Edito : Politiques de santé internationale: participer à l’édition de la Lettre
Chers lecteurs et lectrices,
Nous voulons ouvrir la Lettre d’information Politiques de Santé Internationale à tous nos lecteurs. L’objectif est que vous vous l’appropriez. Pour cela, nous voulons ouvrir l’éditorial hebdomadaire à ceux qui souhaitent partager un point de vue sur une politique locale, nationale ou internationale de santé. Notre idée est justifiée par le fait que la plupart des articles que nous traduisons proviennent essentiellement des acteurs du Nord d’une part, ou ont été publiés dans des médias ou journaux peu accessibles aux acteurs du Sud d’autre part. Notre but final est de contribuer à l’inversion des pôles dans le débat autour des politiques de santé, ou tout au moins contribuer à l’équilibrer. En effet, en tant qu’acteur de terrain, vous vivez au quotidien les effets des politiques de santé sur votre environnement de travail et sur les résultats que vous obtenez. Partager cette expérience permettrait à nos lecteurs de sortir de la théorie et de vivre avec vous la réalité de terrain.
Pour cela, nous attendons vos points de vue qui seront publiés en page éditoriale. Nous sommes également prêts à soutenir vos idées et à vous accompagner dans la finalisation de cette note éditoriale. Le texte devrait avoir idéalement deux tiers d’une page et au maximum une page. Tous les thèmes ayant un lien avec les politiques de santé peuvent être acceptés.
Nous vous invitons à contacter l’un des membres de l’Equipe éditoriale : Basile Keugoung (keugoung@gmail.com), Isidore Sieleunou (isidoros2002@yahoo.fr), ou David Hercot (dhercot@itg.be). Nous serons fiers de vous donner de plus amples informations et surtout de vous avoir parmi les éditeurs.
Basile Keugoung & Isidore Sieleunou
G8 summit
1. Global health council – Global Health and the G8 France
http://www.globalhealth.org/view_top.php3?id=1141
Le 37ème sommet du G8 s’est tenu à Deauville, France, du 26 au 27 mai 2011. La France a recommandé que le « nouveau G8 » se concentre autour des questions sur lesquelles ses membres peuvent avoir un véritable impact, tout en évitant les duplications avec l’agenda du G20, qui se réunira les 3 et 4 novembre à Cannes, France. Les trois priorités de la présidence française du sommet du G8 sont : (1) croissance internet et verte, (2) paix et sécurité internationale, (3) partenariat avec l’Afrique.
Le Global Health Council et ses membres souhaitent que les leaders du G8 mettent d’avantage l’accent sur les questions humanitaires et la pauvreté, en particulier la santé mondiale.
Global Health Policy
2. Global Public Health – UN resolution on the prevention and control of non-communicable diseases: An opportunity for global action
Hadii M. Mamudu; Joshua S. Yang; Thomas E. Novotny; http://www.informaworld.com/smpp/content~db=all~content=a937907299~frm=titlelink
En mai 2010, l’assemblée générale de l’ONU a unanimement adopté une résolution sur les maladies non-transmissibles (MNT) qui a aboutit à des réunions de haut niveau axées sur la réduction de la charge mondiale des maladies non transmissibles. Ce document met en évidence l’ampleur épidémiologique des MNT, fournit un bref aperçu historique sur l’adoption de la résolution de l’ONU sur les MNT et fait valoir que cette résolution représente une remarquable opportunité d’améliorer la collaboration internationale pour faire face aux MNT.
En outre, le document argumente qu’en plus du fait que le programme actuel de l’OMS sur les MNT doit se poursuivre et s’élargir, l’ONU peut fournir le leadership politique élargi qui est nécessaire à une collaboration multi sectorielle, gage fondamental d’un forum concerté utile pour traiter de la question des MNT à travers ses principaux et nombreux organismes.
3. Global Public Health – Player or referee? Aid effectiveness and the governance of health policy development: Lessons from Viet Nam
Rebecca Dodd; Jean-Marc Olivé; http://www.informaworld.com/smpp/content~db=all~content=a938045242~frm=abslink
Le Viet Nam est l’une des étoiles brillantes du groupe des pays en développement. Ses réalisations remarquables dans la réduction de la pauvreté, l’amélioration de la santé et de l’éducation sont bien connues. Le Viet Nam a également la réputation d’avoir pris une avance considérable sur les procédures des donateurs en entreprenant des formes plus efficaces pour l’allocation de l’aide, tant au pays qu’à l’étranger. Cet article explique comment les efforts pour améliorer l’efficacité de l’aide s’articulent avec les processus d’élaboration des politiques de santé. Il présente une analyse quantitative des flux d’aide de santé au Viet Nam ainsi qu’une analyse qualitative de l’environnement de l’aide.
