Chers Collègues,

Cette semaine, la revue The Lancet met l’accent sur l’aide au développement dans le secteur de la santé en publiant deux articles. Tout d’abord, le rapport “Maximiser les synergies positives” sur les interactions entre les initiatives mondiales pour la santé et les systèmes de santé des pays préparé par l’OMS, des universitaires et des organisations de la société civile. Plusieurs chercheurs de l’IMT ont contribué à cet article, notamment en fournissant des documents d’information non encore publiés: (1) G Ooms et al. sur l’espace budgétaire et l’éventuelle évincement des autres sources de fonds et (2) Cavalli et al. sur l’effet d’une campagne de masse pour les maladies tropicales négligées sur le système de santé en milieu rural au Mali. A ce sujet, nous incluons également l’éditorial polémique du Lancet et une réaction rapide du Consortium de la société civile. Le deuxième article analyse les tendances du financement de l’aide au développement pour la santé. Il est accompagné d’un commentaire. Enfin, nous vous proposons trois réactions à l’article publié il y a quelques semaines de G Cometto, Gorik Ooms et al. « Vers un fonds mondial pour les OMD en matière de santé? ».

David Hercot & Wim Van Damme

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1. Lancet An assessment of interactions between global health initiatives and country health systems

World Health Organization Maximizing Positive Synergies Collaborative Group

http://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(09)60919-3/fulltext

Get the article from sendspace or from the Lancet directly 2,7 MB

Organisation Mondiale de la Santé, Groupe de collaboration pour « Maximiser les synergies positives »

Télécharger le communiqué de presse en Français.

2. Lancet Financing of global health: tracking development assistance for health from 1990 to 2007

Nirmala Ravishankar, Paul Gubbins, Rebecca J Cooley, Katherine Leach-Kemon, Catherine M Michaud, Dean T Jamison, Christopher JL Murray

http://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(09)60881-3/abstract

Get the article from sendspace 0.9 MB

Financement de la santé mondiale: Evaluation de l’aide au développement pour la santé de 1990 à 2007.

Résumé

Contexte

Le besoin d’informations fiables et récentes sur les flux de ressources pour la santé vers les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire est largement reconnu. Notre objectif est de fournir une évaluation globale de l’aide au développement pour la santé (ADS), de 1990 à 2007.

Méthode

Nous avons défini l’ADS comme l’ensemble des flux pour la santé provenant des institutions publiques et privées dont l’objectif principal est de fournir une aide au développement aux pays à faible revenu et à revenu intermédiaire. Nous avons utilisé plusieurs sources de données pour mesurer le volume annuel d’ADS en US $ de 2007, et avons créé une base de données afin d’examiner la composition de cette assistance par pays bénéficiaire.

Observations

L’ADS a augmenté de $ 5,6 milliards de dollars en 1990 à $ 21,8 milliards en 2007. La proportion d’ADS acheminée via des agences de l’ONU et les banques de développement a diminué de 1990 à 2007. Le Fonds Mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme (GFATM), l’Alliance mondiale pour les vaccins et la vaccination (GAVI), et les organisations non gouvernementales sont, eux, devenus les canaux d’une part croissante de l’ADS. L’ADS a fortement augmenté depuis 2002 en raison de l’augmentation du financement public, en particulier des États-Unis, et du côté du secteur privé, de l’augmentation des dons philanthropiques et des contributions en nature provenant de donateurs privés.

Sur les 14 ,5 milliards de dollars d’ADS en 2007 pour lequel des informations étaient disponibles, 5,1 milliards de dollars étaient alloués au VIH / sida, comparativement à 0,7 pour la tuberculose, 0,8 pour le paludisme, et à 0,9 pour le soutien du secteur de la santé. L’ADS totale reçue par les pays à faible revenu et à revenu moyen est corrélée de façon positive avec le poids des maladies, alors que l’ADS par habitant est corrélée négativement avec le produit intérieur brut.

Interprétation

Cette étude analyse l’augmentation substantielle des ressources pour la santé mondiale au cours des dernières années. Bien que l’augmentation de l’ADS a entraîné une augmentation des fonds pour le VIH / SIDA, d’autres domaines de la santé mondiale ont également bénéficié de cet accroissement. L’afflux de fonds a été accompagné par des changements majeurs dans le paysage institutionnel de la santé mondiale. Des initiatives mondiales pour la santé telles que le Fonds Mondial et GAVI jouent un rôle central dans la mobilisation et l’acheminement des fonds pour la santé au niveau mondial.

Traduction assistée par Google Translate

3. Lancet What can be learned from data for financing of global health?

Peter S Heller

http://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(09)61132-6/fulltext

Que pouvons-nous apprendre des données mondiales sur le financement de l’aide à la santé.

L’auteur de ce commentaire sur l’article précédant souligne quelques limites de l’analyse. Tout d’abord, les auteurs prennent une approche américano-centriste et sous estiment les fonds provenant de sources hors OECD ou les financement non Américains d’ONG internationales basées (en partie) aux Etats-Unis.

