Chers Collègues,

La lutte contre le paludisme est fort présente dans l’actualité. Le Lancet publie un article qui retrace les récents progrès enregistrés dans la lutte contre le paludisme. Cependant, la menace de l’apparition de résistance à l’artesunate en Asie se fait plus présente comme le montre cet article de la BBC. Le Wall Street Journal, pour sa part, relate la décision récente prise par l’OMS de ne plus préconiser l’utilisation du DDT comme insecticide dans la lutte contre les Anophèles.
L’OMS a publié plusieurs documents intéressants. Tout d’abord le rapport statistique 2009 de la santé dans le monde qui montre que la mortalité maternelle et néonatale ne régresse pas. Les Soins de Santé Primaire ont été remis à l’ordre du jour lors de l’assemblée mondiale de la santé. Enfin, lors de la douzième conférence mondiale sur la santé publique à Istanbul, Margaret Chan a fustigé l’économie de marché libéralisée et globalisée.
Nous vous proposons également deux articles sur l’efficacité de l’aide : Le premier commente le lancement du rapport “Aid Watch 2009” sur l’aide dans l’UE et le second décrit la stratégie d’appui du Royaume Unis vis à vis de l’OMS.
Pour ceux d’entre vous qui s’intéressent à la recherche, notre directeur Bruno Gryseels et ses collègues ont écrit un commentaire dans le Lancet sur les priorités futures de l’UE en matière de recherche sur les maladies liées à la pauvreté. A l’occasion de la journée Mondiale de la vaccination contre le SIDA, Mead Over du Centre for Global Development a écrit un commentaire sur les perspectives de développer un vaccin efficace contre le VIH.
Finalement, nous avons inclus un article sur la délégation des tâches en chirurgie et un lien vers le nouveau site de ELDIS dédié à la santé dans les pays fragiles.
Merci à Aïda Zerbo pour sa contribution à la traduction de deux articles de cette série.

Bonne lecture.

David Hercot & Wim Van Damme

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Malaria

1. Optimism over World Malaria Day challenge

Kelly Morris

http://www.thelancet.com/journals/laninf/article/PIIS1473-3099(09)70139-2/fulltext

Pour cet article, l’auteur a interviewé plusieurs acteurs représentant les organisations active dans la lutte contre le paludisme tel que « Roll Back Malaria » ; l’UNICEF ; la Banque Mondiale ; MSF ; etc. Les uns et les autres pensent que l’on peut atteindre l’objectif fixé en 2008 d’atteindre la couverture universelle en interventions de contrôle du paludisme d’ici 2010 et réduire de moitié la morbidité et la mortalité liée au paludisme.

La première raison avancée est que les financements se sont considérablement accrus au niveau du Fonds Mondial mais également de la Banque mondiale. Même si les fonds disponibles restent insuffisants, il y a lieu de les utiliser judicieusement. Plusieurs interventions à haut impact doivent être combinées pour atteindre des résultats probants : Promotion, distribution de moustiquaires, aspersion résiduelle intradomiciliaire, traitement présomptif intermittent et traitement adéquat des patients sont autant d’interventions à combiner. Des progrès ont été enregistrés dans plusieurs pays tels que la Zambie, l’Erythrée ou le Rwanda.

Les moyens sont disponibles pour acheter 240 millions de moustiquaires en 2009 et 2010. L’implication de volontaires expérimentés pour promouvoir la bonne utilisation de ces moustiquaires apparait cruciale. La disponibilité des ACT devrait être améliorée prochainement au moins dans les pays cibles de l’Affordable Medicines Facility – malaria, une initiative qui vise à assurer la disponibilité des ACT de manière universelle en subsidiant fortement leur prix et en travaillant avec le secteur privé aussi bien que public. L’initiative va également renforcer la capacité des pays et accroitre la disponibilité des diagnostiques rapides. Un effort doit également être fait pour assurer que l’accès est garanti aux plus pauvres. Les capacités de suivi et d’évaluation doivent être renforcées pour permettre de mesurer les progrès réalisés.

