Chers Lecteurs,

Cette semaine, nous vous proposons un éditorial sur la contrefaçon. En effet, le scandale de la viande de cheval étiquetée viande de bœuf n’est que l’iceberg d’un phénomène mondial qui touche tous les biens et services et tous les secteurs d’activités. Ce phénomène contribue à appauvrir davantage les pays pauvres. Nous pensons que la contrefaçon devrait être inscrite sur la liste des crimes contre l’humanité.

Ensuite, nous vous proposons un article sur la place de l’OMS et les programmes de contrôle des maladies, un deuxième article revient sur le débat concernant l’initiation des antirétroviraux. Puis le 3e article est le manifeste qui a suivi la Conférence d’Arusha sur la santé maternelle. Enfin, le 4e article discute de l’utilisation de l’évidence produite dans les pays développés pour élaborer les stratégies de contrôle des maladies non transmissibles dans les pays à faible et à moyen revenu.

L’équipe éditoriale

 

Editorial-Quand la contrefaçon gagne la santé mondiale, les pays pauvres souffrent davantage

Par Basile Keugoung

Fausse viande, faux médicaments, fausses étiquettes, … bref faux produits, le libéralisme montre aujourd’hui ses limites pour garantir la sécurité et la santé du consommateur. Le scandale de la viande de cheval fait aujourd’hui la Une des journaux.

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OMS

1. Lancet-L’OMS et le futur des programmes de contrôle des maladies

Dye et al ;

http://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(12)61812-1/abstract

Titre original: WHO and the future of disease control programmes

Une importante augmentation de financement pour la santé mondiale depuis les deux dernières décennies a abouti à une prolifération de bailleurs, de partenaires et d’organisation en charge de la santé. Pour la même période, la charge mondiale des maladies non transmissibles et même transmissibles a augmenté. Dans ce contexte changeant, les programmes nationaux de contrôle du VIH/SIDA, de la tuberculose, du paludisme, et des maladies tropicales négligées devraient être renforcés et adaptés pour trois raisons :

– La charge morbide de ces maladies transmissibles reste élevée

– Les programmes de contrôle des maladies ont un rôle intégral de renforcement des systèmes de santé

– Les bénéfices des programmes vont au-delà de la lutte contre les infections spécifiques

Le rôle traditionnel de l’OMS de promotion des programmes de contrôle des maladies devrait s’adapter aux nouvelles circonstances. Du fait de la multiplicité des acteurs, la place de l’OMS devrait être de renforcer son rôle normatif de leader, de coordinateur, de moniteur, d’élaborateur de normes pour favoriser une meilleure cohérence en santé mondiale.

Par Basile Keugoung

 

VIH/SIDA

2. NEJM (Perspective) – When to Start ART in Africa — An Urgent Research Priority

Kevin M. De Cock et al.

http://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMp1300458?query=featured_home

 Plus de 8 million de personnes ont reçu les ARV au cours de la dernière décennie. En 2011, 34 million de personnes vivaient avec le VIH, 6,8 million qui étaient éligibles n’ont pas pu être mises sous ARV. On a eu 2,5 million de nouvelles infections et 1,7 million de décès dus aux maladies liées au VIH/SIDA.

Le long débat concernant le moment approprié pour l’initiation des ARV s’est intensifié avec les résultats d’une étude qui montre le bénéfice d’utiliser les ARV comme traitement préventif. En effet, ils réduisent la charge virale et le fait d’être infectieux quand ils sont pris suffisamment tôt ; ce qui a amorcé la discussion sur l’approche  «Tester et Traiter » qui prône d’initier immédiatement le traitement par les ARV chez toute personne testée VIH +. Mais la question fondamentale reste, quel sera le bénéfice pour la santé de la personne VIH + qui va prendre un traitement préventif en Afrique Sub-Saharienne ?

Au milieu des années 90, l’approche  « frapper tôt et fort » du protocole des USA a eu de meilleurs résultats au début, mais les effets indésirables et la résistance à ces médicaments y ont mis un frein, d’où l’utilisation des tests de CD4 pour l’initiation des ARV lorsque le compte est inférieur à 200 cellules/mm³. Avec le temps ce seuil a régulièrement évolué et sur la base des opinions des experts, et ceci depuis 2012, les USA mettent sous ARV toute personne testée VIH +. Il est aussi prouvé que, lorsque les ARV sont initiés lorsque le taux de CD4 est à 350 cellules/mm³, les résultats sont nettement meilleurs que lorsqu’il se situe en dessous de 200 cellules/mm³.

Plus des 2/3 des personnes VIH + se retrouvent en Afrique Sub-Saharienne où les systèmes de santé sont fragiles ; Il y a un manque de ressources humaines et d’infrastructures, et la fiscalité y fait lit. Le spectre du SIDA varie beaucoup, ce qui est vrai pour les pays industrialisés ne l’est pas forcément pour les pays d’Afrique sub-saharienne. Une étude doit être entreprise en Afrique pour déterminer quand initier un traitement ARV qui aura un bénéfice maximal pour le concerné et ainsi lever cette incertitude concernant l’initiation des ARV. Les décisions motivées des personnes VIH + à suivre telle ou telle approche en dépendraient aussi.

