Par:Juliana Gnamona, Fadima Yaya Bocoumb, Kadidiatou Kadiobc, Jean-Paul Dossoudet Sèdjro Ecloue
a Université Félix Houphouet Boigny de Cocody, Abidjan; b Institut de Recherche en Sciences de la Santé (IRSS)/Burkina Faso; c Université de Montréal, Canada; d Centre de Recherche en Reproduction Humaine et en Démographie, Cotonou, Bénin et Institut de Médecine Tropicale, Anvers, Belgique; e Université Abomey-Calavi, Bénin et Université de Liège, Belgique
Une réunion consultative a été organisée les 22 et 23 Juin 2015 à Accra par l’Ecole de Santé Publique de l’Université du Ghana en collaboration avec l’Organisation Ouest Africaine de la Santé (OOAS) et financée le Centre pour la Recherche et le Développement International (CRDI). Lors de cette réunion, des jeunes chercheurs émergents en Recherche sur les Politiques et les Systèmes de Santé (RPSS) de l’Afrique de l’Ouest se sont retrouvés pour contribuer à fournir des éléments de développement du plan de renforcement des capacités, des individus, des institutions et de leurs environnements.
A travers des séances plénières et des travaux de groupes, les participants ont partagé leurs réflexions, expériences et propositions sur les priorités régionales, les activités concrètes à mettre en œuvre et l’établissement d’un réseau dynamique d’acteurs émergents en RPSS en Afrique de l’Ouest. Il ressort de ces discussions que de grands défis existent pour avoir une masse critique de jeunes chercheurs émergents dans le domaine de la RPSS.
Défis majeurs
L’un des défis majeurs est le mentorat des jeunes chercheurs. En effet, il est quelques fois difficile de trouver un mentor expérimenté, avisé ayant des intérêts de recherche compatibles dans le domaine de la RPSS. Le problème se pose avec plus d’acuité dans certains pays où la RPSS est encore au stade embryonnaire. Aussi, plusieurs solutions s’offrent pour combler ce déficit. A court terme, il faudrait donner la possibilité aux jeunes chercheurs de transcender les barrières territoriales et/ou linguistiques pour accéder à un mentor de qualité et collaborer facilement avec ses pairs. A plus long terme, il existe un besoin de formation des mentors à combler d’autant que de telles opportunités sont rares. Cette formation des mentors en RPSS permettra d’avoir un nombre conséquent de chercheurs seniors et de fournir un pool d’encadreurs de qualité aux jeunes. En outre, elle promouvra l’apport de plusieurs disciplines, qui est une particularité de la RPSS. Mais au-delà de ces actions concrètes, il faut souligner qu’être mentor est une responsabilité qui requiert des prédispositions intrinsèques à vouloir aider l’autre à se développer voire, à accepter d’être « dépassé » par ce dernier et en être fier. Ce qui n’est pas souvent observé dans nos contextes de recherche.
Un jeune chercheur formé et encadré par des seniors a le potentiel de produire de meilleurs résultats. Seulement, l’application de ces résultats dépend de sa capacité à les diffuser de manière à ce qu’ils soient digestes pour différents publics cibles.
Le second défi est celui du renforcement des capacités au-delà des aspects techniques de la recherche et de la diffusion des résultats scientifiques. Il est important que les jeunes chercheurs puissent avoir l’opportunité d’apprendre à être des leaders et à communiquer –à parler en public, à tenir des conférences, à faire du plaidoyer, à rédiger des notes de politiques et à utiliser les moyens de communications modernes. A cet égard, le jeune chercheur francophone est confronté à un double défi : celui de communiquer dans sa communauté locale et également dans la communauté scientifique internationale qui est dominée par l’anglais.
Ainsi outillés, les chercheurs pourront davantage mobiliser les très nombreuses autres parties prenantes de la RPSS (professionnels de santé, agents de ministères, communautés rurales et urbaines, etc.) pour un dialogue inclusif. Il s’agit là du troisième défi identifié à Accra. Il consiste en un dialogue d’échange sur les résultats de la recherche en aval, mais aussi à la prise en compte des préoccupations des différentes parties prenantes dans les projets de recherche afin que les résultats deviennent plus bénéfiques aux uns et aux autres.
Quelles perspectives ?
Les perspectives envisageables pour une émergence de jeunes chercheurs seraient de (i) formuler un plan de renforcement des capacités aussi bien institutionnel qu’individuel (pour les mentors et les jeunes chercheurs) ; (ii) appuyer la mise en place et l’animation participative d’un réseau sous régional de jeunes chercheurs et leaders en RPSS ; et (iii) renforcer la collaboration entre jeunes chercheurs francophones et anglophones à travers l’élaboration de projets de recherche et de publications conjoints sur les politiques et les systèmes de santé.
La mise en commun des efforts au niveau régional est la seule voie pour améliorer la RPSS. En effet, elle permet de mutualiser nos capacités et de faire face au problème récurrent d’insuffisance des ressources de nos systèmes de santé.
Les défis majeurs majeurs sont clairement élucidés, les perspectives bien énumérées. Il serait utile de mettre en place un système de suivi-évaluation des actions futures. Et je voudrais proposer qu’ensemble entre jeunes spécialistes en RPSS nous nous rencontrions via skype une fois par trimestre pour faire une évaluation des actions mises en oeuvre.