L’accès aux journaux scientifiques pour les systèmes de santé des pays à faible revenu : pré-requis pour le renforcement des capacités de recherche

Parmi les publications scientifiques de niveau mondial dans le domaine des politiques et systèmes de santé dans les pays à revenu faible, seule une faible proportion concerne les recherches effectuées dans les pays à faible revenu  par les chercheurs originaires de ces pays. La faible capacité pour la recherche a été notée dans ces pays et serait due à l’insuffisance des ressources allouées aux recherches sur les politiques et les systèmes de santé (Lancet 2003). Cette faiblesse se situe au niveau individuel, organisationnel et sociétal.

Nous pensons également que le faible accès à l’information scientifique constitue un autre déterminant majeur de la faible capacité de recherche qui crée et/ou maintient le cercle vicieux de la faiblesse des systèmes de santé dans les pays à faible revenu. Les programmes verticaux essaient de palier à cette carence par des formations spécifiques sur des domaines particuliers et l’accès gratuit à des journaux thématiques relatifs à leurs programmes pour des responsables travaillant dans ces programmes. Mais, cela reste insuffisant pour tous couvrir tous les domaines et tous les acteurs des systèmes de santé. HINARI est donc une solution pertinente pour palier à cette insuffisance d’accès à l’information scientifique. L’autre solution étant bien évidemment les publications en accès libre tels les très réputés PLOS ou BMC.

D’une part, la barrière d’accès à l’internet limite l’utilisation de ces plateformes pour de nombreux acteurs des systèmes de santé des pays à faible revenu, et d’autre part, certains journaux payant importants ne sont pas inclus dans la base de données HINARI. Il serait important que non seulement cet accès soit maintenu et élargi à d’autres journaux jusqu’ici exclus, mais également que l’accès à l’internet dans les pays à faible revenu devienne une préoccupation de la communauté scientifique internationale. En effet, la fracture numérique entre le Nord et le Sud s’élargit de plus en plus, et les chercheurs du Sud ne sont pas épargnés. L’accès aux journaux scientifiques passe par l’accès à l’internet et par la gratuité des journaux. Ces deux éléments constituent des pré-requis pour le renforcement des capacités de recherche dans les pays à faible revenu.

Basile Keugoung


Hinari

HINARI est une base de l’OMS qui offre l’accès gratuit aux journaux scientifiques à des pays à faible revenu depuis 2002. Elsevier a récemment retiré cet accès au Bangladesh. Le Lancet a lancé le débat sur l’accès à l’information scientifique dans les pays à faible revenu.

1.Lancet (Editorial) – Bad decisions for global health

http://download.thelancet.com/flatcontentassets/pdfs/S0140673611600664.pdf

Le manque d’accès à la connaissance est la principale limitation au développement humain. Depuis que l’Initiative d’Accès Inter réseau de Santé pour la Recherche (HINARI) a été lancée en 2002, le contenu de 7000 journaux a été rendu gratuitement accessible aux institutions à but non lucratif dans 105 pays éligibles. HINARI offre l’occasion d’accéder à une connaissance jusqu’ici inaccessible pour les pays les plus pauvres dans le monde.

Malheureusement, les nouvelles récentes font état du fait que plusieurs grands éditeurs ont retirés les journaux du programme HINARI du Bangladesh (et d’autres pays aussi, comme le Kenya et le Nigeria), provoquant un cri collectif de trahison.

Selon le classement 2010 du PNUD, 42 pays sont considérés comme à “faible développement humain”. Elsevier soutient que des options d’accès différentes peuvent s’appliquer dans des pays différents.

Selon l’auteur n’importe quel pays désigné comme “faible développement humain” par l’ONU justifie un engagement clair et sans équivoque par tous les éditeurs à l’accès libre et total pour faire des recherches à travers HINARI. Le faible développement humain signifie des fardeaux élevés de morbidité et de mortalité évitables parmi les populations les plus vulnérables. L’accès libre à la connaissance critique est essentiel si ces pays doivent résoudre leur énorme fardeau de maladies évitables.

Si les éditeurs sont sincères pour leur mission d’améliorer la santé à travers les partenariats avec les communautés de recherche et médicales, ils doivent envoyer un signal plus fort d’engagement aux pays qui ont le plus besoin de la connaissance qu’ils contrôlent.

