Cette semaine, la Newsletter s’est appesantie sur la Problématique des ressources humaines pour la santé. Bangaly Doumbouya a écrit un éditorial très intéressant sur le sujet. Deux articles se penchent également sur ce problème. Il y a également un article sur la polio et l’exclusion sociale pour les indigents et leur accès aux soins.

Pour l’Equipe Editoriale

Basile Keugoung

 

Editorial- La fuite des cerveaux : les conditions économiques et sécuritaires « poussent-elles »  le personnel de santé hors des pays en développement?

Par Bangaly Doumbouya 

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Ressources humaines

1. BMJ- Les défis posés par la crise mondiale des ressources humaines en santé

Titre  original: Challenges posed by the global crisis in the Health Workforce

Auteurs : James Buchan, Jim Campbell

http://www.bmj.com/content/347/bmj.f6201

Par Jeanne Tamarelle

Peu de temps avant le Troisième Forum Mondial sur les Ressources Humaines en Santé, les auteurs James Buchan et Jim Campbell abordaient le thème multidimensionnel des Ressources Humaines en Santé. Contrairement à la croyance habituelle selon laquelle le problème est essentiellement quantitatif, James Buchan et Jim Campbell explorent d’autres dimensions du problème : la qualité, la location, la bonne gestion et la performance de ces ressources humaines.

Bien que le problème soit plus prononcé dans les pays en développement, les pays développés subissent aussi les effets de cette crise des ressources humaines en santé. En particulier, la crise financière de 2008 a généré un changement de tendance : les dépenses en santé ont commencé à diminuer dans tous les pays de l’OCDE, sauf au Japon et en Israël.

S’ajoute à ce problème de dépenses celui du vieillissement des populations, d’un part l’augmentation du nombre de personnes âgées accroit la demande de soins et d’autre part les ressources humaines en santé vieillissent aussi, posant la question du renouvellement de cette force de travail. Selon la Commission Européenne, l’Union Européenne fera face à un possible déficit dans sa force de travail d’ici à 2020.

Les auteurs de cet article identifient les problèmes suivants :

– Les médecins sont soit au mauvais endroit, soit dans la mauvaise spécialité, et la distribution des spécialités ne correspond pas aux besoins de la population

– Le nombre d’infirmières, infirmiers, et sages-femmes est en forte baisse

– Les travailleurs de la santé ne sont pas incités à rester et beaucoup de pays font face à une émigration de leur force de travail en santé, par manque de politique adéquate et de financement

– Il existe peu de mécanismes pour l’amélioration de la performance de cette force de travail.

 

Les possibles solutions que l’on peut dégager de l’article sont essentiellement les suivantes :

– Une meilleure planification de la force de travail, à la fois territoriale afin de répartir cette force de travail dans les endroits où elle manque et à la fois en terme de spécialisation afin d’éviter la concentration des spécialistes dans la capitale et le surnombre de médecins dans certaines spécialités quand il en manque dans d’autres spécialités ;

– Une meilleure coordination entre les besoins des employeurs et le système éducatif, ce qui suppose une meilleure gouvernance avec des fonctionnaires entièrement dédiés à « matcher » la demande et l’offre de ressources humaines en santé ;

– Des politiques publiques pour retenir la force de travail dans le pays avec un alignement des incitations ;

– Une meilleure gestion de la force de travail dans chaque entité d’offre de soins : meilleure utilisations des compétences, meilleur usage des doubles et triples compétences, amélioration des conditions de travail, meilleure intégration et travail d’équipe, tout ceci dans le but d’améliorer la performance des travailleurs de santé.

Les initiatives se multiplient pour analyser de manière comparative les différentes politiques publiques en matière de ressources humaines en santé (OCDE, Union Européenne, le pré-forum en Norvège) dans le but d’identifier les bonnes pratiques. La réponse à cette crise mondiale doit, en plus d’être nationale et régionale, être mondiale bien évidemment si l’on veut atteindre la couverture universelle de santé et réorienter l’offre de travailleurs de santé vers l’attention primaire de santé et les nouveaux défis des maladies chroniques qui affectent l’ensemble des pays du monde.

