Edito : Publier les résultats de sa recherche en français,  oui mais…

Les grandes revues médicales aujourd’hui sont en anglais. Un article en anglais a plus de chances d’être repéré dans la littérature qu’un article rédigé en français. , Les journaux en français ayant un facteur d’impact sont rares. Certains journaux bien qu’ayant l’anglais comme principale langue de publication acceptent des articles en français mais lorsqu’on parcourt les archives, on voit rarement les titres en français.

En dehors des journaux médicaux locaux ayant juste une portée nationale, nous vous proposons une liste certainement non exhaustive des revues francophones : Revue d’Epidémiologie et de Santé Publique (facteur d’impact 1.4), Global Health Promotion, PanAfrican Medical Journal, Santé Tropicale qui publie quatre journaux à savoir Médecine d’Afrique Noire, Médecine du Maghreb, Odonto-stomatologie Tropicale et Le Pharmacien d’Afrique.

Comparés à l’importante diversité et à la spécialisation des revues anglo-saxonnes, il faudrait signaler que ce nombre de revues francophones est très insuffisant pour pouvoir publier toute la recherche qui pourrait être menée dans les pays francophones. En plus, les revues francophones sont peu spécialisées. En effet, pour les revues en anglais, elle s’occupe parfois d’un seul problème de santé : le VIH/SIDA par exemple (AIDS, JAIDS), ou d’une thématique comme l’économie, les politiques de santé. Ceci permet de cibler l’audience et de faciliter la recherche d’informations par le public.

Les chercheurs francophones en publiant dans ces revues francophones contribueront à leur évolution voire leur émergence. Toutefois, il est fort de constater que la littérature scientifique aujourd’hui est en anglais. La littérature scientifique publiée en français a sur la communauté scientifique internationale un rayonnement bien évidemment très limité. L’apprentissage de l’anglais est donc une étape incontournable si l’on veut être à jour des connaissances scientifiques. Egalement, partager les résultats de sa recherche au-delà de son cercle linguistique est important. L’objectif final est bien sûr de contribuer à l’amélioration de la santé dans le monde.

Par conséquent connaître une langue c’est bien, mais comprendre deux langues c’est encore mieux. Pour les francophones, l’anglais est aujourd’hui incontournable dans le monde scientifique. Let’s learn English, maybe for scientific purpose.

Basile Keugoung & Isidore Sieleunou


Global Health

1. CSIS – Health Diplomacy of foreign governments

Katherine E. Bliss;

http://csis.org/files/publication/110503_Bliss_HealthDiplomacy_web.pdf

Durant la décade passée, les pays ont progressivement reconnu l’importance de lier leur effort de politique étrangère et leur engagement dans la santé mondiale. A travers la Déclaration d’Oslo de 2007, certains pays se sont réunis pour proclamer leur détermination à mieux intégrer leur agenda diplomatique et sanitaire.

L’engagement de chaque pays est mené par sa propre histoire et perspective politique, et par l’image qu’il souhaite projeter à l’échelle régionale ou internationale. Au même moment, certains pays s’engagent dans la santé mondiale parce qu’ils veulent récolter les bénéfices économiques, y compris l’accès aux matières premières ou les relations commerciales, grâce à leur assistance en rapport à la santé. Pour les gouvernements, fournir l’assistance à la santé permet de construire des alliances, où du « capital symbolique ». Plusieurs gouvernements actifs dans l’arène de la santé mondiale supportent le renforcement de la surveillance contre la maladie dans les pays où le système de santé est faible, en grande partie pour prévenir la propagation des maladies infectieuses qui menacerait leur propre population.

En 2010, le « Center for Strategic and International Studies Global Health Policy Center » a tenu trois séminaires regroupant les experts en politique régionale, politique de la santé mondiale, et diplomatie. L’objectif était de faciliter la discussion, le partage d’information, et d’analyser le lien entre la santé et la politique étrangère dans certains pays clés.

Ce rapport de Bliss résume les résultats clés de chaque séminaire, met en relief les probables tendances du futur, et suggère quelques implications pour les USA.

