Editorial: Le financement du système de santé de l’Afrique du Sud à la croisée des chemins
Par David Hercot – Lire ici
Fonds Mondial et Décisions de financement transitoire
1. GFO (issue 193)
Le dernier numéro du Global Fund Observer est disponible en ligne. Il revient sur les financements approuvés par le Fonds Mondial de lutte contre le VIH/SIDA, la tuberculose et le paludisme.
En effet, 45 soumissions d’un montant de 419,8million US$ ont été approuvées et 11 soumission de 91,2 million US$ ont été approuvées sous condition (c’est-à-dire nécessitant une re-soumission sur la base des suggestions faites par le Fonds) soit un total de 511 million US$. Au total, 27% des fonds concernent le VIH/SIDA, 24% la tuberculose et 49% le paludisme. Onze soumissions ont été rejetées.
Le Panel de revue technique classe les soumissions en 5 catégories :
– Catégorie 1 : soumission acceptée pour financement
– Catégorie 2 : soumission acceptée pour financement avec nécessité de clarification de certains points par le secrétariat
– Catégorie 3 : soumission acceptée pour financement avec nécessité de clarification de certains points par le secrétariat et le Panel de revue technique
– Catégorie 4 : Soumission à réviser
– Catégorie 5 : Soumission rejetée
Sur les 45 soumissions financées, 1 était classée à la catégorie 1, 7 à la catégorie 2, et 37 à la catégorie 3. Les 11 soumissions acceptées sous condition étaient classées à la catégorie 4.
Basile Keugoung
Mortalité infantile
2. Plos Collection – Méthodes d’estimation de la mortalité infantile
Titre original : Child Mortality Estimation Methods
http://www.ploscollections.org/
Plos Medicine a publié une série de 7 articles relatifs à la mortalité infantile. Vous y trouverez entre autres une revue sur la mortalité infantile entre 1990 et 2010, sur des approches méthodologiques pour l’estimation de la mortalité infantile.
L’Objectif du Millénaire pour le Développement 4 porte sur la réduction de la mortalité maternelle. Cette collection de Plos Medicine est un outil pour les managers des systèmes de santé d’évaluer le chemin parcouru dans leur pays vers l’atteinte de cet Objectif.
Politiques et financement de la santé
3. Lancet (Comment) – Les niveaux élevés de tuberculose multirésistante constituent une menace pour le contrôle de la tuberculose
Titre original: Unexpected high levels of multidrug-resistant tuberculosis present new challenges for tuberculosis control
Sven Hoffner;
Seulement 5% des recommandations internationales pour la lutte antituberculeuse ont été développés pour la prévention de la tuberculose multirésistante. Pourtant, nous sommes aujourd’hui confrontés à une prévalence pouvant aller jusqu’à dix fois plus élevée par endroit. C’est ainsi qu’en 2011, 47.8%, la plus forte prévalence de la tuberculose à bacilles multirésistants documentés à ce jour, a été signalée à Minsk, Bielorussie. Cependant, la tuberculose multirésistante n’est pas un problème isolé dans une ville ou un pays, mais reflète une menace plus large de la santé publique résultant de formes graves résistantes de tuberculose.
Pour répondre adéquatement à ce problème, de plus solides informations épidémiologiques sont nécessaires. C’est ainsi que dans le Lancet, Tracy Dalton et collègues ont évalué les facteurs de risque d’être infecté par une souche résistante aux médicaments (MDR) de deuxième ligne et de résister de manière extensive aux médicaments (XDR) de la tuberculose.
Quelques différences notables dans les facteurs de risque ont été signalées dans les différents pays étudiés. Notamment, l’antécédent de tuberculose et le pourcentage de patients présentant une infection par le VIH allant de 49.5% en Afrique du Sud à 0% Corée du Sud et en Philippines. Ces différences locales dans la résistance aux médicaments et caractéristiques épidémiologiques devraient être prises en compte lors des directives internationales pour les algorithmes de diagnostic, de prévention des infections, des mesures et des recommandations de traitement ou de pharmaco résistance.
L’OMS a conclu récemment que les taux de tuberculose à bacilles multirésistants ont augmenté en 2009 et 2010, mais que les tendances ne sont toujours pas claires dans la plupart de région.
L’étude de Dalton et collègues montrent que la tuberculose XDR est de plus en plus une source de préoccupation, en particulier dans les zones où la prévalence de la tuberculose multirésistante est élevée. Si la transmissibilité et la virulence diffèrent entre MDR et XDR, leurs homologues pan-sensibles ne sont pas claires. C’est pourquoi les informations à jour sur la tuberculose multirésistante et l’enquête sur les tendances sont nécessaires d’urgence, d’autant plus que l’ampleur réelle de la charge de la tuberculose multirésistante et ultrarésistante pourrait être sous-estimée et semble être en augmentation rapide.
