La région OMS Afro connaitra entre le 1er et le 5 septembre au pays du « VODOO », son nouveau Directeur régional lors de la 64e session du Comité régional. Cinq candidats tenteront de recueillir le maximum de voix des 47 pays admis à participer aux élections. Il s’agit de Dr. Jean-Marie Okwo-Bele de la RDC, Pr  Thérèse Aya N’dri-Yoman de la Côte d’Ivoire, du Pr Dorothée Akoko Kindé-Gazard du Benin, du Dr Traoré Fatoumata Nafo du Mali et de la candidate du Botswana. Comme toutes les élections au monde, les candidats promettent, la main sur le cœur, font rêver,  d’ailleurs, ce sont les motifs de tout vote.

Au cœur de cette élection, se trouve la santé de la mère Afrique, berceau de l’humanité, du moins, en faisant allégeance aux dires des historiens. Elle  fera l’objet d’une attention particulière des médecins appelés à son chevet car sa santé  se dégrade de jours en jours avec en plus, une attaque de fièvre Ebola, et malgré les soins intensifs,  le diagnostic est sans appel, le pronostic  vital est engagé.

Cependant, nous devons  restés optimistes car il s’agit de choisir parmi les cinq médecins celui qui va organiser les secours afin que la région Afro ne soit pas mise en quarantaine. Mais la mobilisation des ressources financières pour assurer sa prise en charge est déjà problématique, faute d’existence d’un mécanisme de sécurité sociale pour tous. QUI payera le fameux sérum américain prometteur ?

Lorsque nous évoquons des élections en Afrique, nous faisons malheureusement référence à des destructions de biens publics, à des pertes en vies humaines, à des blessés, à des disparus, et à des déplacés… La plupart des élections est contestée en Afrique sub-saharienne.

Mais, cette élection sera particulière.  Il n’y a pas de conseil constitutionnel qui invaliderait une candidature, donc l’élection sera ouverte à tous, inclusive sans exclusion. Aucun candidat ne s’accrochera au pouvoir, d’ailleurs le candidat sortant ne brique pas un troisième mandat. Il a refusé de tripatouiller les textes, malgré la volonté du peuple qui voulait qu’il termine les nombreux chantiers ouverts (et parfois à ouvrir) pour le bien-être de notre chère Afrique.

Les campagnes se déroulent sans heurts, tous les candidats ont le même temps d’antenne. Le document qui explique le projet du candidat ne doit pas excéder 2000 mots. Chaque candidat fera un exposé de 30 minutes devant le Comité régional, suivi de 30 minutes de questions réponses.

Les urnes seront transparentes et les bulletins de votes seront vierges. Il suffira d’inscrire le nom du candidat souhaité. Le fichier électoral comporte 47 membres .Cette élection sera particulière, car il n’y aura pas d’observateurs de l’ONU, ni de l’Union Européenne, personne n’appellera à une élection apaisée et sans violence. Il n’y aura pas de bourrage d’urnes, donc les résultats ne seront pas contestés et  aucun candidat n’appellera ses partisans à descendre dans la rue pour réclamer la victoire volée.

Pour une fois, il n’y aura pas de morts selon les opposants, ni de casseurs selon le vainqueur, on ne parlera plus de quelques irrégularités qui ne mettent pas en cause les résultats des élections. Même si l’absence des bulletins de vote de certains candidats fait souvent partie de ces irrégularités.

La communauté internationale n’appellera pas les parties à respecter la volonté du peuple. Il n’y aura pas de médiateur de l’ONU, de l’UA, de la CEDEAO, de la SADC, ni de la CEMAC. Il n’y aura donc pas d’accords Abidjan I, de Cotonou 4, ni de Bamako3, ni de Kinshasa 2, encore moins de Gaberon 5. Le conseil de sécurité ne votera aucune résolution, il n’y aura pas de force d’intervention, les casques bleus ne seront pas présents.

L’ONU n’appellera pas son personnel non essentiel à quitter les pays. Il n’y aura pas de déplacés. L’UNICEF peut se tranquilliser, aucun enfant ni de femme ne sera dans un camp de réfugiés.

La cour pénale internationale n’engagera pas de poursuite contre des auteurs présumés de crimes contre l’humanité et aucun diagnostic d’urgence ne sera fait, ce qui exclut d’avance toute thérapie  d’urgence parce que les maux dont souffre le berceau de l’humanité dans le secteur de la santé sont connus de tous.

A priori, l’Afrique peut donc organiser des élections transparentes pour que les élus soient redevables et mettent en place des services sociaux performants qui améliorent la qualité de la vie des populations. Après deux mandats, chaque candidat pourrait laisser la place à d’autres idées novatrices pour assurer l’épanouissement des peuples.

Pour le moment, les défis à relever par le prochain Directeur sont énormes. Nous citerons entre autres :

  • Espérance de vie à la naissance parmi les plus basses du monde ;
  • Fortes mortalité maternelle et infantile
  • Coût élevé des médicaments bien souvent de provenance douteuse ;
  • Ressources en personnel de santé insuffisantes et inégalement réparties;
  • Dépendances de l’aide  extérieure pour financer les plans de développement sanitaires.
  • Mal gouvernance ;
  • Pandémie du VIH/SIDA, paludisme, tuberculose
  • Fièvre Ebola

A toutes ces difficultés, s’ajoutent les conflits armés qui entrainent des déplacements de populations plaçant ainsi les individus et le système de santé dans une situation d’extrême fragilité. Face à ces problèmes cruciaux, quelles sont les solutions que  proposent les candidats dont nous avons eu accès à leur programme ?*

Pour le Dr. Jean-Marie Okwo-Bele, au regard des résultats du diagnostic sans complaisance, la thérapie à appliquer sera pour l’émergence sanitaire de l’Afrique en profitant de  la croissance (5%) et du dynamisme économique que connait le berceau de l’humanité. L’Afrique pourra ainsi se tourner vers les potentialités grandissantes que lui offrent les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC) et leurs applications en matière d’intelligence sanitaire, pour développer la coopération Sud-Sud et renforcer les indispensables partenariats Public-Privé.

