Bonjour Chers Lecteurs,
Cette semaine, nous vous faisons part de cet appel de l’Association Française Développement et Santé qui voudrait consacrer l’année 2016 à la lutte contre la drépanocytose. Phillipe Reinert, Christian Mongin et Dominique Malègue, membres de cette association souhaitent vivement recevoir vos contributions en termes d’articles, de partage d’expériences ou d’approches innovantes pour l’accompagnement et la prise en charge des drépanocytaires. N’hésitez pas les contacter (voir leurs emails dans l’éditorial).
Comme chaque semaine, nous vous faisons une mise à jour de la situation de l’épidémie de la maladie à virus Ebola en Afrique de l’Ouest.
Ensuite, vous trouverez des articles relatifs à la santé maternelle, au VIH/sida, et aux dernières recommandations de l’OMS concernant le vaccin contre le paludisme.
Nous vous souhaitons bonne lecture. N’hésitez pas à diffuser : voici le lien : www.santemondiale.org.
Pour L’Equipe Editoriale
Basile Keugoung, MD, MPH, PhD
Edito –Pour lutter contre la Drépanocytose, « Développement et Santé » a besoin des experts de la CoP PSS !
Par Phillipe Reinert, Christian Mongin et Dominique Malègue
Depuis 2015, la Communauté de Pratiques Prestation des Services de Santé (CoP PSS) et l’Association Française Développement et Santé ont signé un accord de collaboration pour développer des synergies d’action. Cette collaboration s’inscrit dans l’une des Recommandations de la Conférence de Dakar sur les 25 ans du district sanitaire, de développer des partenariats pour l’amélioration de l’offre de soins au niveau du district sanitaire. Ainsi, les experts de la CoP PSS participent au comité éditorial de sa Revue et proposent des articles de santé publique à la Revue de Développement et Santé. Développement et Santé sollicitent cette fois les experts de la CoP PSS qui travaillent sur la drépanocytose.
En effet, la Revue de Développement et Santé sera consacrée en 2016 à la drépanocytose. Cette orientation est justifiée par une nécessité de concentrer les efforts sur une problématique spécifique. Ceci va permettre d’approfondir les connaissances, de partager les expériences et de renforcer les compétences des acteurs sur le terrain pour une meilleure prise en charge des patients.
Des raisons fondamentales nous ont guidé dans le choix de la drépanocytose. Il s’agit de la maladie génétique la plus fréquente dans le monde, plus de 50 millions de sujets sont atteints de la forme homozygote grave dans le monde. En Afrique subsaharienne, dans certaines régions, 2% des nouveaux nés sont touchés et 50% d’entre eux ne vont pas dépasser l’âge de 5 ans en l’absence de traitement. Quant aux porteurs sains du gène, ils peuvent représenter de 10 à 40% de la population.
Or cette grave maladie est négligée, alors qu’elle est un problème majeur de santé publique.
Actuellement, beaucoup de patients sont diagnostiqués trop tard lors de la survenue d’une complication. il faut dire que le seul test sanguin (test d’Emmel) facilement disponible ne fait pas la différence entre malades et porteurs sains, ce qui est un défaut majeur. En pratique, beaucoup d’enfants malades ne bénéficient pas d’un traitement optimal et/ou ne reçoivent pas tous les vaccins requis (par exemple contre le pneumocoque). Or la prise en charge correcte révolutionne le pronostic vital de cette maladie.
Nous pouvons faire des tests biologiques simples pour avoir un diagnostic et assurer une prise en charge précoce qui inclue aussi l’éducation thérapeutique du malade et de l’entourage (alimentation, hydratation, prise en charge de la douleur etc.).
Nous espérons, avec l’implication de TOUS faire de cette année celle de la drépanocytose. Le site de Développement et Santé sera d’accès gratuit et par conséquent un lieu d’information et d’échanges entre les soignants et les familles pour que l’enfant et l’adulte drépanocytaires puissent avoir accès à une vie normale.
Bientôt, nous vous enverrons un questionnaire pour recueillir et mieux connaitre les besoins des professionnels et autres acteurs impliqués dans la prévention et la prise en charge de la drépanocytose, et aussi pour identifier les préoccupations des malades et de leur famille.