2. BBC – Fears for new malaria drug resistance

Jill McGivering

http://news.bbc.co.uk/2/hi/asia-pacific/8072742.stm

Cette coupure de presse relate l’émergence de souche de P. falciparum tolérant à l’artesunate à l’Ouest du Cambodge. Dans une étude clinique citée par l’article 30 à 50% des patients (n=90) ont montré une persistance du parasite après 4 jours de traitement. La résistance aux générations précédentes d’antipaludéens avait aussi débuté dans cette région. La raison n’en est pas connue mais la faiblesse du système publique de santé, la présence de médicaments contrefaits et l’automédication par des combinaisons inappropriées peuvent avoir favorisé l’apparition de ces résistances. Des mesures additionnelles de contrôle sont prises actuellement pour réduire la dispersion du parasite résistant tel que la distribution de moustiquaires.

3. WSJ Malaria, Politics and DDT: The U.N. bows to the anti-insecticide lobby.

http://online.wsj.com/article/SB124303288779048569.html

Dans cet article publié dans le Wall Street Journal, l’auteur fustige la décision de l’OMS de retirer le DDT de sa liste des insecticides approuvés pour la lutte contre le paludisme. Selon eux, l’OMS s’est laissé influencer par les environnementalistes et les lobbys industriels de pesticides moins efficaces [plus récents et plus sélectifs]. Le journaliste s’étonne qu’en 2006, l’OMS considère le DDT comme l’un des meilleurs outils dont nous disposons dans la lutte contre le paludisme pour retirer son approbation trois ans plus tard. [L’OMS vise le retrait complet du DDT de la lutte anti vectorielle d’ici 2020. ref]

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WHO

4. AFGH Maternal and newborn survival rates not improving says WHO

http://www.actionforglobalhealth.eu/news/maternal_and_newborn_survival_rates_not_improving_says_who

Le rapport statistique de la santé 2009 paru le 21 mai 2009 à Genève montre que les mères et les nouveau-nés ne semblent pas mieux survivre qu’il y a deux décennies surtout pour les pays qui luttent contre le SIDA, les conflits et la pauvreté.

Et le Directeur du Département des Statistiques Santé de l’OMS, Ties Boerma d’affirmer que «La mortalité maternelle est identique à celle qu’elle était en 1990 ». En effet, le rapport montre que la plus part des décès maternels ont lieu en Afrique où le taux de mortalité maternelle en 2005 était de 900 décès pour 100 000 naissances vivantes, comparé à un taux mondial de 400 pour 100 000. L’amélioration est timide depuis 1990 alors que selon l’OMS, « Les progrès dans la réduction de la morbi – mortalité maternelle, dépendent principalement d’une accessibilité et d’une utilisation accrues à des services de santé maternelle et de la reproduction de qualité.

Le Secrétaire Général des Nations Unies, Ban Ki-moon, a qualifié « d’outrageux » cette persistance de la forte mortalité liée à la grossesse et à l’accouchement tandis que l’épouse du Premier Ministre Gordon Brown, Sarah Brown rappelait que de simples précautions avant, pendant et après l’accouchement pourraient épargner des vies.

Toujours selon le rapport, malgré la baisse de 27% du nombre de décès d’enfants depuis 1990, il y a eu peu d’amélioration dans la santé des nouveaux-nés.

Les pays qui présentent le moins de progrès, autant pour la santé de la mère que de l’enfant, sont ceux où sévissent de forts taux d’infections au VIH/Sida, une économie désastreuse et la violence signale l’OMS. Parmi les plus concernés figurent l’Afghanistan, le Nigeria et la Serra Léone.

La santé des enfants s’est améliorée grâce à l’augmentation de la couverture de la thérapie de réhydratation orale, la vaccination, l’utilisation des moustiquaires imprégnées, l’amélioration de l’accès à l’eau et l’hygiène. Malgré cela, dû à la faible disponibilité des interventions à haut impact au niveau communautaire, la pneumonie et la diarrhée continuent de tuer 3.8 millions d’enfants chaque année.

Aïda ZERBO

5. AFGH Back to Basics: Primary Health Care Renewal at the 62nd World Health Assembly

http://www.actionforglobalhealth.eu/news/back_to_basics_primary_health_care_renewal_at_the_62nd_world_health_assembly

Au cours de la dernière assemblée mondiale de la santé, une résolution a été adoptée qui place à nouveau les soins de santé primaire et le renforcement du système de santé comme une priorité.

Les soins de santé primaires (SSP) et le renforcement des systèmes de santé ont été remis à l’ordre du jour par une résolution adoptée lors de la 62ème assemblée mondiale de la santé qui a pris fin le 22 mai dernier. Ceci est une occasion rêvée pour la communauté internationale de se mobiliser pour soutenir l’accès universel aux SSP, rappelant jusqu’ici l’échec des objectifs approuvés 31 ans plutôt lors de la Conférence d’Alma-Ata.

