Chers Collègues,
Cette semaine nous avons une fois de plus trouvé un grand nombre d’articles intéressants sur la santé mondiale, ceci montre bien que la santé continue de figurer au premier rang des préoccupations internationales. Dans le Lancet, Richard Horton parle de la nécessité de placer la santé maternelle au centre de nos efforts pour améliorer la santé mondiale. L’Union européenne prépare une communication sur la santé mondiale dont le processus de rédaction comprend une consultation large des acteurs qui (nous l’espérons) vous -experts du Sud – inclura également. L’administration Obama commence lentement à publier ses plans sur l’initiative mondiale de la santé d’Obama et Mark Dybul, ancien Coordonnateur mondial SIDA pour les États-Unis, explique dans Foreign Policy comment il a laissé tomber la bureaucratie, arrêté les guerres intestines inter agences gouvernementales, poussé pour obtenir des résultats, et contribué à créer une machine anti-pauvreté qui fonctionne réellement (c’est du moins ce que l’introduction de l’éditeur promet).
De nombreuses réunions de haut niveau ont lieu ces jours-ci, et bien que la prolifération nucléaire, le changement climatique ou les déséquilibres économiques mondiaux obtiennent tous une bonne dose d’attention, beaucoup abordent également les questions de santé mondiale, d’une façon ou d’une autre. Nous vous proposons une discussion sur les liens entre la sécurité sanitaire et la croissance économique, la réduction de la pauvreté et la stabilité politique. Un article dans le Lancet online souligne la nécessité de redémarrer le moteur du G8 sur le dossier de la santé mondiale au cours de la présidentielle Canadienne. Un article paru dans The Broker explore ce à quoi une nouvelle trame narrative pourrait ressembler, pour guider le développement mondial après 2015 (après les OMD). Nous incluons également un rapport de la Kaiser Family Foundation sur certains sujets de santé abordés lors de sessions en marge de l’assemblée générale des Nations unies.
Sur les financements innovants, nous avons inclus trois articles mettant en évidence trois façons différentes de financer la santé. La première présente l’extension mondiale de la taxe d’avions pour financer la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, un impôt qui a déjà recueilli 2 milliards de dollars en deux ans dans les pays où elle a été initialement lancée. Le second présente l’initiative de Gordon Brown de mettre rapidement de l’argent à la disposition des pays en développement par des prêts contractés par les pays donateurs. Et un article d’opinion dans le NYT parle de la nécessité de développer de nouvelles sources de financement et appuie l’idée d’une taxe infime sur les transactions de change qui génèrerait déjà des sommes d’argent colossales.
Bonne lecture.
David Hercot, Kristof Decoster, Josefien Van Olmen & on behalf of Wim Van Damme
Global Health
1. Lancet – What will it take to stop maternal deaths?
Richard Horton ; fulltext
Cet article est publié en ligne en même temps qu’une étude qui montre l’impact d’une distribution communautaire de misoprostol et d’antibiotiques qui pourrait réduire de 30% la mortalité maternelle. L’auteur souligne que cette nouvelle intervention communautaire pourrait rendre possible des progrès importants dans la réduction de la mortalité maternelle alors que celle-ci ne s’améliore pas malgré des années d’efforts de renforcement du système de santé autour de l’accouchement. En inscrivant cette intervention dans le continuum de soins, qui devient progressivement la référence depuis 2007, l’on pourrait obtenir des résultats sur la mortalité maternelle. Mais mettre en œuvre cette nouvelle approche présente des défis financiers et institutionnels : Créer une nouvelle agence ne semble pas réaliste en ces temps d’austérité, les financements disponibles actuellement pour la santé maternelle sont faibles, instables et morcelés et les approches verticales existantes sont mal outillées pour contribuer à l’amélioration du continuum de soins nécessaire à la réduction de la mortalité maternelle. Il est temps que les approches verticales existantes élargissent leur mandat pour inclure d’autres objectifs de santé pour les mères, les nouveaux nés et les enfants, dans un continuum de soins.
2. AFGH Towards the Communication on the ‘EU’s role in Global Health’
La commission Européenne souhaite se doter d’une politique de santé mondiale. Cette note qui prendrait la forme d’une communication devrait être approuvée durant la présidence Espagnole de l’UE au premier semestre 2010. Entre temps un processus participatif devrait permettre de définir le contenu de la note. La note comprendrait trois domaines principaux. Tout d’abord les inégalités croissantes dans le secteur de la santé, la nécessité de renforcer la cohérence entre les politiques européennes et internationales et le peu d’équité et d’appropriation dans la recherche en santé mondiale. Une première réunion a eu lieu avec les acteurs de la société civile, des institutions multilatérales et du monde académique. Nous avons demandé de mettre en œuvre des moyens pour que l’opinion des experts du sud soit prise en compte. Ceux d’entre vous qui souhaite particulièrement participer, probablement par email, peuvent nous envoyer un message pour se faire connaitre.
