Chers Collègues,
L’équipe de rédaction francophone de la lettre politiques internationales de santé a elle aussi participé au 52e Colloque annuel de l’Institut de Médecine Tropicale d’Anvers sur l’accès universel aux soins organisé du 8 au 10 novembre 2010, et au Premier symposium mondial sur la recherche sur les systèmes de santé qui s’est tenu à Montreux (Suisse) du 17 au 19 novembre 2010. C’est pourquoi vous recevez cette lettre extraordinaire qui reprend certains des articles des lettres 88 à 92.
Les deux conférences mentionnées ci-dessus furent l’aboutissement du concours de rédaction d’essai sur le thème de la contribution de la recherche pour l’accès aux soins. Près d’une cinquante de Talents Emergents pour la Santé issus de 18 pays du Sud ont présenté leurs points de vue sur la problématique durant ces 2 événements y compris dans la session de clôture du symposium. A plusieurs reprises, ils ont eu l’occasion de présenter leur point de vue en utilisant un style de présentation innovant appelé Pecha Kucha. Ces talents émergents venaient d’horizons divers : médecins, sociologues, économistes de la santé, enseignants, étudiants, etc. Ils étaient tous nourris d’espoir que leurs contributions pourraient apporter au niveau mondial le changement indispensable pour l’amélioration de la santé des populations dans les pays à moyen et faible revenu. Certains d’entre eux ont partagé leurs impressions sur ces trois semaines ici et aussi ici en Français. N’hésitez pas à commenter vous aussi et à nous dire si vous avez du mal à ouvrir ces sites web.
L’espoir des talents émergents, c’est que la femme enceinte, le bébé qui nait, le diabétique, l’hypertendu, bref toute personne qui a un problème de santé ne se pose plus de questions sans réponse sur son accès aux soins. Dans un monde globalisé, la responsabilité de la levée de ces barrières n’incombe plus seulement aux individus, aux communautés ou aux Etats mais aussi à la communauté internationale. Participez au débat mené par les talents émergents sur ce sujet. Beaucoup de solutions sont connues de longues dates et ont été réitérées pendant le symposium de Montreux. Quelques innovations susceptibles de faire aujourd’hui la différence ont également été discutées. Une politique du financement des systèmes de santé qui vise à réduire les dépenses directes des ménages reste un point central de toute politique de couverture universelle de soins.
Le défi sera la mise en application des résultats de la recherche ou l’initiation des modèles ayant montré leur efficacité dans d’autres contextes. Une question future serait d’explorer les stratégies permettant de connecter le monde de la recherche de celui des politiques de santé. Etant entendu que les systèmes de santé dans les pays à faible revenu sont faibles, le problème est donc l’insuffisance des réformes pour identifier et mettre en œuvre de nouveaux modèles ou des stratégies qui ont été efficaces ailleurs.
La diffusion des résultats de la recherche auprès des non chercheurs est primordiale, car ce sont ces derniers qui feront le plaidoyer ou la pression auprès des policymakers pour l’application des découvertes scientifiques dans les systèmes de santé. La Newsletter Politiques de santé internationale contribue à la diffusion de la recherche sur les politiques internationales de santé auprès des acteurs –centraux et périphériques- des pays à faible revenu. Nous pensons que l’accès à la connaissance suscitera une prise de conscience des défis à surmonter, mais surtout offrira un accès aux solutions qui ont été utilisées et ont montré leur efficacité dans d’autres contextes. N’hésitez pas à faire circuler cette lettre dans vos réseaux.
Bonne lecture
Basile Keugoung, David Hercot, Isidore Sieleunou, Kristof Decoster, Josefien Van Olmen, & Wim Van Damme
Accès Universel aux soins
1.Lancet – Universal Health Coverage: friend or foe of health equity ?
