Bonjour à tous,

Après le récent débat très riche sur les Objectifs 90-90-90 de lutte contre le VIH, l’édito de cette semaine s’intéresse au dépistage. Il analyse la situation actuelle et propose la stratégie communautaire de dépistage pour atteindre le premier 90%.

Trois articles font le menu de cette semaine. Le premier concerne les effets du retrait probable des fonds américains du programme PEPFAR sur la lutte contre le VIH/SIDA dans le monde. Le deuxième revient sur la semaine de l’allaitement maternel qui s’est déroulée du 1er au 7 aout avec un message conjoint des Directeurs de l’UNICEF et de l’OMS. Le troisième est une étude sur la mise à l’agenda du Financement Basé sur la Performance au Cameroun.

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Bonne Lecture

Basile Keugoung

Facilitateur

Edito – Dépistage systématique du VIH dans les districts de santé d’Afrique sub-saharienne : changer de paradigm

Par Boris Derrick ANEKENG et Basile KEUGOUNG

Lire ici

VIH/SIDA

1. AIDSMAP- Les décisions des Etats-Unis relatives au financement de PEPFAR en 2017 auront des répercussions majeures sur la réalisation des objectifs 90-90-90

Source : http://www.aidsmap.com/page/3160498/

Titre original: US HIV funding decisions on PEPFAR in 2017 will have critical effect on ability to reach 90-90-90 goals

Un retrait des financements des Etats-Unis alloués au traitement et à la prévention du VIH en Afrique subsaharienne pourrait conduire à 7,9 millions d’infections au VIH supplémentaires et à près de 300 000 décès dus au SIDA d’ici à 2030. Ce sont les conclusions d’une modélisation de l’impact des financements américains effectuée par Imperial College à Londres et présentée la semaine dernière au 9ème congrès scientifique du VIH de la Société Internationale du SIDA (IAS 2017) à Paris.

En tant que plus gros donateur mondial au Fonds Mondial de Lutte contre le SIDA, la tuberculose et le Paludisme et plus gros donateur bilatéral grâce au Plan d’urgence du président des Etats-Unis pour la lutte contre le SIDA (PEPFAR), la riposte mondiale au SIDA repose sur les financements octroyés par le gouvernement des Etats-Unis.

A ce jour, les Etats-Unis ont versé 70 milliards de dollars dans le cadre des programmes bilatéraux et multilatéraux de lutte contre le VIH. Mais, dans les propositions budgétaires proposées plus tôt cette année, la nouvelle administration de Donald Trump a proposé de réduire d’un tiers la taille du budget d’aide internationale, et de réduire les contributions au PEPFAR de plus de 6 milliards de dollars à 5 milliards de dollars dans le budget de 2018.

Pour étudier les répercussions possibles de ce nouveau budget et pour montrer quel a été l’impact des financements américains sur la trajectoire de l’épidémie du VIH dans 18 pays d’Afrique subsaharienne représentant 80% du fardeau du VIH, des chercheurs de l’Imperial College à Londres ont développé un modèle explorant les relations entre le programme de financement du traitement et de la prévention, et les nouvelles infections au VIH et les décès.

A partir de l’an 2000, le modèle a montré que l’absence de financement américain et l’absence du Fonds mondial, qui, ont assumé les chercheurs, n’aurait pas existé sans le soutien des Etats-Unis, auraient entrainé environ 4 millions d’infections supplémentaires et 5 millions de décès supplémentaires dus au SIDA avant 2016.

Dans le pire des cas, si les contributions américaines sont retirés du Fonds mondial et des programmes de PEPFAR, près de 7,9 millions d’infections au VIH supplémentaires et environ 300 000 décès supplémentaires dus au SIDA pourraient survenir d’ici à 2030.

La modélisation montre également que le maintien des financements aux niveaux actuels conduira à une stagnation du pourcentage de personnes séropositives se trouvant sous traitement et avec une charge virale indétectable. Par contre, si l’expansion des financements américains s’accompagnait d’une augmentation des financements nationaux et d’une allocation plus efficace des fonds dans chaque pays, des progrès rapides vers l’objectif 90-90-90 pourraient être réalisés.

Allaitement maternel

2. OMS et UNICEF – L’allaitement maternel ne concerne pas seulement la femme

Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS et Anthony Lake, Directeur général de l’UNICEF

http://www.who.int/mediacentre/news/releases/2017/lack-investment-breastfeeding/fr/

La Semaine mondiale de l’allaitement maternel est organisée chaque année du 1er au 7 août pour une bonne raison : l’allaitement maternel est l’un des investissements les plus judicieux qu’un pays, une communauté et une famille puissent faire.

Cette année, le thème de la Semaine est : Soutenir l’allaitement – ensemble ! car nous devons tous, les gouvernements, les décideurs, les partenaires du développement, les organismes professionnels, les milieux universitaires, les défenseurs de cette cause et d’autres parties prenantes, travailler ensemble pour renforcer les partenariats existants et trouver de nouveaux moyens d’investir et de soutenir l’allaitement maternel pour un avenir plus durable.

Partout, l’allaitement maternel contribue à donner aux enfants le meilleur départ possible dans la vie. Il fait office de premier vaccin en fournissant à l’enfant des anticorps. Il contribue à une croissance et à un développement en bonne santé, en protégeant les enfants pendant les deux premières années cruciales de la vie, mais aussi plus tard. Il est également bénéfique pour les mères, en faisant baisser le risque de cancer du sein, de cancer de l’ovaire et de diabète.

