnelle et avoir une retraite à la fin de cette vie. ” conclut le rapporteur.

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