Davidson R Gwatkin and Alex Ergo; http://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(10)62058-2/fulltext
Gwatkin et Ergo relèvent le momentum qu’il y a aujourd’hui sur le plaidoyer pour l’accès universel aux soins. Ils notent que cela a été le cas pour Alma Ata et qu’il est plus facile de plaider que de le réaliser. Ceci à cause des nombreuses iniquités, où les riches sont toujours les premiers à bénéficier des mesures de facilitation de l’accès mises en place dans les pays dans l’objectif d’augmenter la couverture. En prenant l’exemple du Brésil, ils proposent une approche dite progressive qui ciblent d’abord les pauvres ou dans les régions désavantagées, ensuite les plus nantis. Au centre de cette approche, c’est la détermination à assurer que les pauvres bénéficient au moins comme les riches à toutes les étapes du processus vers l’accès universel. Bien sûr cette approche progressive est faisable mais pas facile à réaliser. Car si les pauvres ne sont pas inclus dès le départ, toute réforme pour l’accès universel les abandonnera certainement.
2.HELP – L’exemption du paiement: un pas vers l’accès universel aux soins de santé. Expériences pilotes au Burkina Faso
Ridde, V. & Queuille, L.; http://www.help-ev.de/fileadmin/media/pdf/Downloads/Polic_Papers/ExemptionPiloteBurkina2010_fr.pdf
80% des décès maternels et 40 à 70 % des décès des nouveau-nés pourraient être évités si l’accès universel aux soins de santé était une réalité.
Ce travail réalisé sur les expériences pilotes au Burkina Faso montre que lever la barrière financière par l’exemption du paiement direct des soins pour les patients et organiser son remboursement par un tiers payeur constitue une option à considérer avec le plus grand sérieux pour l’atteinte des objectifs des Politiques Nationales de Santé.
Global Health
Durant le dernier mois, il s’est passé beaucoup de choses dans le petit monde de la santé mondiale, comme chaque mois d’ailleurs. En relisant les lettres en anglais de ces dernières semaines, nous pouvons relever les élections en Grande Bretagne qui sont commentées ci-dessous et les élections aux Etats-Unis ou la victoire des Républicains va fortement compliqué le travail de Barack Obama et son ouverture à un autre monde. Certains pensent qu’il ne lui reste plus que le terrain des affaires étrangères mais sans argent. Que va-t-il advenir de son initiative pour la santé mondiale ? Du côté du Fonds Mondial, la réunion des donateurs pour le refinancement n’a pas permis de rassembler les montants attendus. Il faut noter une croissance en terme absolu des fonds promis mais ceci reste en deça des besoins estimés pour couvrir l’accélération des activités au rythme qui a été observé jusqu’ici et certainement loin de ce qu’il faudrait pour couvrir les besoins. Pour la première fois, le Fonds Mondial va devoir refuser des projets qui sont pourtant jugés de qualité suffisante par le TERG selon Svend Robinson qui parlait à Bruxelles ce samedi. De son côté, GAVI a connu encore moins de succès lors de sa réunion de reconstitution des réserves et un large manque se fait sentir. Alors que Bill Gates a promis 10 Milliards de dollars pour l’introduction de nouveaux vaccins, l’alliance n’a plus les moyens d’assurer la politique qui l’a rendue si appréciée de nombreux responsables de la vaccination en Afrique de l’Ouest et au-delà. Espérons que le nouveau directeur de GAVI, Dagfinn Høybråten, un parlementaire Norvégien, saura trouver les arguments qu’il faut.
Health Systems
Pour ceux d’entre vous qui savent lire l’anglais, il y a de la lecture à revendre sur les systèmes de santé suite au symposium sur la recherche en système de santé et ses onze documents de référence (ici et le onzième ici) mais aussi la parution du rapport sur la santé dans le monde publié par l’OMS (ici en Français et ici les 55 documents de référence en anglais). Comme vous n’aurez surement pas le temps de tout lire, nous vous recommandons ces deux documents sur l’économie politique de l’accès aux soins au niveau national et international ainsi que ce document discutant des mutuelles de santé. Certains des documents publiés par l’OMS sont malgré tout en Français comme celui-ci sur la gratuité (PDF 2,5 MB). Notons également la parution d’un livre dans la série étude des politiques et systèmes de santé de l’IMT (SHSOP) une étude qui a revu les différentes théories de modélisation des systèmes de santé et propose un modèle IMT pour comprendre et améliorer les systèmes de santé. (PDF ici)
Health Financing
3.Malaria journal – The quest for universal access to effective malaria treatment: how can the AMFm contribute?
