Bonjour à tous,

Cette semaine, l’éditorial porte sur la gouvernance au niveau des districts de santé. Elle présente des leçons de renforcement de la gouvernance au niveau décentralisé au Ghana, en Ouganda et en Tanzanie.
Basile Keugoung a soutenu sa thèse de doctorat (PhD) en santé publique à l’Université Catholique de Louvain. Nous vous présentons un résumé de la thèse et un lien pour télécharger la version pdf. Nous avons sélectionné une série de trois articles pour le menu de la semaine.
Vous pouvez laisser vos commentaires et réactions à la Section ‘Commentaires’ à la fin de la Newsletter.

Bonne Lecture
Bonne semaine

Basile Keugoung
Editeur Newsletter PIS

Edito : Comment améliorer la gouvernance au niveau des systèmes locaux de santé? Leçons du Ghana, de l’Ouganda et de la Tanzanie

Sally Theobald; www.performconsortium.com ; #performconsortium
Traduit par Basile Keugoung

Lire ici

Interface entre programmes et systèmes de santé

1. Thèse UCL : Interface entre programmes et services de santé généraux : comment optimiser cette relation dans les systèmes de santé d’Afrique sub-saharienne ?

http://dial.academielouvain.be/handle/boreal:152742?site_name=UCL

Basile Keugoung

Doc1

En Afrique subsaharienne, l’interface entre les programmes verticaux et les services de santé généraux n’est pas optimale. Notre recherche a étudié les effets des sur les systèmes généraux de santé. Les programmes produisent sur les services de santé  généraux des effets à la fois positifs et négatifs. Le résultat net ne peut se réduire à une simple arithmétique dont les effets positifs neutraliseraient les effets négatifs. En effet, certains effets ont plus d’impact que d’autres affectent en mal les capacités structurelle et systémique à gérer les systèmes locaux de santé. En outre, de réelles opportunités pour développer des synergies et renforcer les systèmes de santé ne sont pas prises par les détenteurs d’enjeux. Les facteurs de non-saisie des opportunités sont individuels, fonctionnels et structurels. Ces facteurs agissent comme un cercle vicieux qui perturbe le fonctionnement global du système de santé. Nous proposons de mieux monitorer et hiérarchiser les effets des programmes; de renforcer les capacités de stewardship des gestionnaires; et de passer de l’appui au renforcement durable des systèmes de santé.

Politiques et Financement de la santé

2. La revue Géopolitique: Objectifs pour 2015-2030 ? Négociations sur le programme de développement après 2015 : perspectives africaines

http://www.diploweb.com/Objectifs-pour-2015-2030.html
Dominique Kerouadan

Pour la première fois en près 70 ans le paradigme de « développement durable », environnementaliste, inspire la conceptualisation des politiques de développement, jusqu’ici assimilées aux politiques de croissance économique.

Pour la première fois les objectifs seront universels au sens où ils s’appliqueront à l’ensemble des pays de la planète. Lorsque paraît en 1987 le rapport Brundtland intitulé « Our Common Future », reconnu comme fondateur du développement durable, il s’est écoulé près de quarante années depuis le discours d’investiture de Harry Truman en 1949 : « Il nous faut lancer un nouveau programme qui soit audacieux et qui mettre les avantages de notre avance scientifique et notre progrès industriel au service de l’amélioration de la croissance des régions sous-développées. Plus de la moitié des gens dans le monde vivent dans des conditions voisines de la misère. Ils n’ont pas assez à manger. Ils sont victimes de maladies. Leur pauvreté constitue un handicap et une menace, tant pour eux que pour les régions les plus prospères », 20 janvier 1949 ». Quarante ans d’interventions, d’acteurs, d’histoire, d’une culture du développement qui la plupart du temps s’est passée des questions environnementales.

  • Les négociations en cours en préparation du programme de développement après 2015

Après la publication en mai 2013 du rapport du Panel de haut niveau sur « Un nouveau partenariat mondial », dix-sept objectifs ont été retenus pour l’après 2015 et seront soumis à la discussion de la prochaine session de l’Assemblée générale des Nations Unies.

