La 60e Journée Mondiale de la Lèpre se célébrera le 27 janvier 2013. La lèpre est une maladie chronique causée par le bacille Mycobacterium leprae. D’après l’OMS, en début 2012, 181 941 personnes, principalement en Asie et en Afrique, étaient infectées de lèpre, et 219 075 nouveaux cas environ ont été notifiés en 2011 contre 228 474 cas en 2010. Ce qui montre une réduction progressive de la prévalence.
On observe encore des fortes endémicités dans certaines régions du Brésil, de l’Inde, de l’Indonésie, de Madagascar, du Mozambique, du Népal, des Philippines, de la République démocratique du Congo et de la République-Unie de Tanzanie.
En rappel, l’OMS avait lancé en 1991 l’objectif d’éliminer la lèpre en l’an 2000, c’est-à-dire réduire sa prévalence à moins d’un cas pour 10000 habitants. Ainsi, la prévalence mondiale de la lèpre est passée de 21,1 pour 10000 habitants en 1990 à moins d’un cas pour 10000 habitants aujourd’hui soit une baisse de plus de 90% et seuls trois pays dont deux en Afrique sub-saharienne (Madagascar, Sierra Leone) n’ont pas encore atteint cet objectif.
Il subsiste des foyers de forte endémicité dans certaines régions du Brésil, de l’Inde, de l’Indonésie, de Madagascar, du Mozambique, du Népal, des Philippines, de la République démocratique du Congo et de la République-Unie de Tanzanie. Même si la plupart des pays ont éliminé la lèpre, ils subsistent encore des foyers d’endémicité si l’on fait l’analyse à l’échelle de la région, du district, de l’aire de santé ou du village. En plus, en Afrique sub-saharienne, 10% de patients lépreux avaient un degré d’invalidité de degré 2 en 2008.
Le risque aujourd’hui est de voir des disparités nationales et une baisse des efforts dans les pays qui ont atteint la prévalence de moins d’un cas pour 10000 habitants. Car l’atteinte de l’objectif au niveau national pourrait entrainer une baisse des efforts alors qu’il pourrait avoir des villages qui ont encore des prévalences élevées et qui continuent à maintenir une forte transmission.
Dans la stratégie 2011-2015, l’OMS invite les pays à accentuer les efforts sur des populations mal desservies et des zones inaccessibles. Il serait souhaitable de fixer un nouvel objectif pour les pays qui ont éliminé la lèpre afin de mesurer ces efforts. Par exemple, l’unité d’analyse pourrait être le district de santé ou les aires de santé en fonction du niveau de prévalence. En effet, un cas de lèpre dans une aire de santé de 5000 habitants donne une prévalence de 2 cas pour 10000 habitants.
On pourrait fixer comme objectif de réduire les districts (voire les aires de santé ou les villages) encore endémiques de lèpre de 50% d’ici 2015. Cet objectif permettrait aux gestionnaires des programmes nationaux de lutte contre la lèpre de revoir les stratégies d’appui aux districts de santé, de définir les zones d’action prioritaires, et d’intensifier les campagnes de dépistage passif et actif. Les résultats seraient mesurés en termes de réduction de ces zones encore endémiques. Ceci permettrait effectivement de cibler les zones à forte prévalence et d’aller progressivement vers l’éradication de la lèpre.
Basile Keugoung