Lloyd Matowe and Olusoji Adeyi; http://www.malariajournal.com/content/9/1/274
L’accès aux combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine de qualité (CTA) est demeuré très bas dans la plupart des pays d’endémicité palustre. Un certain nombre de raisons, y compris les prix exorbitants, ont contribué à cette faible accessibilité.
Le mécanisme de financement innovant pour des médicaments antipaludéens abordables (AMFm) a pour objectif d’élargir l’accès aux CTA pour traiter le paludisme, et ainsi sauver des vies et réduire l’utilisation de traitements inappropriés. Ce mécanisme tente de réduire les prix de ventes pour les malades grâce à une négociation des prix et à un système de prix subventionné directement avec les producteurs de médicaments. La stratégie espère en outre forcer le retrait des monothérapies à base d’artémisinine du marché ce qui retardera le développement de résistance à l’artémisinine.
Le Fonds mondial, en tant qu’administrateur et gestionnaire de l’AMFm, a négocié avec les laboratoires pharmaceutiques participants une diminution du prix des CTA sous réserve que le prix de vente soit identique au prix d’un traitement par la chloroquine pour les acheteurs en première ligne et ce aussi bien dans le secteur privé que public.
L’amélioration de l’accès aux CTA exige de mettre en œuvre diverses activités – financement, institutions, interventions, et réflexions – de la part des acteurs publics et privés à l’échelon global, national, et local.
Cet article de Matowe et Adeyi examine dans les cadres d’accès aux médicaments, le rôle de l’AMFm à travers et dans chaque dimension, et discute comment l’AMFm peut aider à résoudre les goulots d’accès.
Les dimensions de l’accès qu’utilisent les auteurs sont: l’architecture, l’accessibilité géographique, la disponibilité physique, le prix abordable et l’acceptabilité.
Les auteurs soutiennent que l’AMFm cherche à lever la barrière des prix en réduisant rigoureusement le prix des CTA. En plus des prix exorbitants, une série de facteurs socio-économiques inter- corrélés sont également mis en cause. L’AMFm soutiendra des interventions pour lever les barrières socio-économiques, pour renforcer les pouvoirs réglementaires, pour améliorer les chaînes d’approvisionnements et pour améliorer la qualité du service, dans le but d’améliorer l’accès aux CTA. La première phase du projet a lieu dans huit pays : au Cambodge, Ghana, Kenya, Madagascar, Niger, Nigeria, Tanzanie (y compris Zanzibar) et en Ouganda.
4.TMIH – Per diems in Africa : a counter-argument
Conteh & Kingori ; http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.1365-3156.2010.02644.x/full
Conteh and Kingori réagissent sur le précédent éditorial de Valéry Ridde au sujet des perdiems en Afrique. (voir le résumé en Français ici)
Dans ce point de vue publié dans le TM&IH, les auteurs approuvent pleinement l’appel de Ridde pour une discussion ouverte et franche au sujet de l’ampleur et de l’impact des perdiems sur le fonctionnement des interventions, des systèmes et de la recherche de santé.
Selon Conteh et Kingori, 3 clarifications méritent d’être mises en exergue :
(1) Ridde reconnait que le perdiem n’est pas nécessairement illégal. Dans certains pays, les tentatives ont été menées pour formaliser et standardiser les perdiems.
(2) La classification du perdiem comme « mauvais » et « malhonnête » dépend de multiples facteurs.
(3) La troisième caractéristique dans la définition présentée est en rapport avec la question du pouvoir. Certains personnels seniors qui reçoivent des perdiems utilisent leur « position de force » et peuvent abuser de leur statut sans être réprimandés.
