Par Bangaly Doumbouya

Le terme « tabagisme » est à l’origine un terme médical désignant l’intoxication aiguë ou chronique provoquée par l’abus du tabac. Par extension, il désigne également la consommation de tabac en général. La dangerosité du tabagisme en a fait depuis la fin du XXe siècle un enjeu de santé publique dans de nombreux pays.

Un moyen efficace de réduire le tabagisme

Lors d’un communiqué de presse, le Docteur Margaret Chan, Directeur Général de l’OMS, a déclaré que  «Les gouvernements doivent avoir comme priorité absolue de mettre un terme à la manipulation éhontée à laquelle se livre l’industrie du tabac auprès des jeunes et des femmes, en particulier en vue de recruter la prochaine génération d’accros à la nicotine». Par cette déclaration, l’OMS appelle les pays,  à interdire toutes les formes de publicité en faveur du tabac, de promotion et de parrainage en vue de contribuer à réduire le nombre de consommateurs de tabac. Cela est réaffirmé par le Dr Douglas Bettcher, Directeur du Département OMS Prévention des maladies non transmissibles, qui précise que «L’interdiction de la publicité en faveur du tabac, de la promotion et du parrainage est l’une des meilleures manières d’éviter que les jeunes gens ne commencent à fumer et de réduire la consommation de tabac dans l’ensemble de la population».

Ces interdictions sont l’un des moyens les plus efficaces de réduire la consommation de tabac. En  croire des études, dans les pays qui ont déjà pris de telles mesures, la consommation a baissé de 7% en moyenne. L’on indique qu’un tiers environ des jeunes qui essayent le tabac le font car ils ont été exposés à la publicité, à la promotion et au parrainage en faveur de ce produit. Dans le monde, 78% des jeunes âgés de 13 à 15 ans déclarent être régulièrement confrontés à une forme ou l’autre de ces pratiques. Une étude récente sur le tabagisme en Turquie indique que l’interdiction de la publicité, de la promotion et du parrainage, associée à d’autres mesures de lutte antitabac, a contribué à réduire le tabagisme de plus de 13% depuis 2008, soit une baisse de 1,2 million du nombre de consommateurs de tabac. 

Où en est la mise en œuvre de cette interdiction par les pays ?

Pour témoigner de sa volonté de prendre des mesures énergiques de réduire le tabagisme, l’OMS a adopté en 2003, une Convention cadre dite de l’OMS pour la lutte antitabac. Ce traité compte désormais 176 parties couvrant 88% de la population. Cette convention cadre impose aux pays signataires d’instaurer une interdiction globale de toute publicité en faveur du tabac et de toute promotion et de tout parrainage du tabac dans les cinq années suivant l’entrée en vigueur de ladite Convention.

Le rapport de l’OMS sur l’épidémie mondiale de tabagisme 2011, montre que seuls 19 pays – abritant à peine 6% de la population mondiale sont parvenus aux résultats les plus élevés dans l’interdiction de la publicité en faveur du tabac, de la promotion et du parrainage. Plus d’un tiers des pays ont des restrictions minimes, ou n’en imposent aucune.

Parmi les pays qui accomplissent les plus grands progrès dans l’interdiction des dernières formes de publicité figurent l’Albanie, le Brésil, la Colombie, le Ghana, l’Iran, Maurice, Panama et le Vietnam.

Les rapports 2012 de l’OMS sur les progrès mondiaux réalisés dans la mise œuvre de la convention cadre, indique que 83 pays ont déjà instauré une interdiction globale.

Le Comité National Contre le Tabagisme a récemment dénoncé l’influence qu’exerce l’industrie du tabac en France sur les politiques de santé publique et demande un engagement clair des pouvoirs publics sur l’article 5.3 du traité de l’OMS visant à se prémunir de cette ingérence.

Le lancement d’une nouvelle grande manifestation internationale (« le World Tobacco Turkey 2013 ») en Turquie visant à développer les marchés du tabac, a été annulé à la dernière minute grâce à une action coordonnée et exemplaire de la société civile alertant les pouvoirs publics turcs.

Il faut retenir qu’en définitive, quelque soit le stade où nous sommes dans la lutte mondiale antitabac, ne perdons pas de vue la nécessité de vite prendre conscience que le tabac tue pas moins de la moitié des personnes qui en consomment ; et qu’on estime d’ici à 2030, que le tabac tuera chaque année plus de 8 millions de personnes, quatre sur cinq de ces décès intervenant dans les pays à revenu faible ou intermédiaire ; et que le tabac est un facteur de risque majeur pour des maladies non transmissibles telles que le cancer, les maladies cardio-vasculaires, le diabète et les affections respiratoires chroniques.

 

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