L’éditorial de cette semaine porte sur la Journée Mondiale de lutte contre la tuberculose qui se célébrera le 24 mars prochain. Nous partageons avec vous les articles sur les hépatites en Afrique, sur l’éradication de la polio, les déterminants de l’amélioration de la couverture vaccinale au niveau district et enfin les déterminants de la réticence au vaccin.
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Bonne Lecture
Pour l’Equipe éditoriale
Basile Keugoung
Edito – Contrôle de la tuberculose : Optimiser l’interface entre le programme de lutte contre la tuberculose et les services de santé généraux
Par Basile Keugoung
Hépatites
1. La Nouvelle Tribune – Bénin : Les preuves de l’abandon des malades d’hépatites par le Ministère de la Santé
Auteur : Nicolas Kodjoh
Source: http://www.lanouvelletribune.info/index.php/
Par Basile Keugoung
Les conséquences désastreuses de la Politique Nationale de santé actuelle et de l’abandon des malades d’hépatite sont nombreuses :
Les personnes malades continuent d’ignorer leur maladie en raison de l’absence d’une stratégie de dépistage de masse et des groupes à risque, de dépistage systématique des femmes enceintes pour la prévention de la transmission mère – enfant.
L’absence d’une stratégie nationale d’orientation des malades dépistés pour le suivi et le traitement, ce qui amène le plus gros lot des malades à aller se réfugier dans les centres de médecine alternative.
L’absence de formation des personnels de santé, notamment des médecins généralistes à la prise en charge des hépatites, à l’instar de ce qui est fait pour le sida, la tuberculose et le paludisme. La réalité aujourd’hui est que les malades d’hépatites sont d’abord considérés comme paludéens et traités comme tels, laissant les ‘’serial killers’’ (tueurs en série) que l’OMS appelle ‘’épidémie silencieuse’’ tuer leur proie à bas bruit.
Cette situation explique les difficultés et les errances des malades à la recherche de soins, comme l’a montré l’étude sur les itinéraires thérapeutiques : ‘’Les changements fréquents de soignants témoignent de la perte de confiance en des praticiens insuffisamment préparés à la prise en charge des hépatites. Le fait que 76,6% des consultants en deuxième intention et plus font appel à des tradipraticiens et aux autres formes de médecine alternative contre seulement 20,6% lors de la première consultation traduit la désaffection des malades pour la médecine conventionnelle, et corrobore l’idée faussement répandue et entretenue qu’il n’y a pas de traitement pour les hépatites en médecine moderne. Ces observations mettent en évidence les défaillances du système national de santé face à la question des hépatites actuellement marginalisée dans les programmes nationaux de santé, et la nécessité de faire de la lutte contre ces endémies une priorité de santé publique pour la prise en charge globale de ces patients.
Un calendrier vaccinal contre l’hépatite B inadapté qui doit être corrigé en vaccinant les nouveau – nés dans les 12 heures suivant la naissance pour prévenir la transmission mère – enfant.
La prise en charge totale et gratuite annoncée pour le traitement ne concerne que les évacués sanitaires au CNHU, c’est – à – dire une infime minorité, laissant à l’abandon la très grande majorité des malades.
L’indisponibilité et l’inaccessibilité sur le territoire national des médicaments efficaces sur les hépatites (Interféron et Ribavirine) aussi bien à la Centrale d’Achat des Médicaments Essentiels (CAME) que dans les officines pharmaceutiques. L’inaccessibilité des malades d’hépatites au ténofovir, médicament disponible à la CAME, mais inaccessible aux malades d’hépatite.
Polio
2. Lancet (World Report) – Les efforts d’éradication de la polio progressent, mais les problèmes demeurent
Titre original- Polio eradication effort sees progress, but problems remain
http://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(14)60452-9/fulltext
Par Basile Keugoung
L’OMS voudrait déclarer confirmer l’éradication de la polio dans l’Asie du Sud-Est ce mois mais les progrès chancèlent dans d’autres régions à cause des pays endémiques de polio. Le 13 janvier 2014, l’Inde a célébré sa 3e année consécutive sans polio et le 27 mars 2014, une réunion se tiendra à New Delhi pour certifier l’éradication de la polio dans la région comme c’est le cas dans trois autres régions : Amériques, Ouest du Pacifique et Europe. Seule l’Afrique et l’Est de la Méditerranée restent encore endémiques. Ainsi 78% de la population mondiale vivraient dans des zones sans polio. Le Nigéria, l’Afghanistan et le Pakistan sont les trois pays où la polio est encore endémique. Le nombre de cas baisse en comparaison aux années précédentes et la couverture vaccinale augmente. Dans les trois pays, le problème principal est la menace des extrémistes religieux sur les vaccinateurs. Au-delà de ces trois pays, des épidémies de polio ont été enregistrés dans 5 autres pays : Cameroun, Ethiopie, Kénya, Somalie et Syrie. Sur les 240 cas notifiés dans ces pays, 199 sont survenus dans la corne de l’Afrique (Somalie, Kenya et Ethiopie) et étaient dus à un virus importé du Nigeria. Ces épidémies ont été contrôlées grace aux campagnes de vaccination de masse.
