Par Boris Derrick ANEKENG

Concepts de résilience et de réactivité

Les pays peuvent être secoués par des recrudescences épidémiques et par des catastrophes à n’importe quel moment, causant d’énormes souffrances humaines, des décès et la fragilité économique. Par conséquent, les systèmes de santé des pays devraient être suffisamment armés pour anticiper ou pour faire face à ce type de situations, sinon les populations affectées seraient extrêmement vulnérables.

La recrudescence de maladies telles que le choléra, le paludisme, la méningite ou les maladies diarrhéiques en Afrique sub-saharienne, montre à quel point les systèmes de santé ne répondent pas efficacement aux besoins des populations. La résilience et la réactivité de ces systèmes de santé c’est-à-dire leurs capacités à pouvoir lutter et vaincre une épidémie ou une catastrophe sont faibles.

Pour devenir résilients et réactifs, ils doivent bénéficier d’investissements à long terme non seulement dans les six composantes du système de santé mais aussi à dans leurs interrelations.

Dans leur article, Kruk et al. (2015) soulignent que la résilience dépend du système de santé pris dans sa globalité et est irréductible au seul contexte national. La résilience du système de santé doit donc être considérée comme un bien public mondial qui exige une action collective de la part de la communauté internationale.

Le système d’évaluation de l’OMS dans son rapport sur la santé dans le mode 2000, pourrait être redéfini autour de la réactivité. Les cinq indicateurs seraient l’efficacité de la réactivité des systèmes de santé : niveau de santé général de la population ; inégalités (ou disparités) de santé dans la population ; degré général de la réactivité du système de santé satisfaction des malades conjuguée au bon fonctionnement du système) ; distribution de la réactivité dans la population ( satisfaction des personnes de niveaux économiques divers vis-à-vis des services fournis par le système de santé) et la répartition de la charge du financement du système de santé au sein de la population qui assume les couts. Une telle évaluation doit être entreprise non seulement au niveau national mais surtout au niveau des systèmes locaux de santé (districts de santé) qui en réalité sont en contact avec les populations bénéficiaires. 

Faibles résilience et réactivité des systèmes de santé : une menace sécuritaire

Les systèmes de santé d’Afrique sub-saharienne sont fréquemment frappés par des épidémies, des maladies infectieuses endémiques et on note une recrudescence de maladies chroniques telles que le diabète et l’hypertension artérielle et les cancers. Pour ces dernières, les systèmes de santé ne sont pas suffisamment capacités pour une prise en charge adéquate des patients. Les conséquences sont bien sûr la forte mortalité et morbidité évitables, une faible espérance de vie à la naissance et une perte du capital humain et social. Dans ce contexte, il est difficile d’entrevoir un développement économique durable et se traduit par une pauvreté persistante.

Ce déséquilibre sanitaire entre l’Afrique sub-saharienne et le reste du monde crée et va davantage créer sa forte dépendance envers ces régions pour la transformation de ses matières premières et l’acquisition d’outils technologiques y compris sanitaires.

Même si cette dépendance peut être de prime à bord perçue comme une opportunité de marché pour ces régions, elle est beaucoup plus une menace à l’équilibre mondial. De plus, la pauvreté réduit la capacité de ces pays à pouvoir utiliser les outils technologiques et les avancées scientifiques en général pour le bien-être réel des populations.

En effet, le déséquilibre augmente le flux de migrants vers les pays développés, génère des frustrations et la radicalisation et une exportation de maladies infectieuses dans des contextes de faible prémunition. Ce déséquilibre n’est donc plus seulement économique et sanitaire, mais devient sécuritaire.

Résilience et réactivité des systèmes de santé : des biens publics

L’ordre actuel du monde est antagoniste aux concepts de résilience et de réactivité. La communauté internationale devrait donc œuvrer pour développer partout dans le monde des systèmes de santé forts, dotés de moyens nécessaires pour prévenir et/ou vaincre les défis sanitaires. Il s’agit par là de contribuer à l’atteinte du droit à la santé.

Bien sûr, au-delà de la communauté internationale, chaque gouvernement doit être redevable. En Effet, plusieurs pays ont assez de ressources nationales qui permettraient d’accélérer le processus vers la résilience et la réactivité. Mais ces ressources ne sont pas utilisées de façon efficiente. Les pays ont un double intérêt à mettre en place cette résilience pour réduire la fuite des cerveaux (vers les pays développés et les organisations internationales) et assurer un développement continu du capital humain. La résilience et la réactivité doivent donc être considérées comme des biens publics. C’est la seule façon d’induire un changement de paradigme à tous les niveaux –local, national et international- pour une offre de soins de qualité qui répondent aux besoins et aux préoccupations des populations.

Le choix du thème du 4ème symposium mondial de la recherche sur les systèmes de santé tenu à Vancouver portant sur la résilience et la réactivité était donc opportun. Les Organisations et les Initiatives Globales  internationales en charge questions de santé doivent donc mettre en œuvre des actions qui visent à renforcer les systèmes de santé et à créer des conditions de redevabilité. C’est une condition siné qua none pour que les systèmes de santé deviennent réactifs et résilients dans le monde.

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