Les Etats d’Afrique contribuent à ces négociations au travers d’un Panel de haut niveau regroupant une dizaine de chefs d’Etats conduits par la présidente du Libéria Ellen Johnson Sirleaf. L’Algérie, la Mauritanie, la Guinée, le Bénin, le Congo et le Tchad y représentent l’Afrique francophone. La Commission économique de l’Union africaine a partagé sa position commune insistant sur : (i) le maintien de la paix et la nécessité d’une transformation économique vers davantage de productivité, une croissance plus efficace en termes d’emplois, de réduction de la pauvreté et des inégalités, (ii) le respect des engagements des Etats de l’OCDE, (iii) l’augmentation des financements domestiques et la diversification des sources de financement.

  • La politique de développement de la France n’oscille-t-elle pas en faveur des pays riches du continent africain ?

Les analyses partagent une préoccupation commune : la croissance démographique est spectaculaire en Afrique de l’Ouest, et pourrait « compromettre l’ambition légitime (des Etats) à devenir à leur tour des pays émergents  ». Les populations du Mali (soit  millions) et du Niger (53 millions) vont être multipliées par 5 sur la période 2000-2050.

La question sanitaire est quasi-absente du document, celle des femmes plus encore, en dehors de souligner que la baisse de fécondité est plus lente en Afrique de l’Ouest et de viser à « convaincre nos partenaires européens qu’une Afrique de 2 milliards d’habitants à 14km du sud de l’Europe avec autant d’opportunités et de risques devrait être une préoccupation

Certains auteurs par ailleurs insistent pourtant sur le fait que la croissance africaine ne s’accompagne pas de réduction de la pauvreté ou de création d’emplois. En outre, « seuls 5% des étudiants en Afrique subsaharienne atteignent l’université  ».

  • Perspectives pour les populations les plus pauvres

Les pays orphelins de l’aide mondiale le sont aussi de l’aide française, bien qu’étant ceux-là mêmes qui présentent les défis les plus importants. L’OCDE cite le Mozambique et l’Ethiopie comme faisant partie des pays prioritaires de 16 pays du Comité d’aide au développement CAD) tandis que le Togo et Madagascar ne sont des pays prioritaires que pour 2 pays du CAD (dont la France). Concernant l’aide programmable sur la période 2014-2016, l’OCDE note que « pour les pays qui présentent les niveaux de pauvreté et de retard les plus importants à réaliser les OMD, l’enquête révèle une réduction significative de l’aide programmable à hauteur d’un demi milliard US$. Ceci affectera en tout premier lieu les pays d’Afrique subsaharienne, tels le Burundi, le Tchad, Madagascar, le Malawi, le Niger, déjà identifiés comme étant des pays insuffisamment aidés ». Puis d’ajouter : « il est important de noter que l’aide n’est pas programmée en direction de là où les besoins sont les plus importants.

La répartition de l’aide internationale est, par nature, inégale, du fait de motivations historiques, géopolitiques, sécuritaires, économiques et commerciales aussi diverses que les donateurs qui ne se concertent pas ou peu sur la programmation de leurs financements. En outre, lorsqu’elle se dit fondée, l’allocation de l’aide suit des critères de population, de charge de maladie ou de niveau de pauvreté mesurée par le PIB, par exemple, rarement des critères de vulnérabilité structurelle (capacités institutionnelles, conflits armés, fragilité des Etats, etc.).

Du développement durable au développement et à la justice sociale, le chemin est encore long. La France et l’Union européenne ont une responsabilité toute particulière pour porter les situations ouest africaines dans le programme de développement après 2015. Il en va de la paix et de la stabilité mondiale. Espérons que les leaders mondiaux européens et américains sauront tirer la leçon à temps de l’émergence d’une épidémie à virus à Ebola qui émerge dans cette région ouest-africaine comme un avertissement.

3. Lancet Global Health(Comment) – Fixer les cibles, atteindre les objectifs : l’analyse des progrès antérieurs peut-elle aider ?

Titre original : Setting targets, achieving goals: can analysis of past progress help?
Bruno Meessen;
http://www.thelancet.com/journals/langlo/article/PIIS2214-109X(14)70336-5/fulltext

Les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD)  sont devenus les objectifs clés de la communauté internationale au cours de 15 dernières décennies. L’une des faiblesses des OMD est de ne pas avoir fait une analyse préliminaire pour voir s’ils étaient réalisables ou pas. Pour beaucoup de pays, en particulier d’Afrique sub-saharienne, les OMD n’étaient pas réalisables.

