Chers Collègues,
Dans la sélection de cette semaine nous vous proposons d’abord une série d’articles sur le financement de la santé mondiale. Avec le sommet du G20 à Pittsburgh ce mois-ci, la société civile s’est coalisée pour demander plus d’argent pour la santé mondiale. Ils semblent avoir surmonté leurs désaccords internes et réclament ensemble que le gâteau soit agrandit plutôt que divisé autrement. Ailleurs, dans un éditorial publié dans Health Policy and Planning, Mc Coy analyse les conclusions et les recommandations du groupe de travail de haut niveau sur les financements internationaux novateurs pour les systèmes de santé. Dans le Lancet de cette semaine, Nugent souligne l’espace insuffisant accordé aux maladies non transmissibles dans l’article de Ravishankar et dans le monde de l’aide à la santé en général.
Sur les initiatives mondiales de santé, un groupe d’experts appuie la déclaration faite à Venise sur les synergies positives entre les initiatives mondiales de santé et les systèmes de santé. Le BMJ revient sur une publication récente par l’OMS qui montre de grands écarts dans le montant de l’aide pour les soins de santé fournis aux différents pays et aux différentes maladies (sans rapport avec les niveaux de besoin). Afriquejet fait le point sur la réunion régionale de l’OMS qui s’est tenue la semaine passée à Kigali.
Aux Etats-Unis, la réforme des soins de santé a encore été omniprésente dans la presse cette semaine. Même les conservateurs commencent à exprimer leur préoccupation sur tous les cris et slogans et l’absence de débat sérieux, tandis que les Démocrates se demandent si le bipartisme est encore possible dans la situation actuelle. Nous avons sélectionné un article écrit par le chroniqueur du NYT, David Brooks, dans lequel il préconise une réforme en profondeur (au lieu de la réforme progressive qui semble plus probable maintenant).
Quant aux maladies infectieuses, dans un éditorial sur la lutte antituberculeuse, nos collègues de l’IMT suggèrent que les objectifs mondiaux qui ont été fixés pour la lutte antituberculeuse doivent être adaptés au contexte local. Le Lancet a publié un document de recherche sur la lutte contre le paludisme grâce à la mise en place de moustiquaires aux portes et fenêtres des habitations ainsi qu’un commentaire de Gimnig sur cette étude.
Toujours dans le Lancet, un éditorial suggère qu’une fenêtre d’opportunité pourrait s’ouvrir pour une réforme des soins de santé en Afrique du Sud à travers la nomination du Dr Motsoaledi en tant que ministre de la Santé. Enfin, nous incluons un point de vue sur la nécessité de repenser la « responsiveness » de la recherche internationale ; l’attention portée par la recherche internationale aux perceptions et attentes des pays où les recherches ont lieu.
Bonne lecture.
David Hercot, Kristof Decoster, Josefien Van Olmen & on behalf of Wim Van Damme
Global health financing
1. The Guardian – G20 urged to tax financial deals to fight poverty and Aids. (Health charities and development groups call on world’s richest nations to help countries hardest hit by economic crisis)
http://www.guardian.co.uk/world/2009/aug/27/g20-tobin-tax-poverty-aids
Dans cet article, le Guardian rapporte la pression croissante qui se construit autour du G20 de la part de la société civile et des activistes de la santé mondiale. Les activistes de tous bords se sont mis d’accord pour dire que la santé avait besoin de plus d’argent. Ils ont surmonté le débat de savoir qui du Sida, de la santé maternelle ou du système de santé avait le plus besoin d’argent pour convenir que l’argent disponible était insuffisant. Non seulement il est insuffisant mais de plus en plus de personnalités de haut rang s’accordent pour dire qu’il y a moyen de collecter des fonds par des méthodes innovantes tel que la taxe mondiale sur les transactions – un équivalent de taxe Tobin. Celle-ci est notamment défendue par Douste-Blazy qui a réussit récemment en France et dans quelques autres pays à mettre sur pied un taxe sur les billets d’avion qui permet de financer la lutte contre le SIDA. Ce fonds a déjà collecter 1 milliards de dollars en deux ans. Cette coalition de la société civile est une association sans précédant dont l’émergence est favorisée par la crise internationale et le risque de voir les moyens disponibles pour les ARV se réduire et entrainer la mort des patients qui en dépendent.