Cette déclaration d’Alma-Ata, désignait les SSP comme solution idoine à une couverture universelle des soins de santé de base dont la réalisation ne serait possible que par la participation effective et l
a contribution financière des communautés à leur propre santé. Celle-ci devant être maintenue à un coût acceptable pour chaque communauté et chaque pays selon son niveau de développement et sa capacité à se prendre en charge.

Si toutefois les objectifs de santé pour tous sont enfin en passe d’être atteints (OMD -Santé), les Principes d’Alma-Ata se doivent d’être traduits dans une définition claire et commune, des plans d’action et de financement solides avec des mécanismes de suivi évaluation, pour ne pas demeurer un concept rhétorique. Ce que soutient vivement Juan Garay, Coordonateur de l’équipe OMD de la Commission Européenne, pour qui la première action serait d’identifier concrètement ce que cela signifie. Ainsi, selon lui, il est urgent de définir le paquet minimum universel de soins de santé primaires, exhaustif, destiné à toute personne que ce soit en pays développé ou en développement. Tout en s’assurant que la résolution des SSP, soit effectivement implémentée à travers la planète, cette définition du « Paquet minimum pour tous » contribuerait certainement à concrétiser la réalisation du droit à la santé donc à avancer vers l’équité globale d’accès aux soins de santé. Autrement, dit il, je crains que le droit à la santé ne demeure un concept virtuel.

En ajoutant que l’extension simple des services n’améliore pas nécessairement l’accès des pauvres par rapport au non pauvres. Les SSP ne doivent pas être compris comme des <soins pauvres pour les plus démunis> ; il souligne la nécessité d’élaborer le paquet minimum de services de santé selon les besoins des populations les plus vulnérables plutôt que selon la disponibilité des ressources.

Enfin, la résolution souligne le rôle que la société civile doit jouer dans la mise en oeuvre des SSP autant que pour assurer le respect des engagements pris par les acteurs nationaux et internationaux (alignement, la prévisibilité de l’aide…) Intervenant au forum de discussion à l’Assemblée Mondiale de la Santé, Carissa Etienne, assistante du DG de l’OMS, rappelle l’importance que la société civile doit jouer pour assurer que chaque axe de cette résolution soit mis en oeuvre:

1. Réforme de la couverture universelle afin d’améliorer la santé
2. Réforme de l’offre de soins pour mettre les populations au cœur des systèmes de santé

3. Réforme du leadership pour rendre les responsables de la santé plus crédibles
4. Réforme de la politique communautaire en vue de promouvoir et protéger la santé des populations.

Outre ces quatre orientations politiques provenant des principes de la déclaration d’Alma-Ata, « il doit y avoir une participation communautaire, commençant par le patient, sa famille et la communauté, qui sont les clés pour que l’approche SSP réussisse cette fois-ci » ajoute t’elle.

Aïda Zerbo

6. EG4H – Steadfast in the midst of perils – WHO head slams global liberal market economy

http://www.eg4health.org/2009/05/18/1052/

Au cours du 12ième congrès mondial de santé publique à Istanbul, Margaret Chan a vertement critiqué l’économie de marché libéralisée et globalisée. Elle affirme notamment que la recherche de la croissance économique comme seule objectif aggravé par la recherche du profit a eu des conséquences négatives bien au-delà du secteur économique et financier. Elle plaide également pour la refonte du système international pour lui donner une dimension morale et des valeurs sociales telles l’équité la durabilité, la vie communautaire, la justice sociale. Elle souligne également que l’économie de marché ne résout pas les problèmes sociaux tandis que la santé publique les réduits et plaide pour un retour aux valeurs qui ont guidé la déclaration d’Alma Ata.

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Aid effectiveness

7. AFGH Launch of AidWatch 2009 report

http://www.actionforglobalhealth.eu/news/launch_of_aidwatch_2009_report

Action for Global Health a participé à une table ronde qui discutait du rapport AIDWatch 2009. Ce rapport publié par un consortium d’ONG (CONCORD) évalue l’aide au développement fournis par les pays de l’union européenne. Le rapport souligne notamment :

En moyenne en 2008, l’UE a alloué 0,4% de son PIB à l’aide internationale. Bien que ce chiffre progresse, il reste en deça des engagements de 0,56% pour 2010 et 0,7% pour 2015.