L’éditorial de Ridde suggère que les perdiems seraient un facteur qui contribuera à l’échec de l’atteinte des OMD dans beaucoup de pays africains en 2015. Cependant, Conteh et Kingori pensent que les corrélations et les voies qui mènent à cette conclusion ne sont pas clairement expliquées. Pour elles, bien qu’il y ait certainement d’évidence pour suggérer que les perdiems dérivent les ressources limitées d’autres services plus efficaces; l’évidence suggère également que le paiement des perdiems complète les faibles revenus des personnels de soins de santé, si bien que quitter le secteur public devient moins attrayant. Dans ce sens, les perdiems contribuent ainsi à lutter contre « l’exode des compétences ». Un tel argument reflète la relation complexe entre le perdiem et le système de santé en Afrique.
Quoi que la « culture des perdiems » puisse être associée aux agents du secteur public impliqués dans des projets et dans la fourniture des soins de santé, Conteh et Kingori suggèrent que des arguments plus équilibrés pourraient être présentés si les perdiems étaient discutés par rapport aux influences macro-économiques et structurelles.
Tout en reconnaissant que cela n’empêche pas une analyse dans un contexte africain, les auteurs rappellent néanmoins que cette problématique n’est pas en soi africaine.
Si, comme Ridde propose, « la perdiemite » est un problème aigu, alors tous les acteurs devraient être appelés et examinés en conséquence, car nous sommes tous complice. Les paiements des perdiems aux fonctionnaires africains ne peuvent pas être discutés isolément des flux financiers dans le cadre des questions structurelles plus grandes de la mondialisation.
L’exemple est celui du fonctionnaire des institutions internationales qui gagne $297 de perdiem journalier lorsqu’il est en mission dans un pays sous-développé alors qu’un fonctionnaire de ce pays gagne $10 dans le même temps pour le même travail.
5.TMIH – When the ‘non-workable ideological best’ becomes the enemy of the ‘imperfect but workable good’
I Agyepong, J Nabyonga and D Hercot; http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.1365-3156.2010.02639.x/abstract
Dans cet essai, les auteurs critiquent une récente prise de position de la Banque mondiale et de l’ONG Oxfam int. sur le système d’assurance sante du Ghana. Ils déplorent que des institutions internationales tentent de forcer un système plutôt qu’un autre sur base de vues essentiellement idéologiques et peu réalistes au vu du contexte spécifique du Ghana. Les acteurs internationaux peuvent apporter leur expertise mais devraient éviter de tomber dans le dogmatisme. La réalité est complexe et contexte dépendante. Les solutions parfaites n’existent pas et les progrès se font petit a petit partant de la situation existante. Au de la d’une perte de revenu peu importante pour le système d’assurance sante du Ghana, la proposition d’Oxfam met en danger le principe d’assurance obligatoire et donc de contribution de tout un chacun au système de sante. En supprimant la contribution du secteur informel on risque d’affaiblir l’édifice en donnant au secteur formel un argument pour revoir sa contribution à la baisse. Cette dernière étant pourtant significative. C’est tout le difficile château de carte du financement de la santé au Ghana qui est mis en danger.
6.Owen Barder – INCENTIVES, RESULTS AND BUREAUCRACY IN AID
Owen Barder; http://www.owen.org/blog/3633
Plusieurs personnes, particulièrement ceux qui sont en première ligne des programmes d’aide, sont inconfortables avec l’idée que l’aide devrait être plus fortement liée aux résultats. Certains relèvent qu’il n’y a aucune évidence que les gouvernements et les humanitaires répondront aux incitations (voir cet article de Woods et Renzio). D’autres sont concernés par le fait qu’une focalisation accrue sur des résultats ajoutera d’avantage de la bureaucratie, notamment celle liée au remplissage et au rapportage, empoisonnant ainsi la vie du personnel de première ligne (voir cet essai de Andrew Natsios, ancien administrateur de l’USAID).
