Chers Lecteurs,

la question du financement de la santé reste cruciale en Afrique sub-saharienne. Alain Iyeti de la RDC fait dans un éditorial l’analyse de la situation de son pays qui peut être transposée sans nul doute à la majorité des pays d’Afrique sub-saharienne. Les besoins s’accroissent et les ressources s’amenuisent.

Deux grands thèmes ont été inclus dans cette Lettre, les Politiques et financement de la santé puis la Santé maternelle et infantile.

Bonne lecture,

Basile Keugoung

 

Editorial

Le financement des systèmes de santé dans les pays à faible revenus: réflexions inspirées de la situation de la RDC

 par Alain M IYETI, Expert à la Direction d’Etudes, Ministère de la Santé Publique, RDC  

Les  pays à faible revenu sont confrontés depuis plusieurs décennies à d’énormes difficultés  financières pour répondre aux  besoins croissants de leurs populations dans le secteur de la santé. Cette situation s’est davantage compliquée avec l’actuelle crise financière internationale qui a amené de nombreux bailleurs à baisser voire annuler des appuis financiers apportés aux pays en voie de développement.

Lire ici

 


 

Politiques et financement de la santé

 

1.    UHC forward – La vie après les OMD

Titre original: Life after the MDGs

Julian Schweitzer ;

http://uhcforward.org

Les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), adoptés par l’Organisation des Nations-Unies (ONU) sont sans être abusif, en phase d’être rangés aux archives du moins si nous nous référons aux différents débats en cours actuellement et les initiatives qui se multiplient pour de nouvelles orientations après 2015. Notons au passage que depuis quelques mois, des critiques sont formulées à l’encontre des OMD qui pour certains, n’ont pas pris en compte  les questions clés du développement telles que le genre, les droits humains, l’environnement, offrant ainsi une vision verticale et fragmentée. Pour ce qui est du secteur de la santé, des bouleversements majeurs sont à prédire et certaines voix se sont levées contre la négligence observée sur des questions primordiales telles que le renforcement du système de santé. Si les critiques sont valables selon l’auteur de cet article Julian Schweitzer, les vraies questions à poser sont de savoir si les OMD ont réussi ou non à atteindre les objectifs de santé. Ont-ils mobilisé l’opinion publique mondiale? Ont-ils mobilisé des ressources suffisantes ?  Pour l’auteur la réponse à ces questions est d’examiner les tendances des principaux indicateurs sanitaires tels que la mortalité infantile et maternelle pour les décennies qui ont précédé la réalisation des OMD et de les comparer avec les tendances observées depuis 2000 pour voir si des progrès ont été réalisés.  Malheureusement, l’absence de cadre de référence lors de l’élaboration des  OMD ne permet pas d’avoir une meilleure lecture de ces progrès. Cependant, les OMD ont permis  l’explosion d’institutions, de fondations et de partenariats tels que le Fonds mondial, GAVI, l’ONUSIDA…, et une mobilisation accrue des ressources financières pour résoudre des problèmes insolubles dans les pays pauvres. Malgré les nombreux revers, des résultats ont été obtenus surtout en Afrique sub-saharienne où l’on enregistre une chute importante de la mortalité maternelle et infantile.  Pour l’auteur les objectifs post 2015, doivent tenir compte de la santé, plutôt que les soins de santé en prenant en compte les questions d’équité et de genre et sans oublier la couverture sanitaire universelle qui prend de plus en plus de place même si le processus pour aboutir à des accords définitifs est loin d’être achevé.  L’auteur se réjouit tout de même de la présence d’internet qui permettra de mener des consultations complètes sur internet avec un grand nombre de parties prenantes, donnant ainsi des voix à des centaines d’organisations de la société civile et aux professionnels qui avaient été en grande partie sans voix la dernière fois en 2000. Nous osons croire que l’Afrique sera représentée durant tout ce processus.

Par Morris Kouame

 

2.    Malaria matters – Have we reached a funding plateau for malaria?

Bill Briegel ;

http://malariamatters.org

En Février 2013, le Fonds Mondial de la lutte contre le SIDA, La Tuberculose et le Paludisme (FM) devait lancer son nouvel mécanisme de financement, ce qui a fait naitre un enthousiasme, bien que restreint.

Selon Karanja Kinyanjui, un observateur du FM, le financement par le FM du sous-secteur de la santé a progressé entre 2002 et 2010. L’aide pour la santé est passée de 4,4 à 18,4 milliard US$. Même avec cette augmentation, le paludisme n’a pas atteint les besoins requis.

En effet pour le paludisme, le plateau de financement a été atteint à un niveau qui n’est que la moitié du besoin annuel nécessaire aux pays pour atteindre la phase pré-éliminatoire.

L’annulation du Round 11 du FM il y a deux ans a eu un impact significatif sur les programmes de lutte contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme, surtout sur les volets réalisés par les Organisations de la Société Civile, comme le projet Scale Up (Passer à l’échelle) du paludisme dont le financement a été stoppé ou suspendu.

