Le 1er décembre 2012 se célébrera la Journée Internationale de lutte contre le VIH/SIDA. Le thème «Objectif zéro: zéro nouvelle infection à VIH, zéro discrimination, zéro décès lié au SIDA» est évocateur.
Cette journée permettra à la communauté internationale de remobiliser les acteurs locaux, nationaux et internationaux pour renforcer la lutte contre la pandémie. En effet, des progrès significatifs ont été réalisés au cours de la dernière décennie et ont permis d’atteindre en 2011 près de 7 million de personnes vivant avec le VIH/SIDA sous trithérapie.
La création du Fonds Mondial de lutte contre le VIH/SIDA, la tuberculose et le paludisme a contribué à une plus grande adhésion des acteurs internationaux pour le financement des interventions et à une meilleure prévision des financements qui n’étaient plus liés à la fenêtre fiscale des pays bénéficiaires. Les Etats-Unis ont également créé PEPFAR qui bénéficie également d’importants financements. D’autres Organisations et Fondations ainsi que les pays riches contribuent de façon significative à la riposte contre le VIH/SIDA.
Bien que des résultats notables soient enregistrés, il convient de noter que ceux-ci ne sont pas encore optimaux. En effet, les systèmes de santé dans les pays à faible revenu lourdement touchés par la pandémie sont faibles et ceci limite la mise en œuvre effective des interventions. En 2011, seuls 50% des personnes éligibles pour la trithérapie en avaient accès alors que les effets de la trithérapie sur la réduction de la morbidité et de la transmission ont été prouvés. En plus, moins de 50% des femmes séropositives ont accès aux méthodes efficaces de la prévention de la transmission mère-enfant du VIH. En 2010, les nouvelles infections étaient estimées à 2,7 million et le nombre de décès liés au SIDA à 1,8 million.
Il est urgent de repenser la lutte contre le VIH/SIDA pour inverser la tendance de ces chiffres. Les systèmes de santé forts sont indispensables pour l’atteinte des objectifs des programmes. Il est louable que le Fonds Mondial ait intégré la composante de renforcement des systèmes de santé dans son agenda. Mais seuls quelques pays ont soumis des requêtes relatives à ce renforcement du système de santé. La verticalisation des interventions de lutte contre le VIH/SIDA dans des systèmes de santé faibles ne pourrait pas permettre d’atteindre cet objectif. En effet, il faudrait des services de santé prénataux de qualité pour dépister toutes les femmes enceintes, offrir la trithérapie et prendre en charge les nouveau-nés et éliminer la transmission mère-enfant. Des services de santé de qualité sont nécessaires pour le dépistage précoce et le traitement des infections opportunistes responsables des décès.
Et tout cela n’est possible que dans un système de santé où il y a un accès universel aux soins et services de santé. Malheureusement, dans la plupart des pays d’Afrique sub-saharienne fortement touchés par la pandémie, l’accès aux soins est tributaire des paiements directs par les patients. Cette exclusion des patients y compris VIH positif est responsable de cette mortalité que l’on voudrait éliminer.
Si l’on veut atteindre cet objectif, alors, le mal doit être aussi combattu à la racine : renforcer les systèmes de santé et offrir un accès universel aux soins.
Basile Keugoung