Bonjour à tous,
Cette semaine, La Newsletter revient sur le Troisième Symposium Mondial sur la Recherche en Systèmes de Santé et résume l’aventure des Talents Emergents qui était à sa quatrième édition.
Le menu de la semaine compte les articles sur la Maladie à Virus Ebola (MVE), la tuberculose et la recherche.
Nous vous souhaitons une bonne fin de semaine.
Bonne Lecture
Basile Keugoung
Edito: Troisième Symposium Mondial sur la Recherche en Systèmes de Santé: les Talents Emergents font entendre leurs voix
Dr Kankeu Hyacinthe relate l’expérience des jeunes chercheurs lors du Symposium de Cape Town. Il souligne la nécessité des jeunes des pays francophones à s’investir davantage et à la communauté internationale de soutenir davantage les pays francophones.
Le Cap en Afrique du Sud a abrité du 30 septembre au 3 octobre 2014 le troisième Symposium Mondial sur la Recherche en Systèmes de Santé sur le thème « L’individu au cœur des systèmes de santé : savoir et faire ». Cet événement biennal qui intervient après ceux de Montreux (2010) et Beijing (2012) a accueilli plus de 1700 participants, dont de nombreux jeunes chercheurs et professionnels travaillant sur des problématiques liés aux systèmes de santé. Parmi ces jeunes, ceux issus du programme Talents Emergents en Santé Mondiale (TESM) en anglais Emerging Voices for Global Health ont été particulièrement actifs et ce sont fait remarquer tant par la qualité de leurs travaux que par leur participation aux différents échanges durant ce symposium, notamment lors de la plénière de clôture.
Le programme TESM est à sa quatrième édition cette année, après celles de 2010, 2012 et 2013. Ce programme est une initiative de l’Institut de Médecine Tropicale d’Anvers en Belgique pour promouvoir la contribution des jeunes chercheurs et experts en santé des pays du Sud dans les débats relatifs à la santé mondiale. Il s’agit donc d’aider les jeunes chercheurs et experts en santé du Sud à mieux se faire entendre sur les sujets d’actualité en santé mondiale, dans un effort d’apprentissage collectif, de partage d’expériences et de présentation des résultats de recherche. Pour 2014, l’Université du Cap Occidental (Afrique du Sud), l’Institut de Santé Publique de Bangalore (Inde), le Centre des Sciences de la Santé de l’Université de Peking (Chine) et l’Université du Cap (Afrique du Sud) ont co-organisé ce programme qui a comporté une phase de formation à distance (juin-septembre), une phase de formation en « face-à-face » (21-28 septembre), une pré-conférence (29 septembre) et la participation au Symposium (30 septembre-3 octobre).
À l’issue de la sélection qui s’est faite par l’étude des quelques 200 dossiers (résumé, lettre de motivation et Curriculum Vitae) de postulants ayant répondu à l’appel à candidatures, 54 jeunes d’une vingtaine de pays et aux profils divers ont été retenus. Ces derniers ont pris part à la formation à distance qui a consisté en l’apprentissage de techniques des présentations orales (mindmap, multimedia principles, pecha kucha) et des posters, avec une mise en pratique à travers la préparation d’une présentation sur Powerpoint et d’un poster par chaque participant. Des discussions ont également été organisées sur quatre grands sujets
- l’individu au cœur des systèmes de santé
- la couverture maladie universelle
- la complexité des systèmes de santé
- la gouvernance mondiale de la santé) avec un découpage en plusieurs sous-thèmes.
