Par Basile Keugoung

Fausse viande, faux médicaments, fausses étiquettes, … bref faux produits, le libéralisme montre aujourd’hui ses limites pour garantir la sécurité et la santé du consommateur. Le scandale de la viande de cheval fait aujourd’hui la Une des journaux. La recherche des bénéfices de plus en plus importants amène certains opérateurs à servir des produits contrefaits à leurs clients. Tous les secteurs sont concernés. Quelque soit le secteur dans lequel se produit le faux, la sécurité individuelle voire collective est menacée et par ricochet la santé.

Dans le secteur de la santé, toutes les composantes du système de santé sont affectées par le faux. Bien que le problème soit mondial, la situation est d’autant plus préoccupante quand les systèmes de santé sont faibles comme en Afrique sub-saharienne. En effet, les mécanismes de régulation y sont obsolètes voire inexistants.

Concernant les médicaments, on estime que 15% des médicaments vendus dans le monde sont contrefaits et que cette proportion atteint 50% dans certains pays d’Afrique sub-saharienne. Par exemple, un tiers voire la moitié des médicaments à base d’artésunate qui est le médicament recommandé pour la prise en charge du paludisme ne contenaient pas ce principe actif. Pour lutter contre l’épidémie de méningite au Niger, le pays avait malheureusement reçu des faux vaccins qui avaient été inoculés aux populations.

Les ressources humaines ne sont pas épargnées. Des personnes non qualifiées s’arrogent des titres et des compétences pour exercer et offrir des soins et services de santé aux populations. Egalement, les formations sanitaires poussent sans autorisation surtout en milieu urbain comme des champignons. Ces structures clandestines qui offrent des soins ne produisent pas de statistiques sanitaires. Par conséquent, les données sanitaires issues des formations sanitaires formelles ne couvrent pas la réalité.

La question du renforcement des systèmes de santé dans les pays à faible revenu se pose avec acuité. Cela permettrait d’améliorer la régulation et la gouvernance des systèmes de santé et par conséquent de combattre la contrefaçon. A défaut de ce renforcement, les pauvres payeront le lourd tribut de la contrefaçon et s’appauvriront davantage. En plus, les indicateurs sanitaires continueront à se détériorer en dépit des financements apportés. Les deux dernières décennies ont été marquées par une augmentation significative des financements internationaux pour la santé et surtout pour les programmes de contrôle des maladies. Mais si 30% à 50% des médicaments achetés à travers cet important investissement étaient contrefaits, cela pourrait en partie expliquer la persistance de la forte morbidité et mortalité liées à des affections que l’on peut prévenir et ou traiter.

Le mal est profond et la contrefaçon dans le secteur de la santé devrait être inscrite dans la liste des crimes contre l’humanité.

 

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