Le Polio Type 2 a été éradiqué depuis 1999 tandis que le Type 3 a été diagnostiqué la dernière fois au Nigeria en novembre 2012. Les firmes pharmaceutiques ont accepté le 28 février dernier de fournir la forme injectable du vaccin à moins de 1 US$ la dose pour 73 pays à faible revenu éligibles à l’appui de GAVI.
Le chemin pour l’éradication de la polio doit faire face au temps, à la fatigue des bailleurs, des parents et des vaccinateurs, à la violence perpétrée contre les équipes de vaccinateurs par les groupes extrémistes, et aux virus qui pourraient se cacher surtout dans des zones où les enfants ne sont pas correctement vaccinés. Des succès comme celui de l’Inde donnent de l’espoir d’atteindre l’objectif final d’éradication. Toutefois, l’Initiative Mondiale d’Eradication de la Polio ne doit pas dormir sur ses lauriers.
Vaccination
3. HP&P – Déterminants d’amélioration de la couverture vaccinale de routine en Afrique : résultats des études de cas au niveau district
Titre original- Drivers of routine immunization coverage improvement in Africa: findings from district-level case studies
Anne LaFond et al.;
http://heapol.oxfordjournals.org/content/early/2014/03/10/heapol.czu011.abstract
Par Basile Keugoung
Il y a une compréhension limitée de la raison pour laquelle la couverture vaccinale de routine (VR) s’améliore dans certaines situations en Afrique et pas dans d’autres. En utilisant une approche basée sur la théorie, nous avons mené des études de cas approfondies pour comprendre les mécanismes qui aboutissent à l’amélioration de la couverture en comparant l’expérience des programmes de vaccination dans 12 districts de trois pays (Ethiopie, Cameroun et Ghana). S’appuyant sur les techniques de déviance, nous avons comparé l’expérience des districts où la couverture en diphtérie-tétanos-coqueluche (DTC3) / pentavalent3 (Penta3) s’est améliorée avec les districts où la couverture DTP3/Penta3 est restée inchangée (ou régulière) sur la même période, en se concentrant sur la disponibilité de base d’offrir des services de vaccination et les conducteurs de l’amélioration de la couverture. Les résultats ont permis de développer un modèle pour l’amélioration de la couverture vaccinale qui met l’accent sur la dynamique des systèmes de vaccination au niveau du district. Dans tous les districts, qu’ils aient amélioré ou pas, nous avons constaté que d’un ensemble de ressources de base du système de vaccination de routine était en place de 2006 à 2010 et nous n’avons pas observé de grandes différences dans les infrastructures. Nous avons constaté que les différences dans les tendances de couverture vaccinales étaient dues à des facteurs autres que la capacité du système de vaccination de routine de base ou d’un service de préparation. Nous avons identifié six facteurs communs d’amélioration des performances de couverture vaccinale -quatre déterminants et deux facilitateurs-qui étaient présents dans les districts plus performants et étaient absents ou faible dans les districts de couverture stable. Ensuite, nous avons schématisé les mécanismes qui lient le déterminant à l’amélioration de l’offre, de la demande et de la couverture.
Les résultats soulignent le rôle critique des stratégies de mise en œuvre et la nécessité d’avoir des gestionnaires locaux spécialisés capables d’adapter les stratégies au contexte et aux besoins de la communauté. Les études de cas sont uniques dans leur focalisation sur les facteurs positifs du changement et l’identification des mécanismes d’amélioration de la couverture vaccinale, une approche qui devrait être prise en compte dans des études futures et des évaluations de la performance du système de vaccination de de routine au niveau du district.
4. Vaccine – Comprendre la réticence autour du vaccin et de la vaccination à travers une perspective globale: une revue systématique de la littérature 2007-2012
Titre original- Understanding vaccine hesitancy around vaccines and vaccination from a global perspective: A systematic review of published literature, 2007–2012
Heidi J Larsson et al.;
http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0264410X14001443
Par Basile Keugoung
La ‘réticence’ au vaccin est un terme émergent dans la littérature et le discours sur la prise de décision pour le vaccin et les déterminants de l’acceptation du vaccin. Il reconnaît un continuum entre les domaines de l’acceptation du vaccin et le refus de vaccin et dépolarise la caractérisation précédente des individus et des groupes comme pro- ou contre le vaccin.
Les principaux objectifs de cette revue systématique sont les suivants: 1) identifier les recherches sur la réticence au vaccin; 2) identifier les déterminants de la réticence au vaccin dans différents contextes, y compris ses causes spécifiques au contexte, son expression et son impact, et 3) informer l’élaboration d’un modèle pour évaluer les déterminants de la réticence au vaccin dans différents contextes comme proposé par le Groupe stratégique consultatif d’experts pour faire face à la réticence au vaccin.
Une stratégie de recherche large, construit pour capturer les multiples dimensions de la confiance du public, la confiance et la réticence autour de vaccins, a été appliquée dans de multiples bases de données. Les études publiées entre janvier 2007 et novembre 2012, revues par des pairs ont été sélectionnées pour inclusion si elles concernaient la vaccination des enfants de moins de 7 ans, et si elles étaient publiées entre Janvier 2007 et Novembre 2012.
Nos résultats ont montré une variété de facteurs associés à la réticence au vaccin mais il n’a pas été possible de faire leur classification complète ou d’évaluer leur influence individuelle. Ces déterminants sont complexes et liés au contexte, varient avec le temps, l’endroit et le vaccin.