Global Health Policy and financing

2.International Journal of Health Services – International Monetary Fund and Aid Displacement

David Stuckler , Sanjay Basu , Martin McKee;

http://baywood.metapress.com/app/home/contribution.asp?referrer=parent&backto=issue,5,13;journal,1,161;linkingpublicationresults,1:300313,1

Plusieurs articles récents mettent en évidence que l’aide de la santé mondiale est détournée au profit des réserves, de l’éducation, de l’armée, ou d’autres secteurs. Cette situation potentielle est due au fait que les ministres des Finances ont des priorités concurrentes, entrainant des possibles corruptions, et privant le secteur de la santé de ressources. Les études ont constaté que l’aide au développement pour la santé acheminée par les gouvernements a un impact négatif sur des dépenses de santé et que l’aide semblable acheminée par les organisations non gouvernementales privées a un impact positif. Une hypothèse alternative est que les politiques macro- économiques de la Banque mondiale et du FMI, qui conseillent spécifiquement aux gouvernements de dévier l’aide vers les réserves pour faire face à la volatilité de l’aide et maintenir les dépenses publiques basses, pourraient être la cause de la dérivation de l’aide de santé. Cet article évalue si la dérivation de l’aide était plus importante lorsque les pays ont entrepris un nouveau programme d’emprunt du FMI entre 1996 et 2006. Comme trouvé dans les études existantes, pour chaque 1 $ d’aide au développement pour la santé, environ 0,37 $ sont ajoutés au système de santé. Cependant, l’évaluation des pays ayant emprunté au FMI versus ceux n’ayant pas emprunté au FMI révèle que les non-emprunteurs ajoutent environ 0,45 $ tandis que les emprunteurs ajoutent moins de 0,01 $ au système de santé. En moyenne, les dépenses du système de santé ont évolué à une vitesse de moitié quand les pays ont été exposés au FMI que quand ils n’étaient pas. Il est important de tenir compte de l’économie politique du financement de la santé mondiale en interprétant des données sur les flux financiers.

Un commentaire un peu agité d’Amanda Glassman au sujet de cet article sur le site web de CGD.

3.Journal of Health Law and Policy – Emerging and Transitioning countries’ role in global health

Jennifer Prah Ruger & Nora Y. Ng;

http://law.slu.edu/healthlaw/journal/archives/Ruger_and_Ng_Article.pdf

Le financement de la santé mondiale a échoué à considérer adéquatement le groupe des nations ” BRIC ” – Brésil, Russie, Inde et Chine – particulièrement dans l’ensemble. Mais ces pays ont un rôle unique à jouer dans l’initiative de la santé mondiale en examinant les problèmes de santé mondiale de la même façon qu’ils construisent leur propre système de santé et aident les pays en voie de développement à améliorer la santé de leurs populations.

De plus, les nations BRIC deviennent des composantes de plus en plus importantes de l’architecture de la santé mondiale, individuellement comme des nations et collectivement comme une connexion d’influence. En juin 2009, les pays ont tenu le tout premier sommet BRIC à Yekaterinburg, en Russie, faisant leur début comme groupe politique et groupe de coordination.

Ce que ces pays doivent collectivement offrir dans la quête d’une amélioration de la santé mondiale mérite l’attention. Cet article se concentre sur le rôle des pays émergents et en transition comme des acteurs dans :

(1) L’apport de l’aide financière aux pays à faible ressource;

(2) L’approvisionnement des biens médicaux et services aux pays en voie de développement;

(3) L’assistance technique;

(4) L’amélioration de l’accès aux médicaments et à la propriété intellectuelle;

(5) La modélisation de la construction d’une structure du secteur de la santé efficace dans les pays les moins avancés;

(6) La diffusion des leçons apprises du processus de la santé et du développement;

(7) L’aide aux pays à faible revenue pour développer leur économie et réduire la pauvreté;

(8) La prise d’un rôle significatif dans la gouvernance de la santé mondiale; et

(9) Le soutien du lien entre santé et politique étrangère.