 Par Gaston Wamba

 

Santé maternelle

3. Lancet (Comment) – A manifesto for maternal health post-2015

Ana Langer et al.;

http://www.lancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(13)60259-7/fulltext

Du 15 au 17 janvier 2013, plus de 800 experts en matière de santé maternelle se sont réunis à Arusha, en Tanzanie, afin de présenter les dernières données sur l’amélioration de la qualité des soins dispensés aux femmes pendant la grossesse et l’accouchement.

Mais avec l’approchement de la fin en 2015 des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), un moment d’incertitude plane sur l’avenir de plus de 200 million de femmes qui tombent enceintes chaque année. Alors que le monde se dirige vers la prochaine série d’objectifs de développement : Est-ce que les acquis du passé pour les femmes seront protégés, et les investissements non achevés pour l’avenir peuvent-ils être redressés ? En tant que contribution au processus de redéfinition du développement humain pour les femmes à partir de 2015, les participants à la conférence d’Arusha ont rédigé un manifeste pour la santé maternelle basé sur les meilleures données disponibles, les leçons de la maternité sans risque des 25 dernières années, et l’expérience plus récente de la réalisation des OMD. Les auteurs ont exprimé leur souhait d’animer un débat autour de ce manifeste.

Panel : Un manifeste pour la santé maternelle

  • La communauté de santé mondiale doit s’appuyer sur les réussites passées et accélérer les progrès vers la réduction de la mortalité maternelle évitable dans un délai limité. À cette fin, un objectif nouveau et ambitieux pour la réduction de la mortalité maternelle est nécessaire dans le cadre des objectifs de développement pour l’après-2015, qui est dirigé et détenu par les pays non donateurs.
  • Cet objectif sur la mortalité maternelle doit être élargi pour englober la réalisation progressive des droits politiques, économiques et sociaux des femmes.
  • Avec le déclin de la mortalité maternelle, le monde doit maintenant se concentrer sur la prévention et le traitement de la morbidité maternelle, la mesure de ce qui est difficile, mais essentiel pour s’attaquer à la santé, la productivité et la dignité des femmes concernées.
  • Le cadre réussi de la continuité des soins doit être redéfini pour rendre les femmes plus au centre de nos notions de santé reproductive, maternelle, néonatale et infantile. La continuité des services, la qualité des soins, l’intégration avec le VIH et le paludisme, les maladies non transmissibles et les déterminants sociaux de la santé.
  • La communauté sanitaire mondiale doit concevoir un mécanisme de financement permettant d’aider les pays à mettre en œuvre leurs plans visant à réduire la mortalité maternelle et améliorer la santé sexuelle et reproductive.
  • Une attention plus grande doit être mise sur l’atteinte des femmes invisibles qui sont socialement exclues en raison de la culture, la géographie, l’éducation, le handicap, et d’autres forces motrices de l’invisibilité.
  • Un élément extrêmement important pour s’occuper de la santé des femmes et des besoins est l’attention pour l’amélioration globale de la qualité des soins. Le respect des soins de santé maternelle pour toutes les femmes est un impératif éthique, pas une option.
  •  La communauté de la santé maternelle doit inviter, et incorporer les voix des femmes elles-mêmes dans l’écriture de l’avenir de la santé maternelle. Trop souvent, les voix des femmes sont réduites au silence, ignorées ou signalées que de second rang. Les femmes doivent avoir la plate-forme et le pouvoir de façonner leur propre avenir dans la façon dont elles le souhaitent.
  • Pour la mère, son enfant nouveau-né est une partie précieuse et indissociable de sa vie et de son avenir. La santé maternelle ne peut pas être pleinement prise en compte, sans attaquer le nombre effrayant mondial de la prématurité, de mortinatalité et de décès évitables de nouveau-nés.
  •  Un écart important qui menace la santé des femmes et des mères dans l’avenir est l’échec catastrophique du manque d’informations fiables sur les décès maternels. Cette lacune dans la mesure, l’information et la reddition de comptes doit être une priorité pour le post-2015.
  •  Une formidable opportunité réside dans la technologie. Technologies de la santé mobiles et électroniques doivent s’assurer que les femmes sont reliées au système de santé de manière efficace et en toute sécurité, de l’éducation aux situations d’urgence, orientation vers des soins prénatals de routine de sages-femmes qualifiées.
  • La mise en place des technologies appropriées dans les mains des femmes offre une formidable opportunité de faire de l’autonomisation de ces femmes une réalité.
  • Enfin, nous devons répondre à toutes ces actions de manière durable, ce qui signifie que l’accès universel aux services de santé de qualité gratuitement au point de la demande au sein d’un système de santé solide, de soutien de la formation pour les professionnels de santé de premières ligne, de la planification familiale, à l’eau potable, à l’avortement sécurisé, et aux soins obstétriques d’urgence.

