Chers collègues,

Cette semaine nous expérimentons une nouvelle mise en page ou le résumé de chaque article est présenté à la suite du titre ci-dessous. N'hésitez pas à nous dire ce que vous en pensez.

 

La nouvelle fracassante de cette semaine est l'attribution du prix Nobel de la paix à Obama. Une nouvelle qui nous a abasourdis comme tout le monde. Espérons que cela donnera un coup de fouet à son initiative mondiale pour la santé.

 

Bonne Lecture.

 

David Hercot, Kristof Decoster, Josefien Van Olmen & Wim Van Damme


Global Health

1.                  Working through the issues of global governance for health

Michael Marmot ; http://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(09)61771-2/fulltext

 

Marmot commente deux livres parus récemment sur la santé mondiale  et présente une courte analyse des concepts de la santé mondiale.

  • Making Sense of Global Health Governance: A Policy Perspective
    Buse Kent, Hein Wolfgang, Drager Nick
    Palgrave Macmillan, 2009
    Pp 392. £60·00. ISBN-0-23020-992-0
  • Innovation in Global Health Governance: Critical Cases
    Cooper Andrew F, Kirton John J
    Ashgate Publishing, 2009
    Pp 422. £60·00. ISBN-978-0-7546-4872-7

"Les chiens aboient Sancho, cela signifie que nous avançons". C'est sur cette phrase que l'auteur ouvre son commentaire. Il souligne par là les critiques faites à l'OMS pour avoir mis sur pied la commission sur les déterminants de la santé comme ne devant pas faire partie des priorités de l'OMS. La santé mondiale ce sont les infections qui risquent à tout moment de nous envahir. Mais selon lui, la santé mondiale va au delà du contrôle des maladies. La globalisation que nous vivons actuellement amène des défis autres que le seul transport à vitesse humaine de tous les germes. Les accords commerciaux, les accords économiques mondiaux, le changement climatique, la promotion légale de nourriture malsaine ou de tabac, le trafic de médicaments ou d'êtres humains sont autant d'exemples de dossiers globaux qui n'ont pas de lien avec les maladies transmissibles mais qui touchent la santé et qui nécessitent des solutions transnationales. La santé mondiale pourrait être limitée aux maladies infectieuses ou inclure le système de santé mais nous devons aussi nous préoccuper de "gouvernance" mondiale pour la santé qui regrouperait les dossiers repris ci-avant et qui pourraient être regroupés sous le vocable « déterminants sociaux de la santé ». La déclaration d'Alma Ata avait déjà fait un appel dans ce sens mais les années qui ont suivi n'ont pas vu la concrétisation de ce volet social de la santé. La santé ne concerne pas seulement les états et leurs relations mais également la pléthore d'initiatives mondiales et la société civile. Walt souligne l'importance de tenir compte des acteurs mais également du processus et du contexte. La santé mondiale est un milieu complexe difficile à cerner mais un minimum de principes peuvent être édictés: Contrôler les effets néfastes publiques mondiaux et promouvoir les biens publiques mondiaux; renforcer les systèmes de santé et assurer la cohérence des politiques par delà les secteurs pour améliorer la santé publique.

 

Global Health initiatives

2.                  Global health initiatives and country health systems

Jesper Sundewall et al.; David McCoy; Ruairí Brugha; Malcolm MacLachlan et al.;

Après la parution du rapport sur les synergies positives entre les initiatives mondiales de santé (IMS) et les systèmes de santé (voir ihpn#20), le Lancet publie quatre commentaires à ce sujet.

 Tout d'abord, cinq chercheurs qui ont travaillé en Zambie sur la déclaration de Paris soulignent que, en ce qui concerne leur pays d'étude, les initiatives mondiales de la santé (IMS) n'ont pas contribué à la prédictibilité de l'aide ni à l'alignement aux systèmes de financement nationaux. Là, où en 2003, 63% de l'aide à la santé était fournie par les mécanismes gouvernementaux, elle ne représente plus que 29% en 2006. Leur étude montre une faible prédictibilité de l'aide et une faible implication des managers locaux dans les choix d'investissement des IMS. David Mc Coy pour sa part souligne la qualité variable des études présentées et l'absence d'évaluation de cette qualité dans l'article. Il souligne que seul 4 des plus de 100 IMS ont été étudiées et que les conclusions sont floues car elles mélang
ent tous les pays et toutes les IMS. Il y a à ce jour peu d'évidence que les IMS ont influencé positivement les systèmes de santé. Il y a un besoin manifeste d'investir dans une évaluation indépendante des IMS, de réduire la fragmentation de l'aide internationale et d'harmoniser les concepts de renforcement des systèmes de santé. Ruairi Burgha souligne le poids des IMS sur les systèmes de santé et particulièrement la charge de travail accrue pour le personnel de santé. Il appelle à plus d'effort pour soutenir les systèmes de santé. Il souligne aussi que des recherches antérieures ont déjà été menées sur l'impact des IMS et que ces dernières ont souvent tenté d'en tenir compte (p ex l'évaluation après cinq ans du fonds mondial). Mac Lachlan souligne pour sa part le manque de considération apportée par les chercheurs aux personnes souffrant de handicap. L'étude parle d'amélioration de l'accès pour les plus vulnérables sans prendre en compte un des groupes les plus vulnérables que sont les handicapés.