Les nouveaux objectifs actuellement en préparation ‘Sustainable Development Goals’ seront définis comme des cibles à atteindre. Une analyse préliminaire permettrait de dissiper des malentendus et d’éviter des frustrations futures dues à la non-atteinte des objectifs fixés très hauts. Par exemple, seuls 50-64% des pays pourront atteindre les objectifs de réduction de la mortalité infantile fixés par la Commission Lancet. Cette proportion est plus faible pour la mortalité maternelle (35-41%). Il est donc nécessaire de passer à l’échelle pour mettre en œuvre des interventions basées sur l’évidence.

Toutefois, il est important que des réformes soient menées au niveau mondial, national et des systèmes de santé. Certains pays qui ont réalisé de bons résultats ont eu des transitions économiques brutales (Biélorussie) ou ont connues des périodes de guerre (Cambodge, Rwanda). Ces pays sont plus ouverts à l’innovation. Nous devons encourager des transformations sociétales à tous les niveaux et dans d’autres secteurs qui adressent les déterminants sociaux de la santé (éducation, eau et assainissement). Le changement ne pourra se réaliser sans une bataille politique ambitieuse à tous les niveaux de la gouvernance. Celle-ci doit s’attaquer aux défis tels que l’iniquité ou le changement climatique qui ne peuvent être résolus en utilisant uniquement une approche technocratique. Une grande convergence à l’horizon 2030 ou 2035 est possible mais nécessite beaucoup plus d’effort et de nouveaux modèles de développement.

4. ITM Colloque International de l’IMT – Le facteur humain: les sciences sociales dans la recherche en santé

http://www.itg.be/internet/colloq2014/index.html

Le Colloque international de l’IMT s’est tenu fin octobre à Anvers. L’un des thèmes les plus courus étaient celui dédié à l’épidémie de maladies à virus Ebola. Les panélistes ont souligné la nécessité d’inclure les approches anthropologiques pour lutter contre la MVE et d’autres problèmes de santé en général. Cette approche permet une meilleure compréhension des perceptions des populations non seulement par rapport à la maladie mais aussi par rapport aux solutions qui sont proposées.
Ils ont noté également l’insuffisance de la prise en compte de cette dimension dans la réponse à l’épidémie, tout au moins au début.
Une plateforme anthropologique sur Ebola est actuellement disponible.

VIH/SIDA

5. Lancet Infectious Disease – Place future des CD4 dans le suivi du traitement antirétroviral

Titre original: future role of CD4 cell count for monitoring antiretroviral therapy
N Ford et al.;
http://www.thelancet.com/journals/laninf/article/PIIS1473-3099%2814%2970896-5/abstract

Depuis plus de deux décennies, les mesures du taux de CD4 ont joué un rôle clé dans la compréhension de la progression de l’infection VIH, de la prise de décisions cliniques, et du suivi de la réponse à la trithérapie antirétrovirale. Dans les pays riches, le suivi des patients sous trithérapie a été soutenu par la surveillance virologique de routine. Le suivi de la charge virale a été recommandé par les directives OMS de 2013 comme la meilleure stratégie de surveillance et des efforts sont en cours pour améliorer l’accès dans les milieux aux ressources limitées. Des études récentes ont montré que dans des contextes où la charge virale peut être faite et que les patients ont une charge virale nulle, le suivi à long terme par la mesure des CD4 ajoute peu de valeur et l’arrêt de la surveillance des CD4 permettrait de réaliser d’importantes économies de coûts. La mesure du taux de CD4 continuera à jouer un rôle important dans les décisions initiales de mise sous trithérapie et de gestion clinique du patient, en particulier pour les patients se présentant tard aux soins, et pour le suivi du traitement là où la mesure de la charge virale est difficilement réalisable. Cependant, dans les milieux où la mesure du taux de CD4 et la charge virale sont régulièrement disponibles, les pays devraient envisager de réduire la fréquence de mesure des CD4 ou ne pas faire de suivi de CD4 de routine pour les patients qui sont stables sous traitement antirétroviral.

Communautés de Pratiques HHA

http://hhacops.org/
Les facilitateurs des Communautés de Pratiques (CoP) soutenues par HHA se sont réunis à Rabat (Maroc) les 12 et 13 décembre 2014. Ils ont fait le bilan des activités de l’année 2014, partagé les bonnes pratiques en termes de facilitation et enfin identifier les perspectives d’avenir. Nous ferons dans la prochaine édition de la Newsletter un résumé plus détaillé de la réunion.

 

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