Par Basile Keugoung
Les Chefs d’Etat et de gouvernement de 25 pays d’Afrique sub-saharienne appartenant au Golfe de Guinée se sont réunis les 24 et 25 juin 2013 à Yaoundé pour débattre de la sécurité maritime dans le Golfe de Guinée.
Il convient de souligner qu’en 2012, plus de 200 attaques maritimes ont été perpétrés dans le Golfe de Guinée. Mais il y a une faible médiatisation comparée aux attaques dans le Golfe d’Aden près de la Somalie.
Ces attaques menaces le transport maritime dont dépendent non seulement les pays côtiers, mais ceux qui n’ont pas accès à la mer et dont leurs importations passent par la mer.
Les pays ont convenu de mettre en place des mécanismes de sécurité communs à travers une coordination centrale dont le siège sera basé à Yaoundé.
Au-delà de la sécurité, cette commission pourrait contribuer à la régulation du transport maritime dans la sous-région de l’Afrique centrale et de l’Ouest. Ceci à travers la détection de bateaux ayant des chargements illicites tels que les faux médicaments ou les produits toxiques et la vérification des exportations.
Pour y parvenir, les pays devraient s’inscrire dans la voie de la bonne gouvernance. Car cette traçabilité des mouvements maritime indispensable à la lutte contre la piraterie nécessité une transparence dans les importations et les exportations nationales. En effet, si les gouvernements font des fausses déclarations par exemple d’exportation de pétrole ou de minerais, il serait difficile à la commission d’avoir une carte réelle des transactions maritimes dans la sous-région. Il s’agit d’une question de souveraineté que chaque pays devrait abandonner pour que le travail de la commission soit effectif.
Certains gouvernements peuvent être considérés comme des pirates pour leur propre pays. Notamment, toutes les quantités de minerais ou de pétrole exportées ne sont pas toujours déclarées comme recettes budgétaires et seule une partie entre dans le budget de l’Etat. Ceci prive les populations de ressources importantes qui auraient pu servir au financement de services sociaux tels que l’éducation et la santé. Bien que cette partie de l’Afrique sub-saharienne regorge d’importantes ressources minières et pétrolières qui sont exploitées depuis des décennies, les populations restent désespérément pauvres. En plus, l’exploitation même de ces ressources naturelles ne respecte pas souvent les conditions minimales de sécurité sanitaire. Les nappes phréatiques sont polluées et les sols deviennent impropres à l’agriculture. Les forêts sont décimées sans qu’il y ait la moindre route, encore moins un centre de santé ou une école dans le village.
Bien que la piraterie maritime soit un phénomène mondial, la pauvreté des populations locales crée des conditions idoines pour la constitution de groupes de pirates.
La bonne gouvernance et l’implication des populations locales et de la société civile à la gestion des ressources naturelles garantiraient la transparence et la bonne utilisation des fonds générés. On aurait alors une répartition de ressources plus équitables, une meilleure insertion sociale des populations et une plus grande sécurité interne. Cette sécurité interne est une condition pour avoir une sécurité maritime.