L’OMS a publié une information intéressante qui va changer l’organisation des services de vaccination. Une seule dose de vaccin antiamaril est nécessaire pour une protection à vie. L’OMS a aussi publié les statistiques sanitaires 2013. La santé mentale et les maladies chroniques non transmissibles et le VIH constituent le menu de cette semaine.
Bonne lecture
L’Equipe éditoriale
Editorial-Renforcement des districts de santé : Tout le monde en parle mais… les districts restent faibles
Par Basile Keugoung
OMS
1. OMS-La dose de rappel du vaccin contre la fièvre jaune est inutile
Titre original : Yellow fever vaccination booster not needed
http://www.who.int/mediacentre/news/releases/2013/yellow_fever_20130517/en/index.html
Par Basile Keugoung
La dose de rappel faite après 10 ans du vaccin contre la fièvre jaune n’est pas nécessaire. Un article publié dans le Bulletin de l’OMS Weekly Epidemiological Record (WER) du 17 mai 2013 révèle que le Groupe d’Experts sur l’Immunisation a revu et a révisé l’évidence et a conclu qu’une dose unique du vaccine antiamaril est suffisance pour offrir une protection à vie contre la fièvre jaune. Ainsi, « Une dose unique de vaccin antiamaril suffit à conférer une immunité durable et une protection à vie contre la fièvre jaune et il est inutile d’administrer une dose de rappel ».
« Avant cette note de l’OMS, le rappel du vaccin contre la fièvre jaune devrait être fait 10 ans après la vaccination » a souligné Dr Helen Rees, Présent du Groupe d’Experts. Ceci est important pour les pays endémiques qui vont reconsidérer leur calendrier de vaccination et les voyageurs.
La fièvre jaune est encore endémique dans 44 pays tropicaux d’Afrique et d’Amérique. Chaque année, environ 200000 cas de fièvre jaune sont diagnostiqués, dont 15% présentent la forme grave qui cause le décès dans la moitié des cas. La majorité des cas et des décès surviennent en Afrique sub-saharienne.
Le vaccin assure l’immunité dans les 30 jours qui suivent la vaccination chez 99% de personnes vaccinées. La dose de vaccin coûte 0,82 US$.
2. WHO – Statistiques sanitaires mondiales 2013
Titre original: World Health Statistics 2013
L’OMS a publié les statistiques sanitaires mondiales 2013. Le Rapport note que des progrès importants ont été réalisés en 2011 notamment sur la réduction de la mortalité infantile et la charge morbide de la tuberculose. Certains pays tels que Madagascar, Rwanda, et Sénégal ont réduit de façon considérable leurs taux de mortalité infantile, mais la diminution globale est encore faible pour que les OMD soient atteints.
Pour le VIH, les nouvelles infections augmentent malheureusement dans les pays à faible prévalence.
Santé mentale
3. Plos – Grand Challenges: Intégration de la santé mentale dans l’agenda des maladies non transmissibles
Titre original : Integrating Mental Health Care into the Non-Communicable Disease Agenda
Victoria Ngo et al.;
http://www.plosmedicine.org/article/
Par Basile Keugoung
Les maladies chroniques non transmissibles et les maladies mentales constituent une large charge morbide dans le monde et agissent ensemble face. Les modèles collaboratifs dans lesquels les soins pour les maladies mentales et les maladies chroniques non transmissibles sont intégrés et offerts dans les structures de soins de santé primaires sont efficaces pour les patients, renforcent les systèmes de santé et réduisent les coûts.
L’utilisation des relais communautaires pour faire face à la pénurie de spécialistes, de médecins et d’infirmiers peuvent permettre d’offrir les soins aux patients mais présentent des défis en termes de formation et de coordination. Par conséquent les modèles collaboratifs doivent être adaptés au contexte.
Les auteurs proposent des stratégies pour faire face aux maladies chroniques non transmissibles. Il s’agit de :
– Développer les interventions pour lutter contre les maladies non transmissibles
– Intégrer la santé mentale dans l’agenda des maladies chroniques non transmissibles pour faire face aux deux problèmes de santé et assurer leur prise en charge tout au long de la vie
– Développer des plateformes de soins de santé primaires intégratifs et des approches collaboratives pour la prise en charge de comorbidités
– Utiliser les approches collaboratives dans les soins de santé primaires
– Promouvoir la délégation et le partage des tâches pour des interventions basées sur l’évidence
– Tenir compte du contexte social, politique, culturel et du système de santé pour développer des interventions faisables et pérennes
– Augmenter les financements pour les soins de santé primaires et la santé mentale et pour la recherche pour la mise l’échelle des interventions jugées efficaces et meilleures pour la prise en charge des maladies non transmissibles et de la santé mentale.