3. Science speaks – Emanuel Offers Some Details of Administration’s Global Health Initiative
Christine Lubinsky ; sciencespeaks.wordpress.com/
Dr Ezekiel Emanuel est un conseillé spécial de la Maison Blanche aux Etats-Unis sur la politique de santé. Lors d’une conférence de presse il a présenté l’ébauche de la nouvelle politique américaine en matière de santé mondiale que l’on peut résumer comme suit : Un engagement accru, une orientation vers les maladies les plus importantes en terme de DALYS et touchant les enfants, une inscription dans la durée par une recherche de la durabilité, la cohérence entre les différentes agences impliquées et la promotion d’intervention coût-efficace permettant une amélioration de l’état de santé des populations.
4. Foreign policy – How to Save Lives by Breaking All the Rules
Mark Dybul ; foreignpolicy.com
Mark Dybul qui fut coordinateur de la lutte contre le SIDA à l’échelle mondiale pour le gouvernement américain décrit dans cet article les points forts de la stratégie de lutte développée par PEPFAR au cours des dernières années. Il souligne que l’aide au développement reçoit beaucoup de critiques ces temps-ci et que le moment est opportun de revoir la façon dont nous fournissons l’aide en proposant le modèle de PEPFAR comme un modèle à suivre. Il rappelle la volonté de George Bush de voir les problèmes nationaux des pays partenaires gérés par les gouvernements et les peuples eux-mêmes, sa volonté de voir reculer la corruption et progresser la bonne gouvern
ance. Il suggère aussi qu’une coordination forte et à très haut niveau des interventions des nombreuses agences des Etats-Unis intervenant dans la lutte contre le SIDA fut un élément novateur qui a montré d’excellent résultats. L’implication personnelle du président, la transparence dans l’information et le dévouement du personnel de PEPFAR sont autant de raison du succès. Il souligne la volonté du PEPFAR de voir les projets gérés par les pays, intégrant à la fois les organes gouvernementaux et les organisations non gouvernementale. Que le PEPFAR a permis une meilleure transparence dans les fonds dépensés pour la lutte contre le SIDA. Il conclut que le PEPFAR, le Millenium Challenge Corporation et le Global Fund qui sont des institutions qui ont adopté ce nouveau mode de fonctionnement devraient devenir des modèles d’une nouvelle aire du développement. Le Fonds Mondial devrait devenir un fonds pour une plus large série de services de santé.
G8, G20 and UN
5. G20 – Health security from economic and environmental innovation
Jeffrey L. Sturchio ; www.g7.utoronto.ca
L’auteur qui est le nouveau directeur du Global Health Council, un think thank américain, développe un plaidoyer pour inclure la santé mondiale dans les priorités du G20. Ceci permettrait d’assurer une meilleure croissance à long terme par un meilleur état de santé des populations. La santé n’est pas la cause de la crise financière ou du réchauffement climatique mais elle en supportera une partie des conséquences. « Prendre en compte la sécurité sanitaire en réduisant le poids des maladies et en améliorant la santé des populations contribuera à la réduction de la pauvreté, au développement économique et créera de la stabilité politique. »
6. The Lancet – Canada 2010: what should global health expect?
Richard Horton ; fulltext
L’auteur développe un plaidoyer pour que le Canada fasse de la santé mondiale une priorité au cours de leur présidence du G8 l’an prochain. La plus grande urgence doit être accordée à la remise sur les rails des OMD qui patinent dans une architecture de l’aide et des organisations internationales qui n’arrivent pas à progresser de manière cohérente vers les OMD. Les approches ciblées sur le SIDA, la tuberculose et le paludisme devraient intégrer la santé maternelle, néonatale et infantile.
7. The Broker – A need for a new narrative. The MDGs post-2015
Ellen Lammers ; http://www.thebrokeronline.eu/
Cet article fait partie d’une série d’articles écrit à l’occasion de la conférence « Après 2015, promouvoir une croissance pro pauvre après les OMD » qui a eu lieu le 23 juin dernier. Ces articles ont été publiés sur le site du Broker. Dans cet article, publié début août, l’auteur reprend les avis de nombreux intervenants sur l’après OMD. Comment allons-nous pouvoir éradiquer la pauvreté après 2015 (comme nous n’y arriverons pas avant.) Les OMD ont permis de changer la façon de parler mais ils ont aussi contribué à l’émergence d’une conscience mondiale que nous faisons partie d’un seul monde social et le bien être de chacun peut être comparé. Cet impact sur la dimension normative ont rendus les OMD impératifs d’un point de vue éthique accepté globalement et a permis de mettre la pauvreté à l’agenda de forums internationaux qui s’en inquiétaient peu auparavant tel les conférences de Monterrey, Doha, Paris et Accra.
