Chers collègues,

L’équipe éditoriale de la newsletter vous adresse ses vœux les meilleurs pour l’année 2012. En ce moment de l’année, comme tout le monde, on se demandait ce que les principaux événements de la santé mondiale et les tendances ont été en 2011. Beaucoup d’entre vous ont répondu positivement à notre demande de commentaires sur ce sujet. Vous trouverez l’opinion de tous ici. Merci beaucoup pour cela!

N’hésitez pas à nous donner votre point de vue.

Bonne lecture

Isidore Sieleunou & Basile Keugoung

 

Edito: L’Afrique pour l’Afrique

Pour la fin d’année mouvementée, nous avons pensé qu’il serait bien si nous pouvions vous offrir un point de vue africain sur la façon dont les choses vont (ou ne vont pas) dans le monde, à travers les yeux de notre collègue indien et talent émergent, NS Prashanth. Voici ce qu’il écrit, après avoir assisté à un concert de Femi Kuti, il y’a quelques semaines à Anvers. (Femi Kuti est un musicien populaire nigérian; engagement socio- politique fait partie de son prénom).

“Chanter l’afrobeat lancé par son père, le groupe « Positive Force » de Femi Kuti s’est produit à la Roma Club à Anvers. En toile de fond, une nuit d’hiver glacial de la fin Décembre. Comme son père Fela Kuti, Femi montre un engagement fort pour les questions sociales et politiques et en effet, le thème de son concert « l’Afrique pour l’Afrique » a souligné la nécessité de l’unité africaine et de l’importance de l’auto-détermination des aspirations et des priorités de l’Afrique par les Africains.

Cette tournée a reçu très tôt un bon appuie (et une bonne réception) du fait de son thème de l’unité africaine. Femi a demandé à son auditoire (partiellement belge) de prendre aussi un bon aperçu de leurs propres démocraties occidentales. Sont-elles vraiment des démocraties? Sont-elles pour le peuple? Sont-elles par le peuple? Poursuivant sur ce thème à travers ses chansons au rythme rapide, il s’interroge sur la démocratie en Occident et souligne la nécessité pour les gouvernements occidentaux de se réveiller et réaliser leur engagement envers les gens plutôt que des grandes compagnies. Rappelant l’impact des manifestations de grogne dans le monde, il a rappelé à son auditoire que la démocratie commence par le vote, mais la garantie d’un simple vote ne signifie pas que les gouvernements que nous avons sont «pour ou par le peuple». Il a exhorté les Belges à boycotter le vote pour montrer le pouvoir du peuple.

En somme, un message fort et une musique extraordinaire pour transmettre des sujets socio-politiques. Savoir si le « boycott du vote » prôné par Femi est une sage approche ou non reste discutable, mais au moins, ses intentions étaient claires : bonne gouvernance et intérêt public. Et ceci est quelque chose que nous voulons tous, que nous soyons en Afrique, en Inde ou en occident. ”

 

NS Prashanth


 

AIDS

1.BMJ (news) – Middle income countries need to “share the burden” of the fight against HIV and AIDS
Le président Barack Obama a renouvelé l’engagement américain à mettre fin au VIH / SIDA dans un discours marquant la Journée mondiale du SIDA, et a été rejoint par l’ancien président Bill Clinton, qui a participé par vidéo, et George W. Bush, qui a parlé depuis la Tanzanie avec le président de ce pays, Jakaya Kikwete, rapporte le « Independants ». Selon l’Associated Press, Obama a annoncé « l’objectif des Etats-Unis d’obtenir des médicaments antirétroviraux à deux millions de personnes supplémentaires dans le monde d’ici la fin de l’année 2013″, portant le total à six millions de personnes, et à ” 1,5 million de femmes enceintes séropositives pour les empêcher de transmettre le virus à leurs enfants. ” Selon le journal, «malgré des objectifs plus ambitieux d’Obama”, qui s’appuient sur les programmes du PEPFAR existants », il n’est pas prévu une augmentation du budget. Selon certains officiels, l’expansion du traitement sera financé par les économies réalisées en rendant le programme plus efficient ».

 

Macro-Economic Commission on Health, Social Determinants and Health as a Right

2.Lancet World Report – The Commission on Macroeconomics and Health: 10 years on

Pamela Das,Udani Samarasekera; Full Text

Le rapport de la Commission Macroéconomie et santé de l’OMS : Investir dans la santé pour le développement économique a feté ses 10 ans en cette fin d’année 2011. Cette célébration a été l’occasion pour Pamela Das, Udani Samarasekera de conduire un entretien  avec des experts pour évaluer les résultats de cette decenie. Cette évaluation s’est basée sur les recommandations émises 2001 relatives à une augmentation des ressources pour les dépenses nationales et internationales de la santé, le soutien des mécanismes de financement innovants, la réduction des prix des médicaments essentiels, et le financement des soins de santé de base.