Dans son blog, Maxwell liste quatre autres inquiétudes qui selon lui provoquent l’inconfortable « décalage d’avec le siège » au sujet des résultats, à savoir que (1) l’évidence ne sera jamais vraiment utilisée ; (2) lier l’aide aux résultats se fonde sur une vue simpliste et déterministe du développement ; (3) cela risque de se concentrer trop sur des résultats qui peuvent être mesurés, plutôt que sur des changements plus profonds mais moins observables ; (4) une approche basée sur les résultats est incapable de prendre en compte la complexité de la façon dont les transactions de l’aide s’opèrent.
Ce sont des préoccupations profondes et importantes. Mais si une meilleure mesure des résultats est employée par des organisations humanitaires pour simplifier la manière dont elles gèrent les programmes, plutôt qu’un simple ajout de nouveau reportage, l’agenda des résultats créera l’occasion de réduire la bureaucratie, de décentraliser la prise de décision, d’augmenter l’autonomie des pays, d’augmenter l’attention sur les résultats qui importent vraiment, de migrer de la pensée linéaire et déterministe à la façon dont des résultats sont réalisés, d’avoir plus de regard sur le relationnel et les institutions, et de vraiment libérer les agents de développement afin qu’ils puissent sortir travailler sur le terrain et non plus rester assis derrière leurs bureaux à remplir des rapports.
Dans ce blog, Owen expose comment une focalisation sur les résultats pourrait débloquer des changements sur la façon dont l’aide est gérée, pouvant ainsi mener aux améliorations significatives de l’efficacité de l’aide.
Selon Owen, l’hypothèse est qu’en s’attaquant à l’échec particulier de l’information – manque d’informations sur les résultats – et au besoin en lui consacrant quelques ressources, nous serrions capable de nous séparer des stratégies que les donateurs ont dû adopter, qui créent beaucoup de pressions, rendant l’aide peu efficace et gaspillant beaucoup de temps et d’argent sur du travail futile. Il reconnait cependant que cela exigera une certaine imagination de la part des organisations humanitaires afin de penser à la façon dont elles peuvent simplifier leurs systèmes de gestions actuelles dans un contexte où l’aide doit être fortement liée aux résultats.
Disease Control
7.Lancet – Progress and challenges in neglected tropical diseases
Cet editorial du Lancet souligne les efforts qui ont été faits pour pouvoir enlever le “négligées” du vocable « maladies tropicales négligées » suite à la parution du premier rapport de l’OMS sur ce sujet et à quelques annonces de finanacement de médicament récemment entendues. Télécharger ici le résumé du rapport de l’OMS en Français (PDF 1,5 MB)
8.Lancet – Poliomyelitis eradication: another step forward
Nigel W Crawford, Jim P Buttery; http://www.lancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(10)61427-4/fulltext
Crawford & Buttery commentent un article de Sutter et al.Qui vient d’être publié dans le Lancet sur un nouveau vaccins (bOPV) contre la polio. Ils pensent que ce ci est un pas en avant très important dans la lutte finale contre cette maladie. Ils pensent que les deux prochaines années seront cruciales pour le combat de l’éradication. Karen Grepin donne aussi son commentaire positif mais souligne que le financement fait défaut déjà pour cette année, mettant en danger tout le processus d’éradication.
UK Foreign Aid Policy
Suite à la victoire des conservateurs en Grande Bretagne et à l’annonce récente de la politique du gouvernement d’économiser drastiquement sur le budget tout en remplissant les engagements de 0,7% de leur revenu national brut consacré à l’aide au développement, plusieurs auteurs font part de leurs commentaires.
9.Owen Barder – UK SPENDING PLANS PROTECT DEVELOPMENT SPENDING
La revue des dépenses faite par le gouvernement Cameron au Royaume Uni (RU) est un événement politique séismique, qui sera discuté pendant plusieurs années à venir.
Elle prévoit une réduction des dépenses de l’Etat de £81 milliards par an et une diminution d’environ un demi-million de fonctionnaire dans le secteur public.
Dans ce post, Owen Barder analyse cette revue sous l’angle des dépenses au développement.
