Par Pierre Massat
QUAMED est un programme de l’Institut de Médecine Tropicale, dont la mission est d’améliorer l’accès à des médicaments de qualité dans les pays à faible et moyen revenu, en récoltant et partageant de l’information indépendante, et en créant un effet de levier sur le marché pharmaceutique. Les problèmes de qualité, en particulier les médicaments sous-standards, sont une conséquence de la mondialisation relativement récente de la production pharmaceutique ainsi que de la pression croissante sur les prix. Les autorités de régulation dans les pays à faible revenu n’ont bien souvent pas des capacités suffisantes pour garantir la qualité des médicaments circulants sur leur territoire. QUAMED tente de répondre à ce problème en partageant de l’information sur la qualité au sein d’un réseau d’organisations à but non-lucratif œuvrant dans l’accès aux médicaments. Le réseau QUAMED est en croissance, et comprend actuellement 28 membres basés dans le monde entier, dont principalement des ONG humanitaires et des centrales d’achat nationales (essentiellement africaines), mais aussi d’autres organisations internationales.
Il y a deux grands types d’activités réalisées par QUAMED : celles qui visent à générer de l’information, et les activités de renforcement des capacités auprès des partenaires. L’essentiel de l’information générée par QUAMED provient d’audits de distributeurs et de fabricants, de l’évaluation des marchés pharmaceutiques locaux, et de l’évaluation de dossier produits. Ces activités sont réalisées par une équipe de pharmaciens experts en assurance qualité, qui se chargent également du renforcement des capacités en animant des formations et en développant des procédures d’assurance qualité destinées aux partenaires. L’information générée par QUAMED est partagée avec les membres du réseau via une base de données dont l’accès est strictement limité aux partenaires, pour des raisons de confidentialité. L’équipe participe également tout au long de l’année à des activités de plaidoyer et d’enseignement, y compris au sein de l’IMT.
Le programme QUAMED organise chaque année une réunion avec tous ses partenaires, dont la dernière édition s’est tenue à l’IMT du lundi 2 décembre après-midi au mercredi 4 matin. Plus de 35 représentants des 28 partenaires ont assisté à la première journée de réunion. Cette session, réservée aux partenaires, était dédiée aux résultats des audits réalisés en 2013 (audits de grossistes internationaux et évaluations de marchés pharmaceutiques locaux principalement), ainsi qu’aux outils développés par QUAMED au profit des partenaires (base de données, procédures d’assurance qualité, outils d’aide à la prise de décision).
Une vingtaine de participants supplémentaires ont assisté à la seconde session ouverte aux non-membres du réseau. Ces participants représentaient des bailleurs (ECHO, DGD, USAID) et d’autres organisations travaillant sur la qualité et l’accès aux médicaments. Cette session a essentiellement consisté en des discussions en deux groupes sur le futur et la stratégie à suivre pour QUAMED.
L’un des principaux points que l’on retiendra de cette réunion est certainement la grande satisfaction que les partenaires ont manifestée à l’égard du travail que QUAMED a réalisé. Les partenaires ont fait preuve d’un intérêt et d’un engagement fort vis à vis du projet, et leur niveau de compréhension du problème de la qualité des médicaments est nettement supérieur à ce qu’il était au début du projet. Il y a une cohésion croissance entre les membres du réseau, tant dans leur manière d’appréhender l’assurance qualité que sur un plan personnel, la réunion des partenaires étant chaque année un événement social important pour les partenaires comme pour l’équipe. Si quelques défis restent à surmonter, notamment sur le plan du financement, les partenaires comme les participants externes ont réaffirmé leur soutien à la méthode utilisée. Les partenaires ont confirmé la nécessité de ce projet unique pour améliorer rapidement la qualité de leur propre travail en matière d’approvisionnement pharmaceutique, et pour contribuer à la lutte contre les médicaments sous-standards, qui représentent un danger important pour la santé individuelle et publique dans les pays à ressources limitées.