L’aide au développement est artificiellement gonflée par l’inclusion des efforts de réduction de la dette, les bourses d’études et la prise en charge des réfugiés. L’aide au développement est donc de 0,34% du PIB si on corrige ces paramètres.

La qualité de l’aide ne change pas et reste liée à de nombreuses conditionnalités.

La réduction des budgets d’aide au développement en ces temps de crise financière alimentaire et énergétique est néfaste. L’Europe doit prendre des dispositions pour maintenir ses engagements d’aide au développement plus que jamais.

8. Lancet Working with WHO: the UK‘s institutional strategy

Nicholas Banatvala, Simon Bland, Liam Donaldson

http://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(09)61004-7/fulltext

Dans cet article, les auteurs décrivent comment le Royaume Uni a tenté d’améliorer ses relations avec l’OMS. En effet, l’OMS doit répondre aux priorités de chacun de ses états membres mais au sein de chaque état, plusieurs administrations souvent distinctes ont des intérêts à défendre. Le Royaume Uni compte sur l’OMS pour améliorer la santé de sa population mais aussi pour améliorer la santé mondiale. En 2008, les différentes agences anglaises en lien avec l’OMS ont travaillé avec l’OMS pour développer une stratégie intégrée et cohérente de relation.

L’enjeu pour l’OMS est de réduire la fragmentation de ses financements, l’amélioration de sa gestion, l’amélioration de l’appui technique fournis par l’OMS aux pays, l’alignement de l’OMS aux priorités nationales et à la réforme « One UN », l’augmentation du nombre d’acteurs de la santé mondiale et le défi gigantesque que représente la santé en Afrique.

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Research

9. European Union conference on poverty-related diseases research

Bruno Gryseels, Alimuddin Zumla, Marita Troye-Blomberg, Marie Paule Kieny, Gianluca Quaglio, Andreas Holtel, Hannu Laang, Manuel Romaris, Maria Teresa De Magistris, Ana Nieto Nuez, Ole F Olesen, Rachida Ghalouci, Anna Lönnroth

http://www.thelancet.com/journals/laninf/article/PIIS1473-3099(09)70129-X/fulltext

Dans cet article, Bruno Gryseels, Directeur de l’Institut de Médecine Tropicale d’Anvers et ses collègues décrivent les conclusions proposées par le groupe d’experts réunis par la Commission Européenne pour déterminer les priorités en matière de recherche sur les maladies liées à la pauvreté dans le cadre du 7ième cadre programmatique. Quatre aspects transversaux sont apparus : la science, l’impact, le partenariat et la recherche européenne. Le SIDA, le paludisme et la tuberculose sont les maladies qui ont été détaillées. La nécessité de financer la recherche fondamentale et l’importance de promouvoir l’accès universel aux soins ont également été mis en avant.

10. CGD Will We Soon Have an Effective Vaccine against HIV? Not Until We Can Make a Superman or a Bionic Woman

By Mead Over

http://blogs.cgdev.org/globalhealth/2009/05/will-we-soon-have-an-effective-vaccine-against-hiv-not-until-we-can-make-a-superman-or-a-bionic-woman.php

Dans cet article l’auteur souligne à quel point, le vaccin contre le VIH n’est pas pour demain au vu des connaissances actuelles et que l’accent devrait être mis sur plus de prévention par le changement de comportement si l’on souhaite réduire la transmission du SIDA au cours de la prochaine décennie. Plus d’attention devrait être apportée à la recherche dans ce domaine. Les nouveaux modes de financement basés sur des emprunts remboursables devraient financer la recherche sur les vaccins et ainsi libérer de l’argent pour la recherche sur le changement de comportement.

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Health systems

11. Surgical Task Shifting in Sub-Saharan Africa

Kathryn Chu, Peter Rosseel , Pierre Gielis , Nathan Ford

http://www.plosmedicine.org/article/info:doi/10.1371/journal.pmed.1000078

Transfert des compétences dans le domaine de la chirurgie en Afrique SubSaharienne.

ELDIS – Health service delivery in fragile states

Nous vous recommandons de consulter le nouveau site de Eldis sur la santé dans les états fragiles. (En anglais seulement)

Dans leur introduction ils soulignent la double approche existent dans ces pays pour les services de santé: L’approche humanitaire ou l’approche du développement souvent appelée renforcement du système de santé actuellement. Ils ont collecté une série d’articles et de documents sur cette problématique et les proposent sur cette partie de leur site: http://www.eldis.org/go/topics/dossiers/health-and-fragile-states

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