 

2. Renforcement des ressources humaines en Afrique: Une priorité pour la Banque Africaine de Développement

Titre original: Strengthening Health Workforce in Africa – A Priority for the AfDB

http://allafrica.com/stories/201311182366.html

Par Basile Keugoung

La problématique des ressources humaines a été discutée au 3e Forum Mondial sur les ressources humaines pour la santé qui avait réuni du 10 au 13 novembre 2013 au Brésil près de 2000 participants de 80 pays. Le thème était ‘Ressources humaines pour la santé : fondation pour la couverture sanitaire universelle et l’agenda de développement post-2015’.

L’un des objectifs était de susciter un engagement politique pour les ressources humaines en santé pour accélérer le progrès vers la couverture sanitaire universelle. Pour Agnès Soucat, Directrice du développement humain à la Banque Africaine de Développement, ‘une approche globale est nécessaire pour comprendre les forces qui influencent l’offre et la demande des ressources humaines. Ceci est particulièrement important pour l’Afrique qui a une charge morbide élevée et une faible densité en ressources humaines’.

La stratégie 2013-2022 de la Banque repose sur le l’utilisation des compétences et l’utilisation des technologies pour développer le capital humain et ainsi créer des opportunités pour une croissance harmonieuse.

Les problèmes des ressources humaines en Afrique sont causés par des curricula de formation dépassés, une rémunération médiocre, et l’absence de plans de carrière. En Ouganda, la Banque Africaine de Développement a investi 98 million US$ à l’hôpital de Mulago pour qu’il devienne un centre d’excellence de formation et d’offre de soins et services de santé.

 

Polio

 3. NEJM – Aucun pays n’est en sécurité sans l’éradication mondiale  de la polio

Titre original : No Country Is Safe without Global Eradication of Poliomyelitis

Trevor Mundel et al.;

http://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMe1311591?query=featured_home

Par Laure Fotso

Depuis l’adoption de l’objectif de l’éradication mondiale de la poliomyélite en 1988, l’incidence de cette maladie a été réduite de plus de 99 %, et seuls trois pays –Pakistan, Nigeria et Afghanistan – restent encore endémiques. De plus, seul le poliovirus sauvage de type1 reste en circulation. En effet, le dernier cas naturel du type 2 ayant été détecté en 1999 et le type 3, sans nouveau cas détectés au 31 Octobre 2013 est considéré en voie d’éradication.

Il est à relever qu’aussi longtemps que les poliovirus circuleront dans le monde, aucun pays, même ceux déclarés comme exempts de poliomyélite ne seront pas épargnés. C’est le cas de la Chine qui n’ayant pas signalé de cas depuis 1994, a été victime d’une grave épidémie en 2011. Le pays a eu besoin à peine d’un mois pour contenir l’épidémie. Pour cela, une campagne de vaccination de masse utilisant le vaccin antipoliomyélitique oral trivalent a été lancée dans les 3 semaines suivant la confirmation de l’éclosion. Il a fallu un total de 5 campagnes de masse, 43,7 million de doses de vaccin, environ 26 million US$ pour s’assurer que les poliovirus ont été véritablement éliminés. Des situations semblables se sont avérées beaucoup plus difficiles à gérer dans les pays pauvres, notamment lors de l’importation du poliovirus dans la Corne de l’Afrique et du Moyen-Orient. En effet, cette année, l’importation du virus provenant des pays réservoirs vers les zones qui avaient été libres de poliovirus sauvage a eu lieu dans au moins six pays : la Somalie, le Kenya, l’Ethiopie, la Syrie, le Cameroun, et Israël.