L’analyse révèle un réseau complexe et dynamique qui exerce une influence sur la mise en œuvre et l’efficacité de l’aide dans le secteur de la santé. Il y a des forces contradictoires au sein du ministère de la Santé, au sein du gouvernement dans son ensemble, au sein de la communauté des donateurs et entre les donateurs et le gouvernement.
Les cadres d’analyse tirés de l’étude des réseaux de politique et de gouvernance peuvent aider à expliquer ces tensions. Ils suggèrent que la gouvernance de l’aide à la santé au Viet Nam se caractérise par de multiples chevauchements des «réseaux de politique» qui transcendent les divisions traditionnelles entre donateurs et gouvernement.
Les principes de l’efficacité de l’aide ont du sens pour certaines de ces communautés, mais pour d’autres ils sont irrationnels et peuvent conduire à une perte d’influence et des ressources. Toutefois, un engagement soutenu combiné avec la construction de coalitions stratégiques peuvent surmonter les intérêts individuels et institutionnels.
Cet article suggère que les efforts de réforme de l’aide devraient être compris non comme un programme technocratique mais comme un processus politique avec toutes les tensions associées, les contraintes et les défis. Les partenaires ont donc besoin de reconnaître (et de trouver de nouvelles façons d’orienter) la complexité des forces qui influent l’exécution de l’aide.
Texte résumé par Kadio Kadidiatou
4. Social Science & Medicine – Analysing Global Health Assistance: The reach for Ethnographic, Institutional and Political Economic Scope
http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0277953611002620
La vue d’ensemble de l’assistance sanitaire mondiale peut être intimidante, surtout vu de bas en haut, et à travers une lentille ethnographique partant des pratiques et des résultats au niveau local. Cependant, l’ampleur et la complexité croissantes de la situation offrent des possibilités pour une combinaison de points de vue ethnographique, sociologique et institutionnel dans les cadres d’analyses des problèmes de santé internationale.
Ce numéro spécial illustre une telle approche qui se situe à l’intersection de l’émergence des logiques des institutions, de la pratique locale de santé et des impacts sociaux.
Trois grandes tendances en santé mondiale doivent être prises en compte dans cette analyse: l’arrivée de nouveaux acteurs, l’expansion du secteur de la santé, l’affluence de nouveaux financements et les nouvelles modalités institutionnelles.
Une nouvelle analyse de l’aide en santé internationale devrait davantage s’intéresser aux processus d’aide à une échelle locale à travers une analyse qualitative qui pose des questions sur ce qui se passe réellement quand d’énormes quantités d’argent sont versées ? Où vont-elles ? Et qui en profite?
Les articles de ce numéro spécial offrent un goût riche et fascinant de la pratique actuelle. Tous représentent des programmes et analyses évaluatives innovateurs et sophistiqués.
Plusieurs possibilités existent pour l”analyse de l’assistance en santé mondiale afin d’élargir et d’approfondir le champ d’analyse, en les déplaçant au-delà du champ actuel. Cela nécessitera plus de ressources, et surtout une nouvelle expansion des frontières disciplinaires, et des meilleures approches dans les différentes analyses institutionnelles, en sociologie politique, pour permettre une compréhension critique du développement international. Ce numéro spécial pourrait être une contribution utile à l’analyse de l’aide internationale en santé.
Texte résumé par Maurice Evariste Wambi Yameogo
On ne peut que soutenir ce genre de publications. La question de où va réellement l’argent et à qui profite-t-il mérite d’être mieux étudiée. En particulier, il serait utile que tout le monde sache quelle proportion de tous ces milliards annoncés au niveau global arrive au niveau des pays et mieux encore des populations. DH
WHO & WHA
5. OMS – Assemblée mondiale de la santé
http://www.who.int/mediacentre/news/releases/2011/world_health_assembly_20110524/fr/index.html (fr)
La dernière assemblée mondiale de la santé fut une nouvelle fois l’occasion de tester ce qui est au sommet de l’agenda de la santé mondiale. De nombreux articles et commentaires ont été publiés sur la question au cours de cette semaine. Vous pouvez notamment lire le résumé réalisé par Tom Paulson qui se demande si la réunion a servi à quelque chose, ou lire le résumé officiel de la réunion qui cite Dr Chan affirmant que la semaine a été très fructueuse.