2. Lancet – Offline: Ten commandments, G8 corruption, and OBL

Richard Horton Full Text

Qu’ont en commun Osama bin Laden et la santé maternelle et infantile? A part que la mort de Bin Laden a interrompu la conférence de presse lundi à Dar es-Salaam consacrée au lancement du rapport final de la Commission du Secrétaire Général des Nations Unies sur l’Information et la Redevabilité pour la santé maternelle et infantile. Le co-président de la Commission, le président Tanzanien Jakaya Kikwete a dit que « nul ne devrait souhaiter la mort des autres, mais on ne peut pas nier que la nouvelle de la mort d’ Osama sera d’un grand secours pour de nombreuses personnes qui ont perdu des proches le jour où l’ambassade américaine de Dar et Nairobi avaient été attaqués par Al-Qaïda ».

L’Assemblée générale des Nations Unies de septembre sera le premier anniversaire de la Stratégie mondiale de l’Information et la Redevabilité pour la santé maternelle et infantile.  Ce sera un moment important pour vérifier que les promesses faites il y a un an ont été tenues. C’est aussi le moment d’élargir la portée de la stratégie. Pour Horton, si de réels progrès sur la santé des femmes et enfants doivent être faits, nous avons besoin d’une coalition des forces nouvelles.

Health Policy & financing

3. Lancet series – Health in Brazil

http://www.lancet.com/series/health-in-brazil

Le Brésil est devenu un pays propice pour un partenariat politique et économique. Ce qui constitue une opportunité pour consolider ses réalisations de santé vers son but ultime des soins de santé universel, équitable et durable pour réaliser le droit à la santé inscrit dans sa constitution de 1988.

Pour souligner ce fait, le Lancet a publié une série de six articles qui font un examen critique de la mise en œuvre des politiques du pays et identifie les défis à venir.

L’histoire politique récente du Brésil, avec une dictature militaire jusqu’en 1985, a favorisé un fort mouvement de la société civile qui fleurit encore aujourd’hui (Jairnilson Paim et coll.1). Ce mouvement a été un moteur puissant pour la réforme de la santé, dont résulte le Système de Santé Unifié (SUS). Ces réformes définissent la santé au-delà de sa compréhension biomédicale en considérant les déterminants sociaux de la santé, et faisaient la promotion de la participation communautaire. Le SUS a considérablement amélioré l’accès aux soins primaires et d’urgence. Le Brésil a déjà atteint le premier Objectif du Millénaire pour le développement (OMD) et est sur la bonne voie pour atteindre le 4ieme . Aussi de grands progrès ont été accomplis dans la réduction des inégalités régionales et socio-économiques et la pauvreté.

Cependant les prestations multiples et complexes de santé nécessitent une attention particulière. Le Brésil a le plus fort taux de césariennes dans le monde, de nombreuses interventions de haute technologie sont faites pour des raisons non justifiées, l’obésité augmente à un rythme alarmant, la consommation d’alcool et la violence avec de lourdes conséquences sont inacceptables. On a besoin maintenant d’une volonté politique pour s’attaquer à ces questions difficiles et prendre les décisions qui [DH1] conviennent en fonction des priorités du pays. Ce qui nécessite un engagement continu de la société brésilienne dans son ensemble afin de garantir pour tous le droit à la santé (C Victora et collègues).

Le Brésil est en transition mais le pays est dans une excellente position pour réaliser ses ambitieuses aspirations, grâce à son engagement historique pour la santé publique et de sa force politique et économique actuelle. D’autres pays peuvent s’inspirer du Brésil pour résoudre leurs difficultés de santé.

4.  KFF – AP Reports On Global Fund Commitment To Transparency, Fund Responds

http://globalhealth.kff.org/Daily-Reports/2011/May/12/GH051211-Global-Fund.aspx

Le Fonds mondial a encore une fois de plus réagi à une autre histoire de l’Associated Press, « contrairement aux affirmations mentionnées dans un article de l’Associated Press, le conseil du Fonds Mondial ne discutera sur aucune proposition d’amenuisement des investigations ou de réduction de la transparence du FM envers les donateurs et le public ». La déclaration à affirmé que le Fonds a « toujours été et continue (ra) d’être pleinement engagé à la transparence et la redevabilité ».