Agnes Binagwaho, ministre de la santé du Rwanda, a ouvert la conférence à Arusha en regardant en arrière au génocide qui a touché le Rwanda en 1994. “Nous avons cru en la promesse de notre avenir”, a-t-elle dit. La communauté de la santé maternelle, une partie essentielle du mouvement pour la santé des femmes et des enfants incorporés au niveau du Secrétariat général des Nations-Unies par l’initiative chaque femme, chaque enfant, aussi croit en la promesse d’un avenir pour les femmes et les mères. Ce manifeste est une contribution à cet avenir.

Par Bouchra Assarag

 

Politiques de santé

4. Plos – Lutte contre les maladies non transmissibles dans les pays à faible et moyen revenu : faut-il uniquement l’évidence des pays développés ?

Titre original :  Non-Communicable Diseases In Low- and Middle-Income Countries: Is the Evidence from High-Income Countries All We Need?

Shah Ebrahim, Neil Pearce, Liam Smeeth, Juan P. Casas, Shabbar Jaffar, Peter Piot

http://www.plosmedicine.org/article/info%3Adoi%2F10.1371%2Fjournal.pme

La diversité des causes des maladies non transmissibles (MNT) rendant difficile leur prévention, mener des études combinées dans les Pays à Faible et Moyen Revenu (PFMR) et dans les Pays à Haut Revenu (PHR) permettrait, en premier lieu, d’analyser efficacement les différents niveaux d’exposition et les associations de facteurs de risque. Par exemple, l’allaitement maternel semble réduire la pression artérielle et l’obésité des enfants dans les PHR. Une telle causalité  ne se vérifie pas dans les PFMR, ce qui indique que chaque MNT est le résultat de la combinaison de plusieurs facteurs de risque, eux-mêmes issus de déterminants économiques, sociaux et politiques. En outre, les pesticides n’étant pas considérés dangereux pour la santé dans les PHR, les expositions de grande ampleur dans les PFMR ont permis d’identifier leurs effets néfastes et d’encourager  leur contrôle au niveau mondial.

En deuxième lieu, il s’agirait d’identifier les mécanismes sous-jacents à l’origine des MNT, qui influencent les décisions du secteur public et privé relatives à l’agriculture, le commerce et l’environnement. Ainsi, la compréhension du fonctionnement de l’industrie du tabac dans les PHR a permis à l’OMS d’élaborer la Convention cadre pour la lutte antitabac préconisant des contre mesures actuellement appliquées dans les PFMR. Des recherches similaires sont nécessaires dans d’autres domaines, notamment l’alimentation, en recourant à de  nouvelles approches d’ordre macroéconomique.

Enfin, évaluer les interventions de prévention au sein des PFMR pourrait aider à constituer des programmes de prévention auprès des minorités ethniques dans les PHR.

La recherche privilégiée au détriment de l’action

La négation de l’importance des MNT afin de satisfaire des intérêts économiques et commerciaux aggrave les pertes de vies humaines, à travers la négligence de l’action au sein des PFMR, alors qu’il conviendrait d’apporter des réponses concrètes propres à des situations spécifiques.

Économie des MNT, recherche de financement

Les coûts des pertes économiques dues aux MNT, de l’ordre de plusieurs milliard de dollars par an, dépassent les coûts d’interventions efficaces de prévention, estimées à quelques  million de dollars par an.

La réunion de haut niveau de l’ONU sur les MNT a officiellement reconnu que les ressources qui leur sont affectées sont inadaptées à l’ampleur du problème, et a préconisé des chaînes nationales, bilatérales, régionales et multilatérales de financement. Il conviendrait toutefois de privilégier un financement national et la mise en application des résultats en recherche et développement est étroitement liée aux spécificités de chaque Etat. L’OMS a donc recommandé l’instauration de taxes sur l’alcool et le tabac, ainsi que l’amélioration de la collecte de telles recettes, afin de générer les ressources supplémentaires nécessaires. Compte tenu des difficultés des PFMR à développer des capacités de recherche appliquée, leurs programmes de lutte contre les MNT devraient prioriser la formation et les partenariats avec des institutions et chercheurs expérimentés. À cet effet, le Département du Royaume-Uni pour le développement international a souligné la contribution des MNT à la pauvreté et a lancé un programme de santé mentale dans plusieurs PFMR. Les agences internationales et bilatérales, les grands conseils nationaux de recherche en santé et les organismes caritatifs devraient publier leurs dépenses par catégories de MNT pour adapter leur contribution, afin de parvenir à réduire de 25% la mortalité due aux MNT en 2025, comme l’a préconisé une récente réunion de l’Assemblée générale de l’OMS.

Par Alma Benzaïd

 

 

 

 

 

 

 

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