Editorial

Université de Santé Publique du Maghreb – AN II

par Hédi Achouri – Médecin de Santé Publique – Ministère de la Santé – Tunis – Tunisie

Les systèmes de santé, de par le monde, sont exposés à des défis majeurs et confrontés à des challenges primordiaux pour répondre efficacement à des besoins croissants des populations. Les pays du Maghreb, entité géopolitique, regroupant cinq pays de l’Afrique du nord (Mauritanie, Maroc, Algérie, Tunisie et Libye) s’attellent, chacun selon ses propres spécificités, à relever les défis pour répondre aux besoins de santé de leurs sociétés. […]

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1.    Lancet (Comment) – Couverture Universelle Santé: développement de l’agenda post-2015

Titre original-Universal health coverage: the post-2015 development agenda

Jeanette Vega;

http://www.lancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(13)60062-8/fulltext

Les orientations post 2015 sont déjà visibles et l’un des points majeurs sera la couverture sanitaire universelle  et ce depuis la résolution de l’Assemblée générale de l’ONU de décembre 2012 qui a consacré la couverture sanitaire universelle comme un objectif prioritaire de santé internationale autour duquel doivent fédérer les OMD post 2015. De ce fait, les pays sont invités à développer des systèmes de santé qui permettent d’éviter de façon substantielle les paiements directs au point de prestation et mettre en œuvre des mécanismes de mutualisation des risques afin d’éviter les dépenses catastrophiques de santé source, d’appauvrissement des ménages. Pour y arriver tout en répondant aux nouveaux défis liés à la couverture sanitaire universelle, la communauté sanitaire mondiale devrait s’appuyer sur la définition de la couverture universelle donnée par l’OMS : «  La couverture (sanitaire) universelle consiste à veiller à ce que l’ensemble de la population ait accès aux services préventifs, curatifs, de réadaptation et de promotion de la santé dont elle a besoin et à ce que ces services soit de qualité suffisante pour être efficaces, sans que leur coût n’entraîne des difficultés financières pour les usagers». D’autres défis tels que la capacité d’absorption, la question des ressources humaines et le financement doivent être traités en fonction de l’approche que chaque pays aura à développer sur la base de ses possibilités pour atteindre cet objectif. Cependant, pour atteindre des systèmes de couverture sanitaire universelle durable, les systèmes de santé doivent être capables de fournir et mesurer les progrès accomplis en termes de prévention et de traitement d’une part et d’autre part sur la couverture de la protection contre les risques financiers. Le moment est donc venu pour les pays en développement surtout ceux issus du continent africain de faire preuve d’audace en engageant des réformes courageuses qui puissent répondre aux besoins des populations en matière de santé.

Morris Kouame

Politiques et Financement de la santé

 

2.    Guardian – Les téléphones portables ne résoudront pas tous les défis sanitaires dans les pays pauvres

Titre original- Mobile phones may not solve health challenges in poor countries

http://www.guardian.co.uk/global-development/2013/jan/16/mobile-phones-health-challenges-poor-countries?intcmp=122

Face aux nombreuses difficultés que connait le système de santé des pays en développement, la téléphonie mobile avait été considérée comme une excellente stratégie pour compenser un aspect de la gouvernance sanitaire. La téléphonie a été donc introduite entre autres, pour aider à gérer les cas de maladie; faciliter l’observance du traitement chez les patients atteints de tuberculose; et accélérer le diagnostic du VIH et du paludisme ; effectuer la surveillance de certaines épidémies comme la polio. Elle sert également à  prendre et à transférer des images médicales à des médecins et à fournir un conseil par téléphone pour les travailleurs de santé dans le secteur rural. Cette stratégie ne  semble pas avoir  un impact sur les problèmes que connait le système de santé dans les pays en développement
En effet,  les résultats de deux examens systématiques parus dans le Guardian development network  avancent que les preuves à l’appui de ces allégations sont encore largement inexistantes.