L’étude de Dalton et collègues accroît la sensibilisation des questions cliniques et de santé publique provoqués par M. tuberculosis résistant et révèle des différences de prévalence et de facteurs de risque entre les pays et les régions. Nous espérons que ces résultats contribueront à l’identification des outils nécessaires pour un contrôle optimal de la tuberculose à bacilles multirésistants dans divers contextes épidémiologiques.
Laure Fotso
4. Global Health Check- L’initiative de la gratuité des soins au Niger est bénéfique au niveau santé mais il reste de nombreux défis à relever
http://www.globalhealthcheck.org/
Titre original : Free healthcare initiative in Niger makes health gains but many challenges remain
En 2005 à la lumière des statistiques alarmantes en termes d’accès aux soins de santé, le gouvernement du Niger a adopté une politique de « gratuité » pour alléger le fardeau financier de l’accès aux soins de santé pour les femmes et les enfants. En vertu de cette initiative, les femmes ont eu droit à la gratuité des services de contraception, des soins prénatals, des accouchements, des césariennes, et le traitement gratuit pour les cancers du sein et de l’utérus. Quant aux enfants de moins de cinq 5, ils bénéficient d’une large gamme de services de santé comprenant les consultations, la chirurgie, les médicaments et les tests de laboratoire. Cette année a été choisie pour faire le bilan et discuter de l’impact et des défis de l’initiative. L’évaluation conduite à cet effet, a mis en évidence les gains de santé enregistrés. En seulement 5 ans, l’utilisation des services prénatals a plus que doublé, passant de près de 38% en 2004 à 90% en 2009. L’utilisation de méthodes modernes de contraception a également augmenté, passant de 5% en 2006 à 16% en 2010, tandis que le nombre de césariennes a également augmenté, passant de 0,8% à 2,8% durant la même période avec une réduction drastique de l’automédication et l’utilisation de la médecine traditionnelle. Cependant, en dépit des progrès réalisés, l’évaluation a également souligné les problèmes de financement qui pourraient menacer la viabilité de l’initiative.
En effet, entre 2007 et 2011, le budget moyen annuel alloué à l’initiative était de 4 milliards de francs CFA (7,8 millions $ US); ce qui est environ la moitié de ce qui était nécessaire pour mettre pleinement en œuvre la politique de « gratuité ». Bien que les allocations gouvernementales pour l’initiative se soient légèrement améliorées en 2011, les déficits de financement des années précédentes ont créé d’énormes factures de soins de santé non rémunérées (un montant d’environ US $ 41,4 millions à partir de Mars 2012), ce qui a affecté la capacité des fournisseurs de services de santé à fournir des services aux bénéficiaires. Nombreux prestataires de soins qui fonctionnent sous le programme d’expérience connaissent de fréquentes ruptures de stocks de médicaments et consommables médicaux qui compromettent utilisation efficace des soins par les bénéficiaires.
Selon le rapport d’évaluation, les problèmes de financement sont en partie dus à l’échec des décideurs à évaluer correctement les besoins financiers de l’initiative et l’absence de mécanismes pour le financer. En outre, le soutien des donateurs a été décevant, notamment au niveau des organismes qui ont encouragé le gouvernement à adopter la politique de « gratuité » des soins de santé en premier lieu. Jusqu’à ce jour, seule l’Agence Française de Développement a proposé de rembourser un cinquième du coût de l’initiative ainsi que l’UNICEF qui, occasionnellement, fournit une aide financière. Le rapport recommande au gouvernement d’envisager d’utiliser des mesures novatrices telles que l’augmentation de la TVA sur les produits de luxe, et en taxant les secteurs des télécommunications, de l’alcool et du tabac pour financer la ‘gratuité’. Le rapport indique également qu’une amélioration de l’appui des donateurs, à la fois technique et financier, sera cruciale pour permettre au gouvernement d’étendre l’initiative et assurer sa pérennité.
Morris Kouame
5. Global Health Check- Le financement et l’offre de soins sont-ils équitables au Ghana?
Titre original : Is healthcare financing and delivery in Ghana equitable?
Source: http://www.globalhealthcheck.org/
Author : James Akazili
Au cours des deux dernières décennies, les réformes du secteur de la santé au Ghana ont transformé la façon dont les soins de santé sont financés et dispensés dans le pays. La plus importante de ces réformes a été l’introduction du recouvrement des coûts de la santé et de la libéralisation du secteur dans les années 1980 et, plus récemment, le National Health Insurance (NHI), qui a été introduit en 2004. Un des principaux objectifs de l’INSA est d’assurer un accès équitable aux services de santé pour tous les Ghanéens. Cependant, est-ce le cas, au regard des résultats de l’étude conduit par James Akazili et ses collègues ?