Globalement, il ressort de l’avis des experts que les recommandations  ont permis de mobiliser des ressources substantielles (30 milliards $ en 2010 contre 6.5 milliards $ en 2000) et ont favorisé le lancement des Objectifs du Millénaire pour le développement et la création du Plan d’urgence du président américain contre le sida avec l’apport d’autres sources comme la fondation Melinda &Bill Gates.

Cependant, des notes moins positives ont été notées quant à la promotion de l’innovation thérapeutique et l’accès aux médicaments essentiels où  les progrès ont été fragmentés. Il en est de même pour les médicaments essentiels pour la santé de la reproduction qui malgré des améliorations, des difficultés d’accès demeurent. Pour ces experts  les dix prochaines années constitueront encore des défis à relever en termes de gestion efficience des ressources qui seront mobilisées pour le secteur de la santé.

3.Lancet –  Africa’s health and the Commission on Macroeconomics and Health

Donald Kaberuka; Full Text

L’anniversaire de la commission macro-économie et santé  a été également le lieu pour le président de la Banque Afrique de développement (BAD) Donald Kaberuka de jeter un regard sur les dix années en ce qui concerne l’Afrique tout en livrant un message pour l’Afrique de demain. Pour le président de la BAD, les orientations issues du  rapport de la commission  ont permis une impulsion pour des réformes du financement de la santé dans certains pays africains et ont contribué à l’intégration systématique de certaines interventions  dans les stratégies nationales de santé dans de nombreux pays africains

Cependant, pour Mr Donald kaberuka, bien que l’héritage soit positif, il convient de souligner que l’accent a été trop mis sur la santé mondiale au détriment des spécificités des pays. Des gaspillages  de ressources ont été notés dans les pays développés et surtout au niveau des pays en développement sans oublier les conditions de l’aide au développement qui ont été souvent source de tension entre les donateurs et les pays bénéficiaires. Pour le président de la BAD, au regard des changements spectaculaires et imprévus qui sont en cours,  le programme de demain pour l’Afrique sera de mobiliser plus de ressources domestique pour la santé, intégrer la dimension de la  transparente dans la gestion des ressources avec des outils de budgétisation fondés sur des preuves tels que (MBB) et PBF. Cette nouvelle vision sera  basée sur la construction de la responsabilité nationale.

 

Global Health Policy & Financing

4.Reproductive health matters – Sub-Saharan Africa and the health MDGs – the need to move beyond the ‘quick impact’ model

Fabienne Richard, David Hercot, Charlemagne Ouédraogo et al.;

http://www.rhm-elsevier.com/article/S0968-8080(11)38579-5/abstract
Les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), définis en 2001, ont placé la pauvreté au centre des préoccupations politiques mondiales. En réponse aux OMD de la santé, de nouveaux instruments de financement, appelés initiatives de santé mondiale, ont été créés pour cibler des maladies spécifiques avec des interventions à « gains rapides », afin d’obtenir des améliorations d’ici 2015. En 2005, le Projet Objectifs du Millénaire des Nations Unies a décrit les gains rapides comme des interventions simples et éprouvées avec « un impact potentiel très élevé à court terme et pouvant être appliquées immédiatement », contrairement à « d’autres interventions plus compliquées, qui demanderont dix ans d’efforts ou auront des bienfaits différés ». La terminologie a évolué de « gains rapides » à « initiatives à impact rapide », puis « interventions à fort impact », mais la nature à court terme de l’approche demeure. Cet article examine les mérites et les limites des indicateurs des OMD pour évaluer les progrès et leur lien avec les interventions à impact rapide. Il évalue ensuite des interventions de santé dans la perspective des délais et de leur intégration dans les services de santé, et analyse le rôle du renforcement des systèmes de santé à l’appui des OMD. Nous estimons qu’il faut compléter les interventions à court terme prônées par les donateurs et les initiatives de santé mondiale avec des stratégies à moyen et long terme qui dépasseront les problèmes spécifiques de santé. La réalisation des OMD est davantage qu’un « transfert de fonds ». La lutte contre la pauvreté requiert une refonte radicale du partenariat entre pays riches et pauvres, et entre riches et pauvres à l’intérieur des pays.