5. Aidspan – Is the Global Fund ‘Model’ Still Relevant?” – OIG

David Garmaise; http://www.aidspan.org/index.php?issue=145&article=5

Le modèle du Fonds Mondial est-il toujours d’actualité dans le contexte actuel? Le FM doit-il conserver ou redéfinir ses principes de l’appropriation nationale, de l’additionnalité et opérer uniquement comme une institution financière ? Ce sont quelques unes des questions posées par le Bureau de l’Inspecteur Général (BIG) du FM dans un rapport publié récemment sur les enseignements tirés des audits conclus en 2010.

Si le modèle doit rester tel quel, le BIG pense que le FM aura besoin d’examiner la meilleure façon de gérer les risques associés à ce modèle. Logiquement, cela pourrait conduire à « une plus grande directivité et un engagement proactif » dans la gestion des subventions au niveau des pays. Le BIG soutient également que le FM devrait également « adopter la gestion des risques, pour en faire une part intégrante du processus de gestion des subventions ».

Le bureau de l’inspecteur a mentionné que le FM devrait faire respecter les politiques et exigences engagées par les pays récipiendaires, et a formulé quelques recommandations :

–          Etablir des normes de capacité minimum pour les bénéficiaires principaux et les évaluer régulièrement

–          Etablir un cadre d’imputabilité qui clarifie les rôles, responsabilité, pouvoirs et responsabilités des différents acteurs de l’architecture du Fonds

–          Mettre d’avantage l’accent sur la validation des données déclarées par les bénéficiaires

6. HP&P – Influencing policy change: the experience of health think tanks in low- and middle-income countries

Sara Bennett, Adrijana Corluka, Jane Doherty,et al.;  http://heapol.oxfordjournals.org/content/early/2011/05/10/heapol.czr035.full.pdf+html

Les gouvernements jouent un rôle essentiel dans le développement et la mise en œuvre des politiques. Cependant,  la capacité d’analyse de ses fonctionnaires peut-être considérablement réduite par leur manque d’indépendance et/ou de capacité  technique, l’absence de motivation pour l’élaboration de politique à long terme.

En réponse à ces limites et suite à la pression exercée par la démocratisation en cours dans de nombreux pays, on a assisté à la création de structures indépendantes visant à l’analyse des politiques, notamment dans le secteur de la santé, avec le développement d’instituts  d’analyse des politiques de santé (IAPS),  de plateformes  d’apprentissage et d’observatoires.

Cet article, se propose à travers une étude de cas, de : (1) étudier la contribution des IAPS  à la mise à l’agenda, la formulation, la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation des politiques de santé dans les pays à  revenus faibles et  intermédiaires ; (2) analyser les facteurs organisationnels et structurels, qui influencent positivement le développement des IAPS et leur implication dans les politiques de santé.

Les six cas  analysés en Afrique et en Asie montrent que ces instituts contribuent au développement  politique de santé à travers : la recherche, le conseil et l’assistance technique, la participation aux débats au niveau national et international, la formation et le renforcement des capacités des décideurs politiques, la réalisation  des revues systématiques.

La  capacité des instituts à s’engager à long termes dans les discussions sur les  politiques de santé  est déterminée par  l’environnement politique global, la propriété et le statut de l’institut, la gouvernance, le financement et le leadership de l’institut.

Les IAPS ont un rôle à jouer dans le renforcement des systèmes de santé mais ils  restent limités par  l’insuffisance des financements et du personnel compétent, et  restent confrontés au défi  de leur autonomie. Les gouvernements et les donateurs devraient  trouver les moyens de renforcer la capacité et la durabilité de ces instituts.

NDT : Un think tank est un terme anglophone dont la traduction francophone est méconnue et qui selon nous ne reflète pas complètement le sens: le laboratoire d’idée. Il s’agit d’un groupe de réflexion et de conseil qui tente d’influencer la politique d’une ou plusieurs institutions (comme un état, une institutions internationale) sur un sujet particulier (par exemple les politiques de santé). Ils se veulent indépendant mais sont parfois influencés fortement par les vues de leurs membres ou de leurs bailleurs.

