Cette semaine l’éditorial traite de la situation dans la corne de l’Afrique. Il est rédigé par Basile Keugoung et Laure Drusille Mafogue Fotso. N’hésitez pas à nous faire part de vos commentaires

Bonne Lecture

Basile Keugoung.


Health Policy & financing

1.   Lancet – A new era for global tuberculosis control?

http://www.lancet.com/
Malgré d’importants efforts ayant permis l’amélioration de la détection des cas de tuberculose et du succès thérapeutique, l’incidence de cette maladie décroit à un rythme qui ne permet pas d’atteindre les objectifs mondiaux. Ceci est dû à la longue durée du traitement, l’émergence des souches de bacille de Koch multirésistantes, l’association avec le VIH/SIDA et le lien avec la pauvreté.
La lutte contre la tuberculose au niveau mondial est coordonnée par le Département STOP TB de l’OMS avec l’appui du Partenariat Halte à la Tuberculose qui est une coalition de partenaires. Au moment où il y a une transition dans la gouvernance de la santé mondiale avec une perte progressive du monopole de l’OMS, le Département STOP TB devrait comme tous les autres Départements de l’OMS, devrait se réformer et se recentrer su la guidance, l’expertise technique et le renforcement des capacités des pays.
Il s’agira dans le futur d’engager d’autres acteurs pour globaliser la lutte contre la tuberculose comme cela a été fait pour le VIH/SIDA. Il est temps d’abandonner l’extrême médicalisation de la lutte contre la tuberculose pour engager d’autres secteurs. L’organisation de la lutte antituberculeuse devrait être différente car un statu quo est inacceptable.

2.   Plos – Scaling Up Global Health Interventions: A Proposed Framework for Success

Gavin Yamey; http://www.plosmedicine.org/
La mise à échelle des interventions sanitaires au cours des dernières décennies a été motivée par l’adoption des Objectifs du Millénaire pour le Développement et l’augmentation de l’aide internationale pour financer les grands programmes de santé mondiale. C’est ainsi que mettre en place un cadre scientifique pour la mise en œuvre de ces interventions s’avère nécessaire comme le suggère  les expériences encourageantes menées dans les pays à faible et moyen revenus. Cet essai s’appuie sur les thèmes clés de la science émergente de grande envergure dans les changements en santé mondiale pour proposer un cadre qui explique une mise à échelle réussie.
Les interviews des experts du terrain, soutenus par la littérature scientifique, ont permis d’identifier des facteurs de réussite de mise à échelle de ces interventions. Ces facteurs sont les suivants :
–       Le choix d’une simple intervention largement accepté et reproductible ;
–       Une bonne gouvernance et un fort leadership ;
–       Un engagement actif d’un large éventail d’acteurs (publics et privés) et de la communauté cible ;
–       Une adaptation à l’échelle supérieure ;
–       Une approche de la situation locale ;
–       Une intégration de la recherche dans la mise en œuvre.

En organisant les facteurs de réussite dans un cadre impliquant les différentes composantes de l’intensification du processus, quatre conclusions clés peuvent être tirées. D’abord, une importante voie de recherche est de simplifier l’offre de soins, un bon exemple est le développement historique du traitement antirétroviral, processus qui a montré que l’art peut être livré en toute sécurité, de façon non complexe et sans surveillance coûteuse paraclinique. Ensuite, les chances de succès sont susceptibles d’être augmentées par un fort leadership et une bonne gouvernance. Puis, La recherche empirique aidera à définir la stratégie qui convient le mieux à un défi particulier. Enfin, la mise en œuvre de la science dans les  pays à faible et moyen revenus serait avancée si l’intensification des efforts avait été accompagnée par la recherche.

3.   BMJ (news) – Development of 50 malaria drugs is under threat unless funding expands

Guy Rughani; http://www.bmj.com/
Le financement de la recherche sur le paludisme a connu une importante augmentation les 16 dernières années pour atteindre 612 million US$ en 2009. Si ce budget était maintenu, les objectifs de Roll Back Malaria (RBM) pourraient être atteints dans les 6 prochaines années. RBM est un Partenariat créé en 1998 par l’OMS, l’UNICEF, le PNUD et la banque Mondiale pour coordonner la lutte contre le paludisme.
Une augmentation du budget de 2% par an est nécessaire jusqu’en 2015 puis 15% en 2016  (soit 785 million US$) pour financer le développement du vaccin. Entre 2004 et 2009, pour les fonds destinés à la rechercher, 38% étaient alloués au développement des médicaments, 28% aux vaccins, 23% à la recherche fondamentale, 4% au contrôle des vecteurs et 1% au diagnostic.
Professor Coll-Seck a souligné que le paludisme n’est plus une maladie négligée et sous-financée, mais il est important que nous investissons aujourd’hui pour développer les outils de qualité supérieure pour le futur.

4.   WHO Bulletin – Health is more than influenza

Luc Bonneux, Wim Van Damme; http://www.who.int/
Luc Bonneux et Wim Van Damme soulignent que les annonces répétées des pandémies H1N1 et H5N1 font partie de la culture de la peur. Le scénario catastrophique a remplacé l’évaluation du risque et considère que le danger est extrêmement menaçant qu’il faudrait agir vite par une préparation adéquate. Si les ressources sauvent les vies, le gaspillage des ressources fait perdre des vies. Le stockage de larges quantités d’antiviraux, et la politique irrationnelle de vaccination contre le virus H1N1 habituellement bénin a fait perdre des milliards d’euros et la crédibilité des professionnels de santé publique. La politique de lutte contre la pandémie n’était jamais basée sur l’évidence mais sur la peur du scénario catastrophique.
Toute cette peur était induite par les experts en Influenza et l’appui des industries pharmaceutiques qui avaient des intérêts particuliers. Il n’y a pas de raison d’attendre à une pandémie plus sévère que les épidémies mineures de 1957 et 1968.
Une préparation à une pandémie se justifie pour des maladies émergentes dont l’évidence a montré la virulence du germe et l’efficacité des mesures de contrôle. Ceci nécessite des capacités pour la surveillance de la maladie, l’identification du problème, l’évaluation du risque et la réponse santé. Ceci est valable pour toutes les urgences sanitaires et pas seulement l’influenza.
Les ressources sont limitées et doivent être allouées à plusieurs problèmes prioritaires et les critères d’allocation sont mieux définis par ceux qui ont une vision globale de la santé que par chaque expert spécifique dont l’objectif est d’attirer le plus de ressources vers son domaine spécifique.
La clé pour une prise de décision politique n’est pas la bureaucratie mais la redevabilité et l’indépendance. L’OMS devrait apprendre à être redevable, dans un processus ouvert, transparent et un dialogue avec tous les détenteurs d’enjeux et particulièrement le public.

Lettre éditée par Basile Keugoung et Laure Drusille Mafogue Fotso

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