2. Health Policy Plan. – the high level taskforce on innovative international financing for health systems
David Mc Coy ; http://heapol.oxfordjournals.org/cgi/content/full/24/5/321
Dix milliards de dollars par an. Voila le montant additionnel nécessaire estimé par le groupe de travail de haut niveau pour le financement novateur des systèmes de santé dans 49 pays les moins avancés. Ca ne représente pas tellement d’argent si on le compare aux fonds mobilisés pour la crise financière. Parmi les conclusions et recommandations soulignons en quelques-unes. Tout d’abord il n’y a pas de consensus sur le cout du renforcement du système de santé. De nombreux paramètres ne sont pas connu ou pas chiffrable tel que le cout de l’amélioration de la gestion ou l’état des infrastructures, la nécessité d’augmenter la motivation des ressources humaines ou le poids réel de certaines pathologies au sein d’un pays. Le groupe de travail a utilisé deux outils de calcul des coûts l’un de l’OMS et l’autre de la Banque Mondiale et de l’UNICEF. Par conséquent, derrière le chiffre de 10 milliards de dollars se cachent beaucoup d’hypothèses et d’approximations. Les nouvelles sources de financement mises en avant par le rapport sont la taxes sur les billets d’avion, une taxe sur le tabac et les transactions, encourager les donations privées, le recours aux acteurs non étatiques et l’utilisation des “advanced market commitments” étaient également mentionnés dans le rapport. D’autres recommandations ont trait à une plus grande efficacité de l’aide tel que l’accroissement des financements anticipés ou l’amélioration de la prédictibilité. Le rapport recommande également le recours plus fréquent au financement à la performance et à l’établissement d’une plateforme multibailleurs (GAVI, GFATM et Banque Mondiale) pour le financement du renforcement du système de santé. Dans le commentaire qui suit, l’auteur souligne le manque de fiabilité des estimations de coûts et la nécessité de débattre des hypothèses retenues, cela pourrait être bénéfique à l’échelle des pays même si les outils ne sont pas conçus pour donner des résultats à ce niveau. Clarifier les hypothèses de travail permettrait de faire avancer le débat sur l’équilibre entre service publique versus privé, les possibilités des services communautaires d’assurance maladie ou le développement intégré des systèmes de santé. Il souligne aussi que les nouvelles sources de financement ne sont pas très nouvelles et bien qu’elle reconnaisse la taxation à l’échelle mondiale comme une piste intéressante, le rapport reste très timide sur ses champs d’application. En outre le rapport ne parle pas des engagements non tenus des pays donateurs et qui à eux seul permettraient de couvrir une bonne partie des besoins. Les nouveaux financement ne doivent pas f
aire un écran de fumée aux engagements non tenus. Pour conclure, il y a lieu maintenant de discuter pays par pays des meilleures voies pour progresser et d’aplanir les contradictions des rapports notamment sur la place du secteur privé lucratif ou le manque d’ambitions sur les financements novateurs.
3. Lancet – Non-communicable diseases and the Paris Declaration
Rachel A Nugent, Derek Yach, Andrea B Feigl ; http://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(09)61589-0/fulltext
Nugent revient sur la recherche réalisée par Ravishankar et ses collègues sur l’aide à la santé de 1990 à 2007 que nous avons présenté en juin dans notre lettre d’information. Elle souligne le remarquable travail réalisé par l’équipe mais regrette que ces données ne soient pas disponibles plus spontanément. Ceci venant du fait qu’aujourd’hui les fonds de l’aide au développement pour la santé transitent par une myriade de donateurs privés et de fondations. Elle estime que l’étude n’a pas pris en compte les fonds disponibles pour les maladies non communicables (650 Millions $US en 2008) qui représentent la cause principale de mortalité et de morbidité dans les pays en développement. Dans ce domaine, la moitié des fonds provient du secteur privé. Le travail de Ravishankar prouve une fois de plus la pertinence de l’appel à plus de transparence et de responsabilité dans la déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide.