La thérapie proposée par le Pr  Thérèse Aya N’dri-Yoman, consiste à décharger le berceau de l’humanité  du lourd et ancien fardeau de la maladie en « plaçant la santé au cœur de l’Emergence de l’Afrique afin qu’elle se libère  des barrières et accède à des soins de qualité pour tous, dans un esprit d’équité et de solidarité ». Pour parvenir à cet objectif, elle propose une approche plurielle à travers un focus sur la mutualisation de toutes les ressources disponibles, la promotion pour les interventions concrètes efficientes et à haut impact sur la santé, la promotion de la bonne gouvernance et la gestion axée sur les résultats tout en consolidant les acquis et une projection post-OMD.

L’actuel ministre de la santé du Benin,  Pr Dorothée Akoko Kindé-Gazard, propose de  privilégier la thérapie du “concret “dont” l’une des options estlacouverturesanitaireuniversellepourtouslespeuples. Pour la candidate, l’argent, la distance, les stéréotypes ne doivent plus être un frein à l’accès de tous, notamment les vulnérables et les pauvres, aux soins de santé de qualité. L’exemple du Régime d’assurance maladie universelle (RAM) qu’elle a initié en est la parfaite illustration en dépit des craintes soulevées par des experts qui demandaient un report de cette initiative compte tenu des conditions non encore réunies. L’autre action est d’engager un plaidoyer auprès des chefs d’Etat pour développer des canaux internes de financement du secteur de la santé. De plus, l’agent de santé serait désormais un agent de développement, formé, responsabilisé, fidélisé à son poste de travail.

Pour  Dr Traoré Fatoumata Nafo, candidate malienne, il s’agit de mobiliser et de capitaliser les ressources nécessaires dans le secteur de la santé afin de relever les différents défis de l’heure, car le berceau de l’humanité dispose de ressources, mais son utilisation n’a pas permis d’obtenir de résultats tangibles dans la plupart des pays. Il s’agit de faire en sorte que les ressources actuelles soient mieux utilisées.

A la lecture des promesses, il serait illusoire de ne pas être optimiste au regard de la thérapie proposée pour que le “berceau de l’humanité” retrouve une santé conforme aux normes internationales. Il est incontestablement clair que la volonté des candidats est d’alléger le fardeau sanitaire. Cependant, comment faire face à de nombreux défis qui limitent le développement de l’Afrique.  En effet, on y rencontre de nombreux “ conflits sociaux” nés pour la plupart des cas d’élections organisées de façon “calamiteuse”. Les exemples sont légion et un coup d’œil dans le tunnel nous indique que  l’année 2015 sera celle des élections dans de nombreux pays d’Afrique sub-saharienne. Ces pays devront donc s’inspirer du processus électoral de leur Directeur régional OMS pour éviter des troubles sociaux.

Une question nous taraude l’esprit. Quel environnement social et politique doit-on construire pour que les différentes promesses des candidats puissent  trouver  des conditions idoines de leur mise en œuvre ? Nous souhaiterions que le Comité pose cette question lors de l’entrevue à chaque candidat. Chaque candidat pourrait aussi nous envoyer son point de vue et nous serons fiers de le publier.

*L’ordre ne traduit bien entendu aucune préférence personnelle!

2 Responses to Editorial – Election au poste de Directeur régional OMS AFRO, cinq candidats

  1. MUKENDI says:

    Les défis à relever sont multiples pour le développement le système sanitaire en Afrique :
    1. La population à prendre en charge a été définie sur base des critères géographiques en milieu urbain comme en milieu rural ;
    2. Tendance à la reproduction du modèle rural en milieu urbain ayant pour conséquence le manque d’une politique de santé adoptée au contexte urbain.
    3. L’organisation des Soins de Santé Primaires à travers des structures publiques sans trop développer le partenariat avec le privé.
    4. Le système d’information ne prend pas en compte les privés à but lucratif.
    5. Participation communautaire peu développée.
    Nous apprécions à sa titre valeur la thérapie de Dr. Jean-Marie Okwo-Bele qui prône le partenariat Public-Privé

  2. anonyme says:

    Pourquoi tous les cadidats sont nommés et pas Dr MOETI Matshidiso Rebecca que vous appelez de manière impersonnelle “La candidate du Botswana”??? et dont on ne parle pas du tout dans l’article contrairement aux autres??? et vous parlez de pad’inégalité du temps d’antenne? pas de tripatouillage? De deux choses l’une; soit vous ne vous renseignez pas assez avant d’ecrire un article que vous voulez sensationnel, soit alors c’est délibéré, et je ne sais à quelle fin mais ca ne fait pas sérieux. pourtant j’aime bien la note à la fin:” *L’ordre ne traduit bien entendu aucune préférence personnelle! “

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