 

Access

3.                  All for universal health coverage

Laurie Garrett, A Mushtaque R Chowdhury, Ariel Pablos-Méndez ; http://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(09)61503-8/fulltext ; already in issue IHP#29

L'accès aux soins est considéré comme un droit de l'Homme. Cependant, le moyen d'y parvenir notamment pour le financer reste une question très débattue.

La plupart des pays se sont engagés dans plusieurs accords fixant l'accès aux soins comme un droit de l'Homme fondamental. Si près de 25 milliards de dollars US sont déboursés chaque année pour les priorités de la "santé mondiale", les dépenses de santé, elles, atteignent 6 milliards de dollars US soit 10% du Produit National Brut mondial. Si le 20ième siècle fut celui des actions rapide tel la vaccination, le 21ième siècle sera celui de l'accès aux soins particulièrement pour les malades souffrant de pathologies chroniques tel le SIDA ou le diabète. Il y a une chose qui est claire maintenant, le débat entre approche verticale ou horizontale n'a plus lieu d'être. Les deux approches ne sont pas exclusives. De même l'accès universel aux soins ne pourra pas être obtenu avec un système qui dépend uniquement d'un seul bailleur public. Le débat Bismarck versus Beveridge n'a lui aussi pas lieu d'être. Quel que soit le système mis en place, l'objectif est de couvrir tout le monde. Dans trop de pays la part des dépenses directes des ménages est trop importante, particulièrement en Asie et en Afrique. Chaque année, 25 millions de personnes tombent dans la pauvreté suite aux différents coûts liés à la santé. Les gouvernements ont raté des opportunités et les bailleurs ont montré peu d'entrain à soutenir les efforts de couverture universelle. Les plus pauvres paient proportionnellement le prix le plus élevé pour obtenir les soins dont ils ont besoin. Seul 50 pays ont pratiquement atteint l'objectif de couverture universelle. En outre, il semble n'y avoir aucune corrélation entre les dépenses de santé d'un pays et ses résultats en terme de santé comme le montre la comparaison du Costa Rica, de Cuba et des Etats Unis qui montrent des résultats similaires tout en ayant des systèmes très éloignés les uns des autres. Dans les pays à plus faible revenu, le premier problème reste l'argent. La couverture universelle n'est pas liée au PNB. C'est plutôt une combinaison de l'engagement politique et de l'organisation du système de santé, particulièrement son financement. La couverture universelle ne signifie pas pour autant une réduction des dépenses directes des ménages (DDM) comme cela est démontré par la Tunisie qui dispose d’un couverture pratiquement universelle mais avec 45% de DDM. Le succès du financement de la santé a été démontré dans toutes sortes de pays aux idées et philosophies politiques très différentes. L'important c'est de répondre à la triple question : Quel est le rôle de l'état, le rôle de l'individu et le rôle d'un éventuel tiers. L'accès universel doit être mis à l'agenda des instances nationales et internationales, dans le secteur de la santé et au delà pour contribuer à la réduction de la pauvreté et à la promotion des droits de l'Homme dans le monde.

 

4.                  KFF – MSF Calls On Drug Companies To Pool HIV Patents

highlights on kff.org and MSF press release

Médecins Sans Frontières (MSF) a lancé une campagne par courrier électronique appelant neuf des plus grandes compagnies pharmaceutiques à mettre leurs médicaments anti SIDA brevetés dans un panier commun qui permettrait d'accroitre l'accessibilité physique et financière au traitement dans les pays en développement.

 

5.                  Save the Children – The Next Revolution

Résumé en Anglais sur http://globalhealth.kff.org/
ou site web de http://www.savethechildren.net/

Le résumé en Anglais (PDF, 110 KB) ; Le rapport en English, Français, Spanish, Portuguese. (PDF, >800 KB)

Save The Children lance un nouveau rapport soulignant la nécessité d'agir pour réduire la mortalité infanto-juvénile et les opportunités politiques, techniques et financières qui existent pour la réaliser.