Pour la formation en présentiel, les participants ont été répartis en huit groupes thématiques, en fonction des sujets couverts par leurs travaux de recherche. De nombreuses activités ont meublé cette phase : rappel des notions apprises durant la formation à distance ; introduction à l’usage des réseaux sociaux et du blogging pour diffuser des résultats de recherche ; pratique des présentations orales et des posters préparés suivie d’échanges, commentaires et suggestions par les pairs ; présentation des systèmes de santé Sud africain et Chinois ; exposé sur les problèmes de santé environnementale dans un township par le département de la santé du gouvernement du Cap Occidental ; Visite d’un hôpital (Mitchells Plain) ; coaching linguistique ; modération et participation aux débats ; exposés sur le rôle des communautés de pratique, traduction des résultats de la recherche en politiques.
La pré-conférence du 29 Septembre a été l’occasion pour tous les participants de mettre à nouveau en pratique les acquis de ce programme, devant un parterre d’invités manifestement satisfaits de la qualité des présentations (orales et posters). Au cours du Symposium, c’est notamment à travers 15 présentations orales, 31 posters et la remarquable intervention d’une des leurs (Anne Musuva du Kenya) lors de la plénière de clôture que ces jeunes ont pris part à cette grande réflexion sur les défis actuels et futurs des systèmes de santé dans lesquels l’individu doit être au centre des préoccupations. Cette participation et la nécessité d’accompagner les jeunes chercheurs et experts en systèmes de santé ont d’ailleurs été reconnus dans la « déclaration du Cap » qui a émané du Symposium.
A l’heure où les regards sont désormais tournés vers le quatrième Symposium Mondial sur la Recherche en Systèmes de Santé qui aura lieu à Vancouver en 2016, diverses actions sont initiées pour renforcer le réseau des jeunes ayant participé à l’une ou l’autre des éditions du programme TESM. Il s’agit des regroupements régionaux, de l’organisation d’un mentorat ciblé et de la création d’un pôle rédaction/publication. Ces actions font partie des recommandations formulées au cours de l’évaluation dans laquelle la nécessité d’accroitre le soutien au contenu des travaux de recherche (en réduisant donc le temps consacré aux présentations) a émergé comme l’un des défis majeurs que devra relever le programme TESM dans l’avenir. Si la grande diversité des profils des participants de l’édition 2014 a été largement appréciée et a favorisé le partage d’expériences, la couverture géographique du programme peut encore être améliorée, avec une meilleure représentation des pays francophones, notamment ceux d’Afrique Centrale, de l’Ouest et du Nord. Cela appelle donc à une plus grande ouverture du programme aux candidats n’ayant pas l’anglais comme première langue, mais aussi que ces derniers soient plus proactifs, entreprenants et même audacieux pour briser la barrière de la langue et faire entendre leur voix dans les débats relatifs à la santé mondiale.
Liens utiles
– Troisième Symposium Mondial sur la Recherche en Systèmes de Santé : http://hsr2014.healthsystemsresearch.org/
– Programme TESM : http://www.ev4gh.net/
– Déclaration du cap : http://hsr2014.healthsystemsresearch.org/news/cape-town-statement
Tuberculose
1. OMS – Rapport 2013 sur la lutte contre la tuberculose dans le monde
http://www.who.int/tb/publications/global_report/fr/
Le Rapport OMS sur la Tuberculose 2014 a été publié par l’OMS. Ce rapport fournit une évaluation complète et actualisée de l’épidémie de tuberculose et des progrès accomplis dans la lutte contre la maladie aux niveaux mondial, régional et des pays, en fonction des objectifs mondiaux fixés pour 2015.
Il fait état de la situation dans 197 pays, ce qui représente plus de 99% des cas de tuberculose dans le monde. Les nouvelles données recueillies confirment que la tuberculose reste la principale maladie infectieuse mortelle aujourd’hui.
- Le traitement de la tuberculose a permis de sauver plus de 22 millions de vies. Le nombre de malades a été ramené en 2012 à 8,6 millions et le nombre de décès dans le monde à 1,3 million.
- Deux principales menaces subsistent cependant:
- Près de trois millions de personnes (soit l’équivalent d’un malade de la tuberculose sur trois) échappent actuellement aux systèmes de santé.