 

5.   CGD – No, British Medical Journal, the Emigration of African Doctors Did Not Cost Africa $2 Billion

Michael Clemens; blogs.cgdev.org/globaldevelopment/
Michael Clemens a répondu à l’article de Mills et collègues publié dans le British Medical Journal sur le coût de l’émigration des médecins africains. Il relève que les coûts estimés sont exorbitants et que les calculs ne sont pas faits à partir de données scientifiques. Il évoque six raisons pour argumenter son point de vue. La première est que les médecins africains émigrés ailleurs envoient régulièrement de l’argent dans leur pays et ceci permet de renforcer l’économie locale. Deuxièmement, le fait de calculer les économies réalisées par les pays d’accueil des médecins africains en terme de coûts de formation de médecins dans ces pays serait injuste car la formation dans ces pays est essentiellement privée. Troisièmement, le fait de considérer le coût de l’enseignement primaire et secondaire comme une perte n’est pas normale car quelque soit le pays l’enfant doit recevoir son éducation. Quatrièmement, un médecin africain formé aux Etats-Unis ou au Canada rentre dans son pays 5 à 7 ans après sa formation. Clemens pose la question si les médecins restent la propriété inaliénable de leur pays.  Cinquièmement, l’émigration n’est que la conséquence de plusieurs facteurs que les politiciens ignorent de connaître et prendre en charge. Sixièmement ces facteurs sont ceux qui font que la majorité des médecins du secteur public travaillent également et surtout en privé et leur nombre dépasse ceux qui émigrent.

 

6.   WHO Bulletin (editorial) – Effective aid in a complex environment

Peter Hill et al;

http://www.who.int/bulletin/volumes/89/12/11-098285/en/index.html

Peter Hill et collègues reviennent sur le 4e forum de haut niveau sur l’efficacité de l’aide de Busan (Corée). En effet, 5 ans après la Déclaration de Paris, seul un (coordination de la coopération technique) des 13 objectifs a été atteint. Toutefois, 86% de l’aide n’est pas conditionnée et l’aide passe de plus en plus par le système de financement public. par contre, le respect des principes de la Déclaration de Paris est variable d’un bailleur à l’autre, le système de financement parallèle persiste et maintiennent des mécanismes de financement contraires à l’alignement. Le transfert de compétences aux acteurs locaux est retardé par les donneurs, ce qui favorise la corruption, la multiplication des projets et retarde le développement.

La tache est complexe au vu de la multitude des bailleurs émergents et de Fondations, et du fait que même les grands bailleurs ne s’étaient pas alignés aux précédentes initiatives telles que le SWAP. Egalement, il y a aujourd’hui une multitude de structures de coordination qui créent non seulement des synergies mais également des duplications qui augmentent les coûts de transaction, la lutte pour le positionnement auprès des politiciens et l’acquisition de ressources.

Un modèle efficace de suivi de l’aide doit créer un momentum collectif pour une meilleure efficacité de l’aide tout en étant suffisamment flexible, adaptatif et inclusif pour être en phase avec la diversité des partenariats.

Recent Research

7.   Plos One – Trends in Health Policy and Systems Research over the Past Decade: Still Too Little Capacity in Low-Income Countries

Taghreed Adam et al.; plosone.org/
Contexte : La dernière décennie a vu plusieurs événements de haut niveau et des documents s’engageant à renforcer le domaine de la politique de santé et les systèmes de recherche (RPSS) comme une contribution essentielle au renforcement des systèmes de santé. Plus précisément, ils ont appelé à une production accrue, la capacité d’entreprendre et de financement pour la RPSS. L’objectif de ce papier est d’évaluer la mesure dans laquelle des progrès ont été réalisés, une information importante pour les intervenants dans ce domaine.

Méthodes et résultats : Deux sources de données ont été utilisées. La première est une analyse bibliométrique pour évaluer la croissance de la production d’RPSS entre 2003 et 2009. Les six éléments constitutifs du système de santé ont été utilisés pour définir la portée de cette recherche. La seconde est une enquête auprès de 96 institutions de recherche entrepris en 2010 pour évaluer la capacité et la disponibilité du financement pour entreprendre la RPSS, comparés avec les résultats de la même enquête menée en 2000 et 2008. Les deux analyses se concentrent sur la RPSS pertinente dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire. Globalement, il y’a une tendance croissante de publications sur la RPSS dans ces pays, bien que seulement 4% étaient dirigées par des auteurs de pays à faible revenu. Ceci est cohérent avec les résultats de l’enquête institutionnelle, où, malgré des améliorations dans l’infrastructure des institutions de recherche, un changement minime a été observé dans le niveau d’expérience des chercheurs au sein des institutions des pays à faible revenu. La disponibilité de financement dans ces pays a augmenté notamment dans les institutions en Afrique sub-saharienne; néanmoins, l’augmentation globale a été modeste dans toutes les régions.

Conclusion : Bien que des progrès ont été réalisés dans la production et la disponibilité des fonds pour RPSS, la capacité d’entreprendre la recherche localement a augmenté à un rythme beaucoup plus lent, en particulier dans les pays à faible revenu où il ya le plus besoin de cette recherche. Un engagement ferme de consacrer une proportion de l’ensemble du financement futur de la recherche pour le renforcement des capacités peut être la seule solution pour inverser la tendance.

 

 

Ont contribué à l’édition de cette Newsletter : Bouchra Assarag (Maroc) et Morris de Kouame (Cote d’Ivoire).

 

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