Ensuite, l’eau et l’hygiène ne sont pas inclues dans les données alors qu’elles peuvent avoir un impact significatif sur l’état de santé. Troisièmement l’étude montre la part importante de l’aide accordée en nature. Ils soulignent les dangers des appuis en médicaments mais oublient de souligner le coût d’opportunité élevé de l’assistance technique. Quatrièmement, Peter Heller se demande quelle part de l’aide privée américaine est financée par le contribuable américain sous forme de réduction de taxes. Cinquièmement, le document repose sur énormément d’hypothèses. Enfin, la réduction de l’argent alloué aux Nations Unies (NU) a été remplacé par les nouveaux mécanismes d’aide multilatérale, notamment le Fonds Mondial et GAVI, mais ces agences sont elles mêmes fortement liées aux NU. Il conclut que cette étude apporte malgré tout une lumière utile pour notre compréhension des flux de l’aide au développement.

4. Lancet Who runs global health?

The Lancet

http://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(09)61128-4/fulltext

Cet éditorial du Lancet est vraiment intéressant à lire.

Il souligne notamment la crise de leadership actuel du secteur de la santé mondiale avec la dilution du rôle des agences des Nations Unies pour la santé au milieu des nombreuses initiatives mondiales pour la santé (IMS) [dont certaines ont un budget supérieur à l’OMS.]

Bien que l’on ait observé un accroissement significatif de l’aide au développement dans le secteur de la santé (ADS) de 5,6 MUSD en 1990 à 21,8 MUSD en 2007, l’influence des agences intergouvernementales diminue au profit des IMS qui répondent plus aux priorités des bailleurs qu’aux besoins des populations.

Les IMS ont apporté des bénéfices certains mais ont également eu des effets secondaires. Notamment, parmi les plus troublants [et sans que ces observations soient généralisables], l’accroissement des inégalités dans l’accès, la réduction de la qualité des services, la réduction des dépenses domestiques dans la santé, la discordance entre les priorités nationales et les projets financés, le détournement des cadres de la santé de leurs actions générales, le développement d’une bureaucratie parallèle, la faible capacité administrative des acteurs non étatiques financés par les IMS et le poids imposé sur des ressources humaines déjà faibles.

Cinq recommandations du groupe de travail aux IMS : le renforcement de systèmes de santé doit recevoir plus d’attention de la part des IMS ; les objectifs des IMS doivent inclure des indicateurs du système de santé ; Les IMS doivent produire plus de résultats sur les effets de leurs actions ; Les bailleurs doivent accroitre leur financement non seulement des IMS mais aussi du système de santé.

Ces recommandations ont été présentées à Venise les 22 et 23 Juin

Et de conclure que la nécessité d’une OMS forte et bien financée est redevenue une évidence convaincante comme cela n’avait plus été le cas depuis de nombreuses années.

5. Civil society consortium: Who runs The Lancet’s attacks on GHI?

Qui pilote les attaques du Lancet contre les IMS?

Ce texte a été distribué aux participants au lancement du rapport à Londres le 18 juin. Il est une réponse rapide de la société civile à l’éditorial du Lancet, dont nous n’avons pas identifié clairement les auteurs alors que selon nos sources, la société civile discute encore d’une réponse plus fouillée.

Dans ce texte, ils critiquent la position trop négative prise par le Lancet contre les IMS. Ils rappellent que notamment 3 millions de personnes ont pu bénéficier d’ARV et que de nombreux projets ont permis de renforcer les systèmes de santé des pays. Ils soulignent qu’il est particulièrement fallacieux de lier la réduction des dépenses publiques de santé nationales à l’augmentation des fonds par les IMS. Ils préféreraient voir imputer la paternité de ces décisions au FMI et aux Ministères des Finances des pays concernés. Ils déplorent également la critique sur le non alignement des IMS alors que même pour le SIDA, les besoins couverts atteignent péniblement un tiers des besoins. Selon eux, ce sont plutôt les autres secteurs prioritaires de la santé qui sont gravement sous financés. Cette étude montre une approche contrastée de bénéfices et d’effets secondaires mais aussi de pistes d’améliorations. Ils soutiennent le rôle qui doit être donné à l’OMS mais rejettent la place trop importante accordée aux effets négatifs des IMS.

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6. Lancet Towards a global fund for the health MDGs?

Comments from

Alvaro Bermejo; Helen Epstein; Jeffrey D Sachs, Paul M Pronyk

Suite à l’article de G Cometto auquel à contribué notre collègue G Ooms, trois réponses ont été publiées dans le Lancet. La première par Alvaro Bermejo souligne notamment la nécessité d’atteindre un seuil minimum de dépenses pour oser espérer avoir un système de santé qui fonctionne et ce seuil est loin d’être atteint dans la plupart des pays Africains au Sud du Sahara. La proposition d’élargir le mandat du Fonds Mondial sans agrandir ses ressources ne va que diluer les résultats engrangés jusqu’ici. Il faut prévoir un financement à priori important avant d’élargir le mandat du Fonds Mondial. Helen Epstein pour sa part met l’accent sur la nécessité de renforcer les capacités des gouvernements africains à offrir les services sociaux de base et celles de la société civile à demander ces services avant d’injecter plus d’argent dans le système. Jeffrey Sachs et Paul Pronyk, eux, suggèrent que si élargissement du Fonds Mondial il y a, cela soit dans trois directions : pour le renforcement du système de santé, pour la survie des enfants et des mères et enfin pour les maladies tropicales négligées. Ils soulignent également que l’aide est largement insuffisante pour le secteur de la santé – comme cela a été souligné par la commission macro-économie et santé- et que le SIDA n’est pas sur-financé. Le choix n’est pas entre SIDA et système de santé ou OMD. Nous devons les soutenir tous.

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