Créer des conditions favorables aux objectifs de développement durable

L’allaitement ne profite pas seulement aux mères et à leurs enfants. Il est essentiel pour atteindre nombre des objectifs de développement durable (ODD). Il améliore la nutrition (ODD2), prévient la mortalité de l’enfant et abaisse le risque de maladies non transmissibles (ODD3) et concourt au développement cognitif et à l’éducation (ODD4). L’allaitement est aussi un facteur contribuant à l’élimination de la pauvreté, à la croissance économique et à la réduction des inégalités.

Il bénéficie aussi aux économies nationales, en contribuant à réduire les dépenses de santé, à augmenter le niveau d’éducation et, au bout du compte, à renforcer la productivité. De fait, l’allaitement maternel est l’un des investissements les plus efficaces par rapport au coût. Chaque dollar investi pour le soutenir génère, selon les estimations, 35 US$ de retour sur investissement dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. En revanche, les pertes de productivité et les dépenses de santé (traitement des maladies évitables et des maladies chroniques) se chiffrent en milliards US$ avec de faibles taux d’allaitement maternel.

Reconnaissant le rôle crucial de l’allaitement maternel dans la santé mondiale et le développement, les 194 États Membres de l’OMS se sont engagés en 2012 sur une cible consistant à augmenter le taux mondial de l’allaitement exclusif au sein dans les six premiers mois de la vie et à le faire passer de 37% à 50% d’ici 2025. Ensuite, l’ONU a proclamé la Décennie d’action pour la nutrition (2016-2025), invitant les pays à mettre en œuvre un cadre d’action comportant un certain nombre de mesures en faveur de l’allaitement maternel.

Des progrès rapides sont possibles en investissant dans des politiques et programmes qui soutiennent mieux la décision des femmes d’allaiter leur enfant au sein et garantissent ainsi que davantage d’enfants dans le monde aient la possibilité de bien se développer.

Lancement du Collectif mondial pour l’allaitement maternel

L’UNICEF et l’OMS ont réuni 20 organismes internationaux et organisations non gouvernementales de premier plan pour former le Collectif mondial pour l’allaitement maternel, lancé le 1er août, premier jour de la Semaine mondiale de l’allaitement maternel. Le Collectif appelle les gouvernements, les donateurs et d’autres parties prenantes à faire progresser les politiques et les programmes et à permettre ainsi à davantage de mères d’allaiter.

Ces politiques et programmes comportent :

  • l’application du Code international de commercialisation des substituts du lait maternel, de façon à ce que les sociétés qui les produisent ne puissent pas induire les femmes en erreur;
  • le renforcement des dispositions politiques soutenant le congé familial et l’allaitement sur le lieu de travail, de façon à inciter davantage de mères qui travaillent à allaiter leurs enfants;
  • l’amélioration de la qualité des soins maternels pour apporter aux nouvelles mères un soutien à l’allaitement;
  • l’accroissement de l’accès à des conseils professionnels sur l’allaitement dans le système de santé;
  • la création de réseaux communautaires soutenant les femmes pour l’allaitement;
  • le renforcement des systèmes d’information pour suivre les progrès vers le but mondial d’augmenter le taux d’allaitement maternel; et
  • l’augmentation des fonds pour protéger, promouvoir et soutenir l’allaitement maternel.

L’allaitement maternel ne concerne pas seulement la femme. Les mères doivent recevoir assistance et soutien de la part de leurs agents de santé, de leur famille, des employeurs, des communautés et des gouvernements de façon à pouvoir donner à leurs enfants le meilleur départ possible dans la vie. Ensemble, nous pouvons aider les femmes à allaiter et à protéger la santé et le bien-être des futures générations.

Politiques et financement de la santé

3. Globalization & Health

Titre original: Setting performance-based financing in the health sector agenda: a case study in Cameroon

Isidore Sieleunou et al; https://globalizationandhealth.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12992-017-0278-9

Plus de 30 pays en Afrique sub-saharienne ont introduit le Financement Basé sur la Performance (FBP) dans leurs systèmes de santé. Peu de recherches ont été conduites sur le processus de son introduction dans l’agenda politique en Afrique. Cette étude examine le processus politique qui a permis la mise en œuvre du programme FBP au Cameroun.

La recherche est un cas d’étude explicatif qui a utilisé le cadre conceptuel à variantes multiples de Kingdon. Les données ont été collectées à travers la revue documentaire et 25 interviews d’acteurs divers impliqués dans le processus du FBP. L’analyse thématique a été faite et la double approche déductive et inductive a été utilisée.

En 2004, plusieurs rapports et événements ont fourni des évidences sur les mauvais indicateurs de santé et de financement dans pays, mettant ainsi en exergue la situation. Ainsi, les décideurs ont identifié l’absence d’une politique de financement adéquate comme un problème prioritaire qui devrait être corrigé. Le changement du discours politique vers une plus grande redevabilité a donné lieu à la possibilité d’essayer de nouveaux mécanismes. Un groupe d’entrepreneurs politique de la Banque Mondiale à travers plusieurs type influences – financières, idéologiques, relationnelles et basées sur les connaissances- et la conduite de plusieurs réformes en cours ont collaboré avec les acteurs étatiques pour mettre le programme de FBP à l’agenda. Le changement politique est survenu à travers deux fenêtres d’opportunités politiques (nationale et internationale) et dans les deux cas, les entrepreneurs politiques étaient capables de coupler les perspectives politiques au changement.

L’agenda politique du FBP au Cameroun souligne l’importance de la crise perçue dans le processus de réforme politique et l’avantage de la mise en place d’une équipe pour faire avancer un processus politique. Il relève aussi l’importance des autres sources d’informations à coté des évidences scientifiques (atelier et voyage d’étude) ainsi que le rôle des politiques et des expériences antérieures dans l’influence et la formulation de la façon dont les problèmes sont perçus et les actions et les choix des décideurs sont faits.

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