Cet article décrit les rôles que les pays émergents jouent en santé mondiale, comme donneurs et récipiendaires d’aide. Il décrit les types d’aide que les pays émergents peuvent rendre aux états moins développés, ainsi que le type d’aide dont les pays émergents ont toujours besoin de la communauté de santé mondiale. Les auteurs recherchent aussi l’effet de la participation du BRIC dans la gouvernance de la santé mondiale et leur influence sur la santé et la politique étrangère.

Leur économie encore en transformation et leur système de santé les connectes directement aux préoccupations des pays en voie de développement, tandis que leur influence économique et politique en croissance leur donne une place à la table des pays industrialisés et une voix plus puissante dans les affaires mondiales. Pour Ruger et Nora, l’apparition des pays BRIC comme des acteurs de santé mondiale peut diriger une plus grande attention aux besoins et aux perspectives des pays en voie de développement.

4.Human Resources for Health – Reflections on the ethics of recruiting foreign-trained human resources for health

Vivien Runnels, Ronald Labonte and Corinne Packer;

http://www.human-resources-health.com/content/9/1/2/abstract

Les profits engrangés par les pays développés dans le recrutement des ressources humaines de santé (HHR) dans les pays en voie de développement qui ont des proportions significativement inférieures en personnel de santé ont soulevé des questions d’éthique ou de justice. En attirant et/ou en facilitant la migration des HHR qualifiées, notamment ceux des nations plus pauvres, disposant de moins bonnes ressources, les pratiques et les politiques de recrutement peuvent mettre en péril la capacité des pays en voie de développement de réaliser les services médicaux nécessaires pour leur population. Dans cette étude les auteurs ont conduit des entretiens avec des recruteurs de ressources humaine de santé employés par l’administration régionale de la santé publique canadienne pour décrire leurs perspectives et pratiques de recrutement et déterminer si et comment ces politiques reflètent des considérations éthiques.

Les résultats montrent que les idées des recruteurs des HHR sur le flux mondial des travailleurs de santé des pays les plus pauvres vers les pays les plus riches reflètent plus de contenu le discours de niveau mondial. Un discours prédominant du marché lié aux manques de HHR qui surpasse les discussions de droits de l’homme et les approches éthiques.

Les auteurs suggèrent que le concept de responsabilité sociétale collective puisse fournir une approche utile au niveau organisationnel local pour développer des politiques de recrutement éthique. De telles politiques locales et des pratiques ultérieures peuvent influencer le débat public sur les implications d’équité de santé dans le flux des HHR des pays les plus pauvres vers les pays les plus riches inhérents au marché du travail des professionnels de la santé mondial, qui pourrait à son tour influencer les choix politiques à tout les niveaux du gouvernement et des systèmes de santé.

Le Guardian a aussi mis en exergue plusieurs articles intéressants sur la crise des ressources humaines, en association avec le Global Health Workforce Alliance. La crise est plus poignante en Afrique Subsaharienne, mais c’est une crise mondiale par essence, selon Sarah Boseley.

Ca pourrait aussi être intéressant de consulter le profil des Républicains qui seront les acteurs clés du financement de la santé mondiale dans les années à venir.

Finalement nous souhaitons attirer votre attention sur quelques ressources en santé mondiale telles que le mensuel Health Diplomacy Monitor et le nouveau centre international des données en ligne sur la santé reproductive.

Emerging Voices

5.Lancet – Good governance in health care – the Karnataka experience

Hanumappa Sudarshan, NS Prashanth;

http://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(10)62041-7/fulltext#

NS Prashanth, un Talent émergent et Sudarshan ont publié dans le Lancet un Viewpoint sur l’expérience de bonne gouvernance en santé à Karnataka. En effet, la corruption est à l’origine des mauvais indicateurs de santé dans les pays à faible revenu et a aussi des effets négatifs sur les individus. Dans l’Etat de Karnataka, les pauvres souffraient le plus des problèmes de corruption pour l’accès aux soins. Des réformes ont alors été proposées pour réduire la corruption. Notamment l’amélioration de la disponibilité des médicaments, le renforcement de la participation communautaire et la décentralisation. Des comités de gestion des formations sanitaires ont été mises en place et leurs capacités ont été renforcées pour améliorer l’utilisation des fonds et le fonctionnement optimal des structures.

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