- La crise de la tuberculose pharmacorésistante – les efforts déployés pour dépister et traiter toutes les personnes touchées par la tuberculose multirésistante sont insuffisants
Echéance 2015: résultats clés
En bonne voie:
- Le taux de nouveaux cas de tuberculose est en baisse partout dans le monde depuis une décennie environ, ce qui va permettre d’atteindre la cible mondiale d’OMD. Les taux d’incidence de cette maladie sont également en diminution dans l’ensemble des six Régions OMS. Le rythme de baisse (2% par an) reste néanmoins lent.
- En 2012 à l’échelle mondiale, le taux de mortalité par tuberculose avait régressé de 45%
- depuis 1990. La cible consistant à réduire la mortalité de 50% d’ici 2015 est à notre portée.
- Deux Régions OMS ont déjà atteint les cibles pour 2015 relatives à la réduction de l’incidence, de la prévalence et de la mortalité: la Région des Amériques et celle du Pacifique occidental.
- Sur les 22 pays fortement touchés par la tuberculose et totalisant 80% des cas de cette maladie apparus dans le monde, sept ont déjà atteint toutes les cibles pour 2015 concernant la réduction de l’incidence et de la prévalence de la tuberculose et la baisse de la mortalité associée. Quatre autres de ces pays sont en bonne voie d’atteindre ces cibles d’ici 2015.
Sortis des rails:
- En 2012, le taux de tuberculose évolutive dans la collectivité (prévalence) avait chuté de 37% à l’échelle mondiale depuis 1990. La cible consistant à réduire de 50% cette prévalence d’ici 2015 ne devrait donc pas être atteinte.
- Les Régions africaine et européenne ne sont actuellement pas en voie de réaliser les cibles en matière de mortalité et de prévalence.
- Parmi les 22 pays fortement touchés par la tuberculose, 11 ne sont pas en voie de réduire l’incidence, la prévalence et la mortalité dans les proportions prévues par les cibles. Les raisons de cette situation sont notamment les contraintes financières, la présence de conflits et l’instabilité, ainsi que l’épidémie généralisée de VIH.
À l’échelle mondiale et dans la plupart des pays à forte charge de tuberculose-MR, on estime que moins de 25% des personnes atteintes d’une telle forme de tuberculose avaient été détectées en 2012. De nombreux pays ont fait des progrès considérables pour contrer la co-épidémie TB/VIH. Néanmoins, les cibles au niveau mondial pour le dépistage du VIH chez les malades tuberculeux et la délivrance d’un traitement antirétroviral (TAR) aux personnes séropositives pour ce virus n’ont pas été atteintes.
Ebola
2. BMJ –15 pays à risque d’épidémie d’Ebola selon l’OMS
Anne Gulland
Titre original : Fifteen countries are at risk of Ebola outbreak, says WHO
http://www.bmj.com/content/349/bmj.g6305?etoc
L’OMS a établi une liste de 15 pays qui sont le plus à risque d’une épidémie de Maladie à virus Ebola (MVE). Ces pays sont limitrophes et ont d’importants échanges commerciaux avec les trois pays les plus touchés (Guinée, Libéria et Sierra Leone), et leurs systèmes de santé ne sont pas assez forts pour contenir une éventuelle épidémie.
Ces pays sont la Guinée Bissau, la Cote d’Ivoire et le Sénégal qui sont limitrophes et le Burkina Faso, le Bénin, le Cameroun, le Ghana, le Mali, la Mauritanie, le Nigéria, la République centrafricaine, la République démocratique du Congo, le Soudan du Sud, et le Togo.
Isabelle Nuttall, Directrice des Capacités, de l’alerte et de la réponse à l’OMS a souligné que l’OMS travaille avec ces pays pour les aider à évaluer les activités déjà réalisées et ce qui reste à faire. Le personnel de santé devrait être au centre des préoccupations car jusqu’à présent 236 personnels de santé sont décédés sur 427 infectés par la MVE.
