PLOS – The Midwives Service Scheme in Nigeria
Seye Abimbola et al.;
Résumé par Alma Benzaïd
Le programme d’offre de soins des sages-femmes au Nigeria
Par Seye Abimbola, Ugo Okoli1, Olalekan Olubajo, Mohammed J. Abdullahi1, Muhammad A. Pate
Bien qu’il soit le pays le plus peuplé d’Afrique, les indices de santé du Nigeria varient selon des zones géopolitiques et socio-économiques : le Nord-Est est la zone au taux de mortalité maternelle (TMM) le plus élevé (1549 décès maternels /100 000 naissances vivantes), alors que le Sud-Ouest affiche un TMM de 165 décès maternels/100 000 naissances vivantes. Les zones urbaines ont un TMM de 351 décès maternels /100 000 naissances vivantes contre 828 décès maternels /100 000 dans les zones rurales. Même si les TMM sont plus faibles dans le Sud-Est et dans le Nord-Ouest, ils restent inférieurs à ceux fixés par les Objectifs du Millénaire pour le Développement, du fait de l’absence d’accès des populations aux soins de santé et par la pénurie de travailleurs santé pour fournir des soins de santé primaires. À cet effet, un programme de service sages-femmes (MSS) a été lancé en décembre 2009, afin de répondre aux besoins en ressources humaines de santé dans les zones rurales. Le programme MSS consiste en 4 installations de soins de santé primaire (SSP) fournissant des soins obstétricaux essentiels de base, regroupées autour d’un hôpital général ayant la capacité de fournir des soins obstétricaux d’urgence. Chacun des 815 établissements de santé participants dispose de 4 sages-femmes SSP pour assurer la présence d’accoucheuses qualifiées pendant 24 heures, ainsi que d’autres services de soins de santé maternelle et infantile. Les installations SSP et les hôpitaux généraux retenus pour le programme ont été sélectionnés en fonction de critères rigoureux, tels que leur capacité d’approvisionnement en eau potable et leur offre de services de santé de base sur 24 heures, et sont répartis géographiquement selon le TMM des 6 zones géopolitiques du Nigeria. Les sages-femmes du programme sont recrutées selon les normes mondiales pour l’éducation des sages-femmes de la Confédération internationale des sages-femmes (ICM). Elles suivent pendant 3 ans et 18 mois une formation médicale continue (FMC), fondée par le gouvernement fédéral, leur conférant des compétences de sauvetage et de gestion des maladies de l’enfance. Compte tenu de l’importance de la fragmentation de la gouvernance du système de santé du Nigeria, la signature d’un protocole d’entente entre le gouvernement fédéral et l’organisme du gouvernement fédéral responsable de soins de santé primaires au Nigeria, l’Agence nationale de développement des soins de santé (NPHCDA), qui est aussi l’agence d’exécution pour les MSS, a permis d’encadrer les engagements de chacun.
Le gouvernement fédéral a fourni à chaque installation SSP un contingent de sages-femmes, un équipement de base en santé maternelle et infantile, des médicaments et des outils de surveillance aux gouvernements locaux de suivi et l’évaluation du programme relevant de leur juridiction. Les gouvernements locaux améliorent la capacité des hôpitaux à fournir des soins obstétricaux et néonatals complets d’urgence, et leur fournit du matériel de base. Au sein de chaque installation SSP, est mis en place un comité de développement (CMD), composé de personnes influentes d’une communauté, dont les réunions mensuelles visent à améliorer la participation communautaire et permettre aux sages-femmes d’informer la communauté sur leur travail et leurs défis, faisant ainsi office d’agents de changement dans les communautés, à travers la mobilisation de personnes pour une action de santé et la promotion des femmes et des soins de santé de l’enfant.
Un sondage national mené dans toutes les installations et communautés où le programme a été localisé, a indiqué une amélioration générale de la fourniture de services de santé maternelle et infantile et une réduction du TMM national entre 2009 et 2010, sauf dans le Nord-Est et le Sud-Est, vraisemblablement à cause d’une augmentation de la proportion d’accouchements à haut risque à domicile.
Les défis du programme MSS concernent l’incertitude de la poursuite du financement à l’issue des 3 ans initialement prévus, et de la mise en œuvre du protocole d’accord signé entre l’Etat fédéral et les gouvernements locaux concernant la fourniture d’un logement pour les sages-femmes du MSS, le paiement régulier de leurs salaires et le suivi régulier des installations SSP et des sages-femmes par des agents sur le terrain de la NPHCDA. En outre, il est préoccupant d’assurer la disponibilité d’un nombre suffisant de sages-femmes qualifiées dans les régions les plus démunies, de les former sur d’autres aspects critiques des soins de santé tels que la transmission du VIH de la mère à l’enfant, la planification familiale et les nouvelles technologies de l’information et de la communication, et d’améliorer l’accès aux zones rurales en renforçant les équipes SSP autres que les sages-femmes.