Bonjour à tous,
Cette semaine, nous continuerons notre série sur la Maladie à virus Ebola. Michel Muvudi, un expert congolais (RDC) décrit les manifestations atypiques de cette maladie et revient sur la nécessité d’inclure les communautés dans la lutte contre l’épidémie. Nous vous recommandons vivement de lire son expérience très enrichissante pour éviter de passer à côté d’une épidémie en cours.
Puis, vous trouverez un article sur les agents de santé communautaires, puis sur les étapes clés pour lutter efficacement contre la pandémie d’Ebola et enfin l’étude sur la pratiques communautaires et la santé du nouveau-né.
Bonne Lecture
Basile Keugoung
Editorial – Ebola: on ne gagnera pas cette guerre sans les communautés
Expert en Financement de la Santé
RDC
Dans ce billet, Michel Muvudi, spécialiste en santé publique partage son expérience personnelle face à Ebola lors de l’épidémie de Mweka (RDC) en 2007. Sa leçon principale est qu’il faut construire la réponse sur les communautés.
Santé communautaire
1. Health Policy and Planning – Une étude des réseaux explorant les facteurs qui renforcent ou réduisent l’interaction entre divers agents de santé communautaires en zone rurale en Ethiopie
Titre original : A network study exploring factors that promote or erode interaction among diverse community health workers in rural Ethiopia
Dynes et al. : http://heapol.oxfordjournals.org/content/early/2014/10/11/heapol.czu113.short?rss=1
La délégation de tâches en réponse à la pénurie du personnel de santé a fait que des agents de santé communautaires prennent une responsabilité croissante dans l’offre de soins. Il est attendu que les agents de santé communautaires travaillent en collaboration, mais ils sont souvent un groupe hétérogène avec un large éventail de compétences et d’expérience. Les relations interpersonnelles sont au cœur du travail d’équipe efficace, mais les variables relationnelles ont rarement fait l’objet d’une attention de recherche dans les systèmes de santé à ressources limitées et en milieu rural. Cet article cherche à combler cette lacune en explorant le niveau dyadique, ou relationnelle, les caractéristiques des agents de santé communautaires chargés de la santé de la mère et du nouveau-né ainsi que l’influence individuelle et collective de ces caractéristiques sur les modes d’interaction. Les données du réseau ont été recueillies auprès des agents de santé communautaire ( N = 194) dans sept kébélés rurales de la région d’Amhara, en Ethiopie entre Novembre 2011 et Janvier 2012. La régression logistique multiple quadratique a été utilisée pour ajuster les modèles de régression pour la fréquence des interactions de travail, un proxy du travail en équipe. Une preuve forte et consistante a été trouvée en ce qui concerne la confiance et la formation antérieure de l’agent de santé communautaire comme des facteurs relationnels importants pour l’interaction de travail.
Il y avait peu d’évidences entre les sites sur la préférence des hommes, la distance et les motivations partagées. Les résultats ont aussi montré une typologie de réseaux entre les sites. Par exemple, un réseau était caractérisé par des relations familiales étroites et fortes avec les populations. Le développement des interventions sensées promouvoir la confiance et la formation entre les différents cadres est une étape importante pour obtenir une action collective. De plus, l’évaluation de la structure des réseaux d’agents de santé communautaires serait une méthode efficace d’évaluation des efforts de renforcement des systèmes de santé dans les zones rurales à faible niveau de revenu.
Maladie à virus Ebola
2. Lancet – Contrôle d’Ebola : prochaines étapes
Titre original: Controlling Ebola: Next steps
Dhillon RS et al.;
http://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(14)61696-2/fulltext
L’épidémie d’Ebola est paradoxale. La clé pour le contrôle de l’épidémie est la détection rapide, l’isolement et le traitement des personnes infectées. Même si 60-90% des personnes infectées meurent, un traitement médical efficace peut réduire la mortalité à 30%. Le CDC estime que 60% des cas en Afrique de l’Ouest ne sont pas diagnostiqués et que le nombre de cas pourrait atteindre plusieurs centaines de milles en 2015. Sans les stratégies de contrôle, une personne infectée pourrait transmettre la maladie jusqu’à 8 autres personnes.
Aucune réponse cohérente nationale ou internationale n’a été proposée et mise en œuvre pour assurer une intervention intégrée depuis l’identification du cas, le diagnostic, le transport sécurisé, l’isolement et le traitement. Pendant que les efforts de création de vaccins, de médicaments et de tests sont en cours, nous recommandons l’adoption de trois mesures.