L’Initiative mondiale pour l’éradication de la poliomyélite (IMEP) a élaboré un plan stratégique complet visant à interrompre toute transmission du poliovirus sauvage d’ici la fin de 2014 et de certifier le monde exempt de poliomyélite en 2018. C’est ainsi que plusieurs actions clés sont à entreprendre parmi lesquelles le remplacement du vaccin actuel antipoliomyélitique oral trivalent avec un vaccin bivalent contenant uniquement les types de virus 1 et 3. L’un des bénéfices du vaccin antipoliomyélitique oral bivalent (contre le vaccin trivalent) est qu’il permettrait d’améliorer l’immunogénicité contre la poliovirus de types 1 et 3. Au-delà de ses nombreux avantages ayant contribués à une avancée notable dans l’éradication de la poliomyélite,  le vaccin anti poliomyélite par voie orale est connu pour causer la paralysie. Supprimer le vaccin antipoliomyélitique oral type 2 devrait réduire la poliomyélite paralytique et des cas associés au vaccin  d’environ 40 % et plus de 95%, respectivement.

Le coût estimatif du plan stratégique 2013-2018 de l’IMEP est d’environ 5,5 milliard US$. Il s’agit clairement d’un investissement important, mais les coûts humains d’une résurgence de la poliomyélite sont incalculables.
Le succès des efforts d’éradication depuis plus de deux décennies a prouvé que nous pouvons terminer le travail. La vraie leçon de l’épidémie en Chine, est que tous les pays sont vulnérables à la réimportation de la poliomyélite. Sans aucun doute, la meilleure défense contre la poliovirus est une bonne attaque qui éliminerait le virus des réservoirs restants et éradiquerait la maladie.

 

Politiques et Financement de la santé

4. International journal for equity in health – Lack of access to health care for African indigents: a social exclusion perspective

Werner Soors et al.;

http://www.equityhealthj.com/content/12/1/91

Par Basile Keugoung

L’exclusion des soins est une situation persistante de beaucoup d’indigents en Afrique, pour qui l’approche technique qui cible les pauvres est insuffisante. Une approche technique et politique est indispensable. Mais cela exige une appui politique et un alignement des acteurs nationaux et internationaux. Nous avons exploré l’analyse du cadre conceptuel qui aboutit à l’exclusion pourrait aboutir à cet alignement.

Une revue de la littérature a été faite sur 3 thèmes : l’exclusion sociale, le processus politique et l’indigence en Afrique et leurs interactions. Nous avons analysé comment le concept d’exclusion sociale a évolué, puis sa pertinence dans les pays à faible revenu, et nous avons appliqué cette perspective à l’Afrique, ses indigents et leur absence d’accès aux soins.

Le concept d’exclusion sociale a pris deux décennies pour être accepté dans les cercles politiques mondiales. Un scepticisme initial qui doutait de sa pertinence pour les pays à faible revenu laisse la place à son universalisme. Toutefois, sa mise en œuvre est encore limitée en Afrique pour plusieurs raisons. En plus, l’exclusion sociale comme source de pauvreté et d’iniquité est évidente surtout pour les indigents en Afrique.

Le concept d’exclusion sociale offre un cadre conceptuel utile pour comprendre l’origine et la persistance des problèmes d’accès aux soins que rencontrent les indigents et pour générer un agenda politique nécessaire à la mise en place d’une approche intégrée et globale d’accès aux soins pour tous.

 

5. Conférence de Ouagadougou sur les politiques d’exemption pour les services de santé maternelle

Source: COP Financial Access to Health Services.

La conférence de Ouaga qui a débuté depuis lundi bat son plein avec des présentations de haute qualité et de profonds débats entre chercheurs, décideurs de haut niveau, acteurs de mie en œuvre et agences d’aide.

Comme il est de tradition dans notre CoP, nous essayons toujours de faire vivre à ceux qui n’ont pas pu effectuer le déplacement quelques moments fort.

Vous trouverez en attachée une première synthèse des débats effectués durant la session consacrée sur « Trois ans de mise en œuvre de la politique de gratuité de la césarienne dans cinq zones sanitaires du Bénin » (Merci à Rodrigue et Abdou qui l’ont préparé).

Vous pouvez également accéder aux présentations de la première journée sous l’onglet « Biblithèque », « Atelier Ouagadougou Nov 2013 Politique Exemption Service Santé Maternelle ».

 

 

 

 

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