Par Basile Keugoung
Le 24 mars prochain se célèbrera la Journée Mondiale de lutte contre la tuberculose. Le slogan est « Atteindre les 3 millions». C’est un moment idoine pour porter la réflexion sur la lutte contre cette endémie en Afrique sub-saharienne. Du fait de l’épidémie du VIH/SIDA, il y a eu une résurgence de la tuberculose qui est la première affection opportuniste d’une part, et dont le tableau clinique et le pronostic ont été profondément modifiés par la baisse de l’immunité. En plus, des cas de tuberculose multirésistantes ont apparu et leur traitement est non seulement cher mais de longue durée.
Des efforts ont été accomplis par la communauté internationale dans la lutte contre la tuberculose. Le Partenariat Halte à la Tuberculose, la Facilité Mondiale d’accès aux médicaments et la Fonds Mondial de lutte contre le VIH/SIDA, la tuberculose et le paludisme sont des Initiatives qui financent la lutte contre la tuberculose dans le monde.
Toutefois, en 2011, l’Afrique sub-saharienne avait la plus forte prévalence de la tuberculose soit 293 cas pour 100000 habitants. La réduction de 50% de la prévalence et de la mortalité liées à la tuberculose ne sera pas atteinte par la Région africaine en 2015. En plus, moins de 25% des cas de tuberculose multirésistante ont été détectés en 2012. Environ, 75% des 1,1 million de cas de tuberculose infectés par le VIH vivaient en Afrique sub-saharienne.
Cette situation mérite qu’on s’y attarde à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre la tuberculose où il faudrait atteindre les 3 millions de tuberculeux qui n’ont pas accès aux soins. La stratégie la plus utilisée par les systèmes de santé en Afrique sub-saharienne est l’organisation de la lutte antituberculeuse à travers un programme vertical pour le contrôle de la tuberculose. Ce programme est chargé de la planification, de la coordination et de l’évaluation des activités de lutte contre la tuberculose mises en œuvre par les services de santé généraux (centres de santé et hôpitaux). Par conséquent, comme la tuberculose reste encore un problème majeur de santé publique, cela signifie que la relation entre le programme national de lutte contre la tuberculose et les services de santé généraux n’est pas optimale pour assurer une détection, un diagnostic et un traitement précoces des cas.
Malheureusement, l’analyse de la problématique reste encore focalisée sur les indicateurs de prise en charge de la tuberculose, et quelquefois sur les contraintes des systèmes de santé. L’interaction entre le programme et les services de santé généraux occupe peu de place dans la recherche des déterminants qui limitent le contrôle de la tuberculose. En effet, le programme élabore les directives, définit les objectifs à atteindre, et recherche des financements. La prévention, le diagnostic et le traitement des cas nécessitent des services de santé performants qui doivent appliquer les directives du programme.
L’interface entre programme et services de santé généraux devraient donc faire partie des indicateurs d’analyse des résultats des programmes. Ceci permettrait d’identifier les effets négatifs des programmes pour les corriger, de renforcer les effets positifs afin de créer des synergies positives entre programmes et services de santé généraux.
Les programmes de lutte contre la tuberculose ont une longue expérience en Afrique sub-saharienne qui a d’ailleurs permis de développer d’autres programmes. Ils peuvent également prendre le pas sur les autres programmes pour optimiser leurs relations avec les services de santé généraux.
Les Objectifs du Millénaire pour le Développement liés à la tuberculose ne seront pas atteints en 2015 en Afrique sub-saharienne. Il est possible d’atteindre les 3 millions de personnes aujourd’hui exclues. Inclure l’analyse de l’interface entre programme et services de santé généraux et la mise en œuvre de stratégies et d’interventions pour son optimisation sont des pistes pour le contrôle des maladies endémiques y compris la tuberculose.