L’étude a d’abord examiné l’éventail actuel des mécanismes de financement de la santé au Ghana, y compris les recettes fiscales générales, les cotisations nationales d’assurance maladie et les paiements directs ainsi que la répartition des avantages de soins de santé entre les différents groupes socio-économiques dans le pays. Les résultats montrent que les recettes fiscales générales sont une source progressive à l’exception d’une taxe sur le carburant pour lequel les pauvres contribuent relativement plus que les riches et les cotisations des travailleurs du secteur informel et des paiements directs sont dégressives. L’étude a montré aussi que les contributions nationales pour l’assurance maladie sont légèrement progressives dans l’ensemble si celles-ci sont considérées collectivement alors que les cotisations versées par les travailleurs du secteur informel seuls sont très régressives. Cela s’explique en partie parce que les cotisations des travailleurs du secteur formel sont modulées en fonction de leur niveau de revenu alors que les travailleurs du secteur informel paiement une prime forfaitaire. L’étude a mis en exergue que l’incidence des avantages d’utiliser les services de santé au Ghana est largement en faveur des riches. Les inégalités dans la répartition des avantages de soins de santé suggèrent la nécessité d’accroître les investissements pour améliorer la disponibilité des services de santé, en particulier au niveau local. L’étude recommande donc que des efforts doivent être faits pour éliminer les obstacles géographiques, augmenter le personnel et la capacité du plateau technique afin de résoudre les inefficacités opérationnelles dans les établissements de santé. Les décideurs politiques doivent également accorder plus d’attention au financement général des impôts si l’on veut faire de réels progrès dans la réalisation de la couverture sanitaire équitable et universelle car le but ultime pour les décideurs politiques est de créer un système de santé qui garantit un accès équitable aux services de santé essentiels pour tous.
Morris Kouame
6. International Health – Faisabilité et bénéfices du passage à l’échelle de la trithérapie au Lesotho selon les Directives 2010 de l’OMS
Titre original: Feasibility and benefits of scaling up antiretroviral treatment provision with the 2010 WHO antiretroviral therapy guidelines in rural Lesotho
Helen Bygrave, Peter Saranchuk, Lipontso Makakole,Nathan Ford;
http://www.internationalhealthjournal.com/
Les recommandations de l’OMS (2010) suggèrent le remplacement de la stavudine pat le tenofovir ou la zidovudine chez les adultes et les adolescents et l’initiation de la trithérapie chez les patients dont les CD4<350 cellules/mm3.
Au Lesotho, un pays à haute prévalence VIH et à ressources limitées, ces changements ont été mises en œuvre dès 2007. Des mesures telles que l’élaboration des directives, la formation et la supervision, les équipements de laboratoire et l’approvisionnement en médicaments, et le suivi et l’évaluation ont été réalisées.
Les effets bénéfiques sont la réduction de la mortalité, de la toxicité et la simplification de la gestion des patients pour une prise en charge des patients par le personnel infirmier.
Ainsi, cette expérience montre que malgré l’insuffisance des ressources, il était possible d’offrir des soins de qualité tout en simplifiant la gestion des patients.
Basile Keugoung
Développement & Aide
7. ODI: Focalisation de l’aide: l’utilisation des acteurs locaux peut-elle les renforcer?
Titre original : Localising aid: can using local actors strengthen them?
Jonathan Glennie et al.;
Cet article analyse l’efficacité de l’aide octroyée selon les Principes de la Déclaration de Paris sur l’harmonisation et l’efficacité de l’aide à travers le secteur gouvernemental. Il propose une nouvelle stratégie basée sur l’utilisation des acteurs locaux publics et privés. Il y a deux manières d’octroyer de l’aire : à travers un appui général ou pour financer des activités spécifiques.
L’USAID a fixé comme objectif d’offrir directement 30% de l’aide directement aux entités locales d’ici 2015 (contre 11% en 2011). Cette approche de focalisation de l’aide aux acteurs locaux n’a pas encore été évaluée en termes d’efficacité et de renforcement des capacités.
L’article conclue que le secteur gouvernemental est essentiel pour réguler et offrir des services publics, mais qu’il n’est plus le seul acteur impliqué dans les programmes. En plus, les mécanismes de redevabilité verticaux (entre acteurs gouvernementaux et autres acteurs de la société) et horizontaux (entre les institutions étatiques chargées du contrôle et de la régulation) sont indispensables et complémentaires pour offrir ces services.
L’article note également que l’intérêt accordé au secteur privé était faible notamment le privé local voire international. Par contre la société civile a longtemps été engagée dans le développement. Certains bailleurs ont soutenu les organisations de la société civile pour que celles-ci renforcent leurs capacités et servent de contrepoids au secteur gouvernemental. Toutefois, la majeure partie des financements orientés vers la société civile concernait les projets.
En conclusion, les compromis doivent être pris en matière d’aide. Il y a des mécanismes qui renforcent les capacités des pays récipiendaires mais ne produisent pas de résultats immédiats ; tandis d’autres mécanismes permettent d’avoir des résultats à court-terme. Les incitants des agences de l’aide qui minimiser les risques plutôt que de les gérer restent la tendance à l’heure actuelle. En même temps, il y a une tendance à rechercher les résultats immédiats et tangibles plutôt que de promouvoir un développement à long terme et un renforcement durable des capacités. Seule une évaluation rigoureuse permettrait de faire face aux barrières et aux pressions visant à maintenir le statut quo.
Basile Keugoung