Selon Barder, la décision du gouvernement d’augmenter la dépense au développement international est remarquable dans le contexte actuel.
Il cite le Chancelier des finances, George Osborne qui déclare: « Je peux également confirmer que ce gouvernement de coalition sera le premier gouvernement britannique dans l’histoire, et le premier grand pays dans le monde, à honorer l’engagement des Nations Unies sur l’aide internationale. Le développement extérieur atteindra 0,7% du revenu national en 2013. Ceci réduira de moitié le nombre de décès lié au paludisme et sauvera les vies de 50.000 femmes enceintes et de 250.000 nouveau-nés ».
Barder note que la Grande-Bretagne, pour la première fois, atteindra la cible internationale d’aide de 0,7% du revenu national, rejoignant ainsi le Danemark, les Pays Bas, la Norvège et la Suède. L’aide officiel au développement (ODA) de la Grande-Bretagne augmentera de 50% au cours des quatre prochaines années. La plus grande part sera acheminée par le DFID, dont le budget augmentera de 47% en livres courantes et de 37% après ajustement sur l’inflation. L’augmentation se produira principalement en 2013, quand l’aide passera de £9,1 milliards à £12 milliards.
Pour Barder, même s’il n’en demeure pas moins raisonnable de se demander – comme nombre d’experts en matière de développement – si l’aide sera dépensée d’une façon disproportionnée à l’appui des priorités de la sécurité de la Grande-Bretagne, et surtout comment le DFID va gérer un budget en rapide hausse tandis qu’au même moment ses effectifs sont en baisse, il est cependant important pour l’instant de se focaliser sur la substantielle démonstration de l’engagement politique et financière du RU envers l’aide extérieure. Car le gouvernement de coalition du RU mérite d’être félicité pour son engagement au programme d’aide aux pays étrangers, et pour son effort d’amélioration de la transparence, de la responsabilité et de l’efficacité de l’aide dans le but d’un impact maximal pour l’amélioration des vies des personnes dans les pays en voie de développement.
10. ODI – The Comprehensive Spending Review: sticking to promises on aid
Claire Melamed; http://blogs.odi.org.uk/blogs/main/archive/2010/10/20/uk_comprehensive_spending_review_sticking_to_promises.aspx
Westminster a bourdonné d’activité ces derniers temps, avec des journalistes, des lobbyistes et des politiciens, maniant les chiffres pour comprendre comment le gouvernement va dépenser son argent durant les cinq années à venir. Tout a tourné autour des coupes, avec des métaphores telles que des coups de hache et des entailles de couteau.
Par contre, pas de coupe en vue pour le secteur du développement. Plutôt une augmentation du budget de l’aide, passant de £8,4 milliard cette année à £12.6 milliard en 2015. La plupart de cet aide passe par le Département pour le Développement International (DFID), dont le budget va avoisiner £11,5 milliard d’ici 2015. L’aide comme part du revenu national brut demeurera à 0,56% pendant les premières années avant de bondir à 0,7% en 2013, restant à ce niveau jusqu’en 2015.
Melamed résume dans ce post, les domaines prioritaires de ce budget.
Sur quoi cet argent sera-t-il dépensé? Les dépenses se feront en priorité suivant :
* Les domaines d’activité : ainsi, £500 million par an pour la lutte contre le paludisme, et plus sur la santé maternelle et infantile. Il y a également une intention de dépenser plus sur la ` relance de la croissance économique’. Une partie servira aussi à honorer les engagements financiers du gouvernement au niveau international sur le climat.
* Les pays : Un tiers de l’aide publique au développement de la Grande-Bretagne (ODA) sera dépensé dans les états fragiles et ceux affectés par les confits d’ici 2015.
De plus, une partie sera utilisée pour s’assurer que l’ODA est dépensée de la bonne façon – d’où l’annonce d’une « commission indépendante de l’impact de l’aide » pour s’assurer que les dépenses sont effectives et efficientes.