STC présente les progrès réalisés pour la survie des enfants mais aussi les chiffres de mortalité actuelle, notamment la prédominance des décès dans les pays en voie de développement et l'importance des décès néonataux. Il souligne une fois encore que les interventions pour améliorer fortement la survie des enfants existent, que les causes de la majorité des décès sont peu nombreuses. Il montre également que le problème pour beaucoup de mères et d'enfants est un manque d'accès aux services ad hoc et que les gouvernements, la société civile ont la capacité d'améliorer la situation de l'accès aux soins et de réduire les facteurs favorisant le décès prématuré. Ils proposent de placé la survie de la mère et de l'enfant au coeur de notre système de mesure des progrès vers le développement. Il propose un plan en sept points portant sur : La mise en œuvre des plans existants pour la survie des enfants, le focus sur les nouveaux nés, l'accent sur l'équité notamment par la suppression des freins financiers à l'accès aux soins, la mobilisation de ressources supplémentaires, le déploiement de plus de staff, la prise en charge de la malnutrition et l'attention aux enfants dans les situations d'urgence.

 

6.                  Social Medicine – Closing the Gap: Where are we one year later

Editorial ; http://www.socialmedicine.info/index.php/socialmedicine/article/view/363

Un an après la parution du rapport sur les déterminants sociaux de la santé, cet éditorial fait le point des progrès enregistrés en matière d'équité dans le secteur de la santé.

Dans l'édition de Social Medicine qui parait cette semaine, plusieurs articles font référence au rapport paru il y a un an des déterminants sociaux de la santé. L'éditorial tente de faire le point de ce qui a vraiment eu lieu en un an. Du côté de l'OMS qui a initié le rapport et qui devrait prendre le leadership dans ce domaine, Margaret Chan a effectivement appelé à plus d'action dans ce domaine notamment en faisant appel à une rénovation de la déclaration d'Alma Ata mais aussi en demandant à l'assemblée mondiale de la santé de prendre des décisions dans ce sens. Ce qui fut fait dans la résolution 62.12 ayant trait aux soins de santé primaire. Mais au delà du discours, peu d'actes ont été posés au sein de l'OMS même. Les priorités notamment en matière de financement restent les programmes verticaux et les maladies transmissibles. Les états qui ont soutenu l'approche PHC arriveront-ils à faire suffisamment pression pour influer le cours des choses? Le mouvement néolibéral a reçu le rapport froidement et ses organes de presse tel "The Economist" ou "The New England Journal of Medicine" l'ont à peine ou pas du tout mentionné. Au sein des Nations Unies, une réunion d’ECOSOC a appelé la communauté internationale à soutenir les efforts qui contribuent à améliorer les déterminants sociaux de la santé. La société civile pour sa part a acclamé la parution de ce rapport mais ce qui est clair c'est qu'une pression plus forte de la société civile sera nécessaire si nous souhaitons faire évoluer les structures actuelles de pouvoir. La commission a appelé pour une action globale pour résoudre les problèmes sociaux liés à la santé mais comment créer une solidarité internationale autour de ce thème?

 

Chronic Diseases

7.                  The Lancet (Comment) – Responding to China's hypertensive crisis

Stephen MacMahon, Lijing Yan ; http://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(09)61489-6/fulltext
 

Les auteurs commentent une recherche publiée cette semaine sur la prévalence de l'hypertension en Chine. Les causes et les conséquences de cette maladie sont bien connues. Le principal défi est de savoir comment nous pouvons mettre en oeuvre les interventions pour permettre un accès sûr, efficient et abordable aux millions de personnes qui en ont besoin en l'absence des systèmes, ressources humaines et autres ressources qui sont à priori nécessaires pour cela. Une nouvelle alliance (Global Alliance for Chronic Disease) soutenue par la Chine et l'Inde se penche sur la question.

 

Infectious diseases

8.                  Cost is killing patients: subsidising effective antimalarials

Ambrose Talisuna, Penny Grewal, John Bosco Rwakimari, Susan Mukasa, George Jagoe, Jaya Banerji ; http://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(09)61767-0/fulltext

Les auteurs de cet article soutiennent le projet proposé par le Affordable Medicines Facility for malaria (AMFm) et expliquent comment un subside massif au secteur privé pour la production et la commercialisation à très bas prix de dérivés de l'artémisinine combinés à d’autres molécules peuvent réduire drastiquement la mortalité par paludisme des enfants.

 

9.                  An affordable cholera vaccine: an important step forward

Saranya Sridhar ; http://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(09)61418-5/fulltext

Les résultats d'une étude de phase 3 pour un vaccin anticholérique sont très prometteurs et permettraient de remplacer le couteux vaccin recommandé actuellement (WC/rBS). Un autre aspect intéressant de ce vaccin est qu'il a été développé dans le cadre d'un accord international original entre le secteur privé-publique et les instituts de recherche.

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