7. HP&P – Addressing access barriers to health services: an analytical framework for selecting appropriate interventions in low-income Asian countries

Bart Jacobs, Por Ir, Maryam Bigdeli, Peter Leslie Annear and Wim Van Damme http://heapol.oxfordjournals.org/content/early/2011/05/12/heapol.czr038.abstract

Alors que les pays membres de l’OMS ont adopté le concept de couverture universelle dès 2005, peu de pays à faible revenu ont pour l’instant atteint cet objectif. Ceci est principalement dû à plusieurs obstacles qui entravent l’accès aux services de santé. Dans cet article Jacobs et al. présentent une revue des différents obstacles à l’accès aux soins dans les pays à faible revenu et tentent de les organiser dans quatre dimensions (accès géographique, disponibilité, accessibilité et acceptabilité). Ils passent ensuite en revue les interventions existantes destinées à surmonter ces barrières. Ces barrières et les interventions connexes sont disposées dans un cadre d’analyse, qui est ensuite appliqué à deux études de cas du Cambodge. L’objectif pour les auteurs est d’illustrer l’utilisation du cadre en identifiant les dimensions des obstacles à l’accès qui ont été résolues par les interventions. Ils suggèrent qu’une combinaison d’interventions est nécessaire pour lever les barrières spécifiques de l’accès, en prenant en compte un paquet d’interventions agissant aussi bien sur l’offre que la demande. L’efficacité de ces interventions est influencée par des facteurs contextuels. Le cadre peut être utilisé à la fois pour identifier les interventions qui répondent efficacement aux obstacles identifiés et pour analyser pourquoi certaines interventions ne parviennent pas à surmonter certaines barrières.

Aid, development & Global Public Goods

8. Easterly & Williamson Report on aid agencies

Claudia Williamson; http://aidwatchers.com/2011/05/rhetoric-on-%E2%80%9Caid-effectiveness%E2%80%9D-keeps-escalating-is-there-anything-to-show-for-it/

Les critiques, partisans, bénéficiaires et donateurs de l’aide étrangère ont produit des discours éloquents sur la nécessité d’une meilleure pratique de l’aide. Mais ces discours se sont-ils traduits dans la pratique? Cet article de Easterly & Williamson tente d’évaluer les meilleures et pires pratiques de l’aide parmi les organismes bilatéraux, multilatéraux, et agences de l’ONU. Les auteurs ont estimé une mesure de la pratique de l’aide en se fondant sur la transparence de l’aide, la spécialisation, la sélectivité, les canaux d’inefficience de l’aide et les coûts administratifs. Ils ont ensuite noté les agences allant des meilleures pratiques de l’aide aux pires. Leur constat est que le Royaume Uni se démarque positivement parmi les agences bilatérales, les USA sont inférieurs à la moyenne, et fort surprenant, les donateurs scandinaves sont peu performant. La plus grande différence se situe entre les agences des Nations Unis, qui pour la plus part est classée à la moitié inférieure. La performance moyenne de toutes les agences sur la transparence, la fragmentation, et la sélectivité est encore très faible. L’article explore également les tendances des meilleures pratiques dans le temps. Les auteurs trouvent une amélioration modeste de la transparence et plus dans l’abandon des canaux inefficaces. Cependant, ils ne trouvent aucune preuve de l’amélioration (et la preuve partielle de l’aggravation) de la spécialisation, fragmentation et sélectivité, malgré l’escalade des discours à l’effet contraire. Trouvez le rapport ici.

Nemat Shafik a transcrit la très bonne conférence qu’elle a donné l’an dernier en Italie sur le futur de l’aide, dans un nouveau working paper du CGD.

Finalement, Nancy Birdsall du CGD a aussi écrit un intéressant  blog post sur le nouveau consensus de Tunis, par la Banque Africaine de Développement, qui s’efforce d’aller au delà de « l’efficacité de l’aide ». La BAD décrit cet agenda dans la perspective de Busan.  “Le Consensus de Tunis: Cibler le Développement Efficace”, avec en sous titre “De l’Efficacité de l’Aide à l’Efficacité du Développement.”

Kadio Kadidiatou et Maurice Evariste Yameogo Wambi ont participé à la traduction des articles.

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