Pour les auteurs de cet article, il y a un manque d’études rigoureuses dans les pays à faibles et à moyens revenus  où des experts conviennent que les initiatives de Health-Mobil ont un énorme potentiel car les données existantes sur le succès de ces initiatives proviennent d’essais effectués dans les pays développés et concluent même que les données sont de mauvaise qualité. Les auteurs, reconnaissent toutefois des améliorations apportées par l’usage du téléphone pour ce qui est de  l’adhésion à la thérapie antirétrovirale et le sevrage tabagique. Pour mieux mesurer l’impact de la téléphonie mobile dans le système de santé selon les auteurs, des tests rigoureux doivent être conduits surtout dans les pays à faibles et moyens revenus car le groupe de contrôle de «traitement standard» peut être très différent de la prise en charge standard disponible dans les pays développés.

Morris Kouame

 

Recherche

 

3.    HP&P – Paying health workers for performance in a fragmented, fragile state: reflections from Katanga Province, Democratic Republic of Congo

http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23325585

 

Sarah Fox et al.;

Le système de financement de la santé en République démocratique du Congo (RDC) est un exemple extrême du faible investissement du gouvernement, de la forte dépendance aux paiements directs et de la faible harmonisation entre les donateurs. Dans ce contexte, les mécanismes de financement basés sur la performance (PBF) sont mis en œuvre par différents bailleurs dans l’espoir qu’ils permettront d’améliorer la motivation des travailleurs de la santé et la performance des services.

S’appuyant sur des données qualitatives et quantitatives collectées à différents niveaux du système de santé, cette étude se concentre sur un programme de ce genre dans la province du Katanga, qui combine rémunération au rendement (PBF) avec une réduction des paiements directs. Malgré l’ajout considérable des ressources (fournissant la majorité des ressources dans les formations sanitaires étudiées), il n’y avait pas d’évidence de bénéfices en termes d’inputs dans les formations sanitaires, des processus ou des outputs mesurés. Les résultats suggèrent que les effets positifs sur la motivation des agents de santé ne peut pas être tenu pour acquis, en particulier, lorsque le personnel est souvent appelé à augmenter leur charge de travail pour atteindre les objectifs de performance et quand une autre source de revenus, notamment les fonds provenant des paiements directs pourraient diminuer à cause de la baisse des coûts.

Par ailleurs, dans un contexte où les agents de santé étaient déjà presque entièrement dépendant des paiements directs pour leur rémunération avant  l’introduction du PBF par les bailleurs de fonds, les effets incitatifs d’un contrat de performance peut-être désactivé. En plus, d’autres sources de revenu ont une valeur particulière pour le personnel, il semble bien que –même si les salaires et indemnités du gouvernement étaient faibles, et souvent retardés, les agents de santé ont été très mécontents de ne pas les recevoir. Les salaires ont été perçus comme une source plus sûre et à long terme de financement et une reconnaissance importante de leur rôle en tant qu’agents de l’Etat. Les auteurs concluent que, même si il peut y avoir un rôle pour le PBF dans les contextes fragiles tels que la RDC, pour être efficace, il doit être ancré dans des réformes plus profondes des politiques de financement et de ressources humaines.

Basile Keugoung

 

Emerging Voices (Talents Emergents)

 

4.    International journal for equity – Impact des soins de santé primaires dans la réduction des inégalités en matière de santé des enfants à Bogota en Colombie : une analyse écologique

Titre Original: The impact of primary healthcare in reducing inequalities in child health outcomes, Bogotá – Colombia: an ecological analysis

Paola Mosquera et al. ;

http://www.equityhealthj.com/content/pdf/1475-9276-11-66.pdf

Cette étude vise à évaluer la contribution de la stratégie des SSP à la réduction des inégalités en matière de santé des enfants de Bogota.