D’où la nécessité de tourner vers d’autres sources de financement, tout en sachant que celles-ci ne pourront pas remplacer le FM mais compléter ce dont il aura octroyé.

L’élimination du paludisme est un défi qui requiert le passage à l’échelle de manière globale par toutes les communautés.

Par Gaston Wamba

 

Santé maternelle et infantile

 

1.    Lancet (Editorial) – Famine: trop c’est trop

Titre original:  Hunger: enough is enough

http://www.lancet.com

Cet article est une interpellation  au gouvernement britannique  pour  une action sur la faim dans le monde en prévision du prochain sommet du G8 prévu en juin 2013 et ce autour d’une liste de conditions qui  permettraient de réduire la faim dans le monde.
L’auteur fait savoir qu’en dépit de la grande production de la nourriture à travers le monde, la faim a encore une emprise sur 14% de la population mondiale. La faim touche 868 million et tue 2 ,3 million d’enfants par an. C’est pour ces raisons qu’elle a été ciblée comme un objectif de développement du millénaire et fait l’objet d’une collaboration entre  plus de 100 organismes de bienfaisance et de groupes religieux.

Le monde produit assez de nourriture mais tout le monde n’a pas assez de nourriture pour survivre. Cette situation est due entre autres au déplacement  des agriculteurs  qui pouvaient nourrir les communautés mais dont les terres servent pour des cultures d’exportation (tels  biocarburants), la canalisation par les multinationales  du commerce de plus de la moitié de la planète vers des paradis fiscaux  au lieu de payer des impôts locaux.
Pour l’auteur, la faim est la conséquence de plusieurs facteurs, influencés par plusieurs acteurs, les organismes gouvernementaux et les sociétés ayant des intérêts distincts. La sécurité alimentaire implique donc de nombreux leviers. Les avantages sociaux et économiques de la lutte contre la faim sont considérables, comme le montre l’exemple de la Chine.
En conclusion, il est possible d’avoir assez de nourriture pour tout le monde si les dirigeants du monde se mobilisent pour la sécurité alimentaire. L’appel est lancé au G8 de transformer la vision sur  l’accès universel à l’alimentation en une obligation dans le cadre de l’aide au développement.

 par Alain Iyeti

 

2.    HP&P (Systematic Review) – Impact des paiements directs sur l’utilisation des services de santé maternels et les indicateurs de santé : revue systématique

Titre original : Impact of user fees on maternal health service utilization and related health outcomes: a systematic review

Susie Dzakpasu et al.;

http://heapol.oxfordjournals.org

L’objectif de cette revue systémique est d’évaluer les preuves de l’impact de la tarification sur l’utilisation des services de santé maternels et les résultats liés à la santé dans les pays à faible et moyen revenu, ainsi que leur impact sur les inégalités dans ces résultats.

La méthode utilisée dans cette recherche est d’identifier en adaptant une stratégie de recherche à partir d’un examen systématique. Les études primaires de n’importe quelle conception ont été incluses si elles rapportaient l’effet des modifications tarifaires sur l’utilisation des services de santé maternelle, les résultats liés à la santé et les inégalités dans ces résultats. Pour chaque étude, les données ont été systématiquement extraites et une évaluation de la qualité a été réalisée. En raison de l’hétérogénéité des méthodes d’étude, les résultats ont été examinés narrativement.

Vingt études ont été incluses. La conception et les approches analytiques comprennent: deux séries chronologiques interrompues, huit études transversales répétées, neuf études avant-et-après sans groupe témoin et une étude avant-et-après en trois groupes. Dans l’ensemble, la qualité des études était faible. Peu d’études ont abordé des sources potentielles de biais, comme les tendances séculaires au fil du temps, et même des tests de signification statistique de base n’étaient pas souvent signalés. La cohérence dans le sens des effets fournit des preuves d’une augmentation de l’offre de soins suite à la suppression des paiements directs, ainsi que l’augmentation éventuelle du nombre de complications à l’accouchement gérés. Il y avait peu de preuves de l’effet sur la santé ou sur les inégalités dans l’accès aux soins et, le cas échéant, le sens de l’effet varie.

En conclusion, malgré l’élan mondial pour abolir les frais d’utilisation des services de santé maternels et infantiles, des preuves solides pour quantifier l’impact restent peu documentées. L’amélioration des méthodes d’évaluation et de rapportage sur ces interventions est recommandée, y compris une meilleure description des interventions et le contexte. En plus, il faudrait en examiner une série de mesures des résultats, et adopter de méthodes robustes d’analyse permettant l’ajustement des tendances sous-jacentes, et effectuer des rapports immédiats ainsi qu’à long terme (par exemple, à 6 mois et 1 an) des effets et enfin utiliser si possible des groupes de comparaison.

par Bouchra Assarag

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