Politiques et Financement de la santé
4. Grandir info – Suivi des enfants exposés : savoir interpréter un résultat virologique négatif
Dr Paule Soro, Dr David Masson, Caroline Tran et Réjane Zio
Par Bangaly Doumbouya
Malgré un accès au diagnostic du VIH par PCR encore réduit et souvent intermittent, de plus en plus de nourrissons en Afrique sub-saharienne bénéficient d’un dépistage précoce par ce test. Suivant les recommandations de l’OMS, la plupart des protocoles nationaux recommandent de tester les nourrissons à 6 semaines de vie.
En pratique, l’examen est le plus souvent réalisé à partir d’échantillons sur papier buvard (Dried Blood Spots ou DBS) prélevés par une piqûre au talon. Il existe deux techniques virologiques pour faire le diagnostic de l’infection : la mesure de l’ARN viral plasmatique ou la mesure de l’ADN dans les cellules mononuclées du sang périphérique (lymphocytes CD4 par exemple). Ces deux techniques permettent d’affirmer le diagnostic et ont des sensibilités et des spécificités comparables. La spécificité est excellente, supérieure à 99%, y compris dans les premiers jours de vie. Ce qui signifie qu’il n’y a quasiment aucun risque de faux positifs : lorsqu’un résultat est positif, le nourrisson doit être considéré comme infecté. Certains algorithmes nationaux préconisent un contrôle lorsque le résultat est positif, mais le traitement ARV doit être débuté dès que possible après un premier résultat positif. La sensibilité est en revanche parfois prise en défaut. Ce qui signifie qu’il existe des risques de faux négatifs, notamment si le diagnostic précoce est réalisé juste après la naissance ou autour de 1 mois de vie. Ces « faux négatifs » sont notamment observés en cas de test réalisé très précocement après la naissance et chez un nouveau-né qui a été infecté en toute fin de grossesse ou pendant l’accouchement.
Dans les études, le taux de faux négatifs, entre 4 et 6 semaines de vie, varie entre 4 et 11%, bien que le seuil de détectabilité des examens, dans ces études, soit de 50 copies/ml. Or, le seuil de détectabilité des PCR réalisées sur DBS est plutôt de l’ordre de 5.000 copies par ml (étude Pedi test DBS). Ce défaut de sensibilité pourrait être majoré par le traitement préventif administré au nourrisson. En effet, la charge virale a tendance à diminuer sous ARV (de façon plus sensible sous trithérapie que sous monothérapie), et la prophylaxie néonatale pourrait ainsi « négativer » transitoirement la PCR chez certains nouveau-nés et petits nourrissons. En dehors des limites de sensibilité liées à des charges virales basses, ces tests sont par ailleurs pris en défaut en cas d’infection par le VIH-2 (présent surtout en Afrique de l’Ouest) et – pour certaines techniques – pour les infections par le VIH-1 du groupe O (présent surtout au Cameroun, où il concerne environ 1% des infections par le VIH-1, et ses pays limitrophes – Gabon, Nigeria, Guinée équatoriale, Congo).
Il convient donc de rester prudent lorsque l’on rend un résultat négatif de PCR faite à 6 semaines :
– Pour les nourrissons sous SLM depuis la naissance : un suivi clinique rapproché reste justifié et devant une évolution évocatrice d’infection par le VIH, la répétition de la PCR est indiquée. A partir de l’âge de 3 mois, toutes les études montrent que la sensibilité de la PCR, pour les VIH- 1 du groupe M, est de 100%.
– Malgré la faible fréquence d’infections pédiatriques dues au VIH-2 ou au VIH-1 du groupe O, une dissociation entre la clinique et les résultats virologiques devrait amener à évoquer la possibilité d’une infection par un virus «inhabituel». Dans ce cas, même en l’absence de possibilité de confirmation virologique immédiate, il faudrait envisager de débuter un traitement antirétroviral présomptif et confirmer ultérieurement par des examens virologiques spécifiques ou par une sérologie à 18 mois
– Pour les nourrissons sous allaitement maternel protégé, bien entendu, le suivi s’impose jusqu’au sevrage, avec un contrôle (sérologie ou PCR selon l’âge) 6 à 8 semaines après celui-ci.