Bonjour Chers Lecteurs,
L’expérience de SIMS 2.0 en Cote d’Ivoire est rapportée par Bangaly Doumbouya dans l’éditorial de cette semaine. Le menu comporte 4 articles que je vous invite particulièrement à lire. Le premier article porte sur les stratégies actuelles de renforcement des systèmes de santé en période post-Ebola. Le deuxième article porte sur la polio qui refait surface en Afrique avec trois cas notifiés au Nigeria. Le troisième article concerne une étude randomisée qui compare l’utilisation du traitement intermittent du paludisme au dépistage et traitement des cas positifs chez les femmes enceintes. Les résultats vous surprendront. Le quatrième article porte sur les délais d’adoption des directives de prise en charge antirétrovirale des personnes infectées par le VIH par les pays d’Afrique sub-saharienne. Votre pays est-il en dessous ou au-dessus de la moyenne ?
Nous vous souhaitons bonne lecture.
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Pour L’Equipe Editoriale
Basile Keugoung, MD, MPH, PhD
Edito –le SIMS 2.0, un système de monitorage pour le suivi et l’amélioration de la qualité de l’offre des services VIH/sida, dans le respect des standards nationaux
Ebola et systèmes de santé
1. International Health – Systèmes de santé centrés sur les populations: mettre en place des systèmes de santé résilients après la crise Ebola
Titre original – People-centred health systems: building more resilient health systems in the wake of the Ebola crisis
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/27620922
Martineau FP
L’épidémie de maladie à virus Ebola survenue entre 2014–2016 en Afrique de l’Ouest a mis en exergue l’impact des dynamiques sociales et politiques sur la réponse des systèmes de santé aux crises. Plusieurs programmes de renforcement des systèmes de santé en post-Ebola étaient conçus autour de la notion de résilience des systèmes de santé qui se focalise sur les priorités globales et non locales et ne prend pas en compte les dynamiques sociales locales qui façonnent la réponse aux crises.
Les efforts de renforcement des systèmes de santé après les crises nécessitent un changement vers une compréhension de la résilience centrée sur les populations qui concerne les populations, les interrelations, et le contexte local formant les systèmes de santé ainsi que les pratiques qui génèrent les réponses aux crises.
Polio
2. NPR- Boko Haram maintient la polio au Nigéria
Titre original: How Boko Haram Is Keeping Polio Alive In Nigeria
http://www.npr.org/sections/goatsandsoda/2016/09/14/493755014/nigeria-has-to-wipe-out-polio-again
Jason Beaubien
En 2015, l’OMS avait déclaré le Nigéria indemne de polio. Mais ceci était prématuré. En effet, trois nouveaux cas ont été dans des zones contrôlés par Boko Haram dans l’Etat du Bornou d’où le lancement des campagnes de vaccination destinés à vacciner des millions d’enfants en Afrique de l’Ouest et du Centre.
Dr. Chima Ohuabunwo, un épidémiologiste qui travaille au Nigéria pour le U.S. Centers for Disease Control and Prevention les 5 dernières années au souligné que Boko Haram a occupé une partie de l’Etat du Bornou et « il n’y a pas de mouvement direct de personnes, ni d’accès aux soins dans cette pour les 2 à 3 dernières années ». La moitié de l’Etat du Bornou est une « no-go zone ». De plus, les personnels de santé y compris les équipes de vaccination ne peuvent y accéder. Ohuabunwo a relevé que “sur 38 formations secondaires, 16 ont été totalement brûlées
Des stratégies sont mises en place pour vacciner le plus d’enfants possibles dans cet Etat.
Paludisme
3. Plos Med – Dépistage intermittent au test de diagnostic rapide et traitement par la Dihydroartemisinine-Piperaquine versus traitement intermittent par Sulfadoxine-Pyrimethamine contre le paludisme chez la femme enceinte au Malawi : un essai contrôlé randomisé
Titre original: Scheduled Intermittent Screening with Rapid Diagnostic Tests and Treatment with Dihydroartemisinin-Piperaquine versus Intermittent Preventive Therapy with Sulfadoxine-Pyrimethamine for Malaria in Pregnancy in Malawi: An Open-Label Randomized Controlled Trial
http://journals.plos.org/plosmedicine/article?id=10.1371/journal.pmed.1002124
Madanitsa et al.
En Afrique, la plupart des infections à Plasmodium sont asymptomatiques pendant la grossesse causant l’anémie et le faible poids de naissance. L’OMS recommande le traitement intermittent (TPI) à la sulfadoxine-pyriméthamine (SP). Toutefois, les résistances à la SP sont élevées. Un essai a été réalisé pour évaluer l’efficacité et la sécurité du dépistage avec les tests de diagnostic rapide à intervalles réguliers et le traitement des cas positifs à la dihydroartemisinine-piperaquine comme alternative au TPI.
