Bonjour Chers Lecteurs,
Les jeunes chercheurs d’Afrique de l’Ouest se sont réunis à Accra en juin pour réfléchir sur la place des jeunes dans le domaine de la recherche sur les politiques et les systèmes de santé. Ils partagent leur vision et les perspectives pour renforcer les capacités des jeunes en matière de recherche. Trois articles constituent le menu de la semaine.
D’abord une excellente nouvelle venant de Cuba où le pays a éliminé la transmission mère enfant du VIH et de la syphilis. Un exemple et un espoir pour les pays africains ! Le deuxième article concerne la déclaration de l’OMS sur le rapport préliminaire d’évaluation de la réponse à la maladie à virus Ebola.
Enfin le troisième article traite des conséquences du déficit d’hygiène et d’assainissement pour les populations.
Bonne semaine,
Basile Keugoung
VIH et Syphilis
1. L’OMS valide l’élimination de la transmission mère-enfant du VIH et de la syphilis à Cuba
http://www.who.int/mediacentre/news/releases/2015/mtct-hiv-cuba/fr/
Cuba est devenu le 30 juin 2015, le premier pays au monde à recevoir de l’Organisation mondiale de la Santé la validation qu’elle a éliminé la transmission mère-enfant (TME) du VIH et de la syphilis. En 2014, seuls deux nourrissons sont nés porteurs du VIH à Cuba, et seulement trois avec une syphilis congénitale.
Le défi
Chaque année dans le monde, on estime à 1,4 million le nombre de femmes porteuses du VIH qui tombent enceintes. En l’absence de traitement, elles ont une probabilité de 15 à 45% de transmettre le virus à leurs enfants au cours de la grossesse, du travail, de l’accouchement ou de l’allaitement au sein. Ce risque tombe cependant à un peu plus de 1% si l’on administre des médicaments antirétroviraux aux mères et aux enfants à tous les stades où l’infection peut se produire.
Le nombre des enfants nés chaque année porteurs du VIH a diminué de près de la moitié depuis 2009, passant de 400 000 en 2009 à 240 000 en 2013. Mais il faudra intensifier les efforts pour atteindre l’objectif mondial de moins de 40 000 nouvelles infections pédiatriques d’ici 2015. La syphilis touche chaque année près de un million de femmes enceintes dans le monde, pouvant entraîner la perte du fœtus, la naissance d’enfants mort-nés, des décès néonatals, des nourrissons de petit poids de naissance et de graves infections néonatales. Pourtant, un dépistage et des options thérapeutiques simples et efficaces à bas coût pendant la grossesse, comme l’administration de pénicilline peuvent éliminer la plupart de ces complications.
Le succès cubain
Le pays a garanti l’accès précoce aux soins prénatals, au dépistage et au traitement du VIH et de la syphilis pour les femmes enceintes, leurs partenaires et leurs enfants, aux accouchements par césarienne et à la substitution de l’allaitement au sein. Ces services sont dispensés dans le cadre d’un système de santé équitable, accessible et universel dans lequel les programmes de santé de la mère et de l’enfant sont intégrés à ceux qui s’occupent du VIH et des infections sexuellement transmissibles.
Des efforts mondiaux pour interrompre la transmission mère-enfant du VIH et de la syphilis
En 2007, l’OMS a publié L’élimination mondiale de la syphilis congénitale: raison d’être et stratégie. Cette stratégie vise à accroître à l’échelle mondiale l’accès des femmes enceintes au dépistage et au traitement de la syphilis. En 2014, plus de 40 pays pratiquaient le dépistage de la syphilis dans le cadre des soins prénatals pour 95% des femmes enceintes au moins. En 2012, 360 000 grossesses ont été touchées par la syphilis.
En 2011, l’ONUSIDA a publié, avec l’OMS et d’autres partenaires, le Plan mondial pour éliminer les nouvelles infections à VIH chez les enfants à l’horizon 2015 et maintenir leurs mères en vie. Entre 2009 et 2013, on a observé un doublement de la proportion des femmes enceintes vivant avec le VIH dans les pays à revenu faible ou intermédiaire et mises sous traitement antirétroviral efficace pour éviter la TME.
Indicateurs d’impact – atteints pendant au moins un an:
- nombre de nouvelles infections pédiatriques dues à la TME du VIH et de la syphilis inférieur à 50 cas pour 100 000 naissances vivantes
- taux de TME du VIH inférieur à 5% dans les populations d’enfants allaités au sein ou inférieur à 2% dans les populations d’enfants allaités autrement.
Indicateurs de processus – atteints pendant au moins deux ans:
- plus de 95% des femmes enceintes, connaissant ou non leur statut vis-à-vis du VIH ou de la syphilis, ont bénéficié d’au moins une consultation prénatale;
- plus de 95% des femmes enceintes connaissent leur statut vis-à-vis du VIH et de la syphilis;
- plus de 90% des femmes enceintes séropositives pour le VIH sont sous médicaments antirétroviraux et 95% de femmes ayant la syphilis sont traitées.
Ebola
2. WHO- La déclaration de l’OMS sur le rapport préliminaire du panel d’évaluation d’Ebola
Titre original : WHO response to the Ebola Interim Assessment Panel report
http://www.who.int/mediacentre/news/statements/2015/ebola-panel-report/en/#
Dans une déclaration du 7 juillet 2015, l’OMS a remercié les membres du panel pour leur rapide revue, analyses et les recommandations. Ils ont divisé leur travail en 3 parties : les régulations sanitaires internationales, la capacité de l’OMS pour la réponse aux urgences sanitaires, et le rôle de l’OMS dans le système humanitaire et sanitaire global.