Global Health Initiatives
4. Lancet – Venice Statement on global health initiatives and health systems
Rifat Atun, Mark Dybul, Tim Evans, Jim Yong Kim, Jean-Paul Moatti, Sania Nishtar, Asia Russell
http://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(09)61588-9/fulltext
Les auteurs qui ont tous participés aux travaux du groupe synergies positives de l’OMS souhaitent mettre en avant quatre messages clés de la réunion de Venise qui a permis une discussion des résultats actuels de la recherche sur les synergies positives entre les initiatives mondiales pour la santé (IMS) et les systèmes de santé. Tout d’abord, il y a de la place pour une meilleure utilisation des fonds disponibles. Deuxièmement, il y a malgré tout besoin de plus d’argent pour le secteur de la santé notamment si l’on veut atteindre les OMD. Troisièmement, les initiatives mondiales pour la santé ont promu l’utilisation du payement à la performance dans le secteur de la santé. Développer des indicateurs pour la performance des systèmes de santé devrait également permettre de faire mieux coïncider le travail des IMS avec les efforts des pays pour renforcer leurs systèmes de santé. Enfin, l’émergence des IMS dans les pays a permis l’émergence de partenariat multisectoriels notamment entre les gouvernements, la société civile et les communautés. Ces partenariats représentent une innovation majeure qui doit être soutenue et inscrite dans les efforts de renforcement des systèmes de santé.
5. BMJ – (on new WHO report) Health aid is not distributed according to need, WHO says
http://www.bmj.com/cgi/content/full/339/sep02_1/b3539
Dans cet article, les auteurs présentent les grandes lignes d’un rapport de l’OMS qui a analysé deux bases de données de l’Organisation de Coopération et de Développement Economique sur l’aide internationale dans le secteur de la santé. Selon le rapport, l’aide a doublé au cours des vingt dernières années, mais sa répartition n’est pas équitable. Certains pays tel la Zambie, le Lesotho, le Rwanda, le Timor-Leste, le Malawi et Haïti reçoivent proportionnellement beaucoup plus d’aide. Certaines pathologies particulièrement le SIDA, la tuberculose et le paludisme reçoivent proportionnellement plus d’aide.
Financial crisis
6. Afriquejet – Un leadership fort pour améliorer la santé en Afrique : Kagame
(WHO regional meeting)
US Health Care reform
7. NYT – Let’s get fundamental
opinion piece by David Brooks ; http://www.nytimes.com/2009/09/04/opinion/04brooks.html?_r=1&ref=global
Infectious disease
8. Int J Tub Lung Dis – Universal tuberculosis control targets: not so smart
Matthys, F.; Van der Stuyft, P.; Van Deun, A ; http://openurl.ingenta.com/content?genre=article&issn=1027-3719&volume=13&issue=8&spage=923&epage=924
Dans cet article, nos collègues de l’institut de médecine tropicale d’Anvers soulignent que l’on risque de ne pas atteindre les objectifs du millénaire dans le domaine de la lutte contre la tuberculose. Ils constatent que l’application d’objectifs mondiaux à tous les contextes peut-être contre productif en imposant une pression de résultats qui peut-être négative sur la qualité. La forte prévalence du VIH ou la tuberculose multi résistante sont des situations ou les objectifs peuvent ne pas être atteints mais dans des contextes de contraintes structurelles, adopté des objectifs globaux (càd 70 % de détection et 85% de guérison) sans les adaptés au contexte national peut entrainer une pression sur le staff et sur la qualité. Le financement à la performance prôné par certaines initiatives mondiales tel le Fonds Mondial ou GAVI discrimine les pays les moins performants qui ont besoin de plus de soutien pour leur système de santé et encourage la falsification des rapports.
9. The Lancet – House screening for malaria control
Gimnig ; http://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(09)61078-3/fulltext
Dans cet article, l’auteur commente la recherche sur l’utilisation des moustiquaires aux portes et fenêtres des maisons comme moyen efficace de lutte contre le vecteur du paludisme. Il suggère que même si cette mesure est efficace comme le suggère l’étude réalisée, sa place dans l’arsenal actuel restera probablement limitée notamment de par son coût et du fait que la moustiquaire individuelle, qui, elle, est déjà très répandue, a une efficacité comparable en visant le même point du cycle du parasite.
South Africa
10. Lancet – South Africa steps up
Editorial ; http://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(09)61572-5/fulltext
Research
11. Lancet – Rethinking the responsiveness requirement for international research
Rebecca Wolitz, Ezekiel Emanuel, Seema Shah ; http://www.thelancet.com/article