Rédigé par Basile Keugoung
L’insuffisance ou la pénurie du personnel a été longtemps considérée comme l’un des points faibles des systèmes de santé dans les pays à faible revenu. Elle contribue et est l’une des causes de la faiblesse de ces systèmes de santé. Or les ressources humaines font partie de l’une des six composantes d’un système de santé fonctionnel tels que définies par l’OMS. Par conséquent, les problèmes y afférents affecteront inéluctablement la performance des systèmes de santé.
La mondialisation a accentué l’internationalisation des ressources humaines. En effet, la globalisation des problèmes de santé a renforcé la place des organisations mondiales gouvernementales telles que l’OMS, l’UNICEF, le HCR… , et a aussi induit la création de nombreuses Initiatives Mondiales de santé, de Fondations et de Partenariat public privé au niveau international. Dans le souci d’atteindre des objectifs mondiaux de santé, ces institutions mondiales sont passées du statut d’Agences de financement ou de développement des politiques à des organismes de mises en œuvre des interventions de santé sur le terrain. Elles sont alors des bénéficiaires directs de l’aide ou des financements liés à la santé.
Du fait de ce contexte, ces organisations internationales ont besoin d’une main d’œuvre de qualité et surtout bon marché pour mettre en œuvre leurs programmes de santé sur le terrain.
Pour cela, elles recrutent au Nord et au Sud. Les profils recherchés et les critères de recrutement sont évocateurs: les années d’expérience professionnelle, la qualité de la formation, la disponibilité, les compétences… Sur le terrain, ces organisations sont qualifiées de professionnelles avec une obligation de résultat de la part des managers.
Les mouvements du personnels sont plus fréquents des systèmes locaux de santé vers ces organisations internationales en raison des conditions de travail qui sont plus attractives que dans le secteur public ou privé local.
Pour cela, les organisations internationales font donc un écrémage du personnel des systèmes locaux de santé en recrutant les cadres jugés meilleurs au détriment des systèmes locaux de santé. En plus ces organisations internationales sont souvent focalisées sur des problèmes spécifiques tels que la vaccination, le VIH ou la tuberculose et ne prennent donc pas en compte tous les problèmes de santé auxquels font face les populations.
De façon passive ou active, la migration du personnel en prince répondant aux critères sus-cités de l’offre de soins polyvalents vers l’offre de soins spécifiques contribuerait à renforcer cette offre spécifique tout en laissant un personnel par principe moins compétent pour assurer l’offre polyvalente. Or une offre polyvalente de qualité est nécessaire pour identifier les problèmes spécifiques qui nécessitent l’intervention de spécialistes. Ainsi, les Organisations internationales pourraient affaiblir davantage les systèmes de santé si des programmes de formations ne sont pas mis en œuvre pour former le personnel restant et combler le vide dû à la migration du personnel plus compétent.
Le code de bonnes pratiques sur les ressources humaines adopté par l’OMS en 2010 mérite d’être urgemment respecté par toutes les organisations internationales pour éviter de déstabiliser les systèmes de santé déjà fragiles dans les pays à faible revenu.