Les régulations sanitaires internationales
En Août 2015, le Directeur général de l’OMS convoquera un comité de revue des régulations sanitaires internationales où les Etats membres pourront discuter des recommandations du panel y compris l’idée d’établir un niveau intermédiaire d’alerte pour aviser et alerter de façon plus précoce qu’une agence traitant des urgences internationales.
La capacité de réponse de l’OMS aux urgences
Le panel a réitéré la nécessité d’un programme unique pour les urgences sanitaires pour mettre en commun les ressources à travers les 3 niveaux de l’organisation. L’OMS s’oriente déjà vers ces recommandations à travers le développement de ressources humaines pour les urgences sanitaires mondiales et la mise en place d’un fonds de contingence pour assurer que les ressources nécessaires soient disponibles pour mettre en œuvre la réponse initiale.
Le rôle de l’OMS dans le système sanitaire et humanitaire mondial
L’épidémie d’Ebola a mis en exergue la séparation entre les systèmes de réponse aux urgences et de réponse humanitaire et l’OMS a relevé qu’ils devraient être mieux intégrés pour la réponse aux futures urgences. Ceci inclut les stratégies de gradation des urgences sous les régulations sanitaires internationales.
L’épidémie d’Ebola est toujours en cours et des méthodes de travail améliorées sont incorporées dans la réponse actuelle. Mais, il faudrait encore des mois d’un travail acharné pour éradiquer cette épidémie et prévenir son extension dans d’autres pays.
Hygiène et assainissement
3. WHO/UNICEF – Le manque d’assainissement pour 2,4 milliards de personnes compromet les améliorations dans le domaine de la santé
Tite original: Lack of sanitation for 2.4 billion people is undermining health improvements
http://www.who.int/mediacentre/news/releases/2015/jmp-report/en/
Le rapport du Programme commun OMS/UNICEF de suivi intitulé Progrès en matière d’assainissement et d’eau potable: mise à jour et évaluation des OMD, rapport 2015, affirme qu’un individu sur trois dans le monde, soit 2,4 milliards de personnes, vit toujours sans installations sanitaires. Sur ce total, 946 millions pratiquent la défécation en plein air.
L’accès à des points d’eau améliorés a constitué une réussite majeure pour les pays et la communauté internationale. Environ 2,6 milliards de personnes ont obtenu l’accès depuis 1990, ce qui fait que 91% de la population mondiale dispose à présent d’eau potable. En Afrique subsaharienne, par exemple, 427 millions de personnes ont obtenu cet accès.
Les gains en matière de survie de l’enfant ont été considérables. Aujourd’hui, moins de 1000 enfants de moins de cinq ans meurent chaque jour de diarrhées provoquées par de l’eau insalubre, des moyens d’assainissement inadéquats et une mauvaise hygiène, contre plus de 2000 il y a quinze ans.
Cependant, les progrès en matière d’assainissement ont été freinés par l’insuffisance des investissements dans des campagnes menées en faveur des changements de comportement, par le manque de produits bon marché pour les pauvres et par des normes sociales qui acceptent, voire encouragent, la défécation en plein air.
Bien que 2,1 milliards de personnes aient obtenu accès à un assainissement amélioré depuis 1990, le monde a manqué la cible des OMD. Pour l’atteindre, il aurait fallu couvrir près de 700 millions de personnes supplémentaires. Aujourd’hui, seulement 68% de la population mondiale utilise une installation d’assainissement améliorée, soit 9 points de moins que la cible de 77% des OMD.
L’accès à des infrastructures suffisantes d’approvisionnement en eau, d’assainissement et d’hygiène est essentiel pour la prévention et le traitement de 16 des 17 «maladies tropicales négligées» (MTN.. Les MTN touchent plus de 1,5 milliard de personnes dans 149 pays et provoquent la cécité, le défigurement, un handicap permanent et la mort.
La pratique de la défécation en plein air est également liée à un risque plus élevé de retard de croissance – ou de malnutrition chronique – qui touche 161 millions d’enfants dans le monde et leur fait subir des dommages physiques et cognitifs irréversibles.
Les plans des nouveaux Objectifs de développement durable (ODD), qui doivent être fixés par l’Assemblée générale des Nations Unies en septembre 2015, comprennent une cible d’élimination de la défécation en plein air d’ici 2030.
L’OMS et l’UNICEF affirment qu’il est essentiel de tirer des leçons des progrès inégaux de la période 1990-2015 et de veiller à ce que les ODD réduisent les inégalités et permettent de parvenir à l’accès universel en matière d’eau et d’assainissement. Pour cela, la communauté internationale a besoin:
- de se procurer des données ventilées pour pouvoir identifier les populations et les zones qui se trouvent à l’extrême des moyennes nationales;
- de se concentrer sur les populations les plus difficiles à atteindre, notamment les pauvres des zones rurales;
- de pouvoir disposer de technologies et d’approches innovantes pour apporter des solutions durables en matière d’assainissement aux communautés pauvres à des prix abordables;
- de prêter plus d’attention à l’amélioration de l’hygiène dans les foyers, les écoles et les établissements de soins.