Sur quoi cet argent ne sera-t-il pas dépensé?
* L’administration – les coûts administratifs du DFID seront ramenés de moitié.
* Les grands programmes du DFID en Chine et en Russie vont s’estomper.
Quelle est la prochaine étape?
La vraie histoire se produira bien après que les camera aient quitté le « College Green ». Les détails exacts de la façon dont l’argent sera dépensé – ce qui sera coupé pour permettre d’augmenter l’aide dans les états fragiles, comment des priorités dans les pays comme l’Afghanistan seront décidés durant les négociations sur le terrain entre le personnel du DFID et le personnel de sécurité, et comment le DFID fera face à plus de dépense avec moins de personnel – sont des défis qui doivent être surveillées soigneusement pendant les prochaines années.
Il est également important de garder un œil sur l’évolution du taux de croissance, pour voir si c’est l’engagement à dépenser un certain montant sur l’aide ou bien une certaine proportion du revenu national sur l’aide qui sera atteint. Si les projections du gouvernement sur la croissance ne se matérialisent pas, et que le gouvernement honore ses engagements, la part des dépenses d’aide par rapport au GNI pourrait dépasser 0,7%. Et, réciproquement, une décision devrait être prise si la croissance était plus rapide que prévue, signifiant que les montants indiqués pour l’aide devraient être augmentés pour atteindre la cible de 0,7%.
En outre, DFID et les lobbyistes du développement ont la difficile tâche d’expliquer au public Britannique pourquoi l’aide devrait être protégée au moment où le budget subit une compression sans précédent. Espérons que la commission indépendante sur l’aide et la réduction des coûts administratifs apaisent tous soupçons des citoyens au sujet du gaspillage du budget de l’aide.
11. Guardian – Aid and ‘soft power’ becomes foreign policy focus
Ayant drastiquement tondu le budget militaire, le gouvernement compte fortement sur « la puissance douce » pour maintenir la prétention de longue date selon laquelle la Grande-Bretagne « frappe plus que son poids » dans l’arène mondiale.
La pièce maîtresse dans cet effort est l’augmentation projetée de l’aide extérieure de £7 milliards à £11,5 milliards au cours des quatre années à venir. Ceci signifierait qu’à l’horizon 2013 le Royaume Uni deviendrait la première grande puissance industrielle à accomplir son obligation de consacrer 0,7% du revenu national à l’aide au développement. Cet engagement a été bien accueilli par les agences de l’aide.
Au-delà de l’acclamation, il y a également des inquiétudes chez les humanitaires. Tout d’abord, la dépense d’aide est « rétroactivement ajustée » ou en d’autre terme elle a « un report d’ajustement ». Les figures détaillées prouvent que le budget restera assez constant pendant les trois premières années, puis devra bondir de 28% à la quatrième année. Cet énorme bond laisse planer le doute sur sa faisabilité.
En même temps que l’aide au développement est censée s’accroitre substantiellement, les dépenses administratives du DFID seront réduites de moitié (£72 million à £34 million). Il n’est pas clair d’où viendra une épargne aussi importante. DfID épargnera £2 millions sur la réduction du nombre de fonctionnaires, et £3 millions sur l’espace crédit-bail de son siège à Londres, mais cela laisse toujours un grand trou dans les chiffres.
En outre, certains discutent qu’une telle épargne administrative est une fausse économie. Il signifierait simplement que plus d’argent d’aide est remis aux institutions internationales telles que la Banque Mondiale pour dépenser. En conséquence, le contribuable britannique finirait par payer bien plus les coûts administratifs et les salaires bien plus élevés de personnel à la BM, avec moins d’argent alloué pour dépenser sur le terrain.
En conclusion, l’argent dépensé dans les pays en conflit grimpera jusqu’à £3,8 milliards, d’un quart à un tiers du total. La crainte de beaucoup dans le monde d’aide est que ceci reflète la militarisation croissante de l’aide au développement, avec de plus en plus d’aide versée en Afghanistan aux dépens des nations africaines paisibles mais également appauvries.