Le Sénégal et le Nigéria ont été déclarés indemne d’Ebla les 17 et 20 octobre 2014 respecctivement, car ils n’ont pas reporté de cas depuis 42 jours. Au 15 octobre, 8997 cas de MVE et 4493 décès ont été notifiés en Afrique de l’Ouest, soit un doublement de cas toutes les 4 semaines.
3. Joint Learning Network – Que doit être fait contre Ebola ? réponse des experts de l’UNGA et de HSR
Ankita Panda
Titre original: What should be done about Ebola? See what experts from the UNGA and HSR had to say
Anita Panda rapporte des points importants discutés lors du Symposium mondial sur la recherche sur les systèmes de santé tenus en Afrique du Sud début octobre. Pour Dr. Sania Nishtar, Président de Heartfile, ‘avec Ebola, chercher d’où vient la maladie n’est pas une bonne idée. Nous devons plutôt renforcer les systèmes de santé’. Seth Berkley, Président exécutif de GAVI a aussi souligné l’importance du renforcement des systèmes de santé pour lutter contre les problèmes tels que Ebola, le paludisme, la tuberculose…
Mais que signifie renforcement du système de santé ?
Pour Berkley, la vaccination de routine peut limiter la propagation des maladies telles que Ebola. Il faudrait également du personnel bien formé pour offrir des soins et services de qualité. Patricio Marquez, un spécialiste de la santé à la Banque Mondiale, l’épidémie d’Ebola peut être facilement contenue si les professionnels de santé, les hôpitaux et les formations sanitaires ‘adoptent les stratégies simples, moins chères et efficaces telles que le port des gants, le lavage des mains, la sécurité des injections, l’isolement des patients et l’enlèvement rapide et sécurisé des corps, le suivi des personnes contacts et le suivi des personnes à risque’. Mais ceci n’est pas simple. En effet, le personnel de santé ne peut pas offrir des soins adéquats quand les systèmes de santé sont faibles. Il y a aussi undéficit en ressources humaines qui avoisine 7,2 millions de personnels d’après l’OMS, déficit qui atteindra 12.9 millions de personnels en 2035.
Pour Berkley and Christoph Benn, Directeur des relations extérieures au Fonds Mondial, les gouvernements devraient être redevables et protéger les populations contre les risques éventuels. La gouvernance est également centrale pour faire face aux épidémies. Le défi est de mobiliser les fonds. Mais pour Tim Evans, c’est totalement inacceptable qu’on n’ait pas pu mobiliser 1 milliard US$ pour lutter contre Ebola. Les pays pauvres ont besoin d’aide mais l’aide au développement est allouée à très court terme. Enfin, il faudrait une meilleure communication, la collaboration et le partage de connaissances pour faire face aux défis de santé publique.
En mettant l’accent sur la couverture sanitaire universelle après 2015, nous pensons que chaque pays développera un système de santé suffisamment fort pour l’accès aux soins et services de santé de qualité pour tous.
Recherche
4. Public Health Action – Accès libre pour la recherche opérationnelle dans les pays à faible et moyen revenue: qui paye?
Titre original: Open access for operational research publications from low and middle-income countries: who pays?
R Zachariah et al.; http://www.ingentaconnect.com/content/iuatld/pha/2014/00000004/00000003/art00005
Les journaux à accès libre ont pour but d’assurer que les connaissances nouvelles sont largement diffuses et accessibles gratuitement afin d’améliorer leur utilisation pour améliorer la santé des populations surtout dans les pays à faible et moyen revenu. Cet article explique les différences entre les journaux à accès libre et ceux qui sont payants, les bénéfices qu’on pourrait tirer les journaux à accès libre pour les publications concernant la recherche opérationnelle. Enfin, les méandres et les canaux utilisés pour payer l’accès libre aux journaux sont discutés.