Nous serons fiers et nous attendons vivement vos propositions, vos expériences et votre expertise pour contribuer à une meilleure réponse à ce fléau mondial. Christian Mongin et Dominique Malègue de Développement et Santé coordonnent cette initiative. Vous pouvez nous saisir par email : christian.mongin@free.fr et dominique.malegue@orange.fr.
Merci de votre aide
EBOLA
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OMS- Ebola : Mise à jour
http://apps.who.int/ebola/current-situation/ebola-situation-report-3-february-2016
En janvier 2016, la Sierra Leone a déclaré deux cas de maladie à virus Ebola, précisément le 14 et le 20 janvier. La fin de l’épidémie a été déclarée par l’OMS au Liberia le 14 janvier 2016 et la Guinée est indemne d’Ebola depuis le 29 décembre 2015 et est entrée dans la phase de surveillance renforcée qui se termine le 27 mars 2016.
Santé maternelle
2. BMC Public Health – Pourquoi les mères continuent d’accoucher à domicile : comprendre les facteurs associés aux accouchements à domicile et les pratiques culturelles dans la zone rurale costale du Kénya- Une étude transversale
Titre original – Why mothers still deliver at home: understanding factors associated with home deliveries and cultural practices in rural coastal Kenya, a cross-section study
Moindi R, Ngari M, Nyambati V, Mbakaya C
Le ratio de mortalité maternelle a baissé de 43% entre 1990 et 2013 dans le monde, ce qui n’a permis d’obtenir la réduction de 75% attendue par l’Objectif du Millénaire pour le Développement 5. Au Kenya, la réduction était de 18% de 490 à 400 décès maternels pour 100000 naissances vivantes entre 1990 et 2013. L’accouchement à domicile est associé à un risque élevé de décès maternels et par conséquent leur réduction est importante pour améliorer la santé maternelle. L’étude a pour objectifs d’évaluer la proportion des accouchements à domicile, et les facteurs associés dans le conté de Kilifi.
L’étude était réalisée chez les mères consultant pour les services de vaccination dans les formations sanitaires du Conté de Kilifi. Un questionnaire semi-structuré était utilisé et rempli lors d’un entretien en face-à-face. Six groupes de discussion ont été organisés et 10 entretiens en profondeur ont été réalisés. Au total, 379 mères ont été sélectionnées au hasard. Le modèle de régression logistique binominale a été utilisé pour identifier les facteurs associés à l’accouchement à domicile.
Au total 103 mères (26%) ont accouché à domicile. A partir de l’analyse univariée, l’âge élévé de la mère et de son partenaire, le statut de polygame, les mères ayant au moins deux enfants, et la résidence à plus de 5 km de la formation sanitaire étaient associés au risque élevé d’accouchement à domicile (p<0,05). Le niveau d’étude de l’enseignement supérieur de la mère et de son partenaire était associé à un effet protecteur sur le risque d’accouchement à domicile (RR<1, p<0,05). Dans l’analyse multivariée, seule la distance > 10 km était associée au risque d’accouchement à domicile. (RR ajusté : 3,86 ; IC : 2,23 -7,02).
La raison majeure d’accouchement à domicile reste la longue distance à la formation sanitaire. L’accès aux formations sanitaires doit être amélioré pour réduire la mortalité maternelle.
VIH/sida
3. BMC Public Health- Pourquoi l’augmentation de la disponibilité du traitement antirétroviral n’est pas suffisante : une étude à base communautaire des effets de la stigmatisation sur l’engagement aux soins en zone rurale en Afrique du Sud
Titre original- Why increasing availability of ART is not enough: a rapid, community-based study on how HIV-related stigma impacts engagement to care in rural South Africa
Treves-Kagan S, Steward W, Ntswane L, Haller R, Gilvydis J, Gulati H, Barnhart S, Lippman S
La stigmatisation du VIH est connue comme une barrière au dépistage et soins VIH. L’accès au traitement antirétroviral réduit la morbidité et la mortalité. Certains experts ont expliqué que la stigmatisation du VIH réduirait si le traitement antirétroviral devenait disponible. Toutefois, l’association entre la disponibilité du traitement antirétroviral et la stigmatisation n’a pas été linéaire comme prédite.