Il s’agit d’un essai randomisé à deux bras chez les femmes enceintes VIH négatives dans trois sites au Malawi qui ont une forte résistance à la SP. Trois à quatre visites espacées de 4-6 semaines étaient programmées au 2e et 3e trimestre. Les femmes affectées au groupe du TPI recevaient la SP à chaque visite (Groupe TPI-SP). Le 2e groupe de femmes faisaient d’abord le test de dépistage du paludisme à chaque visite et traitées à dihydroartemisinine-piperaquine si le test était positif (Groupe D-DP). Les données collectées étaient le pronostic fœtal (petit poids de naissance, prématurité) chez les paucipares, le paludisme maternel ou placentaire à l’accouchement chez les multipares. L’analyse était par intention à traiter.
Entre le 21 juillet 2011 et le 18 mars 2013, 1873 femmes étaient recrutées (1155 paucipares et 718 multipares). La survenue d’un pronostic fœtal anormal était similaire dans les deux groupes : D-DP (29,9%) et TPI-SP (28,8%) ; différence de risque (1,08%) (IC 95% :3,25%-5,41%) ;
- risque relatif pour toutes les femmes de 1,04% (IC95% : 0,90-1,20 ; p=0,625) ;
- paucipares : risque relatif de 1,10 (IC95% : 0,92-1,31 : p=0,282) ;
- multipares : risque relatif de 0,92 (IC95% : 0,71-1,20 : p=0,543)
La prévalence du paludisme à la naissance était plus élevée dans le groupe D-DP (48,7% contre 40,8% ; différence de risque : 7,85% (IC95% : 3,07%-12,63%).
- risque relatif pour toutes les femmes de 1,19% (IC95% : 1,07-1,33 ; p=0,007) ;
- paucipares : risque relatif de 1,16 (IC95% : 1,04-1,31 : p=0,011) ;
- multipares : risque relatif de 1,29 (IC95% : 1,02-1,63 : p=0,037)
Le décès du foetus était plus fréquent dans le groupe D-DP: (2.6% versus 1,3%; RR = 2,06 [95% CI 1,01–4,21], p = 0,046) et plus élevé (3,1%) pour les femmes qui n’avaient pas pris la DP dans ce groupe.
Le dépistage intermittent (3 à 4 fois) du paludisme avec les tests actuels suivi du traitement chez les femmes enceintes n’était pas supérieur au TPI à la SP dans cette zone à forte transmission du paludisme et au taux élevé de résistance à la SP et était associé à un taux plus élevé de décès fœtal et de paludisme à l’accouchement.
VIH/SIDA
4. Southern African Journal of HIV Medicine : Quand l’Afrique sub-saharienne adoptera-t-elle le traitement chez toutes les personnes infectées par le VIH?
Titre original: When will sub-Saharan Africa adopt HIV treatment for all?
Somya Gupta, Reuben Granich
http://www.sajhivmed.org.za/index.php/hivmed/article/view/459
Les Directives de l’OMS sur le traitement du VIH ont été utilisées par plusieurs pays pour réviser les protocoles nationaux. Notre étude analyse la réponse nationale à l’épidémie de VIH en Afrique sub-saharienne et quantifies les délais pour l’adoption des directives de l’OMS de 2009, 2013 et 2015.
A partir d’internet, les autorités et experts sanitaires et les membres de la communauté, nous avons collecté 59 directives nationales de 33 pays d’Afrique sub-saharienne et avons identifié les dates de publication et les critères de mise sous traitement ARV. Ces 33 pays représentent 97% de la charge mondiale du VIH en 2015. Le délai en mois pris pour adopter les directives de l’OMS de 2009, 2013 et 2015 était calculé.
De ces 33 pays, 3 (6%) recommandent la mise sous ARV conformément aux directives de l’OMS de 2015 (sans tenir compte du taux de CD4) ; 19 pays (65% de la charge régionale) se réfèrent aux directives de 2013 (mise sous ARV si moins de 500 CDA/mm3) ; et 11 pays (26% de la charge régionale) se réfèrent aux directives de 2009 (mise sous ARV si moins de 350 CD4/mm3).
Le temps moyen pour adopter les directives de 2009 était de 24 (3-56) mois. Les 22 pays qui ont adopté les directives de 2013 ont pris en moyenne 10 (0-36) mois et les trois pays qui ont adopté les directives de 2015 ont pris en moyenne 8 (7-9) mois.
Il y a une nécessité de réduire le délai dans l’adoption et la mise en œuvre des nouvelles directives de l’OMS qui recommandent ‘le traitement pour tous’ pour atteindre les objectifs de 90-90-90.