Contexte: La Colombie est un des pays ayant les plus larges niveaux d’inégalités socio-économiques et de santé. Bogota, la capitale, est confrontée à de graves problèmes de pauvreté, de disparités sociales et d’accès aux services de santé. La stratégie des soins de santé primaires  a été mise en œuvre en 2004 pour améliorer les soins de santé et réduire les inégalités dans l’accès aux soins.

Méthodes: Une analyse écologique a été effectuée avec des localités comme unité d’analyse. La variable utilisée pour  déterminer le statut socio-économique et le niveau de vie était l’Indice de qualité de vie. Deux périodes ont été utilisés pour décrire l’ampleur des inégalités en matière de soins de santé : une année avant la mise en place de la stratégie des SSP (2003) et 3 ans après (2007). Quatre indicateurs étaient utilisés pour mesurer l’impact des SSP : le taux de mortalité infantile, la mortalité chez les enfants de moins de 5 ans, la prévalence de la malnutrition aiguë chez les enfants de moins de 5 ans  et la couverture vaccinale contre la diphtérie, la coqueluche et le tétanos (DTC).

Résultats: Dans l’ensemble les résultats montrent qu’entre 2003 et 2007, il y a eu une amélioration notable des indicateurs dans le sens de la réduction de la mortalité et l’augmentation de la couverture vaccinale dans  la période postérieure à la mise en œuvre des SSP. Les auteurs avancent qu’en 2007, la SSP a permis la  réduction de la mortalité des enfants de moins de 5 ans  de 24%, la régression du taux de mortalité infantile (19%) et de la malnutrition aiguë de 7%. Par ailleurs, les SSP ont  contribué à réduire d’environ 20% l’inégalité de la couverture en DTC  en faveur des localités pauvres.

Conclusion: La stratégie des SSP développée à Bogota  semble contribuer à la réduction de l’inégalité associée aux conditions socio-économiques et de vie dans la santé des enfants. Cela laisse penser que, même dans des contextes défavorables, il est possible de garantir l’équité et obtenir de bons résultats. Cette analyse apporte des preuves et évidences en  faveur de  l’approche des SSP.

Alain Iyeti

 

 

BMJ rapid response to a recent BMJ editorial, “What must be done about the killings of Pakistani healthcare workers?”

Asmat Malik et al.;

http://www.bmj.com/content/346/bmj.f280?tab=responses

Asmat Malik, EV 2010 & 2012

 

Même si le parlement et la société civile ont vivement condamné les actes de violences contre les vaccinateurs, il est très difficile d’offrir la sécurité à 100000 femmes qui participent à la vaccination dans le pays. L’éditorial de Zulfiqar A Bhutta dans le BMJ aurait pu se concentrer sur le rôle que pourrait jouer le secteur de la santé devant cette situation difficile.

Les communautés ont peu de confiance vis-à-vis du secteur public qui reste peu utilisé. Les professionnels de santé sont formés pour mettre en place des politiques de santé en fonction des problèmes de santé  et non pour mobiliser politiquement les acteurs en dehors du secteur santé.

Il faudrait des pré-requis pour améliorer la situation. D’abord, reconnaitre la faiblesse du système de santé y compris des programmes de vaccination, et montrer aux acteurs politiques ce qui marche et ce qui ne l’est pas. Ensuite, une mobilisation active des communautés pour les impliquer dans les activités de santé, ainsi que dans leur sécurité. Enfin, la communauté internationale devrait faciliter ces processus et non imposer des stratégies qui ne prennent pas en considération le contexte local.

 

Basile Keugoung

Commentaires

Les efforts de la communauté internationale pour l’objectif d’éradication de la polio ont été remarquables. Mais pour réellement atteindre cet objectif, les stratégies innovatrices sont aujourd’hui indispensables. Nous avons proposé au vu de la qualité des vaccins, des types de polio virus sauvage et de la faiblesse des systèmes de santé, des stratégies justement innovatrices dans un article publié dans le World Journal of Vaccine.

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