Une analyse situationnelle a été réalisée, une évaluation rapide qualitative communautaire pour informer d’une combinaison d’un programme de prévention dans des communautés à forts faux de prévalence VIH. Des interviews semi-structurés et des groupes de discussion ont été faits avec 684 personnes dans 4 sous-districts à ressources limitées de la Province du Nord-Ouest en Afrique du Sud. En plus de l’utilisation de ces données pour informer le programme, l’impact du stigma sur l’utilisation des services a été examiné.
Le stigma reste une barrière aux soins. Même si les participants ont reporté une diminution de la sensation de stigmatisation ou d’hostilité envers les personnes vivant avec le VIH, ils pensent que le VIH reste synonyme de promiscuité et d’infidélité. Ils décrivent que les membres de la communauté prennent des mesures pour éviter d’être identifiés comme porteur du VIH, y compris la non consultation dans les formations sanitaires, l’utilisation des tradipraticiens et la consultation chez les médecins privés. Ces comportements aboutissent à des retards de dépistage et d’accès aux soins et à la faible adhérence au traitement, surtout pour les hommes et les jeunes qui n’ont pas d’autres problèmes de santé qui qui pourraient les amener à utiliser les services de santé.
La seule disponibilité du traitement antirétroviral ne pourrait éliminer le stigma liée au VIH. Les individus resteront hésitants à chercher des soins s’ils ont peur que cela pourrait aboutir à des préjudices et à la discrimination. Il est crucial de combattre cette tendance en renforçant l’acceptation culturelle de la séropositivité, en intégrant les soins VIH dans les soins de santé primaires et en normalisant l’accès aux soins pour les hommes et les jeunes.
Vaccin contre le paludisme
4. OMS-Relevé épidémiologique hebdomadaire- Note de synthèse: position de l’OMS à propos du Vaccin antipaludique
http://www.who.int/wer/2016/wer9104.pdf?ua=1
L’essai en phase 3 du vaccin RTS,S/AS01 a été mené auprès d’enfants de 6-12 semaines et 5-17 mois au moment de la première vaccination dans 11 sites en Afrique subsaharienne. Le premier groupe recevait 4 doses de vaccin, le deuxième groupe 3 doses de vaccin et une dose de témoin et enfin le 3e groupe 4 doses de vaccin témoin. Lors de l’essai, le vaccin conservé entre +2°C et +8°C était reconstitué et 0,5 ml était administré par injection intramusculaire.
Dans le groupe d’âge de 5 à 17 mois de l’essai phase 3, l’efficacité du vaccin contre tous les accès de paludisme était de 51,2% (IC à 95% : 47,5-54,9), de 45,7% (IC à 95%: 41,7-49,5) et de 26,2% (IC à 95%: 20,8-31,2)dans les 12 mois, 18 mois et 48 mois suivant l’administration des 3 premières doses. respectivement. Chez les enfants ayant reçu 4 doses de vaccin, l’efficacité globale du vaccin était de 39% (IC à 95% : 34,3-43,3). L’efficacité vaccinale était plus faible chez les enfants qui avaient reçu la première donse entre 6-12 semaines comparé à ceux qui l’avaient reçu entre 5-17 mois, et est aussi plus faible chez les garçons que les filles.
Par rapport au paludisme grave, l’efficacité vaccinale au cours des 12 premiers mois dans le groupe d’âge de 5 à 17 mois était de 44,5%. On a observé un recul du nombre d’hospitalisations dues au paludisme dans la zone de l’essai. L’efficacité recule considérablement tous les 6 mois. Le nombre de cas de paludisme évités dans la tranche d’âge 5-17 mois était de 1363 pour 1000 enfants vaccinésdans le schéma à trois doses et de 1774 cas de paludisme pour 1000 enfants vaccinés dan le schéma à 4 doses.
L’OMS souligne que ‘plusieurs incertitudes doivent encore petre levées pour évaluer l’opportunité de l’introduction du vaccin RTS,S/AS01 en vue d’une administration systématique’. L’OMS ‘recommande que le RTS,S/AS01 fasse l’objet d’une évaluation plus approfondie dans le cadre d’une série de projets pilotes de mise en oeuvre visant à combler plusieurs lacures dans les connaissances actuelles avant d’envisager une introduction plus vaste au niveau national.’
Ce vaccin est prometteur. Mais en attendant, il faudrait que la communication en ce qui concerne l’utilisation appropriée des Moustiquaires Imprégnées à Longue Duree d’Action (MILDA) dans les ménages soit renforcée à tous les niveaux.