Plusieurs articles, dans le BMJ notamment, rapportent l’importance qui a été accordée aux vaccins : Bill Gates poursuivant sa quête de soutien pour la décennie des vaccins et MSF tempérant en remarquant que les vaccins existants ne sont déjà pas suffisamment mis en œuvre dans certains contextes. Nature consacre tout un numéro aux vaccins si vous êtes intéressés par la question.
La réforme de l’OMS a été un autre gros morceaux des discussions mais au-delà de la nécessité de réformer et de maintenir l’institution, Amanda Glassman et al. trouvent que l’on n’avance pas vraiment et suggère que l’OMS regarde du cote du GF et De GAVI pour sa future stratégie de financement (PDF en FR, 19 p).
Le deuxième mandat de Margaret Chan a aussi été discuté dans les couloirs et Richard Horton pense qu’elle mérite un deuxième mandat.
Emerging Voices
6. International Journal for equity in health – Viewing the Kenyan health system through an equity lens: Implications for universal coverage
Jane Chuma and Vincent Okungu; http://www.equityhealthj.com/content/10/1/22/abstract
L’équité et la couverture universelle dominant actuellement les débats politiques à travers le monde. La façon dont les fonds sont collectés, mis en commun et utiliser pour acheter et fournir les services de santé doit être soigneusement examinée afin de s’assurer que les besoins de la population sont traités dans une approche de santé universelle. Chuma et Okungu ont évalué le financement du système de santé du Kenya pour voir s’il répond aux principales exigences de la couverture universelle, afin de formuler des recommandations sur la façon de relever les défis d’équité existants.
Les auteurs ont procédé à une revue approfondie de la littérature afin d’identifier les sources du financement de la santé au Kenya, et ont effectué leur analyse suivant les 3 fonctions clés (mobilisation des ressources, mise en commun et achat).
Chuma et Okungu ont trouvé que le secteur de la santé au Kenya s’appuie lourdement sur les paiements directs. Le financement public est essentiellement alloué suivant une approche incrémentale historique et la contribution aux soins est régressive. En outre, le pays a fait peu de progrès vers la réalisation des benchmarks internationaux y compris l’objectif d’Abuja.
Pour les auteurs, le système de santé du Kenya est très inéquitable et les politiques visant à promouvoir l’équité et la satisfaction des besoins des pauvres et des vulnérables n’ont pas été couronnées de succès. Le pays doit adopter des réformes du financement de son système de santé de façon systémique pour espérer relever les défis d’équité.
Development & Aid
Le Guardian rapport que l’Inde a promis 5 milliards de dollars d’aide à l’Afrique, un montant presque équivalent à son budget annuel de santé. L’Afrique, l’un des maillons faibles dans la réalisation des objectifs du millénaire pour le développement, sera donc un partenaire de l’Inde au cours des trois prochaines années. La contribution indienne sera consacrée non seulement à l’amélioration du commerce et des infrastructures, mais inclura d’autres secteurs clés du développement, tels que l’éducation et la formation.
Le montant des échanges commerciaux entre l’Inde et le continent se situent autour de 46 milliards $ par an, et les autorités de Delhi veulent les ammener à 70 milliards de dollars d’ici à 2015. Les investissements bilatéraux de l’Inde en Afrique ont atteint 90 milliards de dollars en 2010 et ce géant émergent est le premier investisseur étranger en Ethiopie.
L’implication de l’Inde et de la Chine dans le continent africain est bénéfique pour toutes les parties. La stratégie de New Delhi en Afrique sera toujours plus que de simples intérêts commerciaux.
7. La santé en Afrique est le « parent pauvre » des Sommets du G8 et du G20
Dominique Kerouedan ; http://www.grotius.fr/la-sante-en-afrique-est-le-parent-pauvre-des-sommets-du-g8-et-du-g20/
Pour Dominique Kerouedan, le sujet semble mériter un peu d’attention et Bertrand Badie avait prévenu quelques jours avant qu’il n’y avait « rien à attendre du prochain sommet du G8 ». Selon l’auteur, l’Afrique n’est pas un continent comme les autres au Sud. Ce qui se déroule en Afrique francophone, en termes sanitaire, social et démographique, interpelle les valeurs de la France, de l’Europe et du monde entier. La paix en dépend et elle espère qu’il y a quelque chose à attendre du prochain sommet du G20.