Nous devons passer de l’idée de développement trop liée à une hypothétique croissance économique à une approche de bien être équitable et durable dans un contexte mondial. Au fonds les OMD ne sont qu’une série d’indicateurs dans un paradigme néolibéral avec une face humaine qui met l’emphase sur les investissements sociaux. Tant que les pays « développés » crée activement de la pauvreté, et récolte plus d’argent des pays pauvre qu’ils ne donnent d’aide et que l’aide fournie en fait n’arrive qu’en infime partie aux bénéficiaires (et ici on ne parle pas de détournements, il s’agit des mécanismes de l’aide qui permettent qu’une grande partie de l’aide annoncée revienne ou reste au pays donateur), on ne sortira pas de la pauvreté. Peut-on construire un nouveau modèle ? Les pistes évoquées sont la mise sur pied de nouvelles institutions globales et une véritable approche bottom-up -de la base vers le sommet. Nous devons évoluer vers un bien-être global, financé de manière innovante et prenant en compte l’écosystème terre. Les règles du commerce international doivent également être revisitées. La nécessité de fournir à chacun les moyens de vivre (un travail de préférence même si cela s’inscrit dans le consensus de Washington.) De nombreux participants au forum ont demandé que le droit, la justice et l’équité soient au centre du nouveau paradigme de l’après OMD. La prise de responsabilité des riches qui sont aussi les puissants a été mise en avant et la nécessité d’user de ce pouvoir avec les pauvres et plus sur eux. C’est-à-dire, définir des formes d’organisation qui ne diminuent, contrôlent ou excluent pas. Eviter de créer de la pauvreté. La nécessité de donner une dimension locale aux indicateurs a également été mise en avant, voir de les redéfinir dans un cadre de vulnérabilité, risque, sécurité, dignité et « voice ». (voice : dans le sens de la capacité de se faire entendre.) Enfin il n’est pas réaliste de croire que plus d’aide va suffire pour atteindre les OMD et le cycle « définition des objectifs – étude de couts – mise en œuvre » est un raccourci réducteur. Une nouvelle approche plus multidimensionnelle permettrait peut-être d’élargir la perspective des résultats amenés par les OMD.
8. KFF – African Leaders Malaria Alliance Launched At U.N. General Assembly
Cet article reprend une partie des annonces faite en marge de l’assemblée générale des nations unies qui concerne la santé mondiale dont l’alliance des présidents africains pour le paludisme, l’appel de Ban Ki Moon pour mettre l’accent sur la réduction de la mortalité maternelle, l’initiative de Gordon Brown (voir infra) ou l’appelle de Michelle Bachelet, présidente du Chili pour poursuivre les efforts de réduction de la pauvreté et de la faim malgré le contexte économique. L’article cite le paradoxe des milliards de dollars injectés pour sauver les banqu(ier)es alors que le PAM voit sont budget divisé par deux. Un milliards d’humains ont faim sur notre terre.
Innovative Financing
9. TIME – New Airline-Ticket Tax to Aid the Developing World
Peter Gumbel ; summary on kff.org/or full text on heavy website at TIME.com
Une nouvelle initiative pour lever des fonds vient d’être lancée. Elle devrait être opérationnelle en février 2010. To
ute personne achetant un billet se verra proposé de faire un don d’une valeur de 2 dollars pour contribuer à la lutte contre le palu, le SIDA et la tuberculose en Afrique. L’argent collecté sera géré par millenium foundation, une entité mise sur pied par UNITAID pour gérer l’argent privé mobilisé. L’argent sera distribué à l’UNICEF et la fondation Clinton notamment et servira également à améliorer la santé maternelle et infantile. A plein régime, l’initiative devrait générer un milliards de dollars par an. Une goutte d’eau par rapport au 150 milliards d’aide promis par les gouvernements et dont seulement 104 sont déboursés mais une initiative réellement nouvelle.
10. NYT – All together now
Gordon Brown ; http://www.nytimes.com/
Gordon, Brown reprend les défis qui sont à nos portes et en profite pour annoncer le lancement d’une nouvelle initiative qui devrait permettre aux pays les plus pauvres de fournir les soins essentiels pour les plus vulnérables. Cela prendra du temps mais le premier pas que l’on peut faire immédiatement c’est d’arrêter de demander aux plus pauvres de payer pour leurs soins, particulièrement les plus vulnérables : les femmes et les enfants. Une nouvelle initiative mondiale devra financer cet effort dans les pays qui en prennent la décision dont le Malawi, le Ghana et la Sierra Leone. L’argent sera avancé sur le modèle des advanced market comitment (emprunts obligataires cautionnés par les états). [voir la lettre de la semaine prochaine].
11. NYT – A Tiny Tax Could Do a World of Good
Philippe Douste Blazy ; NYTimes.com
Dans cet article, Philippe Douste Blazy fait un plaidoyer pour l’adoption d’une taxe sur les transactions de change monétaire. Ce marché représente 800 mille milliards de dollars par an. Une taxe microscopique de 0,005% représenterait déjà 33 milliards de recettes par an qui pourraient être investis pour le développement sans impact sur ce marché ou sans impact sur le voyageur. Cette taxe devrait être approuvée par le pays qui émet la monnaie échangée. La France a déjà donné son accord. Les banquiers ont une responsabilité dans la crise financière actuelle, ils ont aussi une responsabilité de mettre en place us système plus juste ou l’argent est (un peu) mieux redistribué.