- Les personnes suspectes d’Ebola doivent être précocement testées pour un diagnostic rapide, leur isolement et le traitement
- Les patients doivent être transportés de façon sécurisée dans des véhicules adaptées qui ont des équipements de protection, les désinfectants, et un personnel formé
- La nécessité d’étendre les centres de traitement à base de tentes au niveau local. Le personnel de santé doit être rapidement redéployé dans ces centres comme dans des situations de crises humanitaires. L’armée américaine construit actuellement 17 centres de traitement, mais cela pourrait prendre des mois. Sans un traitement efficace, le virus continuera de se propager au sein de la population et l’isolement sans traitement ne peut qu’échouer. Les communautés devraient savoir que le traitement et la guérison sont possibles.
Cette approche globale nécessite une structure centrale de coordination nationale pour assurer une cohérence des agences sur le terrain et une exécution efficace des plans. La récente Mission des Nations-Unies pour la réponse à l’épidémie d’Ebola fournira une interface entre cette structure gouvernementale et les agences internationales. Ces mesures incluent le développement de la confiance avec les populations et la formation et la sécurité du personnel de santé. Le rôle du gouvernement doit être renforcé et non remplacé par les agences internationales.
Ce processus nécessite aussi une information sanitaire de qualité qui commence au niveau des communautés qui reportent les cas probables, puis continue au niveaux des formations sanitaires sur les patients sous traitement, la disponibilité des ressources, et arrive au niveau national avec l’agrégation des données. L’utilisation des téléphones portables est une stratégie efficace. L’adoption de cette approche permettrait de contenir l’épidémie dans six mois.
Santé du nouveau-né
3.Social Sciences and Medicine –Pratiques de soins des nouveau-nés dans le Bangladesh rural: Implications pour l’adaptation de la méthode kangourou pour les interventions à base communautaire
Titre original : Newborn care practices in rural Bangladesh: Implications for the adaptation of kangaroo mother care for community-based interventions
Erin Hunter et al.
http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0277953614006522
Le Bangladesh a l’un des taux élevés de faible poids de naissance et de pratiques traditionnelles qui rendent les nouveau-nés vulnérables à l’hypothermie, aux infections et au décès précoce. Nous avons effectué une étude formative pour explorer les pratiques de soins chez les nouveau-nés avec une attention particulière sur la protection contre le froid, et pour identifier les facilitateurs et les barrières ainsi que les recommandations pour la méthode Kangourou par la mère en milieu communautaire. Quarante entrevues en profondeur et de 14 discussions de groupes = ont eu lieu ont été faites entre Septembre et Décembre 2012. Les participants comprenaient des femmes enceintes et des mères, des maris, des grands-mères maternelles et paternelles, les accoucheuses traditionnelles, les médecins de village, les guérisseurs traditionnels, les pharmaciens, les chefs religieux, les dirigeants communautaires et les prestataires de soins de santé formels.
Les enregistrements audio ont été transcrits et traduits en anglais, et les données textuelles ont été analysés en utilisant la méthode du cadre d’analyse.
Les résultats montrent que les pratiques néfastes aux nouveau-nés, tels que l’habillage retardé et l’initiation précoce du bain, évoluent comme des conseils plus biomédicaux par les prestataires de soins santé formels atteignent la communauté par le bouche-à-oreille et des campagnes de sensibilisation à la télévision. Bien que l’objectif de la méthode Kangourou a été relativement facile à comprendre et acceptée par la plupart des participants, les barrières logistiques et dans une moindre mesure idéologiques existent et limitent l’adoption de la pratique. Les femmes se sentent qu’elles ont un sens de responsabilité inévitable pour les tâches ménagères, malgré le désir de fournir les meilleurs soins pour leurs nouveau-nés. Nos résultats ont montré que les participants ont apprécié la méthode Kangourou comme une méthode de traitement approprié pour les bébés malades, mais ils ont moins accepté comme une pratique de protection pour les aux nouveau-nés apparemment en bonne santé au cours des premiers jours de vie. Les participants ont souligné la nécessité de recevoir de l’aide des autres membres de la famille et d’avoir des témoignages d’autres femmes qui ont pratiqué la méthode Kangourou à des résultats positifs pour adopter eux-mêmes cette pratique. Les messages d’intervention sur la mise en place d’un environnement favorable à